Arlequin

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Arlequin vu par Maurice Sand, 1860.
Arlequin vu par Maurice Sand, 1860.
Arlequin, personnage de la commedia dell’arte.
Arlequin, personnage de la commedia dell’arte.

Arlequin, Arlecchino en italien, est un personnage type de la commedia dell'arte qui est apparu au XVIe siècle en Italie, dont le costume est fait de losanges multicolores. Ceux-ci représenteraient les multiples facettes d'Arlequin.

Sommaire

[modifier] Origine

[modifier] Origines lointaines

Elles relèvent des "sannions" ou "bouffons" qui jouaient les fables atellanes, ainsi nommées de la ville d'Atella, d'où ils étaient venus, vers les premiers temps de la République romaine, pour ranimer les Romains découragés par une peste affreuse...

Cicéron, émerveillé de leur jeu, s'écrie: "Quid enim potent tam ridiculum quam sannio esse, qui ore, vultu, imitandis moribus, voce, denique corpore ridetur ipso?" (de Oratore, lib. II, cap. 64.) Le costume de ces mimes, tout à fait étranger aux habitudes grecques et romaines, se composait d'un pantalon (et non d'une toge) de diverses couleurs, avec une veste à manches, pareillement bigarrée, qu'Apulée, dans son Apologie, désigne par le nom de centunculus, habit de cent pièces cousues ensemble. Ils avaient la tête rasée, dit Vossius, et le visage barbouillé de noir de fumée: Rasis capitibus et fuligine faciem obducti. Tous ces traits caractéristiques se trouvent dans des portraits peints sur des vases antiques sortis des fouilles d'Herculanum et de Pompéi; et l'on peut en conclure que jamais descendant de noble race n'a offert une ressemblance de famille aussi frappante que celle qui existe entre Arlequin et ses aïeux. in P.M. Quitard, 'Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la Langue Française'. p. 77. Paris, 1842. P. Bertrand, éd.

[modifier] Étymologie

Son nom viendrait de celui du roi de Grande-Bretagne « Herla » (Herla King) ou bien d'un diable nommé « Hellequin »[1], ce qui donna Harlequin puis en français Arlequin. On pense aussi aux termes anglais « hell » (enfer) et « king » (roi). Arlequin serait donc un personnage issu des croyances populaires concernant l'enfer. De plus, c'est un personnage qui s'inspire du protagoniste italien Arlecchino, possédant des caractéristiques semblables mais qui ne portait pas à chaque représentation les mêmes habits.

[modifier] Sur scène

Le personnage d'Arlequin a été créé par l'acteur italien Domenico Biancolelli.

Il était employé dans beaucoup de pièces de commedia dell’arte et figure comme un personnage indispensable à celle-ci. Sa fonction est celle d’un valet comique. Il est connu pour sa bouffonnerie. Contrairement à Brighella, il fait preuve de peu d'intelligence, il est bête, famélique, crédule et paresseux. Il est toujours en quête de nourriture et pour en trouver, il est capable d'inventer toutes sortes de stratagèmes, pirouettes ou acrobaties, mais le reste du temps, il cherche avant tout à dormir et éviter le moindre effort.

Arlequin joue le rôle de l'humble serviteur, comme dans Arlequin, serviteur de deux maîtres, de Carlo Goldoni. Il peut aussi être l'amoureux de Colombine et par conséquent un rival pour Pierrot. Il apparaît en France à l'époque de Molière où ses caractéristiques évoluèrent. Ainsi, il deviendra avec les pièces de Marivaux un valet naïf et sensible comme, par exemple, dans l'Île des esclaves.

[modifier] Dans la rue

De tous temps, aux Carnavals et aux charivari, sera associée la diabolique figure de "Hellequin", allitération de "Helleking", (Roi de l'Enfer).

L'Arlequin est encore un personnage du Carnaval de Binche. Ce sont exclusivement des enfants d'une école primaire de la localité qui peuvent faire partie de cette société.

[modifier] Son habit

L'habit d' Arlequin est composé d'une veste et d'un pantalon à pièces colorées et irrégulières, un béret de feutre blanc, avec quelquefois un morceau de queue de renard ou de lapin. Il porte aussi une ceinture à laquelle pend toujours une batte en bois, tandis qu'il porte un demi-masque noir aux traits démoniaques (On peut même y voir le reste d'une corne de diable qui y serait tombée) — nez retroussé et comportant des caractéristiques animalières (il y a des masques d'Arlequin tendant vers le chat, le chien, le singe, etc.) On dit aussi que son habit est fait de pièces de tissus qu'il aurait assemblées lui-même, ceci renforçant le côté modeste du personnage.

[modifier] Œuvres où figure Arlequin

  • La Descente d'Arlequin aux enfers (1689), de Regnard
  • Arlequin homme à bonne fortune (1690), de Regnard
  • Arlequin serviteur de deux maîtres (1753), de Goldoni
  • Les Amants timides, de Goldoni
  • Pagliacci, de Leoncavallo

Chez Marivaux :

Arlequin Mercure galant de Fatouville
Arlequin Mercure galant de Fatouville

Dans la commedia dell'arte (ou auteur inconnu) :

  • Arlequin chevalier du soleil, de Fatouville
  • Arlequin empereur dans la lune, de Fatouville
  • Arlequin Jason ou la toison d'or comique, de Fatouville
  • Arlequin lingère du palais, de Fatouville
  • Arlequin Mercure galant, de Fatouville
  • Arlequin Protée, de Fatouville
  • Les Deux Arlequins
  • Arlequin Phaéton
  • Arlequin défenseur du beau sexe
  • Arlequin misanthrope
  • L'Arlequinade
  • Les Aventures d'Arlequin
  • Le Désespoir d'Arlequin

[modifier] Notes

  1. La Mesnie Hellequin : horde composée de monstres et de revenants, de créatures infernales et de femmes nues, venant harceler les vivants. Elle donne, curieusement, dans la commedia dell'arte, naissance à un personne totalement différent : Arlequin dont les habits et la fantaisie semblent tourner en dérision le monde des cauchemars dont il est issu.

[modifier] Références

  • Maurice Sand, Masques et bouffons (comédie italienne), Paris, Michel Lévy frères, 1860