Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale

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Déportés vers le camp de concentration croate de Jansenovac.
Déportés vers le camp de concentration croate de Jansenovac.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie reste neutre jusqu'en 1941. Cette année-là, désirant venir en aide à l'armée italienne en difficulté en Grèce, l'Allemagne demande un droit de passage pour ses troupes. Après que le Régent a accepté de signer une alliance avec l'Allemagne, le Roi, sous l'influence de quelques officiers, met fin à la régence. Cette décision entraîne l'invasion du pays par l'Allemagne.

Sommaire

[modifier] Le démantèlement de la Yougoslavie

La Yougoslavie est envahie sur toutes ses frontières, sauf celles de la Grèce. l'armée royale ne résiste que onze jours. Le 17 avril 1941, une capitulation est signée. Le roi Pierre II et le gouvernement s'exilent à Londres, le pays est aussitot démantelé:

En Croatie, les Allemands offrent d'abord le pouvoir à Maček, chef du Parti paysan, majoritaire. Ce dernier, membre du gouvernement en exil décline la proposition, mais rentre néanmoins en Croatie et reconnait le nouvel "État indépendant" désormais aux mains d'Ante Pavelić, chef du parti d'extrême-droite des Oustachis. La hiérarchie catholique, avec l'archevêque de Zagreb Mgr Stepinac a la même attitude. Ces ralliements s'expliquent par le fait que la Yougoslavie représentait pour la plupart des croates un État oppresseur et que l'indépendance de la Croatie répondait à leurs voeux [1].

Contrairement à la Croatie, en Serbie, le démantelement du pays et l'occupation allemande, précédée par le bombardement de Belgrade sont ressentis comme une lourde défaite, mais les Allemands trouvent quand-même des collaborateurs pour former un gouvernement, d'abord avec d'obscurs politiciens, mais ensuite à partir d'août 1941 le général Milan Nedić forme un gouvernement qui comprend également deux autres généraux de l'armée royale.

[modifier] La Serbie du général Nedić

Nedić n'adhère pas particulièrement aux idées fascistes. Sans doute veut-il protéger son peuple de l'anéantissement physique adoptant la même posture que celle de Pétain en France [1]. D'ailleurs, il s'adresse à ses compatriotes à la radio pour prêcher "l'ordre, le travail, la paix et la fraternité". La première tâche du gouvernement est de s'occuper des centaines de milliers de Serbes réfugiés de Croatie et d'autres régions où ils sont en sécurité. Nedić doit également prendre position vis-à-vis de la Résistance des Tchetniks (Četnici), d'inspiration royaliste serbe, qui s'est développée au lendemain de l'invasion et de celle des Partisans, d'inspiration communiste, qui se développe après l'entrée en guerre de l'Allemagne contre l'URSS. Pour éviter que les Allemands n'envoient leurs alliés oustachis et bulgares réprimer la résistance serbe, Nedić accepte de créer une gendarmerie et une "Garde nationale serbe" qu'il engage contre les partisans. Vis-à-vis des Tchetniks, les rapports sont beaucoup plus ambigus: des contacts multiples existent entre l'entourage de Nedić et l'encadrement militaire des Tchetniks, anticommuniste. Selon Paul Garde [1], cette collusion, plutôt que d'entraîner les forces gouvernementales vers une sorte de résistance à l'occupant, a bien davantage pour effet de tirer Draža Mihajlović, chef des Tchetniks, vers la collaboration.

Il existait avant la guerre, depuis l'assassinat du roi Alexandre un mouvement ultra-nationaliste, antisémite et d' orientation fasciste, dirigé par Dimitrije Ljotić et assez comparable aux oustachis de Croatie. Ljotić refuse d'entrer dans le gouvernement de Nedić, mais il met sur pied avec l'aide des Allemands une sorte de milice, le Corps de volontaires serbes, en position de rivalité par rapport à la Garde nationale serbe de Nedić et qui seront utilisés directement par les Allemands comme supplétifs dans la lutte contre les partisans.

[modifier] La Croatie des Oustachis

Icône de détail Article détaillé : État indépendant de Croatie.

Le nouvel État est divisé en zones d'occupation allemande et italienne. Le régime dictatorial de Ante Pavelić commença par abolir le Parlement croate et pourchassa toute opposition. Dès la prise du pouvoir par les oustachis, des unités spéciales, placées au-dessus des lois sèment la terreur dans les villes et villages à majorité serbe et y massacrent la population . La doctrine des Oustachis est que les seuls vrais croates sont les catholiques et les musulmans. Les Serbes, orthodoxes, ne rentrent pas dans cette catégorie. En outre, à l'instar de l'Allemagne nazie, l'État croate promulgue des lois raciales à l'encontre des Juifs et des Tziganes.

Après les premiers massacres de Serbes, les Tchetniks sont intervenus en défenseurs des serbes, mais ont répondu en massacrant à leur tour des croates et des musulmans [1].

Un mouvement de Résistance d'obédience communiste, les mouvement partisan anti-fasciste émerge dès le début 1941. Il est dirigé par le Croate Josip Broz Tito. À partir de 1943, sur les vingt-six divisions des partisans, onze sont établies en Croatie. Les partisans s'ouvrent largement aux Serbes pourchassés par les Oustachis, mais comme les Oustachis et les Allemands deviennent de plus en plus impopulaires parmi les croates et les musulmans, nombreux parmi ces derniers se joignent aussi aux partisans qui parviennent à libérer de vastes zones du territoire [1].

[modifier] La Résistance en Yougoslavie

Sous la direction de Draža Mihailović, les Tchetniks, qui comprennent essentiellement des combattants serbes, de tendance monarchiste et nationaliste serbe sont les premiers à résister aux allemands et à leurs alliés. En juin 1941, Josip Broz, dit Tito, un communiste croate crée un mouvement de partisans auquel il donne, en accord avec Moscou, le caratère d'une large coalition antifasciste plutôt qu'une orientation ouvertement communiste. Les partisans accueillent des combattants de toute nationalité, aussi bien Serbes, Croates, que Bosniaques (Bien que le terme Bosniaque n'avait pas d'equivalent à l'époque). Tchetniks et Partisans font un moment cause commune, mais bien vite ils deviennent ennemis. Les tchetniks vont parfois jusqu'à collaborer avec l'occupant dans des offensives contre les Partisans. Les Anglais qui soutiennent d'abord les Tchetniks de Mihajlovic, l'abandonnent finalement début 44 pour donner leur appui à Tito qui commande à ce moment-là, 300000 hommes, présents dans toutes les régions de la Yougoslavie et qui ont créé de nombreuses zones libérées. En Août 44, le roi Pierre II lance un appel en faveur du ralliement à Tito.

La résistance des Partisans communistes se développe sous la direction du Croate Josip Broz dit Tito, tandis qu'une autre résistance, moins bien organisée, s'organise autour de Draža Mihajlović, un royaliste ultra-nationaliste serbe, surnommé le "général des Balkans". Tito libère le pays, renverse la monarchie et liquide les Tchetniks serbes qui ont collaboré avec l'Axe contre les Partisans.

[modifier] La Libération

Alors que l'Armée rouge remonte vers la Hongrie après être entrée dans Sofia le 9 septembre 44, les Partisans de Tito libèrent Belgrade le 20 octobre 1944. Les Allemands résistent dans certaines régions de Bosnie, de Croatie et de Slovénie jusqu'en mai 1945.

[modifier] Massacres et pertes humaines

Entre l'invasion de la Yougoslavie, en avril 1941 et sa libération complète en mai 45, en plus des affrontements strictements militaires, la Yougoslavie est marquée par différents massacres d'une ampleur considérables:

  • Tout d'abord, les massacres des Serbes par les Oustachis, au lendemain de leur prise de pouvoir, en mai 1941. Dans sa zone d'occupation, l'armée italienne s'oppose souvent aux massacres des Serbes.
  • Il y a également les victimes des camps de la mort dont le plus célèbre est celui de Jasenovac, principal camp d'internement des juifs. On enferme dans ces camps, organisés par les Oustachis eux-mêmes, des Juifs et des Tziganes, mais aussi des Serbes, et, à la fin de la guerre, des Croates qui s'opposent aux Oustachis.
  • Les Tchetniks massacrent aussi des Musulmans qui etait avec les nazis et surtout des Croates majoritairement des Oustachis, principalement en Bosnie-Herzégovine et dans le etait tres rare pas mal d'entre eux se considere comme Serbes a cette epoque Sandžak
  • Les Partisans massacrent également beaucoup de leurs adversaires politiques. A la libération, les Anglais remettent à Tito les restes de l'armée et des fonctionnaires de Pavelić qui s'étaient rendus avec leurs familles au village frontalier autrichien de Bleiburg, en tout 210 000 croates, environ 163 000 périrent, presque tous exterminés dans des marches de la mort où ils parcourent des centaines de kilomètres jusqu'à l'épuisement.

Le bilan de tous ces massacres est difficile à faire. Dans les territoires sous le contrôle des Oustachis, on dénombre 26.000 victimes juives, 16.000 Tziganes et 300.000 Serbes [2]. Les victimes juives et Tziganes auraient été aussi nombreuses en Serbie.

Au total, les pertes démographiques imputables à des massacres ou à des faits de guerre s'élèvent à environ un million pour l'ensemble de la Yougoslavie

[modifier] Références

  1. abcde Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, 2000 [détail des éditions]
  2. Chiffres cités par Paul Garde, qui se réfère, pour les victimes Serbes, à deux auteurs, žerjavić d'une part et Koćović d'autre part

[modifier] Sources de l'article

[modifier] Voir aussi

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