Annonciation (Botticelli)

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Annunciazione di Cestello
Annunciazione di Cestello
Le paysage
Le paysage

L'Annunciazione di Cestello, est un tableau de Sandro Botticelli, réalisée en 1489 et 1490 en tempera sur panneau de 240 cm x 235 cm, restaurée en 1978 et conservée à la Galerie des Offices de Florence, caractéristique par son pavement perspectif, son paysage en fond, les poses très étudiées des protagonistes.

Elle a été commanditée en 1489 par Benedetto Guardi, un important fonctionnaire financier de la famille Guardi del Cane pour le retable de leur chapelle du couvent cistercien florentin du Cestello [1] au Borgo Pinti. Elle fut transférée en 1778 en San Martino à Fiesole.

Sommaire

[modifier] Composition

On y trouve les éléments symboliques caractéristiques de l'iconographie de l'Annonciation :

  • la présence du livre consulté par Marie au moment de l'intervention de l'archange Gabriel[2],
  • l'opposition des positions respectives de l'archange saluant à gauche et de la Vierge à droite, situés dans sa petite maison, la domuncula.
  • la trame perspective[3] architecturale des premiers plans : ici le pavage, l'encadrement de la fenêtre, le socle du lutrin, le jardin clos à l'extérieur.
  • un paysage dans l'arrière-plan à collines et châteaux médiévaux, soit l'infini (ici dans le point de fuite), un monde idéalisé, d'une beauté paradisiaque, un rappel de l'Eden perdu par la faute que le Christ va racheter.
  • entre les deux plans, un jardin fermé, l'hortus conclusus, ici symbolisé par un cadre de maçonnerie et des pousses.

Le centre du tableau est la convergence des deux mains entre annonciation et acceptation.

[modifier] Analyse

La scène se passe ici en intérieur. On peut voir l’ange sur la gauche et la Vierge à droite et au fond l'Eden perdu, points caractéristiques de l’iconographie de l’Annonciation. Une fenêtre nous laisse voir un paysage immense en arrière plan. La perspective est très présente. On reconnaît ici l’influence de la formation de ciseleur de Botticelli. On voit en effet de nombreuses lignes droites : le pavage au sol, mais aussi les contour de la fenêtre, le socle du lutrin, le jardin dehors… Le point de fuite est situé au centre de la ligne d’horizon, elle même située légèrement au dessus du centre du tableau.

On remarque rapidement que la fenêtre est décentrée. Cela s’explique par la volonté de Botticelli de donner au paysage d’arrière plan un rôle secondaire, tandis que, placé au centre, toutes les lignes de fuite convergeant vers lui, le regard aurait inévitablement été attiré par lui, et se serait détourné des personnages, qui constituent l’élément principal du tableau.

La lumière joue ici un rôle mineur, elle semble relativement diffuse, bien que l’on puisse voir l’ombre de l’archange Gabriel projetée sur le sol. L’ange est ici véritablement agenouillé devant la Vierge, montrant, plus encore que chez Fra Angelico l’importance de celle-ci et de son rôle. La Vierge est dans une position étonnante, mais pleine de grâce. On peut sans doute émettre l’hypothèse que le moment précis illustré ici est « Mais à cette parole elle fut fort troublée » tandis que l’ange fait un geste rassurant « Ne craignez point, Marie  ». La courbe créée par les deux personnages leur donne une étonnante dynamique qui contraste avec la rigidité des lignes de la pièce.

Le paysage que l’on aperçoit par la fenêtre, s’étendant très loin et mettant en place un paysage idéalisé, représente le Paradis perdu, que le Christ va racheter. On voit un tout jeune chêne, arbre sacré chez les Grecs et chez les Romains. Il symbolise l’infini temporel, tandis que la taille du paysage représente l’infini spatial.

L’ange tient dans sa main un lys, symbole de la blancheur et donc de la pureté et de la virginité, faisant référence à celle de Marie. On remarquera encore une fois la présence toujours marquée des couleurs rouge et bleu dans le tableau, dans les vêtements, et dans le décor.

Les personnages ont une aura, qui leur est conférée par leurs auréoles étranges, qui semblent être des bijoux, et peuvent donc être représentée sous différents angles, ce qui est une innovation alors, puisque la représentation traditionnelle de l’auréole veut que celle-ci soit toujours de profil. Enfin, on remarque que l’ange a des étoffes qui, transparentes, montrent leur origine divine[réf. nécessaire].

[modifier] Sur le même thème

Annunciazione de 1481
Annunciazione de 1481
Annunciazione dalla chiesa fiorentina di San Barnaba
Annunciazione dalla chiesa fiorentina di San Barnaba
Annunciazione de 1490-1492
Annunciazione de 1490-1492

L'Annonciation est un thème artistique peint plusieurs fois par Sandro Botticelli :

  • L'Annunciazione di San Martino alla Scala réalisée en 1481 est une fresque de 243 cm × 555 cm, transférée sur panneau et conservée à la Galerie des Offices de Florence, et qui se trouvait à l'origine à l'entrée de l'église San Martino de l'Hôpital des pestiférés[4] Santa Maria della Scala, dans une des loges.
    Les éléments iconographiques sont toujours présents avec en plus dans la petite maison de la Vierge, l'entrevue de son lit sur une estrade.
  • L'Annunciazione dalla chiesa fiorentina di San Barnaba (note de sa provenance au dos), réalisée en 1490 sur toile de 49,5 cm x 58,5 cm conservée au Kelvingrove Art Gallery and Museum de Glasgow, dont l'effet perspectif est centré sur les colonnes et leur interposition entre l'archange Gabriel et Marie.
    Dans cette œuvre postérieure de celle de Cestello, le point de fuite dans le paysage de l'arrière-plan est toujours présent, encadré plus fortement par la perspective architecturale des colonnes et des voûtes séparant l'archange et la Vierge comme dans les œuvres du même thème de ses prédécesseurs, Piero della Francesca[5], Fra Angelico, Domenico Veneziano.
  • Une Annunciazione, en tempera sur panneau de 21 cm x 269 cm, réalisée entre 1490 et 1492, conservée à la Galerie des Offices de Florence, préalablement une prédelle d'un retable de San Marco, une vue très dépouillée réduite aux éléments indispensables.
  • Une Annunciazione, en tempera sur toile de 23,9 cm x 36,5 cm réalisée entre 1490 et 1493, conservée au Metropolitan Museum of Art de New-York.

[modifier] Notes et références

  1. aujourd'hui Santa Maria Maddalena de'Pazzi
  2. pages de la prophétie d'Isaïe sur la conception du Christ et sa naissance d'une vierge
  3. Erwin Panofsky : La perspective comme forme symbolique
  4. En remerciement de la fin de la pesta qui a fait 20 000 morts en 1478 (inscription dans le cimetière).
  5. L'Annonciation (Piero della Francesca)
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