Classification des sciences en poupées russes

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La classification en poupées russes est une façon parmi d'autres de classer les sciences. Sa particularité est de souligner leur unité.

Sommaire

[modifier] Théorie de la classification des sciences en poupées russes

La logique et la mathématique sont d’autres noms pour la science.

La physique est la partie de la science relative à la matière.

La cosmologie est la partie de la physique relative à notre univers.

L’astrophysique est la partie de la cosmologie relative aux concentrations de matière.

La chimie est la partie de l’astrophysique relative à la matière dans sa signification ordinaire (gaz, liquides, solides, et d’autres formes apparentées). C’est la science des réunions d’atomes (et d’ions).

La géophysique est la partie de la chimie relative à la planète Terre.

La biologie est la partie de la géophysique relative aux êtres vivants.

L’anthropologie est la partie de la biologie relative aux êtres humains.

La métaphysique est la partie de l’anthropologie relative aux grandes idées : le bien, la vérité, la justice, la liberté, la beauté, le divin ...

On peut déduire de ce qui précède que la métaphysique est une partie de la chimie. Les êtres humains sont à la fois des connaisseurs de grandes vérités et des assemblages de solides et de liquides. Pourquoi alors la métaphysique ne devrait-elle pas être une science ?

Selon l’usage courant, la physique et la chimie peuvent toutes deux être définies comme la science de la matière, mais la physique est plus générale que la chimie. On pourrait dire que la chimie est la théorie de la matière restreinte tandis que la physique est la théorie de la matière générale.

[modifier] Critiques

Cette théorie de la classification des sciences en poupées russes peut être critiquée à plusieurs titres.

[modifier] Une symétrie simplificatrice

Tout d'abord, la grande symétrie de cette présentation (le caractère de « poupées russes ») peut être suspectée de simplifier les relations entre les sciences :

  • Pourquoi une science n'aurait-elle qu'un seul « parent » ?
  • Pourquoi, dans ce schéma, ne trouve-t-on jamais de science ayant plusieurs « enfants » ?

Outre la géophysique, il existe en effet plusieurs autres sciences possibles qui spécifient la chimie : les sciences des autres planètes, et d'autres types d'astres. Mais cette classification passe cette possibilité sous silence ; car si une poupée peut avoir plusieurs enfants, ce n'est plus une poupée russe : cela romprait l'harmonie du schéma.

[modifier] Physique et chimie

C'est une question très débattue de savoir si la physique est une partie de la chimie, ou l'inverse.

[modifier] De nombreuses lacunes

Très précise sur les sciences naturelles (de la physique à la biologie), cette classification est extrêmement floue en ce qui concerne les sciences humaines : psychologie, sociologie, économie, linguistique, histoire, etc. En outre, on ne sait où situer l'éthologie.

On pourrait dire que les sciences humaines sont une partie de l'anthropologie. Mais comment pourrait-on les dériver les unes des autres ? Faut-il les dériver de la psychologie ? de l'histoire ?

Comment situer les sciences humaines par rapport à la philosophie ?

En résumé, les disciplines autres que les sciences naturelles semblent ne pas s'intégrer de façon évidente à ce schéma des poupées russes.

[modifier] Le statut de la métaphysique

La définition de la métaphysique donnée ici est très restrictive, ce qui explique la position qu'elle reçoit, à savoir d'être une partie de l'anthropologie. Car la métaphysique étudie un domaine d'objets beaucoup plus large, à commencer par l'interrogation sur ce que sont la matière, la pensée, les causes premières, le monde, la substance, etc. À bien des égards, la métaphysique n'est pas une partie de l'anthropologie, mais devrait plutôt être située entre la logique et la physique : elle étudie ce qu'est un monde, ce que c'est qu'exister, etc.

On pourrait dire que même en ce sens large, la métaphysique appartient à l'anthropologie, dans la mesure où elle est un produit de l'esprit humain. Mais c'est aussi le cas de toutes les autres sciences ; et dans ce cas la science première serait l'anthropologie, toutes les autres en dérivant, ce qui bouleverserait tout le schéma.

La métaphysique pose ainsi à ce schéma un véritable problème classificatoire.

[modifier] Conclusion

Le modèle des poupées russes pour classer les sciences présente donc l'intérêt de souligner leur unité ; mais c'est au prix d'une grande simplification. Elle est éclairante pour décrire les relations entre les sciences de la physique à la biologie, mais présente plus de problèmes quand on s'en éloigne vers les principes (logique, mathématiques, métaphysique) ou vers les disciplines plus complexes et moins formalisées (anthropologie, sciences humaines, philosophie).

Ce problème est celui de la prétention à soumettre la diversité des sciences à un modèle unique. Il n'est pas sûr que ce soit absolument impossible, mais cet idéal pousse facilement ses défenseurs à adopter des thèses simplificatrices. Pour être astucieux et élégant, le schéma n'est pas nécessairement pertinent en toutes ses parties.

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