Discuter:Archives nationales du monde du travail

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I Le Centre des Archives du Monde du Travail. A La notion d’archives du monde du travail. 1 Les débuts de la conservation d’archives d’activités économiques. 2 La prise de conscience dans les pays germaniques et anglo-saxons au début du XXème siècle. 3 La lente émergence en France. 4 Les années1980 : la valorisation du patrimoine scientifique et industriel. a) Un contexte porteur. b) La naissance du C.A.M.T. c) Un intérêt croissant et généralisé. 5 L’apparition de la notion d’archives du travail.

B Présentation du C.A.M.T. 1 Le bâtiment. 2 Les équipements. a) La conservation. b) La manutention. c) Le traitement des documents. d) Les équipements publics.

C Présentation de quelques fonds conservés au C.A.M.T 1 Les fonds d’entreprise et d’association. a) Des collectes diffuses. b) Les fonds AQ rapatriés du Centre Historique des Archives Nationales (C.H.A.N). 2 Les archives d’architectes.

II Un service en pleine mutation. A Organisation du C.A.M.T. 1 La gestion. a) Organisation du service. b) Budget. 2 Les forces vives : le personnel. 3 Le public et les archives.

B Les activités du centre. 1 La collecte. 2 Le tri. 3 La communication. 4 Les activités culturelles.


C Les outils informatiques. 1 Le système Armoni. 2 Le site internet.

I Le centre des archives du monde du travail.

A La notion d’Archives du Monde du Travail.

1 Les débuts de la conservation des archives d’activités économiques.

Les premières manifestations importantes d’une prise de conscience de l’intérêt des archives d’activités économiques sont en relation avec le développement du grand commerce, de la comptabilité et des banques. La banque Monte dei Paschi de Sienne, fondée en 1472, conserve par exemple 350 mètres linéaires d’archives depuis la fin du XVème siècle au palais de la Roca Salimbeni.

C’est également à cette époque que se constituent de grands ensembles d’archives d’entreprises par l’intermédiaire des chambres de commerce ou assimilés. L’Insolvente Boedelskammer (chambre des faillites) d’Anvers recueille les archives des sociétés hollandaises, surtout celles de marchands ayant fait faillite au XVIème et XVIIème siècles.

En France, l’ordonnance royale de 1673, obligeant les marchands et négociants à tenir des livres de compte qu’ils ont à présenter lors de la faillite (sous peine de banqueroute et de mort), n’empêche cependant pas la grande majorité des «  archives d’entreprise » de disparaître.

2 La prise de conscience dans les pays germaniques et les pays anglo-saxons au début du XXème siècle.

La notion contemporaine d’archives d’entreprises date du début XXème siècle. C’est à l’étranger, et d’abord en Allemagne, que l’importance des archives d’entreprises pour une bonne connaissance et une bonne compréhension de l’histoire des deux derniers siècles écoulés est la mieux saisie. Comme Krupp en 1905 ou Siemens en 1907, des entreprises organisent leurs archives. La chambre de commerce de Cologne finance en partie la création du premier centre d’archives d’entreprises, le Rheininisch-Westfrälisches Wirtschaftsarchiv, qui organise en 1913 un congrès sur les archives économiques.

De même, en Suisse, en 1910 sont créées à Bâle les archives économiques suisses (Sweizerisches Wirtschaftsarchiv) et les archives pour le commerce et l’industrie (Archiv für Handel und Industrie) à Zurich.

Le mouvement gagne alors les Pays-Bas, avec le Centre d’archives de l’histoire économique hollandaise de la Haye (Nederslandsch Economisch-Historisch Archief), fondation privée financée par l’Etat. Lors de la disparition du Centre en 1971, les fonds recueillis sont dispersés entre plusieurs institutions.

Aux Etats-Unis, la Baker Library de l’Université de Harvard est chargée par la Business Historical Society de recueillir des archives d’entreprises. Des sociétés commencent dès cette époque à organiser elles-mêmes leurs archives. Au pays de la libre entreprise, l’histoire des entreprises est très développée : en témoigne son enseignement son enseignement à Harvard dès 1927.

Entre 1930 et 1950, la Belgique, l’Angleterre et les pays scandinaves sont de plus en plus sensibles à la préservation des archives économiques.

3 La lente émergence en France.

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, certaines grandes sociétés commencent à mener des opérations archivistiques. Dès 1874, à la suite d’un audit, le Crédit Lyonnais, fondé en 1863 met en place une gestion des archives avec un archiviste professionnel, un bâtiment adapté, etc.

Mais c’est seulement en 1926 que naît un vrai mouvement de sensibilisation. Charles Schmidt, inspecteur général des bibliothèques et des archives, entreprend alors une campagne pour le dépôt des archives d’entreprises aux Archives Départementales. Peu après, Marc Bloch et Lucien Febvre, au travers de leur fameuse revue Les Annales, pointent sur l’importance de ce type d’archives. Par ailleurs, la circulaire du ministère de l’instruction publique du 28 mars 1931 conseille aux archivistes départementaux de prélever, dans les archives des sociétés cessant leur activité, les documents intéressant l’histoire économique.

La deuxième moitié du XXème siècle marque une accélération. En 1949, Charles Braibant, directeur des Archives de France, crée la section des archives privées et économiques et du microfilm (série AQ) au sein des Archives Nationales. Dirigée par Bertrand Gille, historien de l’économie et des techniques et pionnier de l’élaboration des cadres de classement s’y rapportant, cette nouvelle section est chargée de recueillir, de classer et de rendre utilisable par les chercheurs les archives d’entreprises. Il est cependant à noter que certains fonds entrent aux Archives nationales avant cette date.

Un comité de sauvegarde des archives économiques, composé de hauts fonctionnaires et de personnalités dans le domaine industriel, commercial et de la recherche est également créé. Il a pour but de favoriser les dons ou dépôts auprès des services d’archives publiques. Parallèlement, une enquête nationale est menée par les archivistes départementaux afin de recenser les archives économiques de leur département.

Quatre volumes d’état des fonds ont été publiés depuis la création des archives économiques : Etat sommaire des archives d’entreprises conservées aux Archives Nationales, t1 (1 AQ à 64 AQ), Bertrand Gille, Paris, 1957.

Etat sommaire des archives d’entreprises conservées aux Archives Nationales,  t2 (65AQ à 119 AQ), L.Guérin-Brot, Paris, 1977.

Etat sommaire des archives d’entreprises conservées aux Archives Nationales, t3 (120AQ à 215 AQ), F.Hildesheimer, B.Joly, Paris, 1990. Etat sommaire des archives d’entreprises conservées aux Archives Nationales, t4 (216 AQ à 64 AQ), F.Hildesheimer, B.Joly, Paris, 1996.

Parallèlement, les recherches universitaires se penchent de plus en plus sur l’histoire économique et des techniques. Ainsi, les chercheurs vont directement dans les entreprises et suscitent collectes et actions de conservation. De grandes entreprises françaises créent leur propre service d’archives. Saint-Gobain joue en ce domaine un rôle pionnier se dotant dès 1974 (suite à sa fusion avec Pont-à-Mousson) de son propre service. D’autres entreprises choisissent de faire appel à des sociétés de pré-archivage.

Il faut également souligner le rôle important joué par les Archives Départementales dans la préservation des archives d’entreprises. Les fonds collectés, qui représentent une bonne partie de la série J (entrées extraordinaires) témoignent souvent du contexte socio-économique local.

4 Les années 1980 : la valorisation du patrimoine scientifique et industriel.

a) Un contexte porteur.

Dans les années 1980, le contexte est à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine industriel et scientifique : en témoignent la création de la Cité des Sciences et de l’industrie, de centres de culture scientifique, technique et industrielle, la mise en place de la cellule «  patrimoine industriel » dans les services de l’inventaire des monuments et richesses artistiques de la France, le nombre croissant de travaux d’historiens utilisant les archives d’entreprises.

Par ailleurs, la loi sur les archives de 1979 précise que les archives des établissements et des entreprises publics (Electricité de France, Société Nationale des Chemins de Fer Français) sont publiques. Les établissements et entreprises publiques sont, de fait, responsabilisés vis-à -vis de leurs archives.

En 1980, Isabelle Guérin-Brot publie un guide sur les Archives d’entreprises. Conseils pratiques d’organisation, toujours utilisé dans ses grandes lignes.

A cette même date, une commission des archives industrielles est chargée de préparer les archives dites du monde du travail. Le programme de 1983 sur les archives du monde du travail part de plusieurs constatations :

• Les nationalisations font entrr dans le domaine des archives publiques une masse importante de documents relatifs à la banque, au commerce et à l’industrie. • Les recherches historiques sur le monde du travail sont en augmentation sensible. • Les mutations économiques génèrent une masse importante d’archives.

Partant de ce constat, la Direction des Archives de France lance en 1983 une grande enquête auprès des entreprises de plus de cinquante salariés pour évaluer les problèmes d’ordre archivistique. Si le résultat est mitigé à cause du manque de réponse, l’enquête aboutit néanmoins à ce que soient établis une synthèse pour la Franche-Comté et un guide pour le Nord-Pas-de-Calais.

b) La naissance du C.A.M.T.

Le 3 janvier 1979, une loi sur les archives élargit le champ des archives publiques au secteur économique , en y incluant les documents qui procèdent de l’activité des entreprises publiques ou d’économie mixte et des établissements publics, ainsi que de l’activité des organismes de droit privé chargés de la gestion de service public ou d’une mission de service public.

A la suite d’une commission d’archives industrielles réunie entre 1980 et 1981, Jack Lang présente lors du conseil des ministres du 21 Septembre 1983 un programme d’actions en faveur des archives du monde du travail. Les mesures intègrent, en autre, la création de cinq centres du monde du travail à vocation interrégionale, localisés dans les grandes régions industrielles.

La région Nord-Pas-de-Calais est tout de suite désignée comme lieu d’implantation du premier Centre des Archives du Monde du Travail, en raison de son passé industriel et de nombreuses initiatives en faveur du patrimoine industriel, comme le colloque «  Le patrimoine industriel : stratégie pour un avenir », tenu en 1979, mais aussi la disparition de nombreuses archives d’entreprises en banqueroute. La ville de Roubaix, fortement marquée par l’industrie textile, offre pour le franc symbolique le corps central de l’ancienne filature Motte-Bossut afin d’y installer le C.A.M.T.

En Décembre 1984, l’usine Motte-Bossut de Roubaix, ancienne filature de coton, inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, en 1978 et désaffectée depuis 1981, est donc choisie pour accueillir le Centre des Archives du Monde du Travail.

Après avoir inscrit le projet de construction d’un Centre des Archives du Monde du Travail au contrat de plan Etat-Région (avec engagement de la Région à participer aux investissements à hauteur de 25 % du budget initial), il ne restait plus qu’à trouver le lieu qui abriterait ce centre.

En Février 1986, le centre commence sa collecte d’archives et s’installe dans des locaux provisoires à Lille, sous la direction d’Yvette Le brigand. Les travaux de réhabilitation de la filature ne commenceront qu’en 1989, sous la direction de l’architecte Alain Sarfati et ne se termineront qu’en 1993.

Dans une de ses allocutions, François Mitterrand a bien résumé le contexte de la création et l’objectif assigné au centre :

«  […] Mais d’autres archives sont en péril : celles des entreprises touchées par les bouleversements de la société industrielle. Leur patrimoine historique est pourtant essentiel pour la compréhension des deux siècles que nous venons de vivre. Ainsi devons-nous aider à la préservation des archives issues des organismes économiques, sociaux grâce auxquels s’organisent les relations humaines au sein du Monde du Travail. Des chambres de commerce et d’industrie, des chambres de métiers aux syndicats patronaux et aux syndicats ouvriers, en passant par les associations qui expriment les aspirations du Monde du Travail, il y a là des milliers de fonds d’archives qui seront absolument indispensables à l’intelligence de notre monde. Voilà pourquoi nous avons voulu, voilà quatre ans, créer dans une ville du Nord de la France, à Roubaix, un Centre des Archives du Monde du Travail […] ».

Le 5 Octobre 1993, le Centre des Archives du Monde du Travail est inauguré en présence de Jacques Toubon, ministre de la culture et de la francophonie.

C) Un intérêt croissant et généralisé.

D’autres structures que le C.A.M.T, les archives départementales et les archives municipales s’occupent de la sauvegarde des archives à caractère économique. C’est en particulier de cas du Césare (centre rhénan d’archives et de recherches économiques) dirigé par Florence Ott. Installé à Mulhouse, il collecte dans les entreprises alsaciennes, essentiellement haut-rhinoises, et mène une politique de conseil et d’archivage auprès des entreprises et des associations.

En quelques années, les possibilités d’une entreprise de faire conserver ses archives se sont donc étendues. Toutefois, de plus en plus de sociétés, à l’image de Saint-Gobain, créent leur propre service d’archives.

Des mesures sont prises pour encourager les dépôts dans les services publics. Par exemple, la loi du 25 janvier 1985 oblige le liquidateur judiciaire d’une entreprise à informer l’autorité administrative compétente pour la conservation des archives, le plus souvent la direction des Archives Départementales, avant la vente ou la destruction des documents.

Une procédure de classement des archives, comme pour les monuments historiques est mise en place et trois grands fonds d’archives d’entreprises sont ainsi classés : les actualités cinématographiques de Pathé, les archives industrielles du Creusot et le fonds de l’imagerie Pellerin d’Epinal.

5 L’apparition de la notion d’Archives du Monde du Travail.

La notion d’Archives du Monde du Travail dépasse largement le concept d’archives d’entreprises. Selon Yvette Lebrigand , première directrice du C.A.M.T, les Archives du Monde du Travail désignent «  l’ensemble des documents issus des activités économiques et sociales, archives industrielles, commerciales, artisanales voire agricoles, des banques, des compagnies d’assurances, mais aussi des syndicats patronaux et ouvriers, des associations et des organisations diverses fonctionnant dans le cadre du Monde du travail  ».

Les Archives du Monde du Travail englobent, par exemple, les archives d’architectes, mais laissent de côté celles des partis politiques, contrairement à l’Allemagne, à la Belgique et aux Pays-Bas.

Cette notion d’Archives du Monde du Travail évolue et tend à s’élargir de plus en plus. Après le fonds du Secours Populaire, le C.A.M.T a reçu en dépôt, au cours de l’année 2000, les archives du fonds Emmaüs .

Par ailleurs, le Centre a recueilli des archives d’associations sportives, en particulier celle du comité olympique régional de tennis de table, du cyclisme et des activités de plein-air).

Cependant, tout n’entre pas dans la catégorie Archives du Monde du Travail : les archives de la série AS (archives d’associations) ont été sélectionnées avant d’être envoyées à Roubaix : sans rapport avec les Archives du Monde du Travail, le fonds de l’association paternelle des chevaliers de Saint-Louis et du mérite militaire ( 2 AS 1-50) est resté au Centre Historique des Archives Nationales ( C.H.A.N).

Bilan.

La notion d’archives économiques et d’entreprises s’est peu à peu transformée et élargie à la notion d’Archives du Monde du Travail. Georges Mouradian, alors directeur des Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, signale que les Archives du Monde du Travail ne pouvaient plus être considérées comme subalternes, connexes, ni même seulement complémentaires des archives publiques […]. Elles doivent de plus en plus faire partie intégrante de notre mission de collecte des archives d’aujourd’hui, dans le cadre d’un plan d’ensemble  ».

Si de nombreux fonds sont encore en danger, de nombreux efforts se déploient néanmoins afin que la mémoire d’une large palette d’activités soit préservée.

Les fonds conversées à Roubaix sont exploitables par les chercheurs de tous ordres : sociologues, historiens, historiens des techniques, architectes, économistes,…

B Présentation du bâtiment.

1 Le bâtiment.

Il était primordial de choisir, pour le Centre des Archives du Monde du Travail, un bâtiment où l’idée d’Archives du Monde du Travail, trouverait un écho. Aujourd’hui, le centre est tout aussi connu pour l’originalité de ses fonds que pour le bâtiment qui l’abrite.

Crée en 1843 par Louis Motte, la première filature de coton dite «  filature monstre » contribua à faire du Nord un des centres textiles majeurs. Malheureusement, en 1866, un incendie ravagea entièrement le bâtiment ; une seconde usine (l’actuel Centre des Archives du Monde du Travail ), aux dimensions encore plus impressionnantes, fût alors construite. Au cours du XXème siècle, l’usine connaît d’autres transformations, notamment l’ajout de tours crénelées, lui donne le surnom de «  château de l’industrie », symbole de l’architecture industrielle du Nord.

En 1978, l’usine reçut l’honneur d’être inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, témoignant ainsi l’ouverture du patrimoine à l’architecture industrielle.

En 1981, victime de la récession dans le secteur du textile, l’usine arrêta son activité. Au cœur de Roubaix, cette imposante friche industrielle entre dans les projets de reconstruction du centre ville.

Le battement entre la fermeture et le projet de Centre des Archives du Monde du Travail est donc très court, puisqu’en Décembre 1984, l’usine est donc choisie pour accueillir le C.A.M.T. La municipalité de Roubaix, sur le point de racheter le bâtiment, propose d’en céder gracieusement une partie à l’Etat.

En 1985, à l’issue d’un concours d’architectes sur esquisses, le cabinet Aera-Safarti , est retenu pour son projet ambitieux de réhabilitation de l’usine Motte-Bossut.

Les travaux commencent donc en 1985. Mais ils vont devoir répondre à un certain nombre de contrainte, comme il est de règle avec un monument historique, la structure externe et les façades sont conservées, mais des éléments matérialisés en blanc viennent affirmer la nouvelle destination du bâtiment : le pont levis se veut le lien entre la ville, le passé et le présent ; encadrée par les cages des ascenseurs extérieurs, sur l’arrière du bâtiment, une vaste baie éclaire la salle de lecture.

De son côté, l’aile Est est complètement évidée pour permettre la construction une structure en béton de huit étages capable de porter de très fortes charges au sol, notamment les nombreux épis fixes ou mobiles chargés de carton d’archives. Initialement, il n’existait que cinq étages dans la filature : on peut donc voir un espace entre la structure en béton indépendante sur laquelle on évolue et les murs de la façade historique du bâtiment, seulement reliés par des tiges en fer.

L’autre aile du bâtiment (ouest), qui a gardé ses cinq étages, abrite les bureaux de l’administration et de grandes surfaces d’animations culturelles sur 1800 m2. Il n’y a de correspondance entre les deux parties du bâtiment qu’à certains niveaux (le premier et le cinquième). Une sculpture de l’artiste autrichien Ingo Mauer, suspendue dans l’espace ouvert entre les plateaux, rend hommage aux milliers d’hommes et de femmes qui ont travaillé durement dans cette filature.

D’autre part, les exigences de sécurité en milieu archivistique sont respectées par des portes et des ascenseurs codés interdits au public.

Une description plus détaillée montre l’importance des lieux.

La division en trois parties de l’ancienne usine a été respectée, voire soulignée par le projet de réhabilitation. A chacun des trois corps de bâtiments qui composent l’immense nef de l’usine ont été assignées des fonctions spécifiques.

A l’est :

- une structure en béton de huit étages a été construite à l’intérieur de la façade historique de briques afin d’abriter la fonction archives et d’en supporter le poids. L’aire de stockage occupe 8000 des 13000 m2 du bâtiment.

Rez-de-chaussée :

- quai de chargement - accueil des archives et magasin de stockage automatique - traitement : salle de désinfection, de dépoussiérage et de tri - atelier de restauration et de reliure

Premier étage :

- salle de lecture de 48 places - salle de 7 places équipées pour la lecture de microfilms et de vidéogrammes. - atelier de traitement des documents audiovisuels - atelier de microfilmage et de numérisation

Dans les sept étages de stockage :

- trente-cinq salles climatisées (avec appareil indiquant la température et le taux d’humidité) - cinquante kilomètres de rayonnage fixes ou roulants

A l’ouest :

Cinq plateaux d’origine percés d’une trémie sont consacrés à l’accueil du public, à l’animation culturelle et aux expositions, sur une surface de 1800 m2.

Rez-de-chaussée :

- entrée monumentale du bâtiment sur le carrefour de l’Europe - espace d’expositions et de manifestations temporaires

Premier étage :

- salle de conférence de 200 places - régie de projection et cabine de traduction simultanée - salon et espace de rencontre

Deuxième étage :

- deux salles de réunion - une salle de formation

Troisième étage :

- bureaux de l’administration

Quatrième et cinquième étages :

- salles de tri

Au centre :

Un puits de lumière restitue l’ancienne rue des filatures. - entrée principale du bâtiment - accueil et orientation - logements de fonction

2 Les équipements.

Le C.A.M.T. a été pourvu de nombreux équipements : ateliers de photographie et de microfilmage, de reliure, de restauration, de dépoussiérage et d’une autoclave.

a) La conservation.

Pour une conservation optimale des papiers et autres supports, le bâtiment de stockage est équipé d’un système de climatisation qui permet d’individualiser le traitement de l’atmosphère pour chacun des trente-cinq magasins. Chaque type de document (papier, photographie et films, plans sur calques, etc) sera donc conserver dans les conditions de température et d’hygrométrie qui leur convient le mieux (exemple pour le papier 18° C et 55 % d’humidité relative).

b) La manutention.

Le transtockeur : magasin automatique guidé par un ordinateur, équipé de 240 casiers d’une capacité d’un mètre cube chacun et qui peut accueillir l’équivalent de 2,4 kilomètres linéaires d’archives non triées.

Le Pater Noster : nom donné par les archivistes au système d’ascenseurs qui relie la salle de lecture aux magasins de stockage. Le chargement et le déchargement des bacs se fait automatiquement grâce à un jeu de cellules photoélectriques.

c) Le traitement des documents.

La désinfection : un autoclave, fonctionnant à l’oxyde d’éthylène, est spécialement dédié à la désinfection des documents contaminés par des microorganismes.

Le dépoussiérage : une table aspirante permet d’assainir les documents très poussiéreux avant leur traitement.

La restauration : l’atelier de restauration est doté d’une machine à combler permettant de reconstituer les papiers déchirés, d’une presse chauffante pour le doublage des documents fragilisés et d’une armoire de désacidification gazeuse adaptée au traitement des papiers contemporains.

La dénaturation : par mesure de sécurité, les documents éliminables sont dénaturés sur place grâce à un déchiqueteur de grande capacité avant d’être envoyés à la destruction.

d) Les équipements publics.

La salle de conférence public, salle polyvalente de 200 places, équipée pour la traduction simultanée, la projection de films ( en format 16 mm, 35 mm) et une projection vidéo haute définition.

La salle de lecture propose aux chercheurs des places équipées pour la consultation des microfilms et des documents audiovisuels. Toutes les places de lecture sont dotées d’une alimentation électrique pour permettre aux chercheurs d’utiliser sur place leur micro-ordinateur personnel.

C Présentation de quelques fonds exposés au C.A.M.T. et leur valorisation.

1 Les fonds d’entreprises et d’association.

a) Des collectes diffuses.

Le C.A.M.T a collecté de nombreux fonds d’entreprises textiles, comme ceux des Peignages Amédée, des fonds de syndicalistes (le syndicalisme ouvrier et patronal est très important dans le Nord) et de nombreux fonds de prêtres-ouvriers.

Cependant, le C.A.M.T diversifie beaucoup ses collectes :

• Vers les entreprises industrielles et commerciales. • Vers les banques, les compagnies d’assurance et les organismes professionnels. • Vers les syndicats patronaux et ouvriers, vers les mutuelles. • Vers les associations crées dabs le cadre de la vie professionnelle (associations souvent caritatives et sportives). • Vers les archives personnelles de particuliers (prêtres-ouvriers, administrateurs, ingénieurs,…). • Vers les archives d’architectes.

b) Les fonds AQ rapatriés du C.H.A.N.

La décision de la Direction des Archives de France d’étendre la mission du C.A.M.T à une vocation nationale, en 1994, a conduit, en autre, à des modifications des missions et à ce que le Centre accueille des fonds d’entreprises ou d’associations d’envergure nationale comme le Crédit foncier.

Les fonds d’archives d’entreprises (série AQ) conservés au Centre Historique des Archives Nationales (C.H.A.N) furent transférés au C.A.M.T entre 1995 et 1998. Certains furent envoyés au Centre des Archives d’Outre-Mer (C.A.O.M) car ils concernaient les colonies (Rhum Saint-James ou Banque d’Algérie,…).

La dévolution des archives AQ n’a été que partielle. Certains déposants refusèrent que leurs archives partent à Roubaix, préférant sans doute que celles-ci demeurent près du siège social et dans une ville plus « prestigieuse ».

2 Les archives d’architecture.

Le C.A.M.T porte aux archives d’architectes un intérêt significatif. Dans ce domaine, le C.A.M.T n’a pas besoin de mener une politique de prospection : ce sont les architectes et les sociétés qui proposent leurs archives que le centre sélectionne ensuite selon leurs intérêts. Par ailleurs, le manque de place à l’institut français d’architecture explique l’accueil de fonds d’envergure nationale ou même internationale à Roubaix. On trouve, parmi beaucoup d’autres, les archives de :

• Jacques Couëlle. • Roland Simounet. • Dominique Perraud. • Alain Sarfati.

La plus part des fonds proviennent toutefois d’architectes ou d’entreprises régionaux.

Généralement, les architectes conservent bien leurs archives car ils y recourent en cas de défaillance dans un bâtiment : les archives sont donc dans des boîtes bien numérotées et facilement repérables. Un fonds est ainsi accessible à la recherche si :

• Un bordereau assez détaillé ( avec le nom du ou des projets est indiqué sur chaque boîte) est dressé pour un chantier de moyenne importance. • Un bordereau plus approfondi est réalisé pour un vaste chantier (celui de la Bibliothèque nationale de France couvre par exemple plusieurs dizaines de mètres linéaires).


Les plans roulés sont rangés dans des alvéoles spéciales, les plans à plat, eux, sont rangés dans de grands meubles à plan. Posant moins de problème de conservation, on trouve fréquemment des plans pliés par les cabinets d’architectes qui forment alors un paquet de taille A4 pouvant alors être rangé avec les dossiers des projets.

Les maquettes posent des problèmes de rangement (en raison de leur encombrement) et de description (il n’existe pas de norme particulière). De plus, en raison des matériaux employés, elles sont très fragiles. Les plus belles maquettes et celles ayant une valeur historique sont conservées. Les autres sont détruites après avoir été photographiées. Le Centre des Archives du Monde du Travail conservent entre soixante et cent maquettes placées au-dessus de meubles plans, dans des vitrines pour les expositions temporaires, ou là où c’est possible (salle de dépoussiérage). L’aménagement d’un local spécifique est envisagé pour sauvegarder ces documents tant appréciés lors des expositions.

II Un service en pleine mutation.

A Organisation du C.A.M.T.

1 La gestion du centre.

a)Organisation du service.

La mise en place en 2004, pour la première fois au C.A.M.T, d’une inscription payante égale à celle des autres salles de lecture des Archives Nationales, n’a provoqué ni reflux de la fréquentation, ni mécontentement du lectorat. La salle fonctionne selon un service partagé entre les magasiniers d’une part et les archivistes de l’autre part. Aucun incident de vol n’est à signaler. Toutefois, ce sont les lecteurs qui signalent aux présidents l’absence d’un document ou d’un dossier dans un carton : il s’agit toujours en ce cas de la pièce la plus attractive. Ce cas de signalement n’est possible évidemment qu’au regard des mentions figurants sur les inventaires. Dans le cas où le document ou le dossier n’est pas directement décrit, rien ne peut être détecté. Parfois, des cartons paraissent anormalement peu remplis, sans que l’on puisse savoir di cela est dû à la manière dont le fonds a été classé ou non.

L’organigramme du service avait détaillé début Novembre 2003 des pôles d’activité, permettant de former des petites équipes composées d’un cadre A, d’un cadre B (pas systématiquement en raison de la faiblesse des effectifs) et d’ATASM associés aux programmes archivistiques plus étroitement, au-delà des travaux de magasinage strict et du service de la salle de lecture.

b) Le budget.

La gestion au plus près des dépenses de fonctionnement est indispensable et doit se poursuivre : la mise en concurrence des fournisseurs a permis de ventiler autrement les postes de dépenses en précisant également que des coûts, tels que les frais de transport d’archives, ont chuté du fait d’une autre politique d’entrée des archives.

Le budget est complètement dépensé. Le bilan de l’utilisation de crédits est éloquent : l’entretien et le fonctionnement du bâtiment représentent 55, 89% des dépenses, l’administration 30,87 % des dépenses, les collections archivistiques 5, 30% des dépenses, les actions culturelles 7,93% des dépenses.

L’équipe assure donc la pérennité du bâtiment et la vie interne des agents avec une restitution externe scientifique et culturelle minime par la force des choses. Toutes ces dernières années cependant, la collecte d’archives très lourdes a su s’accompagner de la mise en ligne nécessaire des fonds au moyen du site Internet.

La situation est donc paradoxale : les économies réalisées dans l’année ne repartent donc pas forcément pas vers plus de vie scientifique et culturelle. C’est pourquoi toute planification du travail peut paraître vaine à la longue au sein du service et les redéploiements d’activités difficiles.


2 Les forces vives : le personnel.

Au même titre que les centres de Fontainebleau, Espeyran ou Aix-en-Provence, le centre de Roubaix est une structure délocalisée des Archives nationales.

A l’origine, le C.A.M.T devait accueillir trente-cinq membres de personnel. Actuellement, une petite vingtaine de personnes travaillent effectivement au Centre.

Après le renforcement des effectifs des ATASM en 2003, le nombre des administratifs s’est accru d’une secrétaire administrative (catégorie B) affectée au pôle de direction pour la gestion administrative de l’ordonnancement des crédits auprès de la directrice d’une part et de la gestion administrative des événements scientifiques et culturels d’autre part.

Depuis Octobre 2004, un poste de conservateur est devenu vacant sur le pôle des archives d’architecture, sans candidature déclarée malgré les avis de vacance diffusés. Deux autres postes de catégorie B (1 secrétaire de documentation et 1 photographe) restent également non pourvus.

En 2004, le service s’est accru d’un contractuel supplémentaire par l’affectation d’un agent de catégorie A possédant une formation en ethnologie et photographie, permettant de restructurer le pôle des fonds spéciaux (iconographie, photographie et audiovisuel).

L’organisation des stages étudiants a permis de faire avancer le C.A.M.T dans le domaine des classements.


Organigramme au 1er Janvier 2005.

Direction

Direction : Françoise BOSMAN Finances, personnels, programmation

Assistante de direction : Michelle Jové


Secrétariat général : Michel VALARD

Comptabilité Johann Locquet Secrétariat Nicole Hendrysiak Logistique et bâtiment Michel Valard Accueil-sécurité Pierre Georges Gestion des espaces Yannick Troadec

Adjointe à la direction : Valérie POINSOTTE Coordination scientifique (gestion des entrées,gestion des magasins, récolement), stages universitaires

Reynald Parisse  
Mario Bièvre 
René Brumain

FONCTIONNEMENT

Bureautique et réseau : Maxime Viste

Informatique documentaire : Amable Sablon du Corail

Jean-Charles Leyris 
René Brumain 

Développement culturel : Jean-Charles Leyris Michelle Jové Vincent Beulque Mario Bièvre Peggy Verfaillie Yannick Troadec 1 poste vacant

Salle de lecture : Françoise Bosman Présidents et magasiniers Estampillage Yannick Troadec


Service éducatif : Valérie Poinsotte Mario Bièvre


MISSIONS SCIENTIFIQUES

Banques et métallurgie : Amable Sablon du Corail Andrée-Marie Dormion René Brumain Vincent Beulque

Entreprises, hors banques et métallurgie : Laurence Benoist Andrée-Marie Dormion Laurent Delacroix

Syndicats et associations : Valérie Poinsotte 1 poste vacant Mario Bièvre

Architecture : 1 responsable vacant (Intérim : Françoise Bosman) Reynald Parisse

Fonds spéciaux et Bibliothèque : Jean-Charles Leyris 

Catherine Jakubowski Peggy Verfaillie Laurent Delacroix Valérie Erin


Acquisitions, pièces isolées : Françoise Bosman

3 Le public et les archives.

Le C.A.M.T met à disposition du public les archives du monde du travail. Cette consultation se déroule dans la salle de lecture.

C’est le principal service du centre, il correspond à sa vocation scientifique qui passe par la communication des archives conservées. La salle de lecture est ouverte de 9h00 à 17h00 du lundi au vendredi.

Bien qu’elle soit claire, spacieuse et agréable pour y travailler, elle n’accueille pas autant de lecteurs qu’elle le mériterait. Il est rare d’y voir plus de cinq personnes, alors que deux membres du personnel sont mobilisés en permanence en salle, le président de salle et un magasinier pour satisfaire les demandes des lecteurs et sans pouvoir quitter leurs postes.

Les avantages de cette faible fréquentation ne sont pas à négliger : le nombre de documents communiqués n’est pas limité, le personnel est très disponible et le nombre de photocopies n’est pas non plus limité, ce qui peut se révéler très utile pour les personnes éloignées de Roubaix et ne pouvant s’y rendre qu’occasionnellement.

La salle de lecture est ouverte à toute personne, sur présentation d’une pièce d’identité officielle, en cours de validité. Il est alors délivré à chaque personne un exemplaire du règlement.

L’inscription du lecteur est enregistrée sur le système informatique Armoni, ce logiciel fut spécialement crée pour le Centre des Archives du Monde du Travail. Originellement prévu pour une gestion complète du Centre,mais suite à de nombreuses pannes, ce logiciel n’est plus utilisé par le service que pour l’inscription de nouveaux lecteurs et la recherche d’une partie des fonds localisés en magasins.

Le lecteur débute sa recherche dans la zone de documentation où il consulte les inventaires et les fichiers, puis muni des références des documents, il remplit deux fiches de demande de communication de documents. Une fiche reste en salle et l’autre sert de fantôme dans les magasins. Il n’est communiqué qu’un seul carton ou dossier d’archives à la fois. Il est possible de réserver les documents du jour pour le lendemain. Il est également possible de faire des réservations.

Les lecteurs peuvent également faire une demande de consultation d’archives privées et qui ne sont pas librement communicables. Ils remplissent une fiche, qui sera transmise au dépositaire du fonds, qui a le choix d’accepter ou de refuser cette consultation. Le Centre préviendra alors le lecteur de la décision du dépositaire.

Outre la salle de lecture, les chercheurs peuvent se retrouver dans des petites salles pour y travailler, sans y appliquer le silence de rigueur en salle de lecture.

Les lecteurs peuvent aussi effectuer une partie de leur recherche sur Internet, sur le site du Centre : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt. Outre les informations pratiques, l’actualité des événements culturels, des formulaires pour s’inscrire, on peut surtout y consulter l’état des fonds qui est régulièrement mis en ligne pour faciliter les recherches à distance.

B Les activités du service.

Les missions du Centre des Archives du Monde du Travail sont la collecte, le classement, la conservation et la valorisation des archives économiques et sociales.

1 La collecte.

Le nombre d’entrée des fonds est très variable, car il s’agit de fonds privés. En 1999, environ un kilomètre linéaire d’archives a été collecté.

Le C.A.M.T ne collecte que des archives historiques et ne conserve pas d’archives intermédiaires. C’est pour cette raison que l’étape de la collecte est si importante.

La collecte se fait essentiellement d’après les contacts noués avec des industriels, les chambres de commerce, les démarchages auprès des représentants syndicaux ou suite au dépôt d’archives d’entreprises du même secteur. Les propriétaires d’archives privées n’étant pas tenus de déposer, le contact et la qualité des relations entretenues par l’archiviste sont des éléments primordiaux. C’est généralement à la demande de chefs d’entreprise sensibilisés à la préservation des archives que le C.A.M.T se déplace pour évaluer l’intérêt historique des documents.

Parfois, ce sont les liquidateurs qui font appel au C.A.M.T, mais lorsque le service intervient, il est fréquent que les documents les plus intéressants aient déjà été éliminés.

Un premier tri est effectué avant le versement pour ne prendre que le plus intéressant et rédiger un bordereau qui soit assez détaillé tout en restant succinct. Cette étape est essentielle pour pouvoir consulter les archives rapidement, surtout dans le cas des archives d’architectes et pour pouvoir les traiter plus facilement. Le C.A.M.T effectue gratuitement, le transfert, l’inventaire, le conditionnement des archives. Parfois, l’entreprise prend en charge le transport, parfois des accords sont passés pour rémunérer une personne externe, souvent un(e) stagiaire, chargée de classer les documents (par exemple Emmaüs international a payé un stagiaire durant presque un an).

A l’égard de la collecte, le bâtiment du C.A.M.T est un véritable outil de communication : sa visite par les déposants permet d’entretenir la confiance avec des personnes généralement assez méfiantes vis-à-vis des archives. De plus, c’est un bâtiment prestigieux et les possesseurs d’archives sont souvent flattés d’y avoir leurs documents conservés et valorisés par des conférences, des expositions ou des publications.

2 Le tri.

Pour les archivistes, la collecte recouvre des tâches d’implications variées. Les fonds peuvent arriver de manière régulière et pourvus d’un classement organisé. Ces archives là sont réputées poser des questions de tri moins complexes. En effet, la collecte des documents d’archives suppose en parallèle un tri qui s’opère selon des tableaux de gestion élaborés conjointement par les archivistes et les producteurs d’archives.

Si la proportion d’archives éliminées semble très élevée (80 à 90% de moyenne sur l’ensemble de la production documentaire matérielle), il ne faut pas imaginer que des pans entiers de la mémoire publique disparaissent légalement sous le pillon. Il s’agit d’abord de se séparer des doubles, fréquents puisque les règles dans le monde du travail imposent des copies systématiques des pièces des pièces envoyées. Puis, on allège les masses d’archives parfois considérables dont l’utilité juridique ou scientifique ne s’impose à une époque donnée. Pour ces ensembles, le choix de conserver de manière temporaire ou définitive s’applique soit qualitativement (l’archiviste jugeant de l’intérêt des pièces pour l’usager du futur), soit par échantillonnage (une année tous les dix ans, par exemple)

3 La communication.

En 1999, un peu plus de mille lecteurs ont consulté des archives en salle et, à 90%, ils entraient dans la catégorie « scientifiques ».

Le nombre des lecteurs s’est développé avec la venue des fonds AQ et AS du Centre Historique des Archives Nationales (C.H.A.N), mais la moyenne du nombre de chercheurs est basse et ne correspond pas toujours aux attentes du service. L’éloignement de Paris en est certainement une des causes, mais ne peut pas tout expliquer : les Archives Départementales du Nord sont chaque jour assaillies de chercheurs et de généalogistes.

Une politique de sensibilisation a été mise en place auprès des universitaires pour promouvoir le Centre et donner aux étudiants des idées de travaux de recherches.

Conscient de sa situation excentrée, le C.A.M.T accepte de faire des recherches par correspondance. Le personnel s’efforce ainsi de répondre à chaque demande en effectuant des recherches poussées.

4 Les activités culturelles.

Lieu conçu à l’origine pour avoir à la fois une partie archives et une partie culturelle, lieu de collecte, de traitement des archives et lieu de diffusion, le C.A.M.T a une salle de conférence d’environ 200 places, un espace culturel de 1200 m2. Les activités culturelles du Centre sont essentiellement des colloques et des expositions.

Les projets sont divers, mais ils se doivent d’être rigoureux. Pour cela, ils doivent :

- Trouver une certaine régularité dans le temps : cela veut dire, par exemple, deux expositions par an à des dates fixes, un concert par an. - Trouver une cohérence dans les expositions : les centrer principalement sur les archives conservées, que les expositions clefs en main aient un rapport avec les activités du Centre. - Trouver des projets qui permettent le rapprochement des disciplines au-delà de leur spécialisation.

Parmi les activités de valorisation des archives, la plus connue est l’exposition. On définit généralement une exposition comme un système de communication de la culture à travers des objets. Elle existe quand l’objet se présente au visiteur pour lui tenir un discours.

Il y a neuf étapes différentes pour réaliser une exposition. Normalement, toutes ces étapes ont lieu dans l’ordre énoncé, mais il arrive que l’on saute ou que l’on inverse des étapes, ce qui peut engendrer des difficultés de réalisation. 1 Une idée au cœur d’une programmation d’établissement.

2 Une équipe autour de cette idée : partenaires scientifiques, techniques, artistiques.

3 Une recherche scientifique doublée d’une recherche documentaire.

4 L’élaboration d’un discours intellectuel doublé d’un scénario artistique (mise en scène, scénographie).

5 À chaque étape du scénario correspondra une partie du discours, des œuvres, une mise en place de ces œuvres, une communication.

6 Le but est d’arriver à une liste d’œuvres devant comprendre, pour chacune, sa dénomination (côte et légende), sa provenance (prêt ou pas), son état, sa valeur d’assurance, les modalités de transports, son positionnement dans l’exposition.

7 Un travail sur l’espace et la scénographie, à partir des atouts (grandeur de l’espace, hauteur, possibilité d’occuper un espace, valeur intrinsèque du bâtiment) et des contraintes (mauvais état des cloisons, obscurité, taille de l’espace) d’un espace, comment faire passer le message de l’exposition.

8 Un travail sur la communication : s’adapter au public auquel on s’adresse : journalistes, professeurs, grand public, trouver les moyens de concevoir des supports adapter à chacun. Le travail doit commencer en amont de l’exposition (dossiers de presse, invitations).

9 La réalisation finale : mise en place de la scénographie (montage), accrochage des œuvres, lumière, question de sécurité du public et des œuvres.

C Les outils informatiques.

1 Le système Armoni.

Une application de gestion d’archives, nommée Armoni, est en vigueur au C.A.M.T et fonctionne sous Unix, avec un système de données Oracle. Dans le cadre d’une réflexion sur l’uniformisation des logiciels des Archives Nationales, le C.A.M.T a été pris comme site pilote. Avant que le projet ne soit abandonné, il était en particulier prévu qu’Armoni équipe la maison de mémoire de la Vème république.

Développée en 1989, alors que le Centre ne fonctionnait alors qu’en préfiguration, l’application Armoni a été conçue à partir d’hypothèses de fonctionnement. Pour pallier certaines inadaptations, il a en particulier fallu remettre à niveau le module communication, en 1996.

Armoni s’est découpé en plusieurs domaines fonctionnels, nommés modules, et entre lesquels la côte sert de lien :

Saisie et lecture des contrats. Saisie et lecture des organismes versants. Saisie et lecture des interlocuteurs. Saisie et lecture des contacts. Gestion des entrées. Saisie et lecture des entrées. Saisie et lecture des fonds. Saisie et lecture des unités documentaires (UD) : la grille des unités documentaires permet d’associer à chaque unité documentaire, un fonds (obligatoire) et un cadre de classement (facultatif). A chaque unité documentaire est associé un délai de communicabilité et l’unité documentaire est débloquée immédiatement à l’issue de ce délai. Localisation des unités documentaires. Saisie et lecture des éliminés. Clôture d’une entrée : opération de validation obligatoire après le conditionnement et la localisation qui rend un fonds communicable. Liste des entrées.

Gestion des magasins. Saisie du conditionnement et des éventuelles modifications. Pour être localisée, à toute unité documentaire doit correspondre une unité de conditionnement (UC). Edition d’étiquettes à codes barres pour identifier les unités de conditionnement (boîtes) et les unités de localisation (tablettes). Localisation des unités de conditionnement à l’aide d’un portable muni d’un lecteur de codes barres. Espaces disponibles en magasins.

Gestion des communications. Inscriptions des lecteurs. Demande de communications de documents effectuée par les lecteurs, avec possibilité de prolongation et de réservation, gestion des autorisations, sortie et retour au guichet. Suivi des déplacements des documents : sortie, prêt, restitution, réintégration.

Edition des inventaires. Depuis 1997, il est possible d’exporter les inventaires depuis Armoni dans un logiciel de traitement de texte (Word) pour pouvoir, en autres, les retravailler, y ajouter des index et modifier l’ordre des articles.

L’accès à tous les modules ou seulement à quelques-uns est conditionné par le type de profil : profil super utilisateur, profil responsable utilisateur (pour la saisie des unités documentaires), profil accueil (saisie des unités documentaires, inscription des lecteurs), profil président de salle et profil magasinier. Avec des profils d’utilisation aussi stricts, peu de personnes peuvent accéder à l’ensemble du système et la transmission des savoirs du profil super utilisateur n’a pas pu se faire.

Grâce à sa carte magnétique (remise gracieusement lors de son installation), le lecteur accède à cinq fonctionnalités : demandes de dérogation, consultation des communications du jour, annulation des demandes de communication, demande de prolongation et consultation des autorisations et des dérogations.

Armoni est peu utilisé en mode recherche, car la plus part des informations que le logiciel dispose se trouve sur le site Internet. A moyen terme, l’utilisation d’Armoni devrait se limiter à la gestion des unités documentaires et leur localisation, sauf pour la bibliothèque et la série AQ . Le module communication offre en effet la possibilité de dresser l’historiques des consultations faites par un lecteur, ce qui en cas de vol d’un lecteur s’avère très utile.

Armoni est peu convivial et très rigide : pour se déplacer, il faut utiliser les touches du clavier et non la souris, ce qui fait perdre du temps lors de la saisie des unités documentaires et ce qui déroute le lecteur ayant peu l’habitude de cet environnement.

L’application informatique commune prévue pour tous les Centres nationaux a été abandonnée en 1998-1999. Seuls les sites Internet des différents Centres ont une présentation uniformisée.

2 Le site Internet du C.A.M.T.

Le C.A.M.T est doté d’une adresse e-mail et d’un site Internet très complet, s’adressant aussi bien aux chercheurs qu’aux déposants .

Le site permet au Centre de se faire connaître auprès d’un large public et présente des expositions virtuelles. C’est ainsi que le Centre propose un résumé de l’exposition consacrée à l’architecte Jacques Couëlle et sur l’exposition Fives-Cail-Babcock "l'usine dans la ville" (photographies d'archives et photographies contemporaines d'Emmanuel Goulliart).

Le site est extrêmement riche et présente :

• Le centre lui-même. • Les expositions et colloques qui ont eu lieu ou en cours. • Le service éducatif. • Les publications en vente. • Des informations pratiques (sur la salle de lecture, des conseils pour effectuer une recherche et demandes de documents). • Des fiches d’orientation qui indiquent des fonds à consulter. • Des formulaires à télécharger pour s’inscrire, demander des articles ou une dérogation. • Des informations sur les dons et les dépôts et les procédures à suivre pour les éventuels déposants. • L’état des fonds (qui constitue le principal intérêt du site). • Quelques inventaires de fonds qui comportent pour chaque fonds une notice indiquant les dates extrêmes, l’importance matérielle, les modalités d’entrée, les conditions d’accès, un historique et une présentation du contenu du fonds.

Tout ça part d'un bon sentiment, mais ne me semble pas conforme à la philosophie de Wikipédia, qui est de produire des articles synthétiques, le plus à jour possible et en rapport direct avec leurs titres. Cet ajout massif ne me semble pas correspondre à ces 3 critères, même s'il contient des éléments très intéressants, qui seraient à conserver (dans le présent article ou dans d'autres du Portail SIB)IXadKalJan 9 avril