Arthur Buies

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Arthur Buies (Montréal, 24 janvier 1840 - Québec 26 janvier 1901) était un journaliste québécois. Après s'être longuement opposé au clergé catholique, il s'est rallié à la cause de la colonisation du curé Labelle.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il est l'enfant d'une Canadienne-française et d'un Écossais. À la suite du décès de sa mère, il est élevé par ses grands-tantes maternelles.

Les biographes de Buies semblent avoir ignoré un détail relativement important concernant sa famille. En effet, la mère de Buies, Marie-Antoinette-Léocadie d'Estimauville, née à Québec le 13 mars 1811, était la sœur de Joséphine-Éléonore d’Estimauville, née le 30 août 1816. Le 16 juillet 1834, cette dernière épousa à Québec Louis-Paschal-Achille Taché, propriétaire d’une partie de la seigneurie de Kamouraska. Celui-ci devait être assassiné par l'amant d'Éléonore d'Estimauville, le docteur George Holmes, le 31 janvier 1839. Cette histoire a inspiré Anne Hébert pour son roman Kamouraska.

Dans sa jeunesse, Buies est exclu pour indiscipline de deux établissements scolaires, puis, à l'âge de seize ans, envoyé en Guyane auprès de son père remarié.

En 1856, il passe quelques mois à Dublin et s'installe à Paris, où il étudie au Lycée Saint-Louis. Il part ensuite se joindre à l'expédition des Mille aux côtés des Chemises rouges de Giuseppe Garibaldi, qui libèrent l'Italie du triple joug des Autrichiens, des Bourbons et des forces pontificales. En 1862, il retourne à Montréal.

Il devient membre de l'Institut canadien de Montréal, lequel regroupe les éléments intellectuels les plus dynamiques du Québec. Ses membres sont anti-cléricaux et partisans de la séparation de l'Église et de l'État. Ils sont aussi favorables à l'éducation primaire obligatoire, tout en étant admirateurs de la République étatsunienne et de son idéal démocratique.

Buies, pour sa part, s'oppose farouchement à l'Évêché de Montréal, tout comme au projet de la Confédération canadienne. L'historien Jacques G. Ruelland affirme que ces écrits de l'époque sont à forte tendance maçonnique, alors qu'il prenait la défense des frères[1].

En 1868, après un passage de quelques mois à Paris, il lance un journal satirique, La Lanterne canadienne, qui disparaît en mars 1869. Pendant les années 1870, il publie de nombreuses chroniques, pour la plupart disponibles aujourd'hui en trois recueils. Elles lui assureront la notoriété littéraire.

Dans les années 1880, il rédige des opuscules pour le ministère de la Colonisation, réalisant ainsi deux de ses plus chers désirs : faire œuvre « scientifique » et voyager partout au Québec, dont il chante à la fois la beauté et les richesses potentielles.

La décennie suivante, sa santé décline et sa famille connaît le deuil. Il a des difficultés financières, mais continue néanmoins à promouvoir la colonisation. Il continue à rédiger des critiques de la société religieuse dirigée par l'Église. Toutefois, l'historien Gérard Tougas a pu affirmer qu'il n'avait jamais vraiment quitté le catholicisme.

Il meurt à Québec le 26 janvier 1901, deux jours après son soixante et unième anniversaire et repose au cimetière Notre-Dame-de-Belmont à Sainte-Foy (Québec), à quelques pas de la tombe de son neveu, le peintre Edmond Lemoine (1877-1922).

[modifier] Citations

  • « Quiconque a vécu à Québec veut y mourir. » – Arthur Buies
  • « Il n'y a pas de race inférieure, mais il y a dans le monde un peuple qui fait tout en son pouvoir pour démontrer que cette race existe, et ce peuple, c'est nous, et cette race, ce serait la nôtre. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Mais c'est une honte que d'être canadien [français] ! quel amour pouvez-vous avoir pour cet oripeau de nationalité, si vous laissez tout le monde cracher dessus ? » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Cette abstraction de nous-mêmes a été poussée si loin qu'aujourd'hui elle est devenue notre nature d'être, que nous n'en concevons pas d'autre, que nos yeux sont fermés à l'évidence, que nous n'apercevons même pas le niveau d'abaissement où nous sommes descendus, et que nous considérons comme une bonne fortune unique de n'avoir plus la charge de nos destinées. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Je n'aime pas les gens qui vont à la messe avec de gros livres qu'ils tiennent à deux mains, carrément appuyés sur l'épigastre, et qui regardent de tous les côtés pour voir si on les remarque. Je connais une femme qui sort ainsi cinq ou six fois par jour de Notre-Dame-de-Pitié, avec un livre qui lui couvre toute la poitrine. Si je la revois, je jure de lui faire un affront, et de lui demander si elle sait lire. La fausse piété cherche toujours à se montrer, parce qu'elle n'est pas ce qu'elle paraît. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Moi, j'aime passionnément les femmes; c'est pourquoi je suis heureux de toutes les occasions d'en dire du mal. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « L'homme ne sera libre que lorsque la femme sera émancipée. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Que la femme reste légère; il le faut pour compenser la lourdeur de l'homme. Mais que cette légèreté soir celle de l'esprit, de la grâce, du goût, le côté qui nous complète, la nuance qui harmonise, le coloris du dessin, l'éclat de nos qualités, le rayon sur le fond sombre et dur. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « Les avocats et les médecins pullulent : deux classes fort utiles. Les uns tuent, les autres ruinent. » – Arthur Buies, la Lanterne, 1868-1869
  • « La philosophie, mot prétentieux, n'est que la fumée de notre orgueil; la science seule est la vraie philosophie, elle seule porte le flambeau dans la nuit qui nous entoure et nous apprend à ne pas juger l'être que nous ne connaissons pas, mais à l'étudier. » – Arthur Buies, Chroniques
  • « Tout jeune vicaire, qui aspire à une cure lucrative, rêve jour et nuit au nombre d’interdictions qu’il aura la chance de prononcer un jour. Tout jeune curé qui entre en fonctions commence d'abord par chercher autour de lui s'il n'a pas quelque livre à prohiber, quelque journal à proscrire. S’il est un mois sans en trouver, il devient absolument désenchanté sur son propre compte et perd toute ambition légitime de faire un jour un évêque sérieux. » – Arthur Buies, «Interdictions et censures», in Canada-Revue, 11 février 1893
  • « Il ne peut plus être question désormais de l’effacement ou de la disparition de la nationalité canadienne-française. Mais il ne suffit pas pour elle de continuer à vivre, de se maintenir avec son caractère et ses qualités propres, il faut, bien plus, qu’elle se maintienne à la hauteur des autres nationalités et qu’elle ne se contente plus d’une place à l’ombre, quand toutes les autres prennent la leur au soleil » – Arthur Buies, Les Jeunes Barbares, 1893

[modifier] Œuvres

[modifier] Sources

  • Arthur Buies, Chroniques I, II, Presses de l'Université de Montréal, 1986, 1991, édition critique par Francis Parmentier.
  • Arthur Buies, Correspondance (1855-1901), Guérin, 1993, édité par Francis Parmentier.
  • Laurent Mailhot, Anthologie d'Arthur Buies, Hurtubise HMH, 1978.

[modifier] Références

  1. Grande Loge du Québec M.A.F. & A. - Historique de la Grande Loge du Québe

[modifier] Liens externes