Bécut

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Bécut est un géant, cyclope et anthropophage censé vivre en Gascogne et dans les Pyrénées. L'essentiel des contes qui y font référence sont localisés en Bigorre et en Béarn, et reprennent souvent le thème du cyclope Polyphème.

Sommaire

[modifier] Étymologie

L'origine du mot bécut est très controversée. Bécuts (vecuts) pourrait désigner ceux qui ont vécu, signifiant par là qu'il s'agit d'une population qui a disparu avec les temps nouveaux du christianisme. L'hypothèse la plus courante est que le mot signifie simplement pourvu d'un bec[1] (cese bequin ou cese becut, en gascon, désigne le pois chiche). En catalan, le becut est le courlis, oiseau à long bec. On a aussi avancé l'idée que l'image du cyclope à bec aurait pu être suggérée par les heaumes des guerriers du Moyen Âge. Mais aucun conte ne mentionne précisément la présence de ce bec, ce qui balaye toute tentative d'explication un tant soit peu fonctionnelle.

[modifier] Aspect physique

C'est un géant, avec un œil unique. La version de Bladé dit qu'il mesure sept toises, soit entre douze et treize mètres, mais il est évident que cette indication n'a pas de valeur absolue ; d'autres disent qu'il a une hure de porc [réf. nécessaire]. Il apparaît parfois comme un personnage unique, d'autres fois en groupes. En Gascogne il est fait état d'une femme, la Bécude (Becuda), et du fils du Bécut (titre d'un conte).

[modifier] Mode de vie

Conformément à la tradition des cyclopes pasteurs, le Bécut élève des troupeaux de bovins ou plus souvent de moutons qui ont la particularité d'avoir des cornes en or, ce qui attise l'envie des habitants de la région. Le Bécut fait la chasse aux chrétiens, qu'il fait cuire encore vivants sur un gril, et dont il ne fait généralement qu'une bouchée. Comme dans la tradition classique, il est souvent aveuglé par un de ses prisonniers avec une broche enfoncée dans son œil, et il finit par mourir en tombant dans un ravin profond.

[modifier] Sources et références

Le conte le plus représentatif (Le Bécut) est celui publié par Jean-François Bladé dans les Contes populaires de la Gascogne. Les trois contributeurs qu'il cite pour ce conte sont originaires du sud du département du Gers, ou du nord des Hautes-Pyrénées, donc du piémont pyrénéen. Le conte Le fils du Bécut est resté inédit jusqu'à sa publication en gascon (Lou hilh dou becut), après la mort de Bladé, dans L'Armanac de la Gascougno (1959, p. 25-31).
Des contes de bécuts ont été recueillis en Bigorre et Béarn par d'autres collecteurs, comme J. V. Lalanne (Lou Torc dou Bécut, « le boîteux du bécut »).

On retrouve le même type de conte au Pays basque, où le cyclope porte le nom de Tartaro, et en Espagne, dans la vallée de Baztan.
Dans les Landes de Gascogne, il existe aussi des contes sur le Bécut, qui sont des variantes de contes basques, et où il n'apparaît pas toujours sous la forme traditionnelle de cyclope, ni évidemment dans son contexte montagnard. Il est plus souvent ramené à un rôle de croque-mitaine. Dans la commune de Léon, on entendait parfois de mystérieuses détonations, que l'on attribuait à un monstre marin appelé le Boum. Certaines personnes pensaient au contraire que ce bruit était dû au Bécut[2].

  1. J.-F. Bladé, Le Bécut, note : En gascon, bécut signifie « pourvu d'un bec », par extension un ogre
  2. Vincent Foix, Sorcières et Loups-garous dans les Landes,1904.

[modifier] Bibliographie

  • Jean-François Bladé, Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve, 1886 (tome I)
  • J. V. Lalanne, Coundes biarnès coueilluts aus parsaas..., Cazaux, 1890
  • Pierre Arette-Lendresse, Légendes de la Montagne et de l'Adour, J&D éditions, Biarritz, 1994 ISBN 2-84127-023-8
  • Edouard Brasey, L'encyclopédie du merveilleux, T3 : Des peuples de l'ombre, Le Pré aux Clercs, 2006, p. 13 (ISBN 9782842282813)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Le Bécut, texte de Jean-François Bladé :