Chevalier de Boishardy

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Amateur-Jérôme Le Bras des Forges de Boishardy
Surnom : Le Sorcier
Naissance : 13 octobre 1762
Bréhand
Décès : 17-18 juin 1795 33 ans)
près de Moncontour
Origine : Breton, Français
Allégeance : Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume des français
Association bretonne
Chouan
Arme : Infanterie
Grade : Colonel
Service : 1780 - 1795
Conflits : Chouannerie
Commandement : Divisions chouannes des Côtes-d'Armor
Faits d'armes : Prise de Jugon
Distinctions : Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Photo: Daguerréotype réalisé à partir d'un moulage conservé au manoir de Boishardy

Amateur-Jérôme Le Bras des Forges, chevalier de Boishardy, Chef chouan des Côtes-du-Nord. Né à Bréhand, il appartient à la petite noblesse (chevalier). Les origines de sa famille seraient toutefois bourgeoises.

[modifier] Biographie

Comme noble, il entre au royal marine en 1780, ancien officier au régiment de Royal-Marine, quitta le service le 9 juillet 1792, s'opposant au départ de son régiment pour Saint-Domingue. Il est porté par erreur sur la liste des émigrés en 1792 et cette erreur lui cause quelques désagréments et il rentre à Bréhand. Mais c'est la levée des 300 000 hommes en mars 1793 qui le pousse vers la Chouannerie.

En effet, la Révolution française ayant besoin de soldats, elle ordonne qu'un tirage au sort de combattant sera organisé par commune. Le 25 mars 1793, Pommeret, à 8 km de Bréhand refuse le tirage au sort et arrachent les registres des commissaires de la République. C'est le signal du soulèvement dans les Côtes-du-Nord. Aux cris de Marchons sur Pommeret, les jeunes de Bréhand se dirigent alors, Boishardy à leur tête vers la commune rebelle. Ils sont rejoints sur le chemin au lieu dit la lande du gras à Meslin par les jeunes des communes alentours. Ensemble (peut être 4000), ils marchent sur Pommeret et molestent l'épicier républicain du bourg. Le même jour, ils pillent la malle poste républicaine à Sainte Anne (coëtmieux). Les événements de Pommeret font tâche d'huile notamment à Bréhand ou les jeunes suivent l'exemple. Les insurgés sont venus chercher Boishardy en raison de son expérience militaire et non pas de ses origines nobiliaires.

Boishardy, charismatique et accessible s'impose naturellement comme chef de la chouannerie dans la région. Il prit part à la première insurrection, celle de La Rouërie, et fut désigné par lui pour commander les forces militaires de l'Association bretonne sur les Côtes-du-Nord. Il est reconnu ailleurs aussi puisqu'il est en contact avec le Vendéen François de Charette. Mais la chouannerie de la région lamballaise reste limitée. Ses actions de guérilla resteront limitée, à noter toutefois, la prise de Jugon (les lacs) une petite ville entre Lamballe et Dinan, il y gagna son surnom de sorcier, car la prise ne fit aucun mort et tous les soldats républicains furent capturés.

Après la mort de La Rouërie, il se retira vers la côte entre Lamballe et Moncontour ; et, réunissant tout ce qui s'armait contre la Révolution, il établit son quartier général à Bréhan. Boishardy était dans la force de l'âge, et aussi adroit qu'intrépide son ascendant était tel sur les paysans qu'ils se seraient tous exposés à la mort pour le défendre, et qu'il passait dans leur esprit pour prédire l'avenir.

Boishardy, proscrit est insaisissable, se cachant entre Pommeret, Bréhand et Moncontour au gré de ses nombreuses amitiés. Il est surnommé le sorcier par les républicains.

D'ailleurs ses manières douces et l'aménité de son caractère le faisaient généralement aimer. Au mois d'août 1794, il alla trouver Puisaye et le reconnut comme généralissime des chouans. Puisaye le fit colonel et lui donna la croix de Saint-Louis. Il commanda les royalistes des Côtes-du-Nord ; et au mois d'octobre 1794, se voyant accablé par la division du général républicain Rey, et autorisé par l'exemple de Charette, il crut écarter le danger en faisant des ouvertures de paix. Ayant demandé une entrevue au général Jean Humbert, qui commandait à Moncontour une division républicaine, il lui indiqua, dans les premier jours de décembre, un bois pour le lieu de la conférence, et il s'y trouva avec cinquante chouans armés. Humbert arriva seul, sans aucune escorte. Le général royaliste, étonné de la sécurité de cet officier, lui dit : « Le témoignage de confiance que tu me donnes me décide à la réciprocité ; je vais renvoyer ma troupe, et chercher avec toi les moyens de ramener la paix dans ces malheureuses contrées ! » Les amitiés de Boishardy ne sont pas que royalistes, un respect profond et partagé le lie au général républicain Humbert grâce auquel il signe une trêve avec Lazare Hoche (mars 1795)

Après la pacification, la trêve n'est pas respectée et des attentats sont commis dans le secteur de Boishardy. Les hostilités ayant recommencé entre les deux partis, Boishardy reprit l'offensive. Les poursuites contre le sorcier reprennent et un camp républicain est installé à Meslin.

Les républicains ayant été instruits qu'il se trouverait le 15 juin 1795 dans son château de Villehemet, une compagnie de grenadiers marcha pour l'y surprendre. Il fut trahi par un jeune homme. Boishardy s'aperçut trop tard qu'il était trahi ; il voulut fuir : les grenadiers le poursuivirent à coups de fusil ; il fut atteint et achevé à coups de sabre par deux soldats sur la route de Bréhand à Moncontour, près de la Chapelle Saint Malo (un calvaire marque le lieu encore aujourd'hui) en présence de sa jeune amie Joséphine de Kercadio. Sa tête sanglante et séparée de son corps fut promenée dans les rues de Lamballe et de Moncontour puis jetée dans un lac à Maroué. Les deux assassins seront très légèrement punis.

La chouannerie privée d'un chef charismatique, change ensuite dans les Côtes du Nord. Elle évolue en micro-chouannerie (Legris Duval, Duviquet, Carfort) jusqu'en 1800 et en chouannerie-brigandage (Dujardin) 1800-1804.

On note toutefois que symboliquement, la chouannerie des Côtes du Nord reste importante. Mercier la Vendée, adjoint de Georges Cadoudal est nommé chef du département (tué près de Loudéac en 1801) et que Saint Régent, chef de la région de Merdrignac sera l'exécutant du premier attentat contre Napoléon Bonaparte (Noël 1800).

L'histoire de Boishardy a quelque chose de romantique, notamment en raison de son charisme, de son idylle avec Joséphine de kercadio et de sa mort tragique … On dit que Balzac se serait inspiré de son histoire dans son roman "Les chouans". Certains auteurs prétendent qu'il fut tué le jour de son mariage, mais celà semble une version romanesque de sa biographie.

[modifier] Source partielle

« Chevalier de Boishardy », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]