Bibliométrie et scientométrie

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La bibliométrie peut être définie comme "l'application des mathématiques et des méthodes statistiques aux livres, articles et autres moyens de communication" (Pritchard, 1969) : il s'agit de quantifier la communication d'un individu ou d'un groupe, non seulement en termes de volume, mais en termes de portée sur une population ciblée. La scientométrie est l'application de ces techniques au champ des études de la science et de la technologie, en comptabilisant les publications scientifiques.

Sommaire

[modifier] Histoire

C'est en 1958 qu'Eugene Garfield crée l'Institute for Scientific Information (ISI), avec le soutien de l'administration américaine de la recherche et celui de sociologue comme Merton. Le premier volume du Science Citation Index voit le jour en 1963.

[modifier] Les méthodes bibliométriques

Peuvent être pris en compte, le nombre de publications, l'impact de la revue (revue scientifique par exemple) dans laquelle elles sont publiées (c'est-à-dire le nombre potentiel de citations d'un article qui y est publié) et le nombre effectif de publications ultérieures citant chacune.

[modifier] Utilisation de la scientométrie

Elle est utilisée par les organismes finançant la recherche comme outil d'évaluation. 3

[modifier] Dérives : « publier ou périr »

La bibliométrie incite les chercheurs à publier plus, selon le principe publish or perish. Le danger est ici que les chercheurs se préoccupent plus d'étoffer leur palmarès de publications (qui détermine leur carrière : possibilités de promotion, mais aussi, dans certains cas, paye ou continuité de leur emploi) que de réaliser des travaux scientifiquement intéressants.

On constate alors diverses dérives dues au désir d'augmenter le nombre de publications, par exemple:

  • le psittacisme : le chercheur publie la même idée dans plusieurs « papiers », profitant du fait que les évaluateurs des différentes publications n'ont pas lu leurs travaux précédents
  • le saucissonage (salami effect) : la même idée est découpée en plusieurs tranches, chacune publiée séparément.

Notons l'extrême variabilité du nombre de publications chez les scientifiques réputés. Des scientifiques de premier plan comme Albert Einstein ou Louis de Broglie ont, dans l'ensemble, peu publié, mais certaines de leurs publications étaient de toute première importance et ont eu une influence considérable sur la science. À l'opposé, un autre scientifique de premier plan, Paul Erdös, a été très prolifique.

L'usage du « facteur d'impact » des journaux pour l'évaluation de la qualité des chercheurs est très sujet à caution. Ce facteur d'impact est censé mesurer l'importance d'un journal pour la communauté scientifique. Il est cependant faux de conclure qu'un « papier » dans un journal à fort facteur d'impact est forcément de meilleure qualité qu'un papier dans un journal à facteur d'impact plus faible, notamment parce que la politique éditoriale des journaux les plus connus (Science, Nature) met en jeu des critères extra-scientifiques, comme le côté « sensationnel » d'une publication.

Enfin, l'usage du nombre de citations favorise les publications « dans l'air du temps ». Une publication sur un sujet original mais qui ne serait pas « à la mode » est défavorisée. Il arrive que des idées de premier plan soient ignorées au moment où elles sont publiées, et sont redécouvertes ensuite. L'impact réel de la publication n'est alors sensible qu'à une échelle de temps supérieure à celle utilisée pour les calculs des divers facteurs d'impact. Pour ces raisons, certains considèrent que la bibliométrie ne doit être utilisée que pour évaluer des chercheurs déjà bien installés, ayant une certaine carrière derrière eux.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Lien externe