Climat du Puy-de-Dôme

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Étant donné que la plupart des perturbations viennent de l'Atlantique, une traversée d'ouest en est du Puy-de-Dôme permet de comprendre son climat, ou plutôt ses climats :

- Subocéanique humide et froid sur les plateaux et montagnes du sud-ouest (Artense, Cézallier, Sancy) dont les versants occidentaux et les sommets constituent les premiers reliefs vraiment élevés depuis l'océan. Les perturbations, par effet d'ascendance, se réactivent et déchargent régulièrement leur "lame d'eau" (ou de neige). Les moyennes pluviométriques sont marquées : 134 cm/an à Tauves, 150 cm à St Genès Champespe, 141 cm à La Godivelle, 173 cm au Mont-Dore, 180 cm à Picherande et plus de 200 cm autour du Puy de Sancy. Les versants orientaux sont plus secs : 125 cm à Besse, 117 cm à Saulzet-le-Froid, 94 cm à Anzat. Le vent est partout soutenu, également de dominante ouest. L'altitude, de 800 à 1800 m, induit des températures basses avec une amplitude entre l'été et l'hiver modérée par l'influence océanique (redoux hivernaux et étés "pourris" sont fréquents). Isotherme 0° vers 900 m en janvier, isotherme +10° vers 1600 m en juillet. Ces conditions donnent un enneigement important mais soumis à de grosses variations quantitatives (zones balayées par le vent et corniches d'accumulations, brusques redoux...) et qualitatives (forte tendance au tassement et au verglas due à l'alternance gel-dégel). Le manteau au sol se maintient environ 3 mois par an vers 1100 m (entre novembre et avril avec des intervalles denneigés) et peut atteindre 2 mètres d'épaisseur près des plus hauts sommets où il perdure généralement en continu 6 mois par an avec des névés en versants nord-est jusqu'en juillet. Les vallées autour du Puy de Sancy sont très exposées aux avalanches. Les hauts pâturages et les somptueuses hêtraies retrouvent la verdure en mai-juin. La sécheresse au sens strict est un phénomène rarissime.

- Subocéanique frais dans les collines et petites montagnes du nord-ouest (Combrailles, Dômes). Elles sont protégées par les Monts du Limousin et le Sancy situés à l'ouest et au sud dont l'altitude équivalente ou supérieure génére un début d'effet de foehn moins ressenti au niveau de la nébulosité (toujours élevée) qu'au niveau des précipitations, en nette baisse tandis que la part des orages progresse dans le total (continentalisation typique). Cumuls annuels moyens de 85 cm à Pontaumur, 104 cm à Gelles, 100 cm au Puy de Dôme, 79 cm à Manzat. En revanche les caractéristiques thermiques restent océaniques. L'altitude de 600 à 1400 m donne une certaine fraîcheur qui, associée à la régularité des pluies, permet au bocage des Combrailles de conserver longtemps sa verdure en été. Les Monts Dômes, au sol volcanique poreux qui s'assèche plus vite, sont essentiellement forestiers (noisetiers, hêtres, sapins, épicéas). L'enneigement est fréquent mais rarement tenace au sol au-delà de quelques semaines. Les Dômes sont à altitude égale bien moins enneigés que les massifs du Sancy et du Cézallier, ceci en raison du déficit pluviométrique et de la faible superficie d'altitude (sommets isolés). Environ 3 mois de neige au sol par an vers 1400 m (et rarement plus de 50 cm d'épaisseur).

- Subcontinental sec dans les plaines du centre et les contreforts des montagnes de l'ouest (Limagne, pays coupés, faille de Clermont). Après leur passage du relief, les perturbations perdent radicalement en intensité : c'est la "ligne de foehn" des Limagnes, qui coupe le département du nord au sud. Les cumuls pluviométriques chutent : 75 cm/an à St Nectaire, 61 cm à Riom, 59 cm à Aulnat, 53 cm à Meilhaud (site le plus sec de France continentale), et l'ensoleillement progresse malgré de nombreuses grisailles hivernales. L'altitude de 300 à 800 mètres et l'effet de bassin favorisent la chaleur estivale (il peut faire jusqu'à 40°) comme en témoigne l'existence de la vigne. En lien avec l'orientation du relief, les vents de nord et de sud sont les plus marqués. En hiver, la neige en quantité modérée vient surtout par flux de nord et peut persister de plusieurs jours à quelques semaines au sol si elle est accompagnée d'un anticyclone d'air froid continental. Dans ce cas il y a souvent une "anomalie" ou "inversion" thermique entre les plaines froides et les montagnes plus douces (un même matin on a relevé +3° au sommet du Puy de Dôme et -15° à Clermont). Les orages sont fréquents en été, mais de courte durée. C'est en fait l'irrigation, la fertilité des limons volcaniques et les températures élevées qui permettent à la Limagne d'être une des meilleures terres agricoles d'Europe (céréales).

- Subcontinental frais à froid dans les massifs de l'est (Livradois, Forez, Bois Noirs, altitude 500 à 1600 m). Les perturbations, qui se sont assèchées dans leur descente sur les Limagnes, commencent à se reconstituer à l'est de la rivière Allier (Foehn faiblissant) et se réactivent vraiment au contact de la montagne. Elles ont adopté un caratère continental (forte proportion d'orages) et n'atteignent pas les niveaux pluviométiques du sud-ouest du département. Cumuls annuels de 95 cm à St Amant-Roche Savine, 106 cm à St Anthème, 117 cm à Chabreloche, et 120 à 140 cm sur les Hautes Chaumes. Autre signe de continentalité : à altitude égale les hivers sont plus froids et les étés plus chauds qu'à l'ouest (écarts d'un demi-degré équivalent à presque 100 mètres d'altitude). Cela se ressent dans l'enneigement, parfois spectaculairement plus bas dans les montagnes de l'est. Le moindre impact des redoux sur la fonte et l'ouverture par la Limagne au flux de nord-ouest frais et humide (giboulées), sont des explications. Toutefois les précipitations étant globalement plus faibles qu'à l'ouest, la progression de l'enneigement avec l'altitude l'est aussi. L'omniprésence de la forêt (nombreuses plantations de conifères) est un autre facteur régulateur : la neige, moins soumise au vent et aux variations thermiques, est mieux répartie et moins tassée. Le manteau se maintient en moyenne 3 mois/an vers 1100 m, et 4 à 5 mois sur les Hautes Chaumes où il peut atteindre une épaisseur de 1 à 1,5 m. Les vastes étendues de bruyère retrouvent en mai le soleil...

Le climat du Puy-de-Dôme est un exceptionnel concentré des mécanismes d'activation orographique et de continentalisation qui se déroulent à l'échelle de l'Europe occidentale.

[modifier] Source

  • La méteo de la France (J.Kessler/R.Chambraud)