Autopoïèse

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Le terme autopoïèse vient du grec auto (soi-même), et poièsis (production, création). Il définit la propriété d'un système à se produire lui-même (et à se maintenir, à se définir lui-même). Le terme fait référence à la dynamique des structures en équilibre instable, c’est-à-dire des états organisés (appelés structures dissipatives) qui restent stables pour de longues périodes en dépit de la matière et de l’énergie qui passent à travers.

L'approche autopoïétique de Maturana et Varela est née à Santiago du Chili à partir de l'article Autopoietic Systems qui a été présenté dans un séminaire de recherche organisé par l'Université de Santiago en 1972. Notez que Varela (réf. ?) utilise en français l'orthographe autopoièse, par exemple dans Autonomie et connaissance (traduit sous sa supervision).

Selon Varela, « un système autopoïétique est organisé comme un réseau de processus de production de composants qui

  • régénèrent continuellement par leurs transformations et leurs interactions le réseau qui les a produits
  • constituent le système en tant qu'unité concrète dans l'espace où il existe, en spécifiant le domaine topologique où il se réalise comme réseau. »

L’exemple canonique d’un système autopoïétique et l’une des entités qui ont motivé Varela et Maturana à définir l’autopoïèse, est la cellule biologique. La cellule eucaryote par exemple est faite de composants biochimiques variés, comme les acides nucléiques et les protéines, et est organisée dans des structures limitées comme le noyau de la cellule, diverses organelles, une membrane de cellule et le cytosquelette. Ces structures basées sur un flux externe de molécules et d’énergie « produisent » les composants qui, à leur tour, continuent de maintenir la structure contenue, ce qui permet la croissance de ces composants.

Un autre exemple frappant est la Grande tache rouge sur Jupiter qui est essentiellement un tourbillon gigantesque de gaz dans la haute atmosphère de Jupiter. Ce vortex a persisté pour beaucoup plus longtemps (de l’ordre du siècle) que la moyenne de temps que n’importe quelle molécule de gaz a passé dedans.

Un système autopoïétique est à comparer avec un système « allopoïétique » comme une usine de voitures, qui utilise des composants bruts pour fabriquer un véhicule (une structure organisée) qui est autre chose qu’elle-même (une usine).

[modifier] Débat théorique

Une application du concept à la sociologie peut être trouvée dans la théorie des systèmes sociaux de Luhmann. L'approche de l'autopoïèse de Limone et Bastias a été popularisée à l'École de commerce de l'Université Catholique de Valparaiso, à partir de la thèse de Aquiles Limone (publiée en 1977) et le modèle CIBORGA (popularisé de 1998) avec la collaboration de Luis Bastias, Cardemártori et autres.

Depuis les dernières années, plusieurs théoriciens du social confondent le concept d'autopoïèse avec celui de reproduction, ou autoreproduction, théories fondant leur explication sur l'idée que le moment présent n'existe que si l'acteur dans le système agit en fonction d'une praxis, fondant une congruence de son action et de ses idées. À ce sujet, Michel Freitag, philosophe social des années 2000, opère une dissection de l'autopoïèse et redonne à l'humain le pouvoir d'action: ce qui mène directement à son concept épistémiquement opposé: la reproduction.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes