Utilisateur:Bombastus/Histoire de la finance

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L'histoire de la finance est l'étude des techniques financières et de leur évolution au cours du temps. Depuis les premiers échanges entre êtres humains jusqu'à la globalisation financière, la finance a été marquée par de nombreuses évolutions et le développement de nombreuses techniques depuis 4.000 ans : Troc, monnaie, emprunts, actions, produits dérivés, etc.

Sommaire

[modifier] Origines

[modifier] Mésopotamie : L'invention du prêt à intérêt

Icône de détail Article détaillé : intérêt (finance).
Tablette administrative de la période Uruk III (3100–2900 av. J.-C.)
Tablette administrative de la période Uruk III (3100–2900 av. J.-C.)

L'origine de la finance est probablement concomitante avec l'apparition de l'écriture à la fin du IVe millénaire av. J.-C. en Mésopotamie. On a ainsi retrouvé environ 5.000 tablettes d'argile, en particulier à Uruk, probablement destinées à tenir les comptes des greniers et des entrepôts ou des revenus de l'Etat[1]. On sait ainsi que les rations alimentaires étaient fonction de l'âge, du sexe et du rang dans la hiérarchie[2].

L'historienne américaine Denise Schmandt-Besserat fait même remonter plus loin l'apparition de la comptabilité et du calcul financier avec l'étude de jetons (tokens) d'argile retrouvés dans le même bassin et datés entre -8.000 et -3.000. Dans How Writing Came About, elle avance la thèse selon laquelle ces jetons servaient déjà à enregistrer l'information et à des calculs de base. Si la majorité des jetons représentaient des produits simples (huile, miel, céréales, ..) certains représentaient aussi des éléments abstraits comme le travail[3].

Marc van de Mieroop observe pour sa part les premiers prêts au Ve millénaire av. J.-C. et explique leur apparition par la structure économique de la région : Pour que la répartition des biens soient possibles, il fallait que les biens soient collectés et leurs propriétaires indemnisés[2]. La taille des communautés oblige à une formalisation sur des tablettes. Cette apparition des premiers prêts formalisés est attestée par l'existence de décrets d'annulation des dettes, remontant jusqu'à 2.500 avant J-C[4]. Ce système développé de prêts reconnaissait l'intérêt, qui était désigné par un mot sumérien signifiant mouton (maš). C'est l'une des premières reconnaissances de la valeur temps de l'argent. Vers 1750 le Code d'Hammurabi inclut des dispositions sur le traitement des débiteurs et des prêts.

[modifier] Rome : L'apparition de la société par actions

Icône de détail Article détaillé : action (finance).

L'histoire de l'Empire Romain marque une nouvelle étape dans l'histoire de la finance avec l'appparition de la société par action; Jean Andreau, historien à l'École des hautes études en sciences sociales[5], ou Ulrike Malmendier, historien à l'université de Stanford[6] rapportent ainsi l'existence de Societates publicanorum (Sociétés de publicains). Elles étaient formées par des publicains, désireux de s'associer pour ensemble obtenir des droits de collecte de taxes. Le Corpus juris civilis, la compilation du droit Romain faite sous Justinien, atteste ainsi de l'existence de Societates Vectigalium, association de collecteurs de taxes. Valère Maxime parle lui de telles associations pour effectuer des tâches sous-traitées par l'Empire. De l'externalisation avant l'heure !

L'illustration la plus marquante est probablement la fourniture de matériel militaire par trois societates publicanorum réunissant 90 equites à l'Empire pour une opération militaire en Espagne en 215 avant J-C. Ces societates fournirent à crédit le million de deniers nécessaires. Tite-Live rapporte ces évènements (24,18,10 f)[7].

Ces associations fonctionnaient en partie comme des sociétés par actions, avec des parts cessibles et négociables librement. Cicéron le rapporte à plusieurs reprises, parlant de partes societatum publicanorum (actions de sociétés de publicains). Elles avaient par ailleurs la personnalité juridique[8]

Cependant ces « sociétés » n'étaient qu'une version imparfaite de la société par actions et se rapprochaient de la Société en nom collectif existant en France : la societas ne connait pas de distinction entre le patrimoine de la société et celui de ses « actionnaires »[9].

[modifier] La Chine au Xe siècle : L'apparition du papier-monnaie

Icône de détail Article détaillé : Billet de banque.
Un Jiaozi du Xe siècle, échangeable contre 77.000 wen
Un Jiaozi du Xe siècle, échangeable contre 77.000 wen

Sous la dynastie des Song du Nord (960-1127), la finance chinoise connut une évolution majeure avec l'apparition des premiers billets de banque au monde, sous la forme de Jiaozi. Les premières émissions en Europe n'auront lieu qu'en 1661, soit 7 siècles plus tard..[10]

Les marchands de Chengdu mirent en place au Xe siècle un système de certificats imprimés pour remplacer les pièces, alors rondes avec un vide rectangulaire en leur centre. Suivant le succès de l'opération, les autorités de la province mirent en place le bureau du Jiaozi, destiné à contrôler ces émissions. En 1023, l'émission privée est interdite au profit d'un monopole public[11].

[modifier] Les banquiers dans l'Europe médiévale

Icône de détail Article détaillé : Lettre de change.

Les banques modernes émergent au Moyen Âge, particulièrement en Italie, à partir du milieu du XIe siècle. Les simples changeurs des périodes précédentes voient leur activité se développer et se complexifier alors que le rôle de prêteurs précédemment assumé par les abbayes est de plus en plus pris en charge par de nouveaux acteurs, ceux qu'on appellera « les Lombards ». La finance et en particulier les activités de crédit s'émancipent en partie de la tutelle religieuse et des règlementations de l'Église catholique romaine sur le prêt à intérêt et sur l'usure[12].

Les banquiers italiens en particulier prennent une importance grandissante : Ils ouvrent des comptoirs commerciaux en de nombreuses cités du bassin méditerranéen puis en France, en Flandre et même en Angleterre[13]. Ils développent des connaissance et des techniques bancaires plus poussées et leur notoriété s'étend. Les règlementations religieuses sur le prêt à intérêt sont contournées par la méthode du prêt sur gage. Le développement des foires de Champagne oblige à trouver des solutions pour garantir la sécurité des transactions : On invente alors la lettre de change : de comptoir en comptoir, les marchands pouvaient voyager sans argent liquide et uniquement avec un titre ordonnant au responsable d'un comptoir de lui verser une somme d'argent. Cette méthode a été mise au point par les Templiers (XIIee et XIIIe siècle) dans le cadre de leur mission de protection et d'accompagnement des pèlerins chrétiens pour Jérusalem.

Le changeur, par Rembrandt
Le changeur, par Rembrandt

Ils ne sont cependant pas les seuls à développer ces activités dans l'Europe médiévale; les banquiers juifs jouent un rôle important, en partie grâce à cette dérogation du Deutéronome[14] : « Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour un prêt d'argent, ni pour du grain, ni pour autre chose. Tu ne pourras recevoir d'intérêt que d'un étranger », qui autorise un juif à recevoir des intérêts d'un chrétien, et vice-versa[15]. Ce n'est cependant qu'une « tolérance » selon Saint Thomas d'Aquin[16].

Cependant la stabilité et la confiance nécessaire n'est pas toujours présente au cours de la période, rendant la finance médiévale instable : En France, Philippe le Bel expulse les juifs et s'approprie leurs biens pour assainir les finances du royaume avant de s'attaquer à une importance financière de l'époque, les Templiers. Ils couvraient un vaste panorama d'activités : financement des croisades, dépôts à vue et à terme, opérations de change, caisse de consignation, comptabilité en partie double[17]. Philippe le Bel fait dissoudre l'ordre, brûler vif 50 templiers et s'approprie leurs biens.

[modifier] Le développement et la structuration de la dette d'état dans les cités italiennes

L'expansion des cités, la multiplication de conflits commerciaux ou militaires pèsent sur les finances des cités italiennes et conduit Venise à édicter le 12 mars 1262 un décret qui marque le développement des emprunts souverains, le Ligatio pecuniae; Il garantit le remboursement des fonds prêtés ainsi qu'un taux d'intérêt de 5% par an. Toutes les dettes existantes sont regroupées dans un Monte. On passe alors de prêts ponctuels souscrits auprès des personnes fortunées de la ville à des prêts plus durables et souscrits de façon plus large[18].

Pour gérer ces emprunts plus importants, des agences officielles furent créées et prirent en charge l'ensemble des émissions de la cité : Venise créa la Camera degli imprestiti, Gênes créa la Casa di S. Giorgio en 1407 et Florence son Monte. Elles émirent plusieurs séries d'emprunts ou Monti : Pour Venise le Monte originel puis le Monte Nuovo en 1482, le Monte Nuovissimo en 1509 et le Monte del Sussidio en 1526.

Ces emprunts étaient généralement librement négociables. Ils pouvaient être garantis par les revenus tirés de certaines activités comme l'impôt sur le sel ou les revenus du Mont de Piété. Cela n'empêchait pas cependant une certaine instabilité dans le payement des intérêts, en particulier à Venise et Florence : Les intérêts dus en 1494 par le gouvernement de Venise furent payés en 1556 ![19]

Cette standardisation ouvrit la voie à la négociation de ces prêts sur des marchés secondaires et à tout un système financier sophistiqué fondé sur les emprunts d'état[18]. Les titres de créance émis l'étaient souvent à un prix moindre que leur valeur faciale, ce qui en améliorait le rendement. Ces rendements jugés trop élevés furent la cause de la révolte des Ciompi en 1378 à Florence[18].

Ces perfectionnements sont rendus possibles par l'utilisation de plus en plus courante des chiffres arabes pour les calculs financiers; c'est le mathématicien italien Fibonacci qui permit ces progrès en popularisant ces chiffres dans son ouvrage Liber Abaci, qui s'adressait spécifiquement aux commerçants et financiers[20].

[modifier] L'époque moderne

[modifier] L'apparition des produits dérivés aux Pays-Bas au XVIIe siècle

Icône de détail Articles détaillés : Produit dérivé et Tulipomanie.

[modifier] Les transformations des sociétés par actions

Une « obligation » de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, émise en 1623
Une « obligation » de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, émise en 1623

La société par actions a connu de nombreuses évolutions depuis les Societates publicanorum romaines et les compania médiévales et ces évolutions se poursuivirent aux XVII et XVIIIe siècles. La société la plus importante de ces années fut la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC), créée en 1602, avec un capital initial équivalent à dix fois celui de la compagnie anglaise. Comme dans la logique des stock-options, les dirigeants devaient posséder une part du capital, d'environ 5 à 6% au total[18]. Capital pouvait initialement être remboursé à la demande 1602-1650 : Distribution moyenne 16.5%. Pas voix au chapitre => Placement. Debt/Equity 2/1 Echanges possibles rarement Bank of England, forme plus pure

[modifier] Expansions et krachs boursiers

Icône de détail Article détaillé : Tulipomanie.

+ Premières bourses + Krach de 1720 South Sea Bubble, compagnie des mers du Sud +Bear operation d'Isaac Le Maire, marchand Anversois installé à Amsterdam. Rumeurs, manipulations cours Parmi ces crises nombreuses, une fut particulièrement marquante Premières bourses, 1688 Londres, Amsterdam Cantillon, Joseph de la Vega

[modifier] John Law

Icône de détail Articles détaillés : John Law et Système de Law.

[modifier] Les assignats et les déboires du papier-monnaie

[modifier] Histoire contemporaine

[modifier] La révolution de la banque de dépôt

France XIXe? Exemples plus anciens?

[modifier] La dématérialisation des titres

Salle de marché du NYSE avant l’introduction des écrans et de la cotation électronique
Salle de marché du NYSE avant l’introduction des écrans et de la cotation électronique

Une évolution récente majeure des marchés boursiers se trouve dans la dématérialisation des titres au porteur, c'est à dire le remplacement des titres physiques par des écritures dans des comptes titres gérés électroniquement. Le processus a été mené progressivement, au début des années 1980 en France, pendant le premier septennat de François Mitterand. La Belgique n'a elle pris ce virage que plus tardivement, avec la loi du 14 décembre 2005[21].

Par ce moyen, l'informatisation des bourses est rendue plus aisée, avec la cotation électronique en direct. Systèmes informatiques, internet?

Il reste toutefois certains titres permettant à la société de connaître ses actionnaires, comme les titres au porteur identifiable en France. En interrogeant l'organisme de clearing Euroclear, les dirigeants peuvent obtenir la répartition du capital de la société.


[modifier] Globalisation financière

[modifier] Notes et références

  1. Quelques tablettes archaïques sur le site du musée du Louvre
  2. ab The origins of value : The financial innovations that created modern capital markets, chapitre 1 : The invention of interest, Marc van de Mieroop
  3. Denise Schmandt-Besserat, How Writing Came About, The University of Texas Press, Austin, Texas, 1996
  4. Johannes Renger, Royal Edicts of the Old Babylonian Period
  5. Jean Andreau, Banking & business in the Roman World, Cambridge University Press, ISBN 0521389321
  6. The origins of value : The financial innovations that created modern capital markets, William N. Goetzmann & K. Geert Rouwenhorst, Oxford University Press
  7. Pour d'autres illustrations, on peut se réferer à la conférence « Conference on The History of Financial Products » effectuée par Ulrike Malmendier à Yale en 2003, [pdf]disponible en ligne
  8. Ce que negotiari et ses dérivés veulent dire, Koenraad Verboven, inclus dans Vocabulaire et expression de l'économie antique, Ausonius, Bordeaux
  9. A survey of legal entities, asset partioning, and the evolution of organizations, Henry Hansmann, Reinier Kraakman & Richard Squire, 2003
  10. (en)Banking in modern China, Linsun Cheng, University of Massachusetts
  11. (en)China's Earliest paper money : Jiaozi, chinaculture.org
  12. Jacques le Goff, Marchands et banquiers du Moyen Âge, Presses Universitaires de France, 2001, 128 pages, ISBN 2130514790
  13. Voir par exemple la famille Tolomei dans Les Rois maudits de Maurice Druon
  14. Jacques Attali, Les juifs, le monde et l'argent, Fayard, 2002, ISBN 2213610444
  15. Deutéronome 23, 20-21
  16. Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 2-2, question 78
  17. Le Moyen Age (476-1453 après J.-C.), abb-bvb.be
  18. abcd The origins of value : The financial innovations that created modern capital markets, chapitre 8 : Bonds and government debt in Italian City-States, 1250-1650, Luciano Pezzolo
  19. Il debito pubblico della Repubblica di Venezia, G. Luzzato, Milan, 1963
  20. Fibonacci's Liber Abaci: A Translation into Modern English of Leonardo Pisano's Book of Calculation, Springer, 2003, 636 p, ISBN 0387407375
  21. Loi du 14 décembre 2005 sur la dématérialisation des titres, Caisse des dépots belge

[modifier] Bibliographie

  • Loïc Belze & Philippe Spiezer, Histoire de la finance : Le temps, le calcul, et les promesses, Vuibert, 2005
  • Jean-Marie Thiveaud, Histoire de la finance en France, Volume 1: Des origines jusqu'en 1775, Editions Pau, 1995
  • Geoffrey Poitras, The Early History of Financial Economics, 1478-1776: From Commercial Arithmetic to Life Annuities and Joint Stocks, 2000
  • William N. Goetzmann & K. Geert Rouwenhorst, The origins of value : The financial innovations that created modern capital markets, Oxford University Press
  • A Dauphin-Meunier, Histoire de la banque, Que sais-je ?, PUF, 1950

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe