Benoît de Boigne

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La Fontaine des éléphants, à Chambéry, érigée en hommage à Benoît de Boigne
La Fontaine des éléphants, à Chambéry, érigée en hommage à Benoît de Boigne

Benoît Leborgne, comte de Boigne, est né le 8 mars 1751 à Chambéry et mort dans la même ville le 21 juin 1830.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Carrière militaire

Benoît Leborgne était fils d'un marchand de pelleteries de Chambéry. Après avoir fait ses armes d'aventurier et de soldat en Flandre, à l'île Bourbon, en Russie et en Turquie, il se rend à Madras en 1784 pour entrer au service du maharadjah Madhava Râo Sindhia, le chef de l'Empire marathe, dont il organise l'armée sur le modèle européen. Il remporte plusieurs batailles comme celle d'Âgrâ en 1788 qui ramène les marathes sur le devant de la scène et fait de Madhava Râo le maître de l'Hindoustan, celles de Patan et de Merta contre les moghols en 1790, à la suite desquelles il est fait commandant-en-chef des armées marathes et celle de Lakhairi en 1793 où il défait les Holkars. Il amasse une immense fortune durant son séjour en Inde et devient l'ami de Claude Martin, son compatriote au service des Britanniques.

En 1790, il résume bien la politique indienne de l'époque en affirmant : « Le respect envers la maison de Timour (la dynastie moghole) régnait à tel point que, quoique toute la péninsule se fut successivement soustraite à son autorité, aucun prince de l'Inde ne s'était arrogé le titre de souverain. Sindhia partageait le respect, et Shah Alam (Shâh Âlam II) était toujours assis sur le Trône Mogol, et tout se faisait en son nom. »

Il fait restaurer le Taj Mahal. À la mort de Mahâdâjî Sindhia en 1794, de Boigne aurait pu s'emparer du pouvoir et devenir le maître de l'Hindoustan s'il l'avait voulu, mais il reste loyal à Daulat Râo Sindhia, le successeur légitime.

[modifier] Retour en Europe et mariage

En 1795, sa santé se dégrade, il abandonne son commandement, installe à sa place son homme de confiance Perron et rentre en Europe l'année suivante, avec une princesse indienne qu'il a épousée en 1788 et qui lui a donné deux enfants.

Il installe son ménage dans les environs de Londres, ce qui ne l'empêche pas d'épouser, le 11 juin 1798, une Française émigrée, Adèle d'Osmond (1781-1866), issue d'une très noble, antique et fort désargentée famille originaire de Normandie. Pour conclure ce mariage avantageux, Benoît de Boigne a laissé planer le mystère sur ses origines. Son désir semble être alors, après avoir mené une vie aventureuse, de fonder une famille et de s'établir en Europe ce que les relations mondaines de sa femme, espère-t-il, faciliteront.

Le mariage fut d'emblée malheureux. Benoît de Boigne finit par rentrer en Savoie en 1802 se faisant appeler le « général de Boigne » ( il faut noter qu'au XVIIIe siècle l'orthographe est approximative et le L majuscule peut facilement se transformer en d minuscule ) et habitant seul le château de Buisson-rond, qu'il avait fait luxueusement aménager pour son épouse, laissant sa femme vivre la vie parisienne dont elle tirera la matière de ses célèbres Mémoires (publiées en 1907). Il avait reçu déjà des Bourbons un brevet de "Marechal de camp", daté du 20 octobre 1814 et la croix de Saint-Louis le 6 décembre. On honorait ainsi le mari de Mlle d'Osmont et les Tuileries le "désaventuialiaient" si l'on peut dire pour faire plaisir à la comtesse. Cependant Louis XVIII lui octroyait, le 27 février 1815 la Légion d'Honneur pour ses services comme président du Conseil Général du Département du Mont-Blanc. Très attaché aux doctrines royalistes, de Boigne fut un ardent partisan du gouvernement sarde. Victor-Emmanuel, roi de Sardaigne et Duc de Savoie, lui octroyait en 1816 le titre de Comte; Charles-Felix le faisait Grand'Croix des Saints Maurice et Lazare.

[modifier] Un bienfaiteur de Chambéry

Il est nommé par Napoléon Ier président du Conseil général du département du Mont-Blanc et comte par le roi de Sardaigne. Il consacra la fin de sa vie à des œuvres de bienfaisance au profit de sa ville natale.

À sa mort, la ville, reconnaissante, lui éleva un monument qu'est la Fontaine des éléphants. Il s'agit d'une fontaine en forme de tronc de palmier entourée par quatre éléphants indiens représentés de face, dite « fontaine des quatre sans cul ». La fortune qu'il laisse à son décès est évaluée à 20 millions de francs de l'époque.

La Société académique de Savoie a publié à Chambéry des Mémoires sur la carrière politique et militaire du général Boigne, 1828.

[modifier] Bibliographie

  • Desmond Young, Fountain of the Elephants, Londres, Collins, 1959.
  • L'aventure des Français en IndeKailash, Pondichery 1998
  • Michel Larneuil, Le Mercenaire du Gange, Paris, Albin Michel, 1995.
  • Gabrielle Sentis, Un nabab savoyard, Grenoble, Didier-Richard, 1989.
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