Auguste Warnier

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Auguste Hubert Warnier, né le 8 janvier 1810 à Rocroi (Ardennes), mort le 15 mars 1875 à Versailles (Yvelines), médecin, homme politique français, saint-simonien, député d'Alger (1871-1875).

Fils d’un officier ancien esclave des Barbaresques, Warnier apprend la médecine à Paris puis à l’hôpital militaire de Lille où il adhère au saint-simonisme. Chirurgien sous-aide à Douai, il est envoyé à Oran en 1834 pour y combattre le choléra. Les soins qu’il doit prodiguer aux tribus voisines l’entraînent à se familiariser avec la langue et les mœurs arabes. Cette expérience décide le gouverneur à le nommer commissaire adjoint au consulat de France, près d’Abd el-Kader, en application du traité de la Tafna, de 1837 à 1839. Il y assiste le capitaine Daumas.

Dans sa brochure De la Province d’Oran sous la domination de l’émir Abd el-Kader, Warnier donne un premier aperçu de son savoir. Aussitôt après, il est attaché à la Commission d’Exploration de l’Algérie, dans la section des sciences historiques et géographiques, plus spécialement chargé de l’étude du Constantinois. Dans ce cadre, il fréquente Enfantin et les saint-simoniens Carette et Urbain. A la prise de la smala, Warnier est désigné pour interroger les prisonniers. C’est dans ces circonstances qu’il s’intéresse aux confréries musulmanes et au rôle qu’elles jouent dans l’opposition à la France. Chargé l’année suivante de négocier un traité de paix avec le sultan du Maroc battu à Isly, Warnier s’impose de plus en plus comme « le dictionnaire vivant de l’Algérie ».

La République le nomme directeur des affaires civiles de la province d’Oran, puis il entre au conseil de gouvernement. Après une contribution à l’éphémère Algérie d’Enfantin (1844-1846), Auguste Warnier met sa plume au service de L’Atlas. Le journal est supprimé après de coup d’Etat du 2 décembre 1851. Warnier se retire dans sa propriété de Kandouri, un établissement agricole d’un millier d’hectares qu’il a fondé aux abords de l’ancien lac Alloula, dans la province d’Alger. Dès cette époque, il s’intéresse à la question du chemin de fer algérien et se consacre à la rédaction des Touareg du Nord, d’après les notes que lui a confiées le jeune Henri Duveyrier de retour d’exploration.

De 1863 à 1866, il se fait, avec Jules Duval, le mandataire officieux des colons pour la défense de leurs intérêts, en opposition au projet de royaume arabe d’Urbain. « Depuis quelques années, s’interroge-t-il en 1863, on ne parle que des droits sacrés des indigènes ; ne serait-il pas opportun d’invoquer ceux non moins sacrés des colons ? » Le gouvernement de Défense Nationale le nomme préfet d’Alger, mais débordé par les ultras, Warnier préfère démissionner. Après un premier échec, il est élu député d’Alger le 8 juillet 1871 et va siéger dans les rangs de la Gauche Républicaine.

Membre de la commission du séquestre, président de la commission des indemnités aux victimes de l’insurrection kabyle de 1871, membre de la commission de la propriété immobilière en Algérie, Warnier, qui écrit dans l’Economiste Français de Duval et dans l’Opinion Nationale, se répand dans de nombreuses brochures ainsi qu’à la société de climatologie algérienne. Il a laissé son empreinte à la loi de 1873 qui porte son nom. Visant à la francisation de la terre musulmane et à l’anéantissement du collectivisme agraire indigène, celle-ci mena à la ruine bien des tribus et occasionna « d’énormes dépenses qui profitèrent à des spéculateurs sans scrupules ».

Warnier a influencé durablement toute une génération de savants et de colons algériens.

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