Abbaye d'Abondance

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Abbaye
Notre-Dame-d'Abondance
Ville Abondance
Pays France France
Région Rhône Alpes Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie Haute-Savoie
Culte Paroissial (ancienne abbatiale)
Type Abbaye
Rattaché à Augustins (jusqu'en 1607)
Cisterciens Feuillants
(1607-1761)
Début de la
construction
XIIe siècle
Fin des travaux XVe siècle, reconstruction partielle au XVIIe siècle et XIXe siècle
Style(s)
dominant(s)
Gothique
Classé(e) Monument historique (1875 et 1900 pour le cloître)

L'abbaye d'Abondance est située à Abondance dans le département de la Haute-Savoie et la région Rhône-Alpes.

Sommaire

[modifier] Historique

La fondation de l'abbaye (ou plutôt prieuré, celui-ci ne devenant abbaye qu'au XIIe siècle) était à l'origine attribuée au moine irlandais saint Colomban, qui a traversé les Alpes vers 610 pour se rendre à Rome. Cependant cette hypothèse est plutôt invraisemblable ; même s'il a fait halte à Saint-Maurice-d'Agaune, lieu de pèlerinage réputé, il y a peu de chances qu'il ait établi un établissement religieux à Abondance, le site étant assez éloigné de Saint-Maurice.[1]

Plus vraisemblablement, celle-ci fut fondée vers 1043 par l'abbaye Saint-Maurice-d'Agaune (ou 1080 selon certaines sources). À l'origine elle était établie dans les environs de La Chapelle-d'Abondance : en fait elle occupa deux endroits, puisque des éboulements obligèrent les religieux à changer d'emplacement.[2]

Enfin, au XIIe siècle, le prieuré se fixe à Abondance et devient abbaye vers 1138-1144. La présence d'un cloître roman sous le cloître gothique a d'ailleurs été attestée lors de travaux de restauration au cours du XXe siècle.[3] C'est d'ailleurs vers 1040 que la communauté s'affilie à la congrégation des chanoines augustins. Quittant en 1158 la tutelle de la maison-mère, elle va alors prospérer jusqu'au XVe siècle.[4]
Sa puissance est d'ailleurs est attestée par son nombre important de possessions au début du XVe siècle : les abbayes de Sixt, Entremont, Grandval et Goailles et vingt-deux prieurés, dont Peillonex, Nion et Vion.[5]

Cependant l'abbaye passe sous le régime de la commende en 1433, marquant alors le début de sa décadence. La nef et le clocher de l'abbatiale sont endommagés par un incendie vers 1446, mais le cloître est épargné.[6] Les travaux de restauration ne s'achèveront que vers 1481.[7] D'après de récentes études, c'est vers 1430 que les fresques ornant le cloître ont pu être réalisées.[8]

La situation de l'abbaye continue de se dégrader jusqu'en 1607, lorsque les chanoines augustins sont remplacés par les cisterciens feuillants.[9]

Cependant le renouveau ne sera que de courte durée. Rapidement, le déclin reprend le pas. Suite à de nombreux excès et une situation religieuse particulièrement désastreuse, l'abbaye est définitivement fermée en 1761.[10]

En 1795, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux. Ils tombent à l'abandon, et le cloître sert de dépotoir aux habitants de la ville.
La famille Sallavuard rachète les bâtiments en 1836.
En 1862, les peintures sont redécouvertes et l'abbaye classée monument historique treize ans plus tard, en 1875.[11] Les peintures seront restaurées à plusieurs reprises, la dernière campagne en date étant dans les années 1977-1990.[12]

Actuellement, les bâtiments sont occupés par les services municipaux d'Abondance.

[modifier] Les bâtiments

[modifier] L'église abbatiale

Commencée vers 1275, la construction de l'abbatiale s'achève probablement au XIVe siècle.
Endommagée par plusieurs sinistres au cours des siècles (restaurations nécessaires au XVe siècle), certaines parties devront être reconstruites. La nef l'est en 1643, mais amputée de ses collatéraux et du narthex, soutenant le clocher. Un nouveau clocher est édifié en 1728.
La décoration peinte du chœur et des bras du transept est réalisée entre 1839 et 1845. À la fin du XIXe siècle on ajoute à la nef les deux travées occidentales et une nouvelle façade.
De l'édifice médiéval ne subsistent donc plus que le chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes, et le transept. La nef a été refaite, on l'a vu, à plusieurs reprises. L'intérieur a perdu son caractère original après les réaménagements du XIXe siècle.[13]

[modifier] Le cloître

Bâti entre 1330 et 1354 sous l'abbatiat de Jean IV en remplacement d'un cloître roman, le cloître a souffert des différentes péripéties qu'a traversées l'abbaye. La galerie nord a totalement disparu, détruite par l'incendie de 1728[14] : il n'en reste qu'une partie du mur-bahut, les bases des arcades et la porte de la Vierge, donnant accès à l'église abbatiale.
Les galeries est et sud sont bien conservées (elles ont gardé leurs voûtes sur croisées d'ogives), mais la plupart des arcades ont perdu leur remplage.
La galerie ouest ne conserve qu'une travée voûtée (à l'angle sud-ouest) dotée de son arcade en pierre : le reste de la galerie n'est plus qu'un appentis en bois.

[modifier] Les peintures du cloître

Le cloître possédait vraisemblablement autour de vingt-cinq peintures ; seules seize ont survécu de manière plus ou moins fragmentaire. Leur état s'est dangereusement dégradé depuis les relevés partiels (sept des dix peintures alors conservées) effectués en 1889 par Marcel Rouillard pour les Monuments Historiques. En effet certaines scènes ont presque entièrement disparues depuis la fin du XIXe siècle, en raison de l'humidité remontant par les maçonneries. Des mesures conservatoires ont été prises à partir des années 1970 afin d'assurer la pérennité des oeuvres encore conservées aujourd'hui.[15]

[modifier] Galerie photographique

[modifier] Annexes

[modifier] Liste des abbés


[modifier] Notes et références

  1. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, La Fontaine de Siloé, 2000, p.19
  2. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 19
  3. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 19
  4. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 20
  5. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 24
  6. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 22
  7. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 112
  8. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 98
  9. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 20
  10. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 20
  11. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 35-36
  12. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 39-41
  13. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 104
  14. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 37
  15. Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, p. 39 et 98

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Marie Benand, Abondance : les peintures murales du cloître de l'abbaye, La Fontaine de Siloé, 2000
  • Léon Charvet, Recherches sur l'abbaye d'Abondance en Chablais, Lyon, 1863

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes