Zoroastre

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Zoroastre était un penseur connu de l'antiquité
Zoroastre était un penseur connu de l'antiquité

Zoroastre ou Zarathushtra (Zaraθuštra en avestique, Ζωροάστρης en grec), a été un personnage religieux important, connu comme prophète et fondateur du Zoroastrisme, ancienne religion de la Perse. Il est difficile, étant donné l'époque et l'importance du personnage, sources de nombreuses affabulations, de donner des dates et des lieux précis à son sujet. On suppose qu'il est né au nord de l'Iran, mais certaines traditions le font naître à Balkh dans le nord de ce qui est aujourd'hui l'Afghanistan.

On connaît quelques bribes de sa vie, à travers les hymnes gathiques de l'Avesta, rédigés dans une langue indo-iranienne archaïque, l'avestique, vieille d'entre 2500 et 3000 ans. Celle-ci se montre très proche des textes védiques indiens du Rig Veda, où l'on retrouve le même type de grammaire que dans le livre saint de Zoroastre. On le connaît aussi à travers la tradition qui rapporte un récit épique de la vie de Zoroastre, tel un scénario exemplaire empli d'événements surnaturels et de miracles. On considère généralement Zoroastre en tant que personnage historique, mais les dates à son sujet sont très discutées. La version la plus courante est de considérer qu'il a vécu aux alentours de l'an -600, mais d'autres estimations le font naître plus tôt (-1000) ou plus tard (-400).

Sommaire

[modifier] Le nom de Zoroastre

Zaraθuštra : celui qui a de vieux chameaux
Zaraθuštra : celui qui a de vieux chameaux

Le nom zaraθ-uštra est un composé Bahuvrihi en avestique de zarəta- "ancien, faible" et de uštra "chameau", qui se traduit par "celui qui a de vieux chameaux".

Une ancienne traduction erronée rapprochait zarəta- de zaray (or ou jaune) qui donnait "celui qui possède les chameaux jaunes" - traduction certes plus romantique, qui a, par cumul d'erreurs, amené des traductions encore plus fantaisistes : "le porteur de l'aurore dorée" (zaray ushas). D'autre part Uštra devenu Ashtra en Perse ancien, puis Shotor en Perse actuel pourrait signifier en même temps L'Astre, en Français. La relation venant du voyage de l'Astre dans le ciel, en comparaison de celui du Chameau dans un Désert sans fin. Ainsi, la composition zaraθ = Or et uštra = Astre, pouvait donner l'Astre doré.

Bien que ces dernières fantaisies n'aient pas été très correctes, elles semblent démontrer un certain désir de grandeur, au-delà de "celui qui a de vieux chameaux".

Une autre traduction propose «le conducteur de chameaux».

En persan moderne, le nom de Zoroastre prend la forme Zartošt ou Zardošt (زرتشت) ; en kurde il prend la forme Zerdust.

[modifier] Les débuts du zoroastrisme

Zoroastre, d'après la tradition, aurait commencé sa vie comme prêtre de la religion alors régnante en Perse, le mithraïsme, qui comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels, en particulier d'animaux.

Il aurait alors eu une série de visions, dans lesquelles il voit Ahura Mazda, la divinité suprême. Il commence alors une prédication passionnée, prêchant :

  • la venue du Royaume de Justice, la coopération à l'œuvre de Dieu (Ahura Mazda), sous peine de châtiment total ;
  • le dieu Ahura Mazda, élevé au rang de dieu suprême, reléguant les autres divinités de la religion à un rang secondaire ;
  • la critique des pratiques de la religion traditionnelle notamment le culte de Mithra – ce qui lui attire les foudres des prêtres –, car ses sacrifices d'animaux étaient particulièrement cruels (du fait de sa conviction qu'eux aussi possédaient une âme)[1] et qu'il constituait une source de revenus pour les dirigeants religieux ;
  • la condamnation de la consommation de boissons enivrantes, haoma (cf. le soma, voir: sanskrit), qui empêche l'homme de réfléchir avec clarté et qui avait cours dans le mithraïsme.

L'ancienne religion perse était soutenue essentiellement par les familles aristocratiques guerrières. Or les arguments de justice et de conscience personnelle heurtèrent profondément les coutumes et les mentalités de ces mêmes vieilles familles. Non seulement ses idées ne plurent pas, mais surtout elles remettaient en cause le pouvoir établi. Pourchassé par le peuple, il a dû s'enfuir pour sauver sa vie.

Après plusieurs années d'exil au cours desquelles il aurait eu des entretiens mystiques avec Ahura Mazda, il finit par trouver à Bactres un protecteur puissant, Hystaspe, le père de Darius Ier. Hystaspe suivra son enseignement à travers un parcours initiatique.

Cette première « victoire » de Zoroastre va en engager d'autres : Hystaspe contraint ses sujets, puis les sujets qu'il a vaincus à la guerre, à se convertir au Zoroastrisme. La religion s'étendit, surtout en Perse et chez les Parthes qui en firent une religion officielle, et la dotèrent d'une véritable institution ecclésiastique – la caste des Mobads – qui eut une grande influence dans les affaires de l'État.

[modifier] Zoroastre dans l'Histoire

Encore une fois, les dates de naissance et de mort de Zoroastre sont des données imprécises et discutées, qui varient grandement selon les sources.

  • Dans la mythologie perse, notamment le Šahnāma, mais également dans ce que l'on peut entendre de la tradition orale, Zoroastre aurait vécu entre l'an -1000 et l'an -400.
  • Zoroastre était célèbre durant l'Antiquité pour avoir fondé la religion des Mages. Son nom est cité par Xanthus, Platon, Plutarque, Pline l'Ancien et Diogène – citations révélatrices d'une certaine influence philosophique. Les estimations grecques, influencées par la mythologie perse, prétendent que Zoroastre a vécu au cours du VIIe siècle av. J.-C. C'est également une datation reconnue par les Pârsî.[2]
  • Les preuves archéologiques remettent en cause les théories religieuses : Asgarov (1984) démontre à partir d'excavations en Ouzbékistan que Zoroastre a vécu après -2000.
  • L'analyse linguistique du Gāthās, seuls textes directement liés à Zoroastre, et la comparaison avec les langues actuelles et passées de l'Iran, notamment le sanskrit, donnent une estimation globale autour du premier millénaire avant J.-C. ; entre -1400 et -1000 (Mary Boyce, A History of Zoroastrianism, 1989).
  • L'approche historique compare les coutumes sociales décrites dans le Gāthās à celles connues par l'étude historique – mais à cause du caractère ésotérique du Gāthās, qui est donc très sujet à l'interprétation libre, l'estimation est plus difficile. Les estimations actuelles situent l'époque de Zoroastre autour de -1000 (Gherardo Gnoli).
  • Le Būndahišn (Création), un texte important du zoroastrisme, indique que Zoroastre vivait 258 ans avant la conquête de la Perse par Alexandre le Grand (en -330), c'est-à-dire en -588.
  • Certains chercheurs ont postulé des dates plus tardives, aujourd'hui contestées : l'estimation à l'an -100 (Darmesteter) est rejetée depuis 1938.

[modifier] La vie de Zoroastre

Ce que l'on sait de la vie de Zoroastre nous vient principalement de l'Avesta, du Gāthās, des textes grecs, de la tradition orale, et des preuves archéologiques.

Le Spena Nask, 13e section de l'Avesta, décrit la vie de Zoroastre. Ce chapitre, transmis oralement, n'a plus aucune cohérence. Les biographies dans les sept livres du Dēnkard (IXe siècle) et le Šahnāma ont été démontrées fausses.

Il est aisé cependant d'affirmer que Zoroastre a vécu au nord-est de l'Iran actuel. Les Grecs s'y réfèrent en l'appelant le Bactrien (un habitant de la Bactriane, l'actuel Afghanistan, un Mède ou un Perse d'il y a 5000 ans). Sa femme est dénommée Hvōvi. Ils ont trois filles : Freni, Friti et Pourucista, ainsi que trois fils : Isat Vastar, Uruvat-Nara et Hvare Ciθra. Sa mère s'appelait Dughdova ; son père était Pourushaspa Spitāma. Son grand-père s'appelait Haecadaspa Spitāma.

Zoroastre aurait eu une illumination à Mazda, âgé de 30 ans. Il créa les bases de sa religion et y convertit sa femme, ses enfants et son cousin Maidhyoimangha.

Les Grecs ont beaucoup fabulé sur la vie et notamment l'enfance de Zoroastre. D'après Pline, Zoroastre aurait ri le jour de sa naissance et vécu dans la sauvagerie. Plutarque le compare à Lycurgue et Numa Pompilius (Numa, 4). Dion Chrysostome compare l'Ahura Mazdā de Zoroastre à Zeus. Plutarque, en s'inspirant de Théopompe, compare le zoroastrisme et l'histoire d’Isis et Osiris.

Le Gāthās est un recueil de prophéties et d'admonitions sous forme poétique, qui relate un dialogue entre le Dieu et les Aməa Spəntas « Immortels » (en pahlavi Amahraspandān). Cependant, ces textes contiennent des allusions personnelles — sa difficulté à transmettre la religion, les insultes de l'entourage…

Il est important de reconnaître deux personnages différents, ou plutôt deux différentes visions du personnage : le Zoroastre tel que décrit dans l'Avesta, et le Zoroastre du Gāthās. Dans l'Avesta, on le décrit se battant avec les Daēva (démon immortel, en pahlavi Dēwān), et, dans le Nouveau Testatement, il est tenté par Ahriman qui lui demande de renoncer à sa foi (Yasht, 17,19).

Le personnage historique, cependant, n'a plus rien de légendaire. Le Gāthās en fait un prophète. Le Vendidad relate les dialogues entre Ahura Mazda et Zoroastre. Ce sont les dernieres traces de son discours au sujet de sa doctrine exposé à la cour du Roi Vištaspa.

[modifier] Zoroastre dans la culture européenne

Zoroastre est plus connu comme un sage, un magicien, dans la culture moderne, bien qu'on ne découvrit ses idées qu'à la fin du XVIIIe siècle. On l'associait alors avec les franc-maçons et autres groupes prétendant que Zoroastre avait atteint un "savoir". Un personnage nommé Sarastro apparaît dans l'opéra La Flûte enchantée de Mozart, et représente l'ordre et la morale – par opposition à la Reine de la Nuit.

Les écrivains et philosophes des lumières, dont Voltaire, engagèrent des travaux sur le Zoroastrisme, y voyant une forme de Déisme éclairé, préférable au christiannisme dogmatique. Avec la transcription de l'Avesta par Abraham Anquetil-Duperron, l'étude du Zoroastrisme put réellement débuter.. Au XIXe siècle, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche utilisa, de façon parodique, le nom de Zoroastre dans son livre Ainsi parlait Zarathoustra. Nietzsche en fait un personnage dramatique et critique envers ses œuvres et prétentions philosophique, développe la mort de Dieu. Poète-prophète, Zarathoustra se retire dans la montagne et revient parmi les hommes pour leur parler. Il leur parle des vertus, du Surhomme, de l'éternel retour, des prédicateurs de la mort, des faibles et des forts, des nobles et des esclaves...
Nietzsche parodie le personnage de Zoroastre, l'associant au manichéisme. Il aurait, selon lui, inventé le dualisme moral, sous la forme de la Daeva (les forces naturelles) et de l'Ahuras (la raison, le "bien" et le "mal", la morale). C'est ce dualisme que Nietzsche proposa d'abolir.

Richard Strauss, inspiré par Nietzsche, écrivit l'Opus 30, nommé également Also sprach Zarathustra. La séquence d'ouverture est restée célèbre pour avoir mis en musique le film de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace.

[modifier] Zoroastre dans les arts

[modifier] Annexes

[modifier] Notes

  1. dans l'Encyclopédie des religions de Gerhard J. Bellinger
  2. Noorbakhsh Rahimzadeh, « The first monotheist prophet », dans Vahooman, n°nbsp;14 (May 23, 1998). lire en ligne

[modifier] Bibliographie

  • Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron, Zend Avesta, ouvrage de Zoroastre contenant les idées religieuses théologiques de ce législateur les cérémonies du culte religieux et plusieurs traits relatifs à l'histoire ancienne des Perses, 1771, 3 in-4° (Discours préliminaire réédité en 1997).
  • Boyce, Mary. Textual Sources for the Study of Zoroastrianism, University of Chicago Press, 1984.
  • Gnoli, Gherado. Zoroaster in History, Biennial Yarshater Lecture Series 2, Bibliotheca Persica 2000.
  • Gnoli, Gherardo. "Agathias and the Date of Zoroaster," Eran ud Aneran, Festrschrift Marshak, 2003. [1]
  • Humbach, Helmut. The Gathas of Zarathushtra, Heidelburg, 1991.
  • Shapur Shahbazi, Ali Reza. “The Traditional Date of Zoroaster Explained”, BSOAS, Vol 40, No. 1. London. [2]
  • Boyce, Mary: Zoroastrians. Their Religious Beliefs and Practices. London: Routledge 2001 (orig. 1979)
  • Brentjes, Burchard: Die Iranische Welt vor Mohammed. Koehler & Amelang Verlag, Leipzig. 1967
  • Brünner, Elisabeth: Die Zarathustralegende in der zoroastrischen Tradition, Hamburg: Kovac 1999 (Studien zur Geschichtsforschung des Altertums 4)
  • Christensen, Arthur: Handbuch der Altertumswissenschaft. Kulturgeschichte des Alten Orients. 3. Abschnitt, 1. Lieferung. Kleinasien, Die Iranier. C. Beck Verlag, München. 1933.
  • Derakhshani, Jahanshah: Die Arier in den nahöstlichen Quellen des 3. und 2. Jahrtausends v. Chr.. Teheran 1998. ISBN 964-90368-1-4
  • Frye, Richard, N.: Zarathustra in: Die Stifter der großen Weltreligionen. Herder Verlag. 1998. ISBN 3-451-04669-5
  • Hinz, Walther: Zarathustra. W. Kohlhammer Verlag. 1961
  • Koch, Heidemarie: Es kündet Dareios der König. Éditeur Philipp von Zabern, Mainz. 1992
  • Schlerath, Bernfried (Hg.): Zarathustra. Wege der Forschung 159. WB, Darmstadt, 1970
  • Stausberg, Michael: Die Religion Zarathushtras: Geschichte - Gegenwart - Rituale, Stuttgart, Berlin, Köln: Kohlhammer 2002.
  • Widengren, Geo: Iranische Geisteswelt. Holle Verlag. Baden-Baden. 1961
  • Widengren, Geo: Die Religionen Irans, Kohlhammer, Stuttgart, 1965
  • Friedrich Nietzsche : Also sprach Zarathustra. Ditzingen, 1978

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes