Basil Bernstein

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Basil Bernstein

Origine Royaume-Uni Royaume-Uni
Pays d'accueil Royaume-Uni Royaume-Uni
Occupation sociologue

Basil Bernstein (1er novembre 1924 - 24 septembre 2000). Sociologue britannique qui s'est spécialisé dans la sociolinguistique.

Sommaire

[modifier] Une théorie du déficit linguistique

Il a, après un nombre certain d'enquêtes, développé une distinction entre codes élaborés et codes restreints.

La théorie du déficit linguistique postule que la réussite de la classe dominante peut être attribuée à la maîtrise des instruments d'expression symboliques en usage dans la société. Les couches défavorisées, au contraire, souffrent d'un déficit linguistique, n'étant qu'un aspect particulier du déficit culturel global. Il y a donc une relation circulaire entre les deux : les individus défavorisés ont accès à moins de compétences expressives (code restreint) et ce déficit empêche toute promotion sociale. Il faut donc acquérir « le code élaboré ». Ce que Basil Bernstein essaie donc de montrer, c'est que bien que les choix de la variété du langage soient théoriquement libres, ils sont en fait socialement determinés (position sociale, économique, culturelle, ...) et en retour, ils déterminent la stratification sociale.

  • Cette détermination joue sur les interactions entre les locuteurs. Il y a toujours une variété adéquate (ou que l’on croit adéquate) dans l’échange. Exemple : on parle différemment à un professeur qu’à un étudiant. On imagine ce que peut être le statut social et culturel de l’individu et on agit en fonction de ça. Il y a donc des règles très strictes qui président aux choix des variétés linguistiques mais ces règles ne sont pas enseignées.
  • Ainsi par exemple, il y a risque de conflit entre des enfants de milieu social défavorisé, dont le vocabulaire est considérablement restreint, et leur instituteur/professeur, celui-ci disposant et utilisant des codes sociolinguistiques considérablement plus étendus.
  • Certaines façons de dire permettent de marquer l’appartenance. Dans toute société, on détermine le bon usage, c'est-à-dire la variété linguistique qui aura le plus de légitimité et qui devient alors la norme. Ce qui ne fait pas partie du bon usage est considéré comme laid, mais c’est seulement parce que ce n’est pas habituel. Les critères qui fondent le bon usage sont toujours utilisés d’une manière idéologique. La variété choisie est imposée à tout le corps social, mais ce choix n’a rien de linguistique. Du coup, toutes les autres variétés sont systématiquement dévalorisées. L’objectif est donc d’assurer le pouvoir à une partie du corps social en utilisant des instruments symboliques : des valeurs sont associés à des variétés linguistiques plus ou moins prestigieuses. Ces variétés, porteuses de distinction, peuvent être internes ou externes à la langue (l’anglais est prestigieux pour les francophones : son usage valorise le contenu qu’il exprime).

On voit que les minorités dominées (francophones, par exemple) adoptent les stéréotypes des majorités dominantes (l’anglais est plus sérieux).

Ce concept sociolinguistique est aujourd’hui encore très contesté. Pour beaucoup d’auteurs, il est plus pertinent de parler de variétés linguistiques légitimes et illégitimes, car cette deuxième distinction ne postule pas que le code illégitime est inférieur au code légitime. Seulement, celui-ci est placé au rang d'infériorité. Cette nouvelle acception est due notamment aux études du sociolinguiste William Labov.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Biographie

  • Bernstein Basil, 1971, Class, Codes and Control, Londres, Routedge & Kegan Paul (trad. fr : Langage et classes sociales. Codes sociolinguistiques et contrôle social, Paris, Éditions de Minuit, 1975)

[modifier] Article connexe

[modifier] Lien externe