Alfred Chauchard

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Hippolyte François Alfred Chauchard est un homme d'affaires et collectionneur français né en 1821 et mort en juin 1909.

En 1855, Alfred Chauchard, jusqu'alors commis au magasin Au Pauvre Diable aux appointements de 25 francs par mois, s'associe avec Auguste Hériot et Charles Eugène Faré pour louer le rez-de chaussée de l'Hôtel du Louvre, qui vient d'ouvrir ses portes rue de Rivoli, où ils créent « Les Galeries du Louvre ». Les locaux sont loués à La Compagnie Immobilière de Paris et les frères Pereire avancent des fonds pour le lancement de l'affaire. En 1857, Faré se retire, à tort car le commerce ne cesse de prospérer. En 1879, les deux associés sont en mesure de racheter l'ensemble de l'immeuble (qui abrite aujourd'hui le Louvre des antiquaires). Après deux ans de travaux, ils ouvrent Les Grands Magasins du Louvre. La société ne disparaîtra qu'en 1974. Chauchard vend ses parts, pour une raison inconnue, en 1885.

Chauchard réunit de vastes collections de peintures et d'objets d'art. En novembre 1890, il achète pour la somme de 750 000 francs-or L'Angelus de Millet que se disputaient plusieurs musées américains. « De son vivant, affirme André Becq de Fouquières, il se faisait beaucoup prier avant de consentir à montrer ses chefs-d'œuvre. Mais lorsqu'on était parvenu à vaincre sa résistance, il vous en récompensait en vous offrant un souvenir. Dans ses magasins, on donnait aux enfants un ballon. Dans sa galerie de l'avenue Vélasquez, les adultes recevaient soit une médaille à l'effigie de Chauchard, soit un moulage de son buste ! »[1]

Alfred Chauchard loue à la ville de Paris le château de Longchamp, dans le Bois de Boulogne. Il habite un vaste hôtel particulier 5 avenue Vélasquez (Paris, VIIIe) à proximité du parc Monceau.

Fréquentant la Présidence de la République et les ministres, le ministre de l'Instruction publique Georges Leygues lui fait obtenir la Grand'Croix de la Légion d'honneur. Chauchard lui léguera une grande partie de sa fortune. Leurs rapports ne sont pas élucidés.

Selon André Becq de Fouquières : « le personnage était infiniment plus complexe qu'il n'y paraît. Ainsi avait-il dressé un perroquet enfermé dans ses appartements privés à le saluer par un sarcasme. Chaque fois qu'il pénétrait dans sa chambre, l'oiseau criait : "Chauchard, tu es une bête ! Chauchard, tu es une bête !". »[2]

Demeuré célibataire, Chauchard meurt sans héritier. Il a soigneusement ordonné ses funérailles, qu'il veut grandioses. Son cercueil, en bois d’amarante orné de ciselures de bronze et de cuivre, a coûté 48.000 francs ; il y repose revêtu d'un habit noir, avec le cordon de la Légion d’Honneur en sautoir, portant un gilet boutonné de perles précieuses d'une valeur de 500.000 francs qui vaudront à sa sépulture d'être violée par des voleurs ; le linceul est en drap d'or. Il est inhumé dans un mausolée grandiose au cimetière du Père-Lachaise.

Il lègue ses collections au musée du Louvre et une somme de 12 millions de francs à l'homme politique Georges Leygues, dont la femme et les deux filles reçoivent en outre un million chacune. Gaston Calmette, directeur du Figaro, hérite de deux millions, le sénateur Lozé de 500.000 francs, et la maîtresse de Chauchard hérite de son hôtel de l'avenue Vélasquez et d'une importante dotation.

[modifier] Notes et références

  1. André de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Éditions Pierre Horay, 1954, p. 195
  2. André Becq de Fouquières, Op. cit., p. 194