Avoué en France

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Sommaire

[modifier] L'avoué au Moyen Âge

Au Moyen Âge, l'avoué était un laïc dirigeant les vassaux d'une institution ecclésiastique, généralement une abbaye ; son rôle était similaire à celui du vidame.

Les rois de France étaient avoués de l'abbaye de Saint-Denis. Godefroy de Bouillon, premier souverain latin de Jérusalem, prit le titre d'« avoué du Saint-Sépulcre ».

[modifier] L'avoué au sens moderne : un professionnel du droit

[modifier] Histoire

Depuis le XIXe siècle, l'avoué est en France un juriste chargé de la représentation (postulation) auprès des tribunaux, au côté de l'avocat qui est chargé de plaider. La scission entre les professions d'avocat et d'avoué remonte au XVe siècle. Les professions d'avocat et d'avoué auprès des tribunaux de grande instance ont été fusionnées en 1971 (loi n°71-1130 du 31 décembre 1971).

[modifier] Nomination

Aujourd'hui, l'avoué est un officier ministériel chargé de représenter et de conseiller devant une cour d'appel. L'avoué est un auxiliaire de justice.

Les avoués sont nommés par le Garde des Sceaux et prêtent serment devant la cour d'appel. Leur compétence est limitée au ressort de la cour d'appel auprès de laquelle il ont été institués pour exercer leur ministère. Ils peuvent être désignés afin de représenter des justiciables bénéficiaires de l'aide juridictionnelle.

Devant la Cour de cassation, les missions des avoués sont confiées aux avocats aux conseils.

[modifier] Formation

Le métier d'avoué est accessible a tout titulaire d'un Master 1 en Droit (4 années d'études supérieures dans l'une des nombreuses Facultés de droit), accompagné d'un stage de 2 ans dans une étude. À l'issue de ce stage, il convient de passer un examen professionnel.

Voir notamment Guide « Le droit et ses métiers ».

[modifier] Statistiques

Il y a 444 avoués en France qui exercent leur profession dans 235 études.

[modifier] Missions

Dans la procédure avec représentation obligatoire, les avoués ont seuls qualité pour représenter les parties et conclure en leur nom (article 913 al. 1 du Nouveau Code de Procédure Civile).

L’avoué est donc le seul représentant des parties devant la cour d’appel en matière civile et commerciale (monopole). Son ministère n'est pas obligatoire en matière pénale, sociale et de baux ruraux, mais rien ne l'empêche d'intervenir pour assister un client ; il n'agit plus en ce cas comme officier ministériel mais comme simple professionnel du droit indépendant.

Spécialiste de la procédure d'appel, il est chargé de l’instruction et de la mise en œuvre du dossier devant la Cour, et est l’unique interlocuteur des magistrats de la Cour. Il est donc chargé d'effectuer tous les actes relatifs à la procédure d'appel (la postulation), et de faire connaître les prétentions de son client et de conclure en son nom (la rédaction des conclusions).

À la différence d'un avocat, l'avoué ne plaide traditionnellement pas.

L'avoué effectue également des consultations juridiques, notamment en vue de conseiller son client sur l'opportunité d'un appel. Il peut aussi apporter ce conseil à l'avocat du client. Contrairement aux actes relevant de son ministère, les consultations, de même que ses interventions en des matières où la représentation des parties n'est pas obligatoire, ne sont pas rémunérées selon un tarif officiel mais selon des honoraires variables arrêtés en accord avec le client.

[modifier] L'avenir de la profession

Le rapport d'information parlementaire Quels métiers pour quelle justice ? de Christian Cointat souligne les difficultés rencontrées par les avoués (voir notamment Les avoués près les cours d'appel : une profession reconnue).

Le monopole des avoués a été remis en question au regard des règles européennes, plus particulièrement au regard du principe de libre concurrence. Le projet de directive Bolkestein a notamment remis ce débat sur le devant de la scène (voir le rapport d'information
Que penser de la directive "Bolkestein" ?
et notamment Les professions juridiques réglementées).

Plus récemment, on notera la Campagne Protegeons l'appel de la Chambre nationale des Avoués près les Cours d'appel.

La proposition 213 du rapport Attali, publié en janvier 2008, a proposé de supprimer les avoués [1].

En réaction, ceux-ci, ainsi que le personnel salarié de leurs études, qui représentent selon eux 3 000 emplois, ont organisé plusieurs manifestations aux plans local et national [2] [3].

La Chancellerie a annoncé, le 10 juin 2008, la mise en oeuvre de cette proposition, mettant en avant, d'une part, la volonté d'un accès à l'appel plus aisé pour les justiciables et, d'autre part, la non-compatibilité des règles d'accès à la profession d'avoué avec le principe de libre concurrence. En l'état, il est envisagé la disparition de la représentation obligatoire par avoué devant la Cour d'appel, à l'image de ce qui se pratique déjà en Alsace-Lorraine ainsi que dans les Départements d'Outre-Mer. Il n'est pas précisé si les appelants devront toujours obligatoirement recourir à un professionnel du droit en appel ou s'ils pourront se défendre seuls, comme devant les chambres sociales des Cours d'appel. Cette modification dans la procédure est prévue pour entrer en vigueur en 2010.

Les avoués d'appel, pour leur part, devraient fusionner avec les avocats, comme cela avait été le cas, avec succès, pour les avoués de première instance en 1971.

Le Conseil National des Barreaux a salué cette annonce en rappelant la grande proximité existant entre les professions d'avocat et d'avoué, mais également en soulignant la nécessité de prendre en compte et en charge les conséquences économiques de la décision de la Chancellerie [4].

La chambre nationale des avoués, dans un communiqué du même jour adressé à l'AFP, a dénoncé une « mesure prise unilatéralement », « sans concertation » et « aux conséquences non mesurées pour le justiciable et l'organisation judiciaire française ».

Elle rappelle qu'au jour de l'annonce de cette réforme, la chancellerie avait été saisie de 143 questions de parlementaires quant au projet de suppression des avoués préconisé par le rapport de la Commission Attali et il leur avait été systématiquement répondu qu'aucune décision n'était prise et qu'elle ne pourrait être envisagée qu'à l'issue d'une large concertation.

Les représentants de la profession se sont donc légitimement émus de l'annonce abrupte de cette mesure « irrévocable » à l'occasion du premier rendez-vous accordé par Madame DATI qui devait être le premier de cette vaste concertation.

[modifier] Liens externes