Yves Lacoste

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Yves Lacoste est un géographe et géopoliticien, né le 7 septembre 1929 à Fès, Maroc.

Sommaire

[modifier] Fonction

Professeur de géopolitique à l'Université Paris VIII.

[modifier] Formation

Doctorat d'État en géographie et agrégation de géographie.

[modifier] Parcours

Il est à l'origine d'une refondation et d'une démocratisation de la géopolitique[réf. nécessaire]. En 1976, il fonde Hérodote, revue de référence en matière de géographie et de géopolitique). Professeur émérite à l’Université de Paris VIII, il enseigne à l'Institut français de géopolitique qu'il a également fondé, institut aujourd'hui dirigé par Béatrice Giblin.

Après une jeunesse au Maroc (son père est géologue), il fait ses études en France et se rend en Afrique du nord au début des années 1950 avec sa femme, l'ethnologue Camille Lacoste-Dujardin, travaillant sur les berbères. Membre alors du PCF (jusqu'en 1956), Yves Lacoste est en relation avec les milieux anti-colonialistes algériens. Sous la direction de Jean Dresch, il effectue en Algérie sa thèse d'État.

De retour en France en 1955, il enseigne à l'université, notamment au début des années 1960 à l'université de Vincennes où il y crée la revue Hérodote - qu'édite à ses débuts François Maspero - dans un contexte d'ébullition au sein des sciences sociales dû à la prégnance de la question politique.

Avec Hérodote, puis son ouvrage La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre, particulièrement remarqué, il entreprit de réintroduire l'étude de la géopolitique en France en la débarrassant notamment de son injuste image de "science nazie".

Surtout, cet ouvrage est issu de son séjour en juillet 1972 au Vietnam où il signe, à son retour, un article dans l'édition du 16 août 1972 du Monde en accusant les États-Unis d'avoir bombardé les soubassements des digues des deltas du fleuve Rouge dans le but de provoquer la destruction du barrage lors des crues de l'automne, cela afin de mettre sur le compte de « catastrophe naturelle » les victimes des inondations. Dans cet article, il affirme que le savoir géographique peut servir à un État pour faire la guerre. Dans La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre (1976), il distingue trois géographies : la géographie scolaire et universitaire, la géographie « spectacle » et la géographie comme « instrument de pouvoir », les deux premières dissimulant la dernière. Si cette théorie est aujourd'hui remise en cause par une partie de la communauté des géographes (d'ailleurs dès la publication de cet essai, Pierre George rompt avec Lacoste), le grand mérite de cet essai fut en premier lieu d'avoir encouragé les géographes à s'intéresser aux problèmes épistémologiques de leur discipline ainsi que de relancer une « géographie active » qui s'engage dans l'organisation de l'espace.

Il ajoute à la géographie les concepts de territorialité et représentation (idées, perceptions, imaginaires collectifs). Pour lui, la géopolitique n'est pas uniquement un « produit » de la géographie et on ne peut privilégier les seuls facteurs géographiques en dehors du contexte politique. La géopolitique recherche les intentions collectives, et permet la mise en évidence de rapports de force.

Il critique aussi les théories de Roger Brunet, sa propension aux modèles, l'obéissance de ses cartes aux seules lois de l'économie évacuant la topographie et l'impact du politique sur l'espace, enfin son côté obsessionnel (concept de la "dorsale européenne" ou de la banane bleue, etc.) et son rôle de caution aux politiques mises en œuvre par la DATAR. À l'origine de ces divergences, il y a l'article de Brunet, intitulé une Géographie du Goulag, dans Hérodote, qui définissait cet espace comme le produit du besoin de main d'œuvre de l'URSS, ce que Lacoste réfutera en y voyant une volonté pour l'État soviétique de créer un nouvel espace, la Sibérie.

En 1995, il est le chercheur invité à présenter sa discipline, la Géopolitique, dans l'émission Inventer demain diffusée sur La Cinquième. Pendant une semaine, à 7h45 et en moins de 5 minutes, il présente une approche thématique allant de l'épistémologie aux questions de l'immigration.

Yves Lacoste est Chevalier de la Légion d’honneur.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Divers

Yves Lacoste est membre du comité scientifique de la revue Nordiques et Géoéconomie.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes