Bataille de Civitate

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Plan de bataille de la Bataille de Civitate.En rouge : les Normands, en bleu : la coalition papale
Plan de bataille de la Bataille de Civitate.
En rouge : les Normands, en bleu : la coalition papale

La Bataille de Civitate est une bataille du Moyen Âge. Elle a eu lieu le 18 juin 1053.

Les Normands des comtes Onfroi d'Apulie et Richard Ier d'Aversa y ont défait les forces anti-normandes à Civitate, près de Foggia, dirigées notamment par le pape Léon IX et l'empereur germanique Henri III le Noir. Léon IX fut capturé et emprisonné.

Sommaire

[modifier] Des aventuriers Normands se distinguent

En l'an 999, une quarantaine d'aventuriers Normands, revenant d'un pèlerinage effectué à Jérusalem, s'arrêtèrent par hasard dans la ville de Salerne. Ils se reposaient déjà depuis plusieurs semaines quand un jour ils virent une grande flotte de guerre Arabe mouiller dans le port de la ville. Les Arabes venaient pour rançonner la ville. Suivant leur habitude, les Salernois commencèrent alors à réunir l'argent de la rançon. Complètement écœurés à la fois de l'attitude insolente des Arabes et de la lâcheté des Salernois qui, apparemment, n'envisageaient pas de gagner leurs libertés par la forces des armes, les quarante aventuriers Normands vinrent demander à Guaimar IV, prince de Salerne, de leurs fournir armes et chevaux pour aller combattre les rançonneurs Musulmans. Etonné, le prince italien donna aux Normands tous ce qu'ils voulaient. Aussitôt, les quarante chevaliers Normands attaquèrent les Arabes à l'improviste. Malgré leur très nette infériorité numérique, les cavaliers Normands réussirent à mettre en déroute les Arabes après en avoir tué plusieurs centaines. Alors que certains Musulmans fuyèrent vers la mer, d'autres se retirèrent par les collines.

[modifier] Un prince Salernois sait les remercier habilement

Eblouie par cette incroyable victoire, le prince Gaimar IV de Salerne couvre les vainqueurs Normands de nombreux remerciements et d'un grand nombre de cadeaux. Mais, surtout, il ne veut pas laisser passer l'occasion de prendre des Normands à son service pour défendre sa ville. Le prince Italien leur propose alors de rester à Salerne et de s'engager comme mercenaires. En fait, dans un premier temps, il voudrait en conserver la moitié immédiatement et renvoyer les autres en Normandie pour essayer de recruter en Normandie de nouveaux chevaliers qui viendraient à leurs tours s'engager comme mercenaires à son service. Cependant, désirant revoir leur patrie, les Normands refusèrent tout d'abord l'offre de Guaimar IV. La déception fut aussi grande chez le prince Italien que chez les habitants de la ville qui avaient su, eux aussi, remercier l'efficacité des Normands et qui voulaient, eux aussi, les avoir comme protecteurs. L'espoir des Italiens porta tout de même ses fruits. En fait, rusés, les Normands n'étaient pas restés tout à fait insensible aux propositions de Gaimar IV de Salerne. L'espoir de gagner beaucoup de richesses poussèrent finalement les Normands à revenir quelques années plus tard à Salerne pour s'engager comme mercenaires. En outre, ils revinrent avec de nouvelles recrues attirés par les gains du mercenariat.

[modifier] Des mercenaires Normands s'installent au fur et à mesure dans le sud de l'Italie

Au fur et à mesure des années, l'histoire du mercenariat de Salerne fit le tour de toute la Normandie. Connaissant alors la possibilité d'être engagé comme mercenaires dans le sud de l'Italie, plusieurs aventuriers Normands n'hésitèrent alors pas à quitter leur patrie pour rejoindre la péninsule Italienne. Ils se décidèrent pour différentes raisons. Certains, déjà riches, cherchaient tout simplement à s'enrichir encore plus. D'autres, ne supportant pas la politique du duc de Normandie, cherchaient à la fuir pour se créer des fiefs autre part. Enfin, à l'époque, les familles Normandes comprenaient beaucoup d'enfants et seuls les ainés pouvaient hériter de terres paternelles. Dès lors, assurés de n'avoir aucune terres, les fils cadets de ces familles n'hésitaient alors pas à partir pour le sud de l'Italie avec l'espoir de se créer de la richesse ou des terres. Cependant, il pouvait aussi arriver le contraire. Assuré de ne pas pouvoir nourrir toute sa famille, le père encourageait alors le fils ainé, le plus fort, à partir ailleurs. En moyenne, tout au long du XIe siècle, ce seront 300 à 500 soldats Normands qui viendront tous les ans dans le sud de l'Italie, mais certains d'entre eux partiront une fois leur richesse faite, alors que d'autres se décideront à rester.

L'histoire de Salerne ayant fait également son chemin dans le sud de l'Italie, les Lombards de l'Apulie, reconnaissant la valeur surprenante des Normands au combat, en recrutèrent alors beaucoup. Dans les années 1010-1020, les frères Drengot, normands originaires de la région de Rouen, viendront par exemple se faire recruter comme mercenaires par un prince Lombard. Ce prince entama alors une guerre contre la présence Byzantine en Apulie. De nombreux combats eurent lieu, les mercenaires Normands firent encore leur preuves en remportant de nombreux combats contre les Byzantins. Après cette aventure, Raynolf Drengot, servit plusieurs prince Lombards et réussit, avec ruse, à acquérir un puissant fief à Aversa, devenant alors Raynolf d'Aversa. Le fief d'Aversa va en fait jouer un rôle très puissant dans l'immigration de soldats Normands en Apulie. Les Normands, très bien accueillis dans ce fief, vont devenir beaucoup plus nombreux que lors de la première vague d'arrivée. Un beau jour, Raynolf Drengot accueille des frères Hauteville...

[modifier] Les Hauteville commencent leurs exploits

Au moment où arrivaient les deux frère Hauteville, c'est-à-dire vers 1040, les Byzantins montaient une campagne de recrutement pour mener une expédition pour reconquérir la Sicile aux mains des Musulmans. Se rappelant de la valeur des Normands au combat, les Byzantins en recrutèrent 300 et en firent un corps qui fut mis aux ordres de leur chef, le Lombard Ardouin. Débarqués en Sicile, les Normands rejoignirent alors les autres corps de l'armée Byzantine et purent alors se rendre compte qu'ils n'étaient pas les seuls mercenaires recrutés par Byzance. En effet, la fameuse garde Varègue était également présente, les fameux [Vikings] suédois vivant en Russie. Il y avait aussi de nombreux autres corps de mercenaires de différentes nationalités. La campagne de Sicile commença à peine qu'une bataille s'engagea alors avec les Arabes, ce fut l'affrontement de Troïna. Les mercenaires de Byzance commençaient même à plier sérieusement. C'est alors que Guillaume Hauteville prit la tête des 300 mercenaires Normands, fit une charge, enfonça les Arabes et les mit en déroute. La victoire était acquise et les Normands avaient encore vaincus en infériorité numérique. Dans la mêlée, Guillaume Hauteville, ayant embroché le chef sarazin d'un vigoureux coup de lance, reçut alors le surnom de Guillaume "bras de fer". Enfin, comme l'indique la chronique Italienne de l'époque "plus value le petit nombre de Normands que la multitude des autres mercenaires de Byzance".

Suite à cette bataille, les Byzantins changèrent de comportement et s'avérèrent particulièrement exécrable vis à vis des Normands et d'Ardouin. La jalousie commençait à ronger. En premier lieu, Ardouin fut frappé de plusieurs coups de fouets pour avoir refusé de donner au chef Byzantin un superbe cheval Arabe qu'il avait capturé sur le champ de bataille après avoir tué un adversaire. Enfin, les Byzantins refusèrent de partager le butin de la victoire avec les Normands alors que ces derniers avaient été les principaux artisans de la victoire de Troïna. C'était trop. Ardouin et les Normands se décidèrent à rentrer en Apulie et quittèrent alors la Sicile dans les plus brefs délais. Etrangement, les Byzantins ne tardèrent pas à en faire autant...

[modifier] Les Hauteville commencent la percée Normande en Apulie Italienne

Les Apuliens commençaient depuis quelque temps à se révolter contre la domination Byzantine. Désireux de se venger des byzantins, Ardouin et les mercenaires Normands profitèrent de l'occasion pour passer à l'action. Ils partirent en campagne avec l'objectif bien précis de chasser les Byzantins d'Apulie. Au cours de l'année 1041, les mercenaires Normands démontrèrent encore toute leur valeur au combat en remportant, toujours en infériorité numérique, trois victoires bien nettes sur les différentes armées Byzantines. Une victoire fut remportée à Monte-Magiorre, une autre à [Monte-Peloso] et enfin une à Venosa. Les Byzantins tentèrent un nouvel effort mais qui ne donna aucun résultat positif. Ardouin et les Normands se trouvaient alors maîtres d'un grand nombre de villes en Apulie Italienne.

[modifier] Les Normands prennent en main leur destin Italien

Au cours de l'année 1042, le Lombard Ardouin disparu sans que l'on sache pourquoi. En ce prince Italien, les Normands perdirent leurs chef le plus fidèle et leur seul véritable ami. En effet, lorsque les Normands prirent quelque temps après d'autres chefs Lombards, ces derniers finirent tous par trahir un jour ou l'autre. Il semblerait que c'est à ce moment là que les Normands, excédés, décidèrent de prendre en main leur destin Italien en se nommant un chef Normand. Un vote eu lieu et les Normands se choisirent alors pour chef Guillaume Hauteville, dit "bras de fer". En 1043, Guillaume décida que tous les villes conquises par les Normands pendant la campagne victorieuse de 1041 devaient être partagées entre ses plus braves chevaliers. Ce fut le partage de Melfi. Hugues Tuboeuf, un Normand qui s'était distingué en assommant un cheval Byzantin d'un magistral coup de poing, figura parmi les receveurs de fiefs. Raynolf Drengot reçut également un fief supplémentaire, cela en remerciement de l'accueil qu'il avait offert aux deux frères Hauteville à leur arrivée en Italie. Les Normands se trouvaient alors à la tête d'un vaste duché.

[modifier] Une coalition Européenne se forme contre ces Normands trop gênants

Les années passent. Guillaume Hauteville s'est éteint de maladie en 1046. Son frère Dreux a alors prit sa succession pour finir assassiné lâchement en pleine prière en 1051. C'est alors le troisième frère, Onfroy Hauteville, qui a pris la tête du duché Normand d'Apulie. Son règne ne va pas tarder à être animé. Les Byzantins refont parler d'eux et viennent de débarquer de nouvelles troupes en Italie pour stopper les conquêtes que les Normands n'arrêtent pas de réaliser depuis pas mal de temps en Apulie mais aussi dorénavant en Calabre. Les Normands d'Onfroy agissent avec vivacité et infligent trois défaites successives aux Byzantins commandés par un certain Argyros. Désespéré de pouvoir vaincre les Normands seul, Argyros se tourne alors vers le Pape pour lui demander une aide militaire. Inquiet des conquêtes réalisées par les Normands en Apulie et en Calabre depuis plusieurs années, le Pape se décide à agir et réussit à créer une grande coalition militaire anti-Normande. L'objectif est simple : exterminer les Normands et leurs reprendre en intégralité leurs fiefs Italiens. Le Pape réussit à réunir une très grande armée internationale comprenant des troupes Italiennes, Byzantines et même un contingent Allemand de qualité donné par l'Empereur Germanique lui-même. De son côté, Argyros réussit également à lever une nouvelle armée Byzantine assez importante. Le plan anti-Normand est mis en place : pendant que les Byzantins d'Argyros attaqueront les Normands par le sud, les troupes du Pape le feront par le nord. C'est donc une prise en tenaille qui se prépare.

[modifier] Civitate, 18 juin 1053 : La victoire de la chevalerie Normande

Fort d'un réseau d'espions très au point, Onfroy ne tarde pas à être informé qu'il est menacé à la fois par le sud et par le nord. L'armée Byzantine d'Argyros se trouvant la plus proche, Onfroy décide intelligemment de l'attaquer en premier, de la défaire entièrement pour ensuite se retourner tranquillement contre les forces du Pape. La manœuvre stratégique fonctionne. Les Normands, encore inférieurs en nombre, réussissent pourtant à mettre une nouvelles fois en déroute les Byzantins d'Argyros pour finalement les coincer à Bari. Vainqueur de la première manche, Onfroy se retourne alors vers le Pape. Apprenant que le plan d'écrasement vient d'échouer suite à la défaite d'Agyros, le Pape décide alors d'arrêter la marche de ses troupes et se prépare à la bataille en installant ses soldats sur de bonnes positions, près de Civitate. Les Normands y arrivent et, avant de commencer les hostilités, descendent de leurs chevaux pour prier. Ceci eu dont de faire rire les chevaliers Allemands qui, en outre, se moquèrent de la petite taille des Normands. La bataille s'engage. Les chevaliers Normands attaquent tout d'abord les troupes Italiennes et les écrasent très rapidement. Le contingent Byzantin tente à son tour de résister mais les Normands le mettent à son tour en pleine débandade. Rien ne semble résister pour le moment à la cavalerie Normande. Cependant, les choses vont se durcir. Le contingent Allemand était composé de 700 chevaliers Allemands originaire de Souabe, ces dernier combattaient à pied, maitrisaient très bien le combat à l'épée longue et étaient d'un courage exemplaire. Les Allemands se battirent assez bien pour résister quelque temps aux attaques des Normands. Cependant, redoublant d'efforts et utilisant habilement l'épée et la lance, les chevaliers Normands réussirent finalement à tailler en pièce les chevaliers Allemands qui, bravement, se firent tuer jusqu'au dernier. Dans la mêlée, un grand chevalier Normand se fit distinguer parmi les autres, ce fut Robert Hauteville, dit "guiscard". C'était en fait le demi-frère d'Onfroy. Combattant à cheval, Robert fit des trouées sanglantes dans les rangs Allemands, leurs faisant "sauter têtes, bras, jambes". Le contingent Allemand détruit, la victoire était acquise pour les Normands. Une fois encore, les Normands l'avaient emporté en infériorité numérique. Civitate était la victoire de la chevalerie Normande, la première alors en occident et dont l'habilité à manœuvrer deviendra légendaire sur tous les champs de bataille d'Europe.

[modifier] Victorieux, les Normands capturent le Pape

Ses troupes écrasées, le Pape fut capturé par les Normands qui l'emmenèrent en captivité pendant plusieurs mois à Benevento. Évidemment, cette nouvelle ne tarda pas à choquer toute l'Europe. Cependant, plus rien ne fut tenté contre les Normands qui purent garder leur prisonnier autant qu'ils le voulurent. Finalement, après avoir reconnu les possessions Normandes en Apulie et en Calabre, le Pape fut libéré et retourna à Rome pour y mourir quelques mois plus tard, surement de chagrin.

[modifier] Références

  • Pierre Aubé, Roger II de Sicile, Payot, 2001.
  • Jean Deuve, L'épopée des Normands d'Italie.
  • Jean-Marie Martin, Italies Normandes.
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