Abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les ruines de l'abbaye de Saint-Mathieu et le phare
Les ruines de l'abbaye de Saint-Mathieu et le phare

L'abbaye Saint-Mathieu-de-Fine-Terre était une abbaye bretonne, dont les ruines se dressent sur le territoire de l'actuelle commune de Plougonvelin sur la pointe Saint-Mathieu (Beg Lok Mazé en breton), dans le département du Finistère, qui lui doit son nom[1], ou dont le nom a la même origine[réf. nécessaire]. Elle connut un grand rayonnement, et l'on a peine à imaginer, en voyant ce lieu quasi désert, qu'il fut, à partir du XIIe siècle le centre d'une intense activité, une véritable petite ville s'étant formée autour du monastère.

Le célèbre historien français du XIXe siècle Jules Michelet (1798-1874), qui visita le site, en donne une vision tourmentée qui évoque la rudesse inhospitalière de ce promontoire du bout du monde :

« C'est la limite extrême, la pointe, la proue de l'ancien monde. Là, les deux ennemis sont en face : La terre et la mer, l'homme et la nature. Il faut la voir quand elle s'émeut, la furieuse, quelles monstrueuses vagues elle entasse à la pointe Saint Mathieu, à cinquante, à soixante, à quatre-vingts pieds ; l'écume vole jusqu'à l'église ou les mères et les sœurs sont en prières. Et même dans les moments de trêve, quand l'océan se tait, qui a parcouru cette côte funèbre sans dire ou sentir en soi : Tristes usque ad mortem ! »

Sommaire

[modifier] Histoire

La chapelle Notre-Dame des Grâces, à proximité de l'abbaye de Saint-Mathieu
La chapelle Notre-Dame des Grâces, à proximité de l'abbaye de Saint-Mathieu

Selon la légende une première abbaye aurait été fondée en ce lieu au VIe siècle par saint Tanguy, sur des terres dont il avait hérité, qui s'étendaient depuis la rivière du Caprel (havre de Brest) jusqu'à Penn ar Bed. Il aurait choisi un promontoire sur ce site sauvage, isolé du monde, proche de la mer qui vient se fracasser sur les falaises.

Des générations d'historiens se sont penchées sur l'origine du monastère, mais les sources sûres manquent et il paraît vraisemblable que saint Tanguy regroupa autour de lui les quelques moines du noyau initial du premier monastère.

Les ruines que l'on peut voir de nos jours ne sont pas celles de l'abbaye du VIe siècle, mais celles du monastère bénédictin reconstruit aux XIe et XIIe siècles. Ce sont les vestiges de l'église abbatiale qui fut élevée de 1157 à 1208 et remaniée aux XIVe et XVe siècles.

Plan de l'abbaye au XVII ème siècle
Plan de l'abbaye au XVII ème siècle

Entretemps, selon la légende et la tradition orale, à la fin du IXe siècle, à la suite du voyage en Égypte de marins et de commerçants bretons, qui auraient ramené la dépouille de Saint Mathieu, l’évangélisateur des Éthiopiens et des Perses, inhumé au Caire après avoir été martyrisé, une nouvelle abbaye aurait été construite en ce lieu pour y abriter la dépouille du saint. Mais, on ne connaît avec certitude ni le nom du fondateur, ni la date de fondation de cette abbaye.

Au XIVe siècle, l'abbaye était prospère et une véritable ville de plus de 2 000 habitants s'était formée autour d'elle. Elles étaient l'objet d'attaques incessantes, aussi, pour se protéger des pillages, les moines décidèrent d'élever des fortifications. Une charte du duc de Bretagne Jean III le Bon datée du 25 juin 1332 ordonne que l’on rase - malgré l'opposition des propriétaires - une dizaine de maisons autour de l'Abbaye Saint-Mathieu pour permettre aux moines d’élever ces fortifications autour de l’abbaye et de la ville.

[modifier] Références

  1. Conseil général du Finistère - Les origines administratives du Finistère

[modifier] Bibliographie

  • Dom Yves Chaussy, « L'abbaye de Saint-Mathieu de Fine-Terre, Esquisse de son histoire », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. CXXII, 1993.
  • Y. Chevillotte, « Recueil de textes sur l'abbaye de Saint-Mathieu de Fin-de-Terre », Bulletin de l'association Histoires et choses d'autrefois à Plougonvelin, fascicule 17, 1997.
  • M-C Cloitre, « L'abbaye retrouvée », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • R. Daniel, « La mort de l'abbaye bénédictine de Saint-Mathieu de Fine-Terre », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, t. XCII, 1964.
  • J-Y Eveillard, « La pointe Saint-Mathieu », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • H. Guillotel, « Les vicomtes de Léon sont-ils les fondateurs de l'abbaye de Saint-Mathieu ? », in Saint Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.

R. Largillière « Les saints dans l'organisation chrétienne primitive dans l'Armorique bretonne, Crozon, 1995

  • G. Le Duc, « La Translation de saint Mathieu, in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • M. Le Goffic, « Du probable agrandissement du collatéral sud de l'abbatiale au XIIIe siècle », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • B. Merdrignac, « Les Navigations fabuleuses dans les Vies des saints bretons », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • F. Roudaut, « L'abbaye de Saint-Mathieu, de l'introduction de la Réforme mauriste (1656) à la Révolution », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • R. Sanquer, « Plougonvelin, Abbaye de Saint-Mathieu », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CI, 1973.
  • B. Tanguy, « Saint-Mathieu, le haut Moyen Âge : légende et histoire », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
  • A. Villecroux, « La « Navigation » des moines de Saint-Mathieu », in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre.

Pointe Saint-Mathieu