Discuter:Affaire du Djellaz

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10 morts sont recensés dans les rangs des Européens et la majorité d'entre eux est italienne

11 morts en tout et il serait plus juste de dire que la majorité d'entre eux était agent de police.

Cet article paru dans LA QUINZAINE COLONIALE du 25 juin 1912 n'est pas sans rappeler ce qui se passe aujourd'hui en marge des manifestations. profburp 14 septembre 2007 à 17:02 (CEST)

L'émeute de Tunis. — L'affaire du Djellaz a commencé le 3 juin dernier devant le tribunal criminel de Tunis. C'est un procès monstre: 74 indigènes sont inculpés, 140 témoins sont convoqués. Il a fallu aménager l'immense salle des pas-perdus du tribunal en salle d'audience pour loger tout ce monde. On connaît les faits. Le 7 novembre dernier, une foule qui ignorait que la municipalité avait renoncé à l'immatriculation du cimetière du Djellaz s'y était réunie pour s'opposer à cette opération. Par suite d'un malentendu, elle entra en conflit avec les agents chargés du maintien de l'ordre. La bagarre dégénéra en émeute et la foule se répandit dans la ville massacrant a coups de couteaux et de matraques les Italiens qu'elle rencontrait. 11 Personnes, dont 7 agents de police, furent tuées et un beaucoup plus grand nombre blessées.

Quelle était l'origine de ce déplorable mouvement populaire? Etait-il simplement le résultat de la surexcitation de l'élément indigène contre l'élément italien déterminée par l'occupation de la Tripolitaine? Ou était-on en présence d'une révolte préméditée, d'un mouvement xénophobe contre tous les chrétiens de quelque nationalité qu'ils fussent? Les journaux qui se font une triste spécialité d'entretenir la haine entre colons et indigènes ne manquèrent pas de soutenir cette dernière opinion. Suivant eux, l'émeute avait été préparée de longue main et ils accusèrent, les uns là bourgeoisie musulmane, les autres le groupe des Jeunes Tunisiens.

Le procès se déroule dans un ennui mortel. Comme dans tous les procès arabes, les accusés, même ceux qui ont été pris sur le fait, nient effrontément. Mais, du moins, les dépositions des témoins ont fait la lumière sur les conditions dans lesquelles s'est produite l'émeute. Le chef de la sureté tunisienne, deux commissaires de police, le chef de la gendarmerie, des officiers sont venus attester que, à leur avis, le mouvement a été complètement spontané. La foule, réunie au cimetière pour protester contre l'immatriculation, était violemment émue.

Des circonstances malheureuses l'excitèrent encore; elle se laissa emporter avec cette vivacité d'impressions qui est le propre des foules arabes. C'est ainsi qu'elle fut entraînée aux pires violences. Les accusations portées contre la bourgeoisie indigène et contre les Jeunes-Tunisiens n'étaient donc pas fondées.

M. Zaouche, membre de la Conférence consultative et conseiller municipal de Tunis avait été nommément dénoncé. Le président du tribunal a révélé les résultats de l'enquête faite à son sujet. Toutes les accusations portées contre lui se sont trouvées être des racontars n'ayant ni vérité, ni même vraisemblance. Le président a rendu hommage à la parfaite correction de son attitude. Non seulement il n'a été pour rien dans l'émeute mais c'est lui qui, comme conseiller municipal, avait demandé le retrait de la demande d'immatriculation du cimetière comme dangereuse, et, pendant l'émeute même, il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour apaiser les émeutiers.

Une des conséquences les plus regrettables de l'affaire du Djellaz avait été d'apporter une perturbation profonde dans les sentiments entre Français et indigènes. Les Français, subitement alarmés par un mouvement qu'ils croyaient préparé, étaient entrés en défiance vis-à-vis de toutes les classes de la population musulmane. Les musulmans de leur côté étaient rendus hostiles par la menace des mesures de représailles que les colons demandaient contre eux. Le procés a démontré que les émeutiers, dont un grand nombre était des repris de justice, appartenaient à cette lie que l'on trouve au fond de la population de toutes les grandes villes, et que les classes éclairées étaient tout à fait étrangères à l'événement. Ces constatations ramèneront le calme dans les esprits.


[modifier] La conclusion me chagrine un peu.

D'abord, il n'y a aucune similitude entre la spontanéité des émeutiers dans l'affaire du Djellaz et l'action concertée du boycott des tramways. Par ailleurs, les motivations ne sont pas les mêmes.

Je ne parlerais pas non plus d'incompétence mais de maladresse. Il y a à la base un manque de communication flagrant malgré l'intervention d'Abdeljelil Zaouche. Le but de l'immatriculation était de protéger les droits légitimes des propriétaires et dans le cas des cimetières de Tunis, de les mettre sous la protection de la municipalité.

Mais ce manque d'information convenait parfaitement à ceux, gros propriétaires ou spéculateurs, qui contestaient le pouvoir du Tribunal Mixte dans l'immatriculation des immeubles, rendant impossible leur acquisition à vil prix ou l'auto-attribution des droits de propriété.

profburp 15 septembre 2007 à 10:55 (CEST)