Atelier d'écriture

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L'expression atelier d'écriture désigne généralement une technique d'incitation active d'entraînement à l'écriture visant à stimuler la créativité des participants au moyen de thèmes et de contraintes proposés par l'animateur aux membres du groupe. Après la rédaction, les participants lisent leur production et en discutent.

Sommaire

1 Historique de la technique
- 1.1 Aux États-Unis
- 1.2 En France
2 Fonctionnement des ateliers d'écriture
3 Bibliographie
4 Voir aussi

[modifier] Historique de la technique

Comme souvent dans l'histoire des idées on ne peut de façon certaine attribuer à une seule personne l'origine d'une invention qui participe souvent d'un mouvement d'idées. En ce qui concerne les ateliers d'écriture on peut rappeler plusieurs points d'émergence de cette technique qui est maintenant largement diffusée.

[modifier] Aux États-Unis

La technique des ateliers d'écriture est ancienne aux États-Unis. Elle constitue même un des points d'opposition culturelle entre ce pays et l'Europe -notamment la France- où les écrivains ont, jusqu'à ces dernières années, toujours soutenu que l'on n'apprenait pas à écrire. Aux États-Unis, où le pragmatisme est de règle, on trouve dans tous les départements de littérature des ateliers d'écriture qui sont animés par des écrivains reconnus.

[modifier] En France

Il y a au moins quatre lieux d'émergence de cette technique d'incitation à la créativité :

Célestin Freinet a mis au point dès 1935 une technique de pédagogie active dite Pédagogie Freinet fondée sur la mobilisation des élèves avec, entre autres, l'écriture de textes à partir d'un thème. Les élèves lisaient leurs textes à haute voix et les meilleurs étaient imprimés puis échangés entre les écoles qui participaient au mouvement Freinet. Dans les premiers temps les élèves utilisaient une presse qui nécessitait une composition avec les caractères en plomb de l'imprimerie .
Le mouvement littéraire l'OULIPO créé par Raymond Queneau et François Le Lionnais en 1960 qui était un mouvement spécifiquement littéraire qui fonctionne sur le principe de contraintes imposées dont certaines parfois très complexes. Un exemple célèbre est le texte de Georges Perec intitulé La Disparition (1969) qui se présente comme un roman et dont le vrai sujet est l'absence (ou disparition) de la lettre la plus fréquente de la langue française, la lettre e, ce qui représente un exercice de virtuosité remarquable.
Élisabeth Bing qui en 1969 a également commencé à travailler avec des enfants en difficulté scolaire et psychique à Dieulefit dans la Drôme. Elle a surmonté les problèmes qu'elle rencontrait avec eux en mettant au point sa technique d'incitation à l'écriture thématique. Elle a raconté son expérience dans un livre Et je nageai jusqu'à la page. Très vite elle a engagé son travail avec des adultes concernés par le désir d'écrire, et elle est reconnue en France comme l'initiatrice de cette démarche. L'atelier d'écriture tel qu'elle en a théorisé les éléments dans différents colloques et articles (Colloque de Cerisy, 1983), se situe radicalement du côté de la création littéraire. Le travail d'invention et de théorisation est aujourd'hui poursuivi par Emmanuel Bing, dans ses écrits et séminaires.^[1]
Avec Tous les mots sont adultes, de François Bon paru en 2005 aux éditions Fayard, en 2005 et le Nouveau Magasin d'écriture de Hubert Haddad, paru en janvier 2006, on rentre de plain-pied dans l'espace littéraire, car ces auteurs sont tout à la fois des romanciers expérimentés et des pionniers des ateliers d'écriture.

[modifier] Fonctionnement des ateliers d'écriture

[modifier] Les principes fondateurs

Les ateliers d'écriture fonctionnent généralement à partir de petits groupes (8 à 15 personnes) encadrés par un animateur qui propose un thème d'écriture, parfois illustré par la lecture préalable d'un texte. Les participants écrivent ensuite puis confrontent et commentent mutuellement leurs productions.

À partir de ce fonctionnement de base de nombreuses adaptations sont possible :

ateliers généralistes d'initiation ou de dépassement de l'inhibition à l'écriture ;
ateliers thématiques (policier, poésie, nouvelles ...) ;
ateliers d'écriture pour enfants qui articulent dessin, jeu et écriture ;
ateliers spécialisés pour ceux qui veulent écrire un roman ou une pièce de théâtre ;
temporalités multiples : week-end, atelier annuel, etc ;
utilisations de contraintes qui viennent stimuler la créativité en obligeant le rédacteur à trouver de nouvelles solutions pour construire son texte.

[modifier] Les applications récentes

L'université et les écrivains français s'opposaient historiquement à l'idée même que l'on puisse apprendre à écrire des livres. Certains acceptent aujourd'hui cette démarche. C'est le cas d'écrivains comme François Bon qui sont devenus des adeptes de cette méthode et animent régulièrement des ateliers dans des lieux critiques comme une usine, une prison, un quartier en difficulté. Certaines de ces expériences ont donné lieu à des éditions.

Le milieu universitaire a également évolué. Certaines facultés des lettres ont intégré dans la formation des ateliers d'écriture. C'est le cas de l'Université de Nîmes^[2] avec l'écrivain Virginie Lou. Et certains IUFM forment les futurs enseignants à l'animation d'ateliers d'écriture. Mais lorsque l'on sait que l'atelier d'écriture a été créé en réaction (Elisabeth Bing, en 1969) à l'évaluation et au système scolaire, on peut se demander quelle est la valeur de subversion d'un tel enseignement.

Actuellement certains ateliers d'écriture proposent même un fonctionnement par Internet^[3]^[4] : des participants, parfois très éloignés (au Vénézuela, en Suède...), se branchent pendant tout un week-end avec un groupe réuni physiquement autour de l'animatrice à Arles. Il y a également des ateliers d'écriture hebdomadaires en ligne proposés depuis janvier 2004 par Pierre Ménard qui utilise wiki Marelle^[5].

[modifier] Des exemples de la multiplicité de la création des ateliers d'écriture

La création des ateliers d'écriture est foisonnante, incessante et très diversifiée. Elle touche toutes les régions françaises. Ainsi, du côté des politiques culturelles publiques, il s'est organisé à Toulouse un pôle d'action culturelle des ateliers d'écriture et centres de ressources, avec entre autres actions, un fonds documentaire spécialisé dans ce domaine^[6]. Elle agit dans le cadre de la politique de la ville ^[7] et propose chaque année des ateliers d'écriture autour d'un projet artistique à l'échelle d'une agglomération de 600 000 habitants. Un atelier recherche^[8] se réunit autour des échanges de pratiques et l'expérimentation de nouveaux dispositifs d'écriture.

De même, en Bretagne, de très nombreux ateliers d'écriture se sont mis en place. Par exemple dans la région des Monts d'Arrée, près de Huelgoat, une initiative de réhabilitation de l'écriture s'est créée autour d'un évènement culturel annuel dénommé Gouel Ar Skrid. Un atelier d'écriture consolide cet investissement à travers des séances de travail hebdomadaires^[9] prenant place le plus souvent dans un café-librairie^[10].

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[modifier] Bibliographie

Philippe Berthaut La chaufferie de Langue, éd. Eres, 2005
Élisabeth Bing Et je nageai jusqu'à la page, éd. des femmes, Paris 1976
Emmanuel Bing Bécassine et l'écriture automatique, la grange aux dîmes, 2002
François Bon Tous les mots sont adultes, Fayard, Paris, 2005
Pierre Frenkiel 90 jeux d'écriture : Faire écrire un groupe, Chronique Sociale, 2005.
Georges Perec La disparition, Denoël, Paris, 1969
Hubert Haddad, Le Nouveau Magasin d'écriture, Zulma, 2006.
Collectif CICLOP, Qui veut lire ? CICLOP : 30 ans d'ateliers d'écriture, Edts Interculturelles, 2006