Alexandre le bienheureux

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Alexandre le bienheureux est un film français réalisé par Yves Robert et sorti en 1967.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Alexandre, cultivateur et force de la nature, décide à la mort (prématurée) de sa femme de prendre un repos bien mérité.

[modifier] Commentaire

Superbe et drôle éloge de la paresse, dans lequel Yves Robert exploite une situation et un environnement à la Marcel Aymé.

Alexandre n’en peut plus, les tâches quotidiennes à la ferme sont harassantes, il n’en fait jamais assez, le planning élaboré par sa femme « La Grande » est hors norme. Heureusement la providence veille.

Tout plaquer n’est ce pas le rêve de chacun ? Ne plus exécuter aucun geste productif sauf déboucher dans son lit une bonne bouteille.

Ce nouvel environnement où l’horizon ne dépasse pas sa fenêtre commence à faire des émules dans cette campagne où tout le monde travaille dur. La paresse est à la base un tabou monumental pour ces paysans costauds au service de la terre.

Ce nouvel état bienfaiteur conquis à long terme active la détermination de la collectivité déstabilisée dans son rituel quotidien avec les travaux de la ferme à remettre Alexandre sur le marché de la sueur, celui-ci tient bon, endoctrine ses camarades.

La terre au même titre que l’homme a le droit au repos. Peu à peu les activités s’arrêtent, les hommes vont se coucher.

Cette fable utopique bienfaitrice détruit le temps qui sans cesse oblige à refaire les mêmes gestes. Les animaux sont libérés. La maison est grande ouverte.

Par ces images c’est l’esprit d’Alexandre qui s’ouvre à la liberté par le boycott de l’horloge. Le chien fait les courses, conteste les prix. La municipalité s’affole devant cette force de la nature qui met ses biceps au repos prolongé.

Yves Robert saupoudre bien souvent ses œuvres par la présence d’une bande d’enfants curieux virevoltant dans les campagnes là où l’air est pur, le contexte de cette France rurale est attendrissant, les profils burinés sont au service de cette terre qui use les corps depuis des millénaires.

Alexandre nouveau concept contemplatif devient une icône. Les esprits cogitent, se remettent en question, ce purgatoire terrestre est contesté.

Alexandre n’est pas fainéant, il est paresseux, définition plus noble d’un agriculteur fatigué qui a le courage de passer de l’autre côté, plus aucun vêtement contraignant ne l’habille.

La terre n’est plus travaillée et elle est admirée. C’est la quête de l’essentiel, le temps au ralenti, socialement ce n’est pas la dégringolade qui nous fait si peur si l’on arrête toutes productions, Alexandre n’est pas en ville, au contraire il s’épanouit là où l’espace l’entoure de ses bras.

La terre reconnaissante de ne plus être retournée semble le remercier en lui offrant la lumière de ses champs.

Alexandre est un fantasme, un eldorado d’images improbables inconstructibles dans nos sociétés sectaires. Tourné en 1967 (en plein mouvement hippie et un an avant les événements de Mai 68) le message était fort sur l'endoctrinement des masses par des tâches répétitives au service d'un capital avare en redistribution.

Ce pamphlet annonce l'exigence d'un peuple au droit de souveraineté cérébrale.

[modifier] Fiche technique

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[modifier] Citation

Cette réplique est particulièrement représentative de l'état d'esprit d'Alexandre :

« [À son chien] Bouge pas comme ça, tu me fatigues. Toujours dans mes jambes, toujours à me renifler, à pousser du museau, à faire le gai. Oui. Je bouge, tu dors couché en rond, je m'arrête pour attendre, te voila en arrêt à renifler le vent. Bouge pas comme ça, tu me fatigues, je te dis. Toi aussi, faut que tu remues, que tu cavales, mais qu'est-ce qu'ils ont tous ? On a le temps. Faut prendre son temps. Faut prendre le temps de prendre son temps. Comprends-tu ? Regarde-les, mais regarde-les donc : d'un bout du champ à l'autre, ils courent. Après quoi, je te le demande, hein ? Crevés comme moi, ils sont, le soir. Ils s'endorment fatigués et ils se réveillent plus fatigués encore. Et ça continue, et ça n'en finit pas de durer et d'être pareil. Pfff ! Y'a un moment, je sais pas, moi, mais je sais bien que c'est pas ça, quoi. Dis-donc, chien, pareil qu'on condamne des gars aux travaux forcés. Je connais ça, les travaux forcés, pourtant j'ai rien fait, moi. Bouge pas comme ça, tu me fatigues, puis tu me rappelles quelqu'un. Dis donc, tu as déjà regardé une fleur de carotte ? Eh, tiens, bah regarde ça, ben tu vois, c'est ça la vie. Tiens, je m'en roule une, puis je vais me la faire moi-même, puis je vais prendre le temps de me la faire, puis je vais prendre le temps de me la fumer, puis je vais prendre le temps d'en profiter, et puis je vais prendre le temps... »
    — Alexandre (Philippe Noiret)

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