Aristarque de Samothrace

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Aristarque.

Aristarque de Samothrace, en grec ancien Ἀρίσταρχος / Arístarkhos (v. 220-143 av. J.-C.), grammairien, pionnier de l'étude rigoureuse des textes homériques.

[modifier] Biographie

Disciple d'Aristophane de Byzance, il fonde à Alexandrie une école critique (école des Aristarchéens) et dirige la célèbre bibliothèque de la ville. En collaboration avec son maître, il constitue le Canon alexandrin, liste des auteurs grecs jugés les plus remarquables pour la pureté de leur langue. La liste est toujours employée de nos jours dans l'enseignement du grec, en particulier pour les orateurs attiques. Sur la fin de sa vie, il part pour Chypre où, selon la tradition, il se laisse mourir de faim, étant atteint d'un mal incurable.

[modifier] Œuvre

Continuant le travail de Zénodote et de son maître, il établit une édition critique des textes homériques. Il s'efforce de retrancher du texte original, établi sur l'ordre de Pisistrate, les additions hellénistiques. On considère qu'il a été le premier à utiliser des signes et des symboles signalant les leçons douteuses et les interpolations :

  • l'obèle (†), pour signaler les vers « athétisés », considérés comme douteux ;
  • l'anti-lambda ou chevron (>), pour signaler une note critique, qui exprime parfois un désaccord avec Zénodote ;
  • l'anti-sigma (Ͻ) pour marquer un vers déplacé ;
  • un astérisque (*) pour marquer un mot répété à tort.

En bref, il invente la signalétique de l'apparat critique.

Son école critique conserve son influence jusqu'à l'époque romaine. C'est ainsi par le biais de quatre de ses disciples de cette époque que son œuvre est parvenue jusqu'à l'époque contemporaine. En effet, on redécouvre en 1781 une édition byzantine de L'Iliade à la bibliothèque de Saint-Marc à Venise : elle comporte en marge les scholies de quatre disciples de cette période : les Signes critiques d'Aristonicos, les remarques Sur la recension d'Aristarque de Didymos, des extraits de la Prosodie iliadique d'Hérodien et du traité Sur la ponctuation homérique de Nicanor. Cette édition, le Venetus Græcus 822, plus communément désigné sous le nom de Venetus A, permet de reconstituer l'apport d'Aristarque à l'étude des textes homériques. Il a ainsi relancé la « question homérique ».

[modifier] Bibliographie

  • (en) Geoffrey S. Kirk, « Aristarchus and the scholia », in The Iliad: a Commentary, vol. I (chants I-IV), Cambridge University Press, Cambridge, 2005 (1re édition 1985) (ISBN 0-521-28171-7), p. 38-43.