Alexandre Jean Cuza

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Cuza
Alexandre Jean Cuza
Alexandru Ioan Cuza
Roumanie Prince de Roumanie
1859-1866
Alexandre Jean Cuza

Sa vie
1820 : né à Galaţi le 20 mars
Père :
Mère :
1873 : mort à en exil, à Heidelberg le 15 mai
Conjoints
Enfants

Alexandru Ioan Cuza (20 mars 1820, Galaţi - 15 mai 1873, Heidelberg), fut le souverain des principautés unies de Roumanie entre 1859 et 1866.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Cuza appartient à la classe noble traditionnelles des boyards , qui contrôlait les gouvernements locaux de Valachie et de Moldavie, et gardait le contrôle sur la paysannerie, la seule clé de leur pouvoir dans l'ère pré-industrielle. Alexandru reçut une éducation européenne urbaine traditionnelle.

En 1848, connue comme l'année des révolutions européennes, la Moldavie et la Valachie se révoltèrent. En Moldavie le calme fut rapidement rétabli, mais en Valachie, les révolutionnaires prirent le pouvoir et gouvernèrent pendant tout l'été. Le jeune Alexandru y joua un rôle suffisant pour assurer ses visées libérales (en comparaison de la plus grande partie des nobles) et fut envoyé à Vienne en prison, d'où il s'échappa rapidement.

[modifier] Son règne

Après une brève carrière militaire dans l'armée moldave, il devient ministre de la guerre en 1858, et représente Galaţi à l'assemblée de Iaşi, œuvrant sous la garantie des puissances européennes à l'issue de la guerre de Crimée à nommer un prince pour la Moldavie. Cuza est un brillant orateur dans les débats et défend fermement l'union des principautés danubiennes, la Moldavie et la Valachie. À défaut de trouver un prince étranger, il est lui-même élu prince de Moldavie le 17 janvier 1859 (le 5 janvier du calendrier julien) et prince de Valachie le 5 février 1859 (le 24 janvier julien).

C'est ainsi que le colonel Alexandru Ion Cuza construisit de facto l'union des deux principautés roumaines. Les puissances européennes la validèrent, Napoléon III étant un de ses ardents défenseurs, alors que le ministre austro-hongrois réactionnaire désapprouvait cette union au Congrès de Paris (18 octobre 1858), en partie car l'autorité de Cuza ne fut reconnue par son suzerain en titre, le sultan de Turquie, que le 23 décembre 1861.

L'Union fut formellement déclarée trois ans plus tard, le 5 février 1862 (le 24 janvier julien), et le nouveau pays reçut le nom de Roumanie, avec comme capitale Bucarest.

Alexandru ne fut pas un bon diplomate politiquement, et manquait d'ascendant royal, mais il sut choisir des ministres progressistes et eut une excellente écoute de leur conseils. Il obtint immédiatement l'accord du sultan sur un parlement unifié et reçut le cabinet à vie, en reconnaisssance de la complexité de la tâche. Il fut ainsi la représentation politique d'une Roumanie unie pour le reste de sa vie.

[modifier] Réformes

Assisté par son conseiller Mihail Kogalniceanu, un chef intellectuel de la révolution de 1848, Cuza entreprit une série de réformes qui contribuèrent à la modernisation de la société et des structures de l'état roumain, y compris :

  • La législation sur les terres des monastères, en sécularisant les possessions monastiques (1863). Pratiquement un quart du territoire de la campagne roumaine était contrôlé par des Monastères Dédiés orthodoxes non imposés, qui hébergeaient des moines en couvent comme ceux du mont Athos et de Jérusalem, mais qui récupéraient une quantité substantielle des revenus fonciers. Alexandru reçut l'accord du parlement pour exproprier ces terres. Il offrit une compensation financière à l'Église Orthodoxe, mais le Patriache refusa de négocier. C'était une erreur : après quelques années, le gouvernement roumain retira son offre, et la somme ne fut jamais payée. Les revenus fonciers augmentèrent sans rajouter de surtaxe domestique.
  • La réforme agraire, en libérant les paysans des dernières corvées féodales, et en leur accordant la liberté de mouvement, et en redistribuant quelques terres (1864). Celle-ci eut moins de succès. Dans l'espoir de créer une base solide parmi la paysannerie, Alexandru se trouva rapidement en conflit avec les boyards conservateurs. Une loi libérale, qui garantissait aux paysans la propriété de la terre sur laquelle ils travaillaient, ne passa pas. Les conservateurs réagirent avec une loi qui mettait fin aux corvées et aux responsabilités des paysans, mais qui donnait aux boyards la propriété sur tout le pays. Alexandru y mit son veto, et organisa un plébiscite pour changer la constitution, à la manière de Napoléon III. Son plan pour établir le suffrage universel pour les hommes, doublé du pouvoir pour le prince de gouverner par décret, passa par un scrutin de 682 621 voix contre 1307. Muni de ses nouveaux pleins pouvoirs, Alexandru promulgua alors la loi agraire de 1863. Les paysans reçurent la propriété des terres qu'ils exploitaient, tandis que les boyards en conservaient la propriété sur le tiers. Lorsqu'il ne fut pas possible de créer des fermes rentables avec cette formule, quand il n'y eut pas assez de terrains, les terres d'état confisquées aux monastères devaient être utilisées comme compensation pour les boyards. Les paysans ne furent pas satisfaits de la répartition et les boyards manœuvrèrent pour garder les meilleures terres. Ils utilisèrent les fonds compensatoires comme capital pour investir et la classe des boyards retrouva de la vigueur dans l'agriculture capitaliste.
  • Le code pénal et le code civil (1864).
  • La loi sur l'éducation, en établissant un enseignement public gratuit et obligatoire (1864).
  • La fondation des universités, en créant à Iaşi la première université publique de Roumanie (1860) — qui porte toujours son nom — puis à Bucarest (1864).
  • Le développement d'une armée roumaine moderne et européenne, en relation opérationnelle avec la France.

Les réformes imposantes qu'il imposa pour faire entrer la Roumanie de plain-pied dans le XIXe siècle touchèrent toutes les classes sociales et lui aliénèrent ses sujets les plus influençables.

[modifier] Sa chute et son exil

Alexandru échoua dans ses efforts pour créer une alliance entre des paysans prospères et un prince fort et libéral, qui gouvernerait comme despote bienveillant à la manière de Napoléon III. Il advint une dépression financière, il y eut un scandale malheureux au sujet de sa maîtresse, et le mécontentement populaire grandit en révolution. Cuza fut forcé d'abdiquer par la "Monstrueuse Coalition" de conservateurs et de libéraux radicaux. Le 22 février 1866 à quatre heures du matin, une bande de conspirateurs entra dans le palais, et enjoignit au prince de signer son abdication. Ils le reconduisirent le lendemain sain-et-sauf à la frontière du pays.

Son successeur le prince de Hohenzollern-Sigmarinen fut proclamé roi sous le nom de Charles Ier (Carol) le 26 mars 1866. Ironiquement, un prince étranger avec des accointances avec une maison princière importante, légitimant l'indépendance roumaine, avait été l'un des buts des libéraux de la révolution de 1848.

Le prince Alexandru passa le reste de sa vie en exil, à Paris, Vienne et Wiesbaden. Il mourut à Heidelberg le 15 mai 1873.

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Prince de Moldavie
1859-1861
Aucun
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Ioan Al. Filipide
Prince de Valachie
1859-1861
Aucun
Aucun
Prince de Roumanie
1862-1866
Charles Ier de Roumanie (Carol al României)