Asile de Bel-Air

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L'asile d'aliénés de Bel-Air près de Genève a été créé en plusieurs étapes et a commencé à recevoir des malades dès 1900. Son architecture initiale a fait l'objet de multiples discussions de tous ordres y compris économiques, les budgets étant constamment dépassés. Il a eu pour directeurs les docteurs Rodolphe Weber de 1900 à 1925, Charles Ladame de 1925 à 1939 et Ferdinand Morel de 1939 à 1950. C'est ensuite et après une transition de direction qu'en 1959 la Clinique de Bel-Air est dirigée par le Professeur Julian de Ajuriaguerra jusqu'en 1976. Grâce à lui, la clinique deviendra un centre de référence mondial en psychiatrie, il formera de nombreux psychiatres, infirmiers, psychologues, sociothérapeute qui deviendront souvent eux-mêmes responsables d'institutions, psychanalystes, en Suisse et à l'étranger (Portugal, Grèce, France, Espagne, etc.)

Alors que les Drs Ladame et Morel pratiquaient une psychiatrie asilaire reposant sur des traitements moraux et un organicisme encore embryonnaire, Ajuriaguerra révolutionne la clinique dans tous les domaines. Il a une formation psychanalytique, de neurologue, de pédopsychiatre, c'est un homme de grande culture il tentera avec un certain succès de composer intelligemment avec tous ces courants. Très vite après son départ, les clivages habituels de la pychiatrie ont réapparus : ambulatoire-hospitalier, psychiartie organiciste contre psychiatrie psychanalytique, etc. Actuellement, la clinique dépend du vaste ensemble des Hôpitaux universitaires et a aussi perdu son nom ; elle est devenue « Belle-Idée ».

  • Depuis - et même avant - le départ du Professeur Ajuriaguerra jusqu'aux années 82 - 84, la clinique de Bel-Air faisait l'objet de nombreuses critiques. Elle venaient de divers horizons, des patients (même si on ne les écoutait guère), des association antipsychiatriques et des familles mais aussi des médecins, psychiatres et autres de la ville de Genève. Les conditions de traitements hospitaliers étaient mauvaises et décriées. La vision biologique et organiciste avait pris le dessus, avec un complet mépris envers toutes formes de psychothérapies ou d'approches relationnelles et de la psychanalyse. Le Conseil d'Etat (exécutif genevois) a d'ailleurs été contraint de nommer une Commission d'enquête chargée d'étudier le fonctionnement des différentes instances médicales de Bel-Air. Le Prof. René Tissot successeur d'Ajuriaguerra défendait des positions rétrogrades même après plusieurs scandales mettant en cause les pratiques médicales de la clinique. Il le faisait parfois contre ses propres internes dont un certain nombre dénonçait les conditions d'hospitalisations des patients et les pratiques d'expérimentations biologiques au code éthique parfois douteux. A la fin de son travail de plusieurs années, le rapport de la Commission a entre autres relevé que les hospitalisations étaient devenues un véritable problème éthique pour ceux qui les effectuaient, y compris les médecins de la psychiatrie ambulatoire publique. Le tout s'est terminé par des démissions, des nominations, l'adoption de nouvelles pratiques plus cadrées par la loi et un meilleur contrôle du pouvoir médical.

[modifier] Bibliographie

  • Armand Brulhart : Du mal de Saint-Antoine à Belle-Idée, Ed.: méd. et Hygiène, 2002, ISBN 2825707848
  • Sous la dir. D'Armand Brulhart : "De Bel-Air à Belle-Idée. 2 siècles de psychiatrie à Genève 1800 - 2000, t. 2, ISBN 282570850X
  • J.M. Aguirre Oar J. Guimon Ugatechea, Vie et œuvre de Julian de Ajuriaguerra, Masson, 1996, ISBN 2225845263
  • Jean Steinauer, Le fou du Rhône - Documents sur la crise psychiatrique genevoise, éd. Tout Va Bien-hebdo. ADUPSY. Genève, 1982

[modifier] Liens externes

  • L'antipsychiatrie à Genève : [1]
  • Charles Ladame et l'art brut : [2]