Bondage Japonais

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Couverture du livre Shibari, l'Art du bondage Japonais
Couverture du livre Shibari, l'Art du bondage Japonais

Shibari (しばり) est un mot en japonais signifiant littéralement "attaché" ou "lié". Il est utilisé au Japon pour décrire l'art de ficeler les colis. Kinbaku (緊縛) est le mot approprié pour bondage ou encore Kinbaku-bi qui signifie "magnifique bondage". Le Kinbaku (ou Sokubaku) est un type particulier de bondage sexuel Japonais entrant dans le cadre sadomasochiste (BDSM). Il implique d'entraver celui (ou celle) qui tient le rôle de personne soumise en utilisant des figures géométriques pré-définies à l'aide d'une cordelette (habituellement de 6 à 8 millimètres de diamètre) faite de chanvre ou de jute. Le mot de Shibari est devenu l'appellation courante, dans les années 1990, en Occident, pour désigner l'art du bondage Kinbaku. Nous envisagerons ici le bondage intéressant la totalité du corps et les suspensions, à l'exclusion des menottes et entraves uniquement des pieds et/ou mains.

Sommaire

[modifier] Différences entre les techniques Occidentales et Japonaises

Le bondage Japonais (Kinbaku) diffère du bondage Occidental par le fait qu'au lieu de simplement immobiliser ou pratiquer certaines contraintes, la personne soumise prend du plaisir par la tension de la corde qui lui écrase les seins ou les parties génitales. L'intensité des sensations procurées à la personne ligotée est fonction de sa position. Le bondage Japonais est connu pour faire appel à des positions asymétriques qui exacerbent l'impact psychologique du bondage.

Le bondage Occidental utilise de longues cordes, d'environ huit mètres de longueur dont le matériau a changé au fil des années: initialement en coton, ce dernier a été supplanté par le nylon dans les années 1980-90 puis de liens constitués de multiples filaments de polypropylène (MFP). Les techniques de bondage Japonais utilisent quand à eux des cordages d'environ sept mètres de longueur constitués de plusieurs brins en fibres naturelles : chanvre, jute ou toile.

L'art martial traditionnel (Hojo-jutsu) des Samurai ne fait pas de noeud alors que le bondage Japonais actuel, s'inspirant du modèle Occidental, fait des noeuds simples (entre deux et cinq sortes). Le bondage Occidental utilise, quand à lui, des noeuds plus complexes. Avec ses racines profondément ancrées au Japon, enseigné dans le monde entier par des maîtres du bondage (sensei), le Kinbaku a gagné en popularité.

[modifier] Historique

Démonstration d'une suspension verticale
Démonstration d'une suspension verticale
Example de motif Karada
Example de motif Karada

Certaines techniques de bondage sexuel Japonais sont héritées de pratiques militaires (Hojōjutsu (捕縄術) appelé encore Nawajutsu, (縄術)). Le bondage sexuel est de loin plus mesuré et beaucoup de précautions sont prises pour éviter des blessures.

De nombreux maîtres Japonais du bondage ont leurs propre technique qui mélange du Shibari avec d'autres techniques de leur propre inspiration. Le Kinbaku a été fortement influencé par la période Sengoku du Japon. Cette période qui s'étend du milieu du XVe siècle au début du XVIIe siècle est la plus noire qu'ait connu le Japon. Elle reste gravée dans les mémoires pour les tortures cruelles infligées à l'aide du feu, de couteaux, de tatouages, etc...En 1742, sous le régime féodal du shogun Tokugawa, le gouvernement promulgue une loi interdisant certains crimes ou punitions. On trouve parmi ceux-ci les peines de travaux forcés, l'esclavage, l'exil, de mort, etc., et quatre types de tortures: le fouet, l'écrasement d'une partie du corps sous une lourde pierre, le ligotage serré du corps à l'aide de cordes, la suspension par ce même moyen.

D'après plusieurs sources, le bondage sexuel apparaît pour la première fois au Japon à la fin de l'époque d'Edo. Ito Seiu, considéré comme le "père du Kinbaku", est le premier à faire des recherches sur l'Hojojutsu dès 1908 et à l'introduire en tant qu'art. Le Kinbaku devient réellement populaire dans les revues spécialisées qu'à partir dans les années 1950 (peut-être sous l'influence de John Willie, photographe fétichiste et artiste du bondage ). La tradition du bondage en tant qu'art ne se développe au Japon qu'à partir des années 1960.

En Occident, le bondage Japonais, n'est utilisé dans les scènes sado masochistes (BDSM) que depuis peu de temps.

[modifier] Technique

Nœud coulant
Nœud coulant
Nœud de blocage
Nœud de blocage

Le Kinbaku traditionnel est basé sur des motifs obtenus à l'aide de cordes. La plupart d'entre eux trouvent leur origine dans l'Hojojutsu. Parmi les différentes façons de lier, l'UshiroTakatekote[1] est le plus important et fréquemment employé. Une autre façon de faire est l'Ebi ou figure de la « crevette ». cette dernière, originellemnt une torture, est actuellement destinée à rendre l'aspect de la personne ainsi liée plus vulnérable et plus soumise au cours des scènes BDSM.

Le Kinbaku traditonnel se pratique avec des liens de sept mètres de longueur. En raison des différences physiques des participant(e)s dans le BDSM Occidental, on utilise plutôt des cordes de huit mètres. Les cordages sont habituellemnt réalisés en jute ou en chanvre (mais ni en sisal ni en chanvre de manille) spécialement traités pour obtenir une corde à la fois robuste, souple et douce au toucher. D'autres matériaux sont parfois utilisés bien que, la plupart du temps, les synthétiques ont tendance à trop glisser pour les techniques de Shibari.

Pour des raisons historiques, Le Kinbaku utilise rarement les noeuds (parfois pas du tout). S'il y en a, ce sont des noeuds coulants ou des noeuds de blocage. Ils requièrent tous deux des matériaux à haut pouvoir de friction. D'après le livre de Sensei Nawa Yumio publié en 1964, les noeuds sont considérés comme particulièrement disgracieux. Les ligotages arborant des noeuds n'étaient pas considérés comme du "bondage".

[modifier] Glossaire

Démonstration d'une suspension partielle.
Démonstration d'une suspension partielle.
  • kinbaku (緊縛): (substantif) bondage.
  • shibari (縛り): (substantif) attacher ou lier à l'aide d'une corde.
  • shibaru (縛る): (verbe) attacher ou lier à l'aide d'une corde.
  • nawa shibari (縄縛り): (substantif) le fait d'attacher ou de lier à l'aide d'une corde (un terme "construit" est incorrect et n'existe pas en japonais) Nawa shibari(en anglais).
  • nawashi (縄師): (substantif) désigne littéralement "un fabricant de cordes" mais, dans le cadre du SM désigne l'artiste qui manipule la corde(source Master K's book "Shibari, The art of Japanese Bondage")

[modifier] Termes rencontrés dans le bondage sexuel Japonais

(n'étant pas Japonais moi-même, les compléments sont les bienvenus)

  • Karada : mot Japonais pour corps (harnais de corps, "vêtement en cordages").
  • Ushiro Takate Kote : entrave basique pour la plupart des figures shibari. consistant à lier les bras et la poitrine en maintenant les mains liées derrière le dos. Le tout prend une forme de U. Ushiro Takatekote est composé de deux mots Japonais: (ushiro) 後ろ qui veut dire "derrière le dos" and (tekatekote) 高手小手 "lier les mains et les bras".</
  • Kikou : Entrelacements de la corde qui réalise le dessin des écailles d'une carapace de tortue sur la face antérieure du thorax.
  • Hishi : Entrelacements réalisant l'aspect d'un diamant taillé. Lorsqu'il est réalisé sur toute la surface du corps, on le désigne parfois sous le nom de hishi-kikkou. L'hishi a été répandu par les mangas et autres dessins animés.
  • Ebi : Réalise l'image d'une "crevette".
  • Agoura : Presque identique à l'ebi, il réalise également l'image d'une crevette mais en moins violent.
  • Tazuki : Entrecroisements réalisant l'aspect d'un harnais.
  • Tanuki : "blaireau"
  • Kataashi tsuri : Suspension par une jambe.
  • Bondage asymétrique : Position caractéristique du bondage Japonais.
  • Tsuri : Suspension verticale ou horizontale
  • Gyaku ebi
  • Hojojutsu

[modifier] Artistes pratiquant ou ayant pratiqué le bondage sexuel Japonais (non exhaustif)

  • Kate Asabuki
  • Aika Miura
  • Aya Otosaki
  • Ayaka Fujisaki
  • Fuka Sakurai
  • Junko Asamiya
  • Hiroko Nishino
  • Kaori Fujimori
  • Karin Manabe

[modifier] Bibliographie

  • Harrington, Lee "Bridgett". Shibari You Can Use: Japanese Rope Bondage and Erotic Macramé. Mystic Productions, 2007. ISBN 061514490X.
  • Master "K". Shibari: The Art of Japanese Bondage. Secret Publications, 2004. ISBN 90-807706-2-0.
  • Masami Akita (秋田昌美 AKITA Masami), musicien à l'origine, il a écrit de nombreux articles documentés sur l'histoire et la pratique du bondage Japonais.
  • Midori - Gremese) Les sortilèges du Bondage Japonais : conseils, pratiques de base pour débutants, et sécurité, Gremese, 2001

[modifier] Liens externes

[modifier] Voir aussi