Colonel Redl

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Colonel Redl est un film germano-austro-hongrois de István Szabó (1985).

Sommaire

[modifier] Fiction et réalité ?

Ce film retrace l'histoire d'un personnage ayant réellement existé : Alfred Redl, colonel, chef des services secrets de l'armée austro-hongroise, qui s'est suicidé le 25 mai 1913. Alfred Redl, fils d'un modeste cheminot de Galicie, se fait remarquer dès l'école primaire par ses qualités intellectuelles et par son patriotisme au profit de l'Autriche-Hongrie. Aussi obtient-il par l'entremise de son instituteur une bourse en vue d'intégrer l'École militaire. A l'École militaire, il se lie d'amitié avec un de ses condisciples, l'aspirant Kubinyi, baron fortuné hongrois, dont la sœur Kathelyne n'est pas insensible à ses qualités. Mais voilà, Alfred Redl, bien qu'issu d'un milieu très modeste, bien qu'étant courtisé par une jolie femme de la meilleure noblesse hongroise, bien que faisant une très belle carrière, est homosexuel!! Toutes fautes impardonnables dans l'Empire austro-hongrois à la veille de la Première Guerre mondiale. Ça, c'est la réalité historique, c'est d'ailleurs aussi repris dans la fiction cinématographique.

[modifier] Fiction ou réalité ?

L'énorme mérite du film est de nous présenter une réalité mais aussi une fiction qui a toutes les apparences d'une réalité plausible, probable au point qu'elle est probablement la réalité réelle.

''''La réalité « officielle »''''

Alfred Redl, homosexuel à Vienne en 1913, était une proie toute désignée pour les services de renseignements étrangers. La réalité que nous ont présenté les autorités militaires austro-hongroises s'appuie sur cette hypothèse : Alfred Redl, par l'entremise d'amants qu'on lui a présentés en est venu à vendre les secrets militaires austro-hongrois aux services secrets français, russes et italiens. Sur le point d'être démasqué, il s'est suicidé le 25 avril 1913.

La réalité plausible, probable, réelle?

Les secrets militaires autrichiens, en particulier les plans des forteresses de Galicie, ont bien été vendus. Par qui? On nous dit que c'est Redl qui a fait le coup! Pas sûr! En vérité, l'Autriche-Hongrie était une société décadente, marquée par la prééminence des milieux cléricaux, nobles et militaires. L'Archiduc François-Ferdinand, par exemple, et les milieux qui l'entouraient piaffaient d'impatience. Impatience de mettre fin au long règne de François-Joseph, impatience de mobiliser les « peuples » dans une croisade contre les mauvais sujets qui revendiquaient l'instauration d'une société à l'image de celles qui prévalaient en Europe. Impatience aussi d'insérer la noblesse dans la dynamique des bourgeoisies d'Europe, en lui faisant gagner rapidement et facilement beaucoup d'argent. L'éventualité suggérée par le film est que Redl se serait fait manipuler : à la tête des services secrets, que pouvait-il faire quand il constate que les traîtres et les espions qu'il était chargé de traquer sont en fait ceux- ou une fraction de ceux- qui dirigent l'État pour lequel il travaille?

[modifier] Fiche technique

  • Titre original: Oberst Redl
  • Réalisateur : István Szabó
  • Scénariste : I. Szabó, Peter Dobai d'après l'œuvre de John Osborne A Patriot for Me
  • Directeur de la photographie : Lajos Koltai
  • Production : Mafilm Objektiv Studio
  • Décors: Joszef Romvari
  • Musique: Zdenko Tamassy
  • Genre: Film historique
  • Durée: 140 minutes
  • Pays: Hongrie/R.F.A./Autriche
  • Sortie: 20 février 1985 (Hongrie)

[modifier] Distribution

  • Klaus Maria Brandauer : Alfred Redl
  • Armin Müller-Stahl : archiduc François-Ferdinand, prince héritier
  • Gudrun Landgrebe : Baronne Katalin Kubinyi
  • Hans-Christian Blech : Baron von Roden
  • Jan Niklas : Christopher Kubinyi

[modifier] Récompenses

Prix du jury, Cannes 1985.