Bataille du Yarmouk

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En 636, l'empire byzantin affronte les armées musulmanes lors de la bataille du Yarmouk, dans le sud de la Syrie.

L'armée byzantine était une coalition regroupant des Grecs mais aussi des Arméniens des Slaves et des Arabes chrétiens de Syrie ou du royaume ghassanide. Sans doute plus de 40 000 hommes dont 12 000 ghassanides. L'armée musulmane comptait environ 20 000 hommes pour commencer, surtout des cavaliers. L'armée byzantine était commandée par le propre frère de l'empereur,Théodore, par l'arménien georges et par un dénommé Bannes ou Behan. L'armée musulmane était commandée par le plus grand stratège arabe de l'époque, Khalid ibn al-Walid. Parmi les musulmans il y avait alors depuis peu des Arabes chrétiens nouvellement convertis à l'islam, et comme ils avaient le teint clair, ils purent se mêler aux troupes byzantines et en ramener à Khalid la nouvelle de l'imminence de l'attaque. Khaled mit aussitôt ses troupes en place. Les fantassins furent disposés en trois lignes, une première composée d'archers, la deuxième d'hommes armés de sabres, la troisième de porteurs de lances. Des cavaliers furent disposés dans les intervalles.Pour encourager ses hommes Khalid donna également à certains vétérans, soigneusement choisis à cet effet, l'ordre de réciter les versets du Coran appropriés, au moment du combat, notamment ceux de la sourate dite du butin.L e 30 août à l'aube la coalition byzantine avança en ordre de bataille. La première journée commença par quelques escarmouches ou des combats singuliers. Le combat du deuxième jour débuta par une attaque de l'aile gauche byzantine sur l'aile droite musulmane. Mais les musulmans tinrent bon et les byzantins durent être renforcés par un deuxième bataillon puis un troisième. A ce moment-là une partie de l'aile droite musulmane se replia vers le centre et l'autre recula. Lorsque Khalid remarqua la chose il lança une contre attaque sur l'aile gauche ennemie et parvint, après plusieurs furieux assauts, à rétablir la situation. Le troisième jour, l'aile gauche musulmane connut le même sort. Le quatrième jour est appelé "la journée des borgnes" et débuta par des combats singuliers au cours desquels les musulmans prirent l'avantage. La perte de plusieurs de ses capitaines parmi les plus valeureux mit le généralissime byzantin dans une rage folle et il ordonna à ses archers de tirer "cent mille flèches d'un seul trait". Elles tombèrent comme de la grêle sur les musulmans qui comptèrent 700 hommes éborgnés.Du moins d'après la légende. Le cinquième jour il se passa quelque chose, un quelque chose sur lequel nos sources divergent (une tempête de sable? Du brouillard) mais qui assurément handicapa gravement les mouvement de la lourde coalition byzantine. Khalid donna alors aux commandants du centre et des deux ailes le signal de l'attaque générale, puis ordonna à Qaiss Ibn Habirah (le commandant de son deuxième corps de cavalerie) d'attaquer l'aile gauche byzantine, afin, par cette manoeuvre, de priver l'infanterie ennemie de son appui. D'aucuns avancent alors l'hypothèse d'une défection des 12 000 hommes de la cavalerie légère des Arabes chrétiens de la tribu des Ghassanides, mal payés ou non payés depuis plusieurs mois par les Byzantins, les musulmans leur ayant offert de payer leurs arriérés. Faisant ainsi passer les effectifs de l'armée byzantine de 40 000 à 28 000 hommes et ceux de l'armée musulmane de 20 000 à 32 000 hommes. Cette aile gauche byzantine était composée de Slaves qui se défendirent pied à pied mais, faute d'être appuyés par leur cavalerie, ils se rabattirent sur leur centre composé d'Arméniens. Le généralissime byzantin essaya de rassembler ce qui restait de sa cavalerie pour contre-attaquer mais sa cavalerie lourde ne put rivaliser avec la rapidité et la légèreté de la cavalerie musulmane. De Goeje (Mémoires sur la conquête de la Syrie,p.113)cite le récit de Théophane sur la bataille précisant: "les troupes du sacellaire se retirèrent alors et les musulmans, profitant de l'occasion, engagèrent le combat. Un fort vent du sud soufflant au visage des Romains, une épaisse poussière les empêcha de voir l'ennemi, et cela fut la cause de leur défaite. Ils se précipitèrent dans les ravins du Yarmouk et y périrent presque tous". Cette version est néanmoins contestée, tout comme celle qui veut que l'infanterie byzantine ait combattu enchaînée par groupe de dix.Il semble que ceci vienne en effet d'une banale erreur de traduction. Les hommes enchaînés sont peut-être tout simplement des hommes regroupés en formation serrée. Certains historiens estiment à 70 ou 120 000 morts les pertes byzantines (contre 3 ou 4 mille musulmans).D'après Tabari plus de 120 000 byzantins périrent dans le ravin de Yakouça et se noyèrent. Théodore, le frère de l'empereur Héraclius, fut tué. L'infanterie fut complètement anéantie et il ne resta que des cavaliers (dont les Ghassanides ayant fait défaut?) éparpillés dans toutes les directions, vers Damas, vers Césarée, vers Antioche et même vers Jérusalem. La défaite de Yarmouk bien que très nette n'affecta pas outre mesure les dirigeants de Constantinople, qui s'inquiétaient davantage du péril perse ou encore bulgare. Ce fut quand même la première d'une longue suite de victoires qui allaient finir par livrer aux musulmans tout le bassin méridional et oriental de la Méditerranée. La bataille du Yarmouk scellera la suprématie arabe en Syrie du Nord, où la population chrétienne monophysite perçut l'avancée musulmane comme une libération du joug byzantin. On peut légitimement s'interroger sur la réalité des pertes subies par les uns et les autres. L'hagiographie transmise au cours des siècles par de pieux musulmans évoque le chiffre de 60 musulmans tués contre 240 000 mille chrétiens. Ce genre d'amplification héroïque est fréquent dans l'Histoire. Quand Léonidas et ses 300 hoplites moururent aux Thermopyles en -480 les Grecs enterrèrent les morts à la place où ils étaient tombés et une inscription restée célèbre rappela longtemps qu'en ce lieu quatre mille Péloponnésiens avaient combattu contre trois millions de Barbares.