École du dimanche

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Sommaire

[modifier] Introduction

Même si des Écoles du dimanche laïques ont été créées, avec comme porte-parole en France Condorcet (1792), ou pour les Écoles socialistes l'anglais Tom Anderson (1894) , l'initiative du mouvement revient à des pédagogues protestants. Le terme école du dimanche tel qu'il est employé ici, désigne un dispositif initialement d'éducation populaire propre au protestantisme à l'époque des Réveils et des initiatives philanthropiques. Ne s'agissant pas d'un catéchisme d'Église, cela permit au mouvement de se développer largement dans l'ensemble du protestantisme et à l'international (Orchard, p. 6-8, 13-14). Le contenu des réunions se compose essentiellement d'étude de récits bibliques et de chants, la musique ayant toujours eu une place importante dans le culte protestant. L'École du dimanche ne prépare à aucun « sacrement » de l'Église. Cependant, sa fonction a été très tôt discutée: école ou culte, école et culte, fonction missionnaire...?

Si de nos jours, en France, il s'agit d'une réunion consacrée plus particulièrement aux enfants des paroissiens réunis pendant le culte, outre Atlantique ou le mouvement s'est beaucoup développé, les classes rassemblent aussi des adultes,en marge du culte et non simultanément. En France, aujourd'hui les enfants se répartissent en général en plusieurs groupes pour suivre un cours adapté à leur âge et un enseignement biblique leur est donné. Les moniteurs et les monitrices de ces moments sont généralement des membres bénévoles des églises, souvent d'anciens élèves de l'école. Ce dispositif éducatif reste toujours très actif dans la plus part des Eglises protestantes se réclamant de la tradition « Évangélique » (8).

[modifier] Historique

[modifier] Les précurseurs du mouvement

Quelques écoles du dimanche surgissent déjà au XVIe siècle, avec Charles Borromeo à Milan au sein de l'Église catholique et au XVIIe siècle avec Joseph Alleine en Angleterre, Hanna Ball (1733-1792)Méthodiste du Haut- Wycomb. D'autres précurseurs seraient à signaler aussi dans le judaïsme pour ce qui relève de la tradition judéochrétienne.

[modifier] L'initiative de Robert Raikes

Mais c'est au cours du XVIIIe siècle qu'aura lieu la véritable apparition des écoles du dimanche, et plus particulièrement avec Robert Raikes http://www.youtube.com/watch?v=QEoA54z4H1c (1736-1811). Il vit le développement industriel, avec tout ce que l'exode rural a pu engendrer aussi comme déstabilisation au sein des familles.

A ces débuts, le mouvement relève de l'éducation populaire.Voyant la misère des jeunes dans les rues de sa ville, (Gloucester) ce journaliste imprimeur met sur pieds des rencontres dont le but principal est de leur donner une instruction de base. Ces jeunes étaient des ouvriers de moins de 12 ans, qui six jours sur sept travaillent à l'usine. Le dimanche étant leur seul jour libre,l'école fut ouverte ce jour-là. Raikes financera et fera connaître ces écoles grâce à son journal le «[Gloucester Journal]» (http://www.youtube.com/watch?v=cjnIuPHFwxs).

[modifier] La structuration du mouvement anglais

Le pasteur anglican Thomas Stock (1750-1803)de la ville de Raikes, travaillera avec lui et qui se chargera tout particulièrement de trouver des enseignants. William Fox (1736-1826), marchand de drap, membre d'une Église baptiste, est à l'initiative de la création de la première la Société des Ecoles du dimanche (London Sunday School Society). Des Sociétés dénominationnelles vont être crées, l'Église Méthodiste sera particulièrement active dans ce domaine. De la littérature est produite, des bibliothèques crées et même une « école biblique » pour former les moniteurs et les monitrices. Le mouvement se développe à la même époque ou les sociétés des traités, de colportage, des missions mobilisent de nombreux acteurs.

[modifier] Premiers bilans

La première école du dimanche débute aux alentours de 1780 à Gloucester en Angleterre. Très vite des effets positifs sont constatés et le taux de criminalité diminue. Auguste Schaffner rapporte en 1893 de ses échanges avec M. Edwards, secrétaire général de la Sunday School Union. «Actuellement, grâce à l'influence moralisatrice de cette œuvre, la statistique criminelle compte 28% de prisonniers et 45% de prisonnières de moins qu'il y a 10 ans : et si je relevais les chiffres concernant les jeunes détenus au-dessous de 16 ans et plus, la proportion serait plus forte encore. C'est ainsi que sur les 113 prisons principales de l'Angleterre, 57 sont fermées pour manque de prisonniers»[1] Les années suivantes le nombre d’écoles du dimanche augmente considérablement en Angleterre et dans beaucoup d'autres pays. en 1788, à peine cinq ans après les débuts de l’expansion du mouvement, au revivaliste méthodiste John Wesley (1703-1791), ces propos : « Nurseries de chrétiens !... la plus haute forme de charité depuis Guillaume le Conquérant »[2] .

Cette école rassemblait les enfants ne fréquentant pas le culte, pour leur donner le matin une instruction générale; lecture, écriture, calcul, et d'histoire sainte. La lecture se faisant dans la Bible. Les premières Écoles se tenaient dans la cuisine de la femme de bonne moeurs qui accueillait les enfant chez elle. L'implication des laïques et des femmes marque fortement le mouvement anglophone. Robert Raikes conduisait la classe l'après-midi au Temple ou le catéchisme était dispensé.

[modifier] Le mouvement des écoles déguenillées

Les Ragged schools, accueillent de leur côté les enfants les plus désocialisés (Grigg, p.229). Initiées par le cordonnier John Pounds (1766-1839), le mouvement se développe grâce à l’action du pasteur Anglican Thomas Guthrie (1803-1873), Lord Shaftesbury (1801-1885) fondant de l’Union des Écoles déguenillées.

[modifier] Le mouvement en France

En France, les écoles du dimanche prendront plus de temps pour se développer et se structurer et sont plus « ecclesiocentrées » qu'en Angleterre. [Ruben Saillens]http://rubensaillens.over-blog.org (1855-1942) dit à propos de celles de Lyon ou les moniteurs sont recrutés auprès de l'UCJF: 'Aussi, nos écoles du dimanche étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui. Les deux sexes avaient des locaux à part : nous, jeunes gens, donnions à nos garçons des leçons de lecture, d’écriture, de calcul, pendant une heure. Nous consacrions les heures suivantes à une instruction religieuse basée sur le Nouveau Testament […] les jeunes filles chrétiennes, stimulées par l’exemple de leurs frères fondèrent à leur tour des écoles semblables pour les filles (WARGENAU-SAILLENS, p.25)

Le protestantisme longtemps illégal après la révocation de l'Édit de Nantes, se restructurera plus lentement. Après une initiative sans suite au moment de la Révolution française, de premières écoles du dimanche se crées presque simultanément en Normandie et dans la région de Bordeaux au sein des Églises Réformés. Une [lettre]http://a.ruolt.free.fr/Cadoret_lettre_1814_Montandon.pdf de Laurent Cadoret (1770-1861), citée dans le Journal des Écoles du Dimanche,témoigne de l'antériorité de son initiative en 1814 à Luneray en Seine-Maritime. Formé à la théologie à l'Institut deDavid Bogue à Gosport, c'est stimulé par ce dernier et soutenu par la Société Missionnaire de Londres, qu'il initia, non sans rencontrer de résistance la première école du dimanche à Luneray. La première école s'ouvre à Paris en 1822 à l'Oratoire du Louvre[3].

Un Comité pour l'encouragement des écoles du dimanche est créé par le Baron Auguste de Stael en 1826.[Lettre de souscription]http://a.ruolt.free.fr/Baron_A_de_Stael.pdf

La Société des Écoles du Dimanche est créée en mars 1852 sous l’initiative de Jean-Paul Cook(1828-1886). Les [statuts] de la SED mettent l'accent sur sa fonction « missionnaire » http://a.ruolt.free.fr/SED_statuts.pdf La SED fera oeuvre de maison d'édition: revues de formation des moniteurs, listes de textes bibliques à étudier, feuilles pour élèves, bon-points, registres de présence... et ouvrages estimés utiles à l'éducation de la jeunesse. Les pasteurs fer de lance de la SED, insistaient en outre beaucoup sur l'importance des visites des enfants par leur moniteur ou monitrice.

Le philanthrope américain Albert Woodruff (1807-1891) contribue au développement du mouvement en France et en Europe. Mais après s’être transformée en 2000 en Service d’Édition et de Diffusion, elle s’est dissoute en 2002. En France la direction des écoles du dimanche est assez généralement confiée au pasteur de l'Église, et constitue selon Encrevé [4] plutôt un pré-catéchisme qu'un catéchisme. Au synode de Normandie, Wilfred Monod[5] en 1904 plaide pour faire passer un examen d'entrée aux jeunes qui souhaitent débuter le catéchisme sans avoir fréquenté l'école du dimanche, pour s'assurer du niveau de connaissance biblique acquis au sein de la famille.

La situation rurale de la France, le contexte de développement de l'école primaire obligatoire, de la séparation de l'instruction générale et religieuse influe sur le développement de ces Écoles, et provoque la création des écoles du jeudi dès 1881. En ville à Paris les écoles accueillent des enfants de parents catholiques [6] et à Lyon de libres penseurs [7]. Les tensions théologiques entre théologiens orthodoxes et libéraux, affecte le développement de l'institution.

Bien qu’au début cette initiative fut fort appréciée, elle fut dans les années qui suivirent confrontée à plusieurs obstacles. On leur reprochait, d’une part, l'importante place du rôle des femmes dans ces écoles et, d’autre part, de ne pas respecter le jour de repos en faisant travailler des moniteurs ce jour-là. Mais, au fil des années, cette forme d'école a disparu.

Aujourd'hui, dans les Églises Luthéro-Réformées, on parle plutôt d'École Biblique. Dans les Églises de la mouvance Évangélique [8], l'École du dimanche garde généralement ce nom et rassemble des enfants des membres ou amis de l’église pendant le culte [9]. Des moniteurs et monitrices apportent aux enfants (souvent jusqu'à 14-15ans) un enseignement biblique en complément, ou parfois en remplacement de ce que la tradition protestante estimait devoir être transmis dans les familles, ou la lecture de la Bible était habituelle.

[modifier] Bibliographie

  • BOOTH Frank, Robert Raikes of Gloucester, Nutfield, Redhill, Surrey, National Christian Education Concil, Robert Denholm, 1980, 188 pp.
  • BUISSON, Ferdinand, « Dimanche (écoles du) », Dictionnaire de Pédagogie, Lyon, INRP, 1911. http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2555
  • BUISSON, Ferdinand, « Raikes », Dictionnaire de Pédagogie, Lyon, INRP, 1911. http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3486http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3486
  • CLIFF Philip B, , The rise and development of the Sunday School Movement in England, 1780-1980, Nutfield, Redhill, Surrey : National Christian Education Council, 1986.
  • DELTEIL, Gérard, « déplacement de la catéchèse », ETR, 54, 1979/1, p.34ss
  • GERANDO, Joseph-Marie Baron De, De la Bienfaisance Publique : des institutions à prévenir l’Indigence, 1839, T2, p.508ss à télécharger sur http://books.google.com
  • GRIGG Russel, « The Origins and growth of ragged schools in Wales 1847-c. 1900 », in History of Education, 2002, Vol 31, note n°6, p. 229. p. 227-243
  • HARRIS J. Henry, Robert Raikes, the man and his work : Biographical Notes collected by Josiah Harris, Unpublished Letters by Robert Raikes, Letters from the Raikes Family, Opinions on influence of Sunday schools, New York, E.P. Dutton, 1899, 335 pp. http://www.archive.org/details/robertraikesmana00harruoft
  • LAUNE, Henri, Robert Raikes et ses écoliers,Paris, SED, 1881 ; 140pp. Traduit librement de l’anglais, original : The Sunday School Union, Robert Raikes ans his scholars, Londres, 26 juin- 3 juillet 1880.(Seule biographie de Raikes trouvée jusque-là éditée en langue française)
  • ORCHARD Stephen, BRIGGS H.Y., The Sunday School Movement : studies in the Growth and décline of the Sunday Schools, Londres, Paternoster, juillet 2007, 300 pp.
  • POWER, John Carroll, The Rise and Progress of Sunday Schools; a Biography of Robert Raikes and William Fox, New York, Sheldon & Company, 1863, 294 pp. http://books.google.fr/books?id=wjVactIodTsC&printsec=frontcover&dq=The+Rise+and+Progress+of+Sunday+Schools%3B+a+Biography+of+Robert+Raikes+and+William+Fox,
  • RUOLT Anne, «Les écoles du dimanche», Le Bon Combat, Paris, juillet – août 2007, p.10 – 17;
  • RUOLT Anne, «Les écoles du dimanche», Le Bon Combat, Paris, septembre – octobre 2007, p.9 – 19;
  • RUOLT Anne, «Les écoles du dimanche», Le Bon Combat, Paris, novembre – décembre 2007, p.10 – 15;
  • WOODRUFF, Albert, L'École du dimanche, institution fondée sur la Sainte Ecriture, Paris, Librairie évangélique, 1857, 24 pp.
  • WOODRUFF, Albert, De la meilleure organisation des Écoles du dimanche, comme auxiliaire du ministère évangélique, Paris, SED, 1864, 32 pp.
  • ZORN, Jean-François « Un mouvement catéchètique contemporain : les Écoles du Dimanche », ETR, 71e année, 1996/3, p.379-400
  • ZORN, Jean-François, « École du Dimanche », Encyclopédie du protestantisme, Paris/Genève ; Cerf/Labor et Fides, 1995, p.444.

[modifier] Liens internes et externes

http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?scatid=13&cim=339&noticeid=348&lev=2&Lget=FR

[modifier] Notes et références de l'article

  1. SCHAFFNER Auguste, « Mon petit journal, l'Angleterre et les Écoles du Dimanche », in Journal des Écoles du Dimanche, 1893, p. 102
  2. D'après A.L., MONTANDON, « Les Écoles du Dimanche de l'Église Réformée de Paris », in Magasin de l'École du Dimanche, 1851, p. 97-105
  3. GORCE, Agnès de la, Wesley, Maître d’un peuple (1703-1791), Paris, Albin Michel, 194 p.337
  4. ENCREVÉ André, «L'expérience et la foi, pensée et vie religieuse des huguenots au XIXe siècle», Genève, Labor et Fides, 2001, p. 342-343
  5. MONOD Wilfred, Les Écoles du Dimanche en Normandie, Vals-les-Bains, Abeblen, 1904, p. 32
  6. LELIÈVRE Matthieu, « un coup d'œil sur l’histoire des Écoles du Dimanche », in Journal des Ecoles du Dimanche, Paris SED, 1890, p. 408
  7. WARGENAU-SAILLENS M, R & J Saillens évangélistes, Paris, Les Bons Semeurs, 1957, p.25.
  8. Sur la mouvance Évangélique: FATH Sébastien, Du ghetto au réseau : le protestantisme évangélique en France 1800-2005, Genève, Labor et Fides, 2005,426pp
  9. Relevez la mention de l'Ecole du dimanche en consultant les semainiers en ligne de ces églises sur http://eglises.org