Chaitanya

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Chaitanya ou Vishvam Bharmishra Krishna Chaitanya Deva (Nadîyâ, Bengale, 1486 - Puri, 1533) est un philosophe et réformateur hindou d'expression bengalîe et sanskrite.

Avec son ami Vallabhâchârya, il redynamisa le culte krishnaïte et introduisit au Bengale et en Orissâ une forme originale de la bhakti, la prema bhakti, l'adoration dévotionnelle de Krishna. Chaitanya, qualifié par après de « Sri Krishna Caitanya » est à l'origine d'un culte dévotionnel intense caractérisé par des chants collectifs et rythmés au cours desquelles sont scandés les saints noms de Krishna (le mahamantra « Hare Krishna Hare Krishna Krishna Kirshna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare ».Il existe aussi en parallèle une pratique de chants qui, au côté du Mahamantra (mais sans jamais le surpasser) énonce les « Lilas » c’est-à-dire les Divertissements de Krishna dans la ville sainte indienne de Vrindavana (qui reste ainsi à notre époque le Centre mondial de cette spiritualité à la Gloire de Titre Sri Krishna), ces Divertissements doivent d'ailleurs être lus, relus et médités par les véritables dévots de Krishna, (notons par ailleurs que la Bhagavad Gita reste le ciment et la base de la Foi à Krishna). Ces méthodes dévotionnelles de chants collectifs, le Sankîrtan, plongent le dévot dans une extase dévotionnelle avec la divinité, l'« être dévot » appliquant dans sa propre existence le message de la Bhagavad Gita dans lequel Krishna considère comme son Seul et Unique vrai Dévot, celui qui s'abandonne pleinement à Lui, s'écartant des plaisirs et bénéfices de la vie matérielle, renonçant aux fruits de ses actions pour tout offrir à Krishna mais ne renonçant pas pour autant à agir, travailler, avoir une vie personnelle, sociale et familiale…

En Occident, et entre autres en langue française, l'essentiel de la littérature liée à ce culte initié par Sri Caitanya, se retrouve dans l'œuvre immense traduite en des dizaines de langue, de Srila Prabhupada, qui créa en Occident au milieu des années 1960 - et dès 1971 en France -le « mouvement pour la conscience de Krishna » qui compte de par le monde au XXIe siècle plus de 150 centres, temples et communautés rurales.

L'originalité du culte à Krishna selon Caitanya réside dans le fait que cette spiritualité est ouverte à tous, quelle que soit son rang social, son origine, sa situation personnelle ou même ses erreurs passées... de plus, on considère que « chaque pas réalisé sur la voie de la Bhakti », c’est-à-dire de la Dévotion envers Krishna, « n'est jamais perdu, aussi modeste soit-il »... Krishna est présenté comme la Personne Suprême et Originelle, qui est en tout, tout est en lui, « immuable, avec une seule parcelle de moi-même, me voici présent à cet univers entier », déclare Krishna dans la Bhagavad Gita.


Chaitanya, n'a laissé, pour tout écrit, que 8 versets appelés Siksastakam :

  1. Gloire au sankirtana de Sri Krishna. De nos cœurs il balaie toutes choses impures accumulées au cours des âges, il éteint le feu brûlant de l'existence conditionnée, avec ses naissances et morts sans fin. Le Mouvement du sankirtana répand sur tous les hommes la bénédiction la plus grande, diffusant ses rayons comme la bienveillante lune. Ame du savoir spirituel, il fait croître l'océan de félicité absolue, il nous donne de savourer pleinement le nectar dont nous languissons sans cesse.
  2. Ton saint Nom peut seul, ô Seigneur, combler l'âme de toutes les grâces. Or, des Noms sublimes, Tu en possèdes à l'infini, tel Krishna, ou Govinda, que Tu as investis de toutes Tes puissances spirituelles ; pour les chanter, aucune règle stricte. Dans ton infinie miséricorde, ô Seigneur, Tu permets qu'on s'approche aisément de Toi par le chant de Tes saints Noms, mais dans mon infortune, je ne suis capable d'aucun attrait pour eux.
  3. Les saints Noms du Seigneur, on devrait les chanter sans prétention aucune, en toute humilité, en se considérant moins qu'un fétu de paille dans la rue, en devenant plus tolérant que l'arbre et toujours prêt à offrir à autrui ses respects. Dans un tel esprit, c'est alors qu'on peut sans fin chanter les saints Noms du Seigneur.
  4. O Seigneur tout-puissant ! Je n'aspire nullement aux richesses, je ne rêve pas de jolies femmes, et ne cherche pas de nombreux disciples. Je veux seulement m'absorber sans fin, vie après vie, dans Ton service d'amour pur et absolu.
  5. Je suis Ton serviteur éternel, ô Krishna, fils de Nanda Maharaj, et cependant, pour une raison ou une autre, me voilà déchu dans l'océan de l'existence matérielle. Je T'en prie donc, arrache-moi à ces vagues de morts et de renaissances, change-moi en un atome de poussière sous Tes pieds pareils-au-lotus.
  6. Quand donc, ô Seigneur, mes yeux se pareront-ils d'un flot incessant de larmes d'amour en récitant Tes saints Noms ? Quand donc mes paroles s'étrangleront-elles en prononçant Tes saints Noms, et quand donc tous les poils de mon corps se dresseront-ils au chant de Tes saints Noms ?
  7. Je Te sens si loin de moi, ô Govinda, que chaque instant me semble douze années ou plus, une éternité, et des torrents de larmes jaillissent de mes yeux. L'univers entier me paraît vide en Ton absence.
  8. Krishna demeure et demeurera toujours mon unique Seigneur, dût-Il m'écraser sous Son étreinte ou me briser le cœur par Son absence. Totale est Sa liberté d'agir à Sa guise en toutes circonstances, Il n'en reste pas moins l'éternel objet que j'adore, sans y mettre de conditions.

Notons toutefois qu'à sa suite, au fil des siècles, nombre de Saints dévots parfaitement absorbés en krishna, ont offert des chants, poèmes et commentaires d'une qualité et d'un raffinement rares (Srila Bhaktivinoda, Srla Bhakti Siddhanta Sarasvati, Srila Prabhupada…), le culte à Sri Krsna caitanya perdure en Occident dont en France avec une communauté rurale dans l'Indre (Nouvelle mayapura) ou en région parisienne (Temple à Noisy-le-Grand), sans oublier plusieurs petits groupes de dévots initiés ou non à la foi « Bhakti » (on nomme ces croyants les « Bhaktas ») actifs dans le Sud/Sud Ouest (Ariège…) ou encore dans l'Est de la France (en compagnie de dévots suisses, Bourgogne, Franche-Comté). On notera aussi dans le monde francophone, la présence depuis 1979 d'une imposante communauté de 80/90 individus dans les Ardennes belges dans la communauté « Radhadesh » installée au château de Septon/Durbuy.

Ébranlé dans les années 1970 en France par quelques déviances et erreurs de quelques-uns, le mouvement surnommé « Hare Krishna » tente de réapparaître sous un jour nouveau, en voulant désormais afficher l'image sérieuse et sincère qui constitue d'ailleurs l'esprit de ce Mouvement international sur les cinq continents.