Wojciech Jaruzelski

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Wojciech Jaruzelski en 2006.
Wojciech Jaruzelski en 2006.

Le général Wojciech Witold Jaruzelski écouter écouter (né le 6 juillet 1923 à Kurów, province de Lublin) est un homme politique et militaire polonais.

Principal dirigeant de la Pologne communiste de 1981 à 1990, il est surtout connu pour le long bras de fer qui l'opposa au syndicat Solidarnosc présidé par Lech Walesa. La répression s'avérant impuissante, il négocia finalement la transition pacifique vers la démocratie. Son ancien ennemi le remplaça à la tête du pays.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origines familiales

La famille de Wojciech Jaruzelski est une famille noble qui descend du chevalier Slepowron (d’où les armes de cette famille – le blason « Slepowron ») à qui en 1224 le prince Conrad de Mazovie donna des biens terriens de Jeruzale (appelés plus tard Jaruzele) en récompense de sa participation aux guerres contre la tribu païenne des Sudaves. Le grand-père du général, également prénommé Wojciech (lat. Adalbert) prit part à l’insurrection de Janvier (1863) et fut déporté en Sibérie par l'Etat russe pour y avoir participé (condamné à 12 ans, il en revint après 8 ans suite à une amnistie du tsar). Le père du général participa en tant que volontaire à la guerre russo-polonaise de 1920.

[modifier] Dans la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale

Le 10 septembre 1939, fuyant l’avancée des armées allemandes, la famille Jaruzelski prend la direction de l’est. Le 17 septembre, c’est au tour de l’Armée rouge d’envahir la Pologne – la famille, qui s’était abritée dans un manoir (Jagnieszczyce) dans les environs de la ville de Lida fait demi-tour et, pour échapper aux Soviétiques, se dirige cette fois vers l’ouest. Les Jaruzelski sont témoins des durs combats de Dereczyn et, après avoir franchi le Niémen, de la bataille pour la ville de Grodno. C’est de justesse qu’ils échappent aux blindés soviétiques et, le 23 septembre 1939, ils passent la frontière lituanienne, où ils trouvent refuge.

Après l’invasion de la République de Lituanie par l’Armée rouge en 1940, afin d’éviter la déportation qui frappe des centaines de milliers de Polonais sous l’occupation soviétique, le père de Wojciech Jaruzelski dépose auprès des autorités une demande de citoyenneté soviétique. Cependant, le 14 juin 1941 (une semaine avant l’attaque allemande), les Jaruzelski sont arrêtés par le NKVD, qui confisque entre autres à ces « ennemis du peuple » 99 marks allemands, 3 roubles impériaux en or, un couteau finlandais avec fourreau et un appareil Kodak.

Transportée d’abord en camion, la famille est ensuite séparée (les enfants restent avec la mère et le père se retrouve dans un autre transport) : en wagons à bestiaux, Wojciech Jaruzelski avec sa mère et sa sœur sont envoyés vers les Montagnes de l’Altaï, tandis que son père prend la direction du goulag n°7 (territoire de Krasnoïarsk, au milieu de la Sibérie). Le voyage dure environ un mois – après être passés par Omsk, Novossibirsk, les Jaruzelski se retrouvent assignés dans le hameau Touratchak dans les montagnes de l’Altaï, à 180 km de la ville de Biïsk.

[modifier] De la déportation en URSS à l'armée de la Pologne communiste

Pour subvenir, en absence du père, aux besoins de la famille (sa mère tombe rapidement malade), le jeune Wojciech Jaruzelski travaille à l’abattage des arbres dans la taïga. Libéré par l’amnistie des Polonais provoquée par la signature à Londres des accords Sikorski-Maïski (qui stipulent l'amnistie pour les centaines de milliers de Polonais déportés de la partie annexée par l'URSS lors de l'agression de la Pologne par l'URSS et le Reich, alors alliés), le père de Wojciech arrive à Biïsk, où Wojciech et sa mère le rejoignent après avoir réussi à s’échapper de Touratchak en janvier 1942. Le père tente d’engager son jeune fils dans l’armée polonaise formée en URSS par le général Anders, mais il se heurte à un refus des autorités soviétiques qui, malgré les accords en vigueur, empêchent au niveau local le départ des Polonais. Le 4 juin 1942, le père de Wojciech Jaruzelski meurt à Biïsk de dysenterie ; il sera enterré au cimetière de la ville.

Après une tentative infructueuse d’intégrer l’armée polonaise du général Anders (grâce à laquelle 125 000 Polonais réussiront à quitter l’URSS pour l’Iran puis l’Irak et la Palestine, pour combattre par la suite en Italie), Wojciech Jaruzelski fait des études à l’école (soviétique) des officiers de Riazan, puis il est versé dans la 2e Division d’infanterie ("Henryk Dombrowski") de la nouvelle armée polonaise "populaire" formée sous les auspices des Soviets après le départ de l’URSS de l’armée Anders. Il y devient commandant d’un peloton de reconnaissance. En qualité d’assistant du chef d’état-major du 5e Régiment d’infanterie, il suit le parcours de la 1re Armée polonaise ("populaire"). Il prend part aux combats de la Vistule dans les environs de Varsovie et à la prise de la ligne fortifiée de Poméranie, puis aux combats de la Baltique et de l’Oder. Dans les années 1945-1947, Wojciech Jaruzelski participe à la lutte contre la résistance polonaise anticommuniste dans les environs de Częstochowa et de Piotrkow Trybunalski. Selon des documents se trouvant aux archives de l’Institut national de la Mémoire (IPN), il collabore à cette époque en tant qu’agent informateur (pseudo – "Wolski") avec l’Information Militaire (IW – Informacja Wojskowa), organe de contre-espionnage totalement inféodé à l’URSS fonctionnant en Pologne dans les années 1944-1957. Le général Jaruzelski réfute catégoriquement cette accusation.

Il est diplômé avec mention de l’Ecole Supérieure de l’Infanterie et de l’Académie de l’Etat-major Général. Dans les années 1947-1957 il enseigne la tactique et le service d’état-major à l’Ecole Supérieure de l’Infanterie ; il est le chef de la direction des académies militaires, des écoles et des cours d’officiers ainsi que le second du chef de l’Administration Centrale de Formation militaire. Entre 1950 et 1952, il fréquente les cours de l’Université du Marxisme et Léninisme, qu’il termine avec la note maximale (très bien). En 1956, il est le plus jeune officier à être promu au grade de général. En octobre de la même année (après les événements et les troubles qui provoquent une apparence d’évolution du régime communiste), Wojciech Jaruzelski est le seul général polonais à se prononcer pour le maintien du maréchal Constantin Rokossovski (Russe d’origine polonaise) au sein de l’Armée Polonaise Populaire. Entre 1957 et 1960, il commande la 12e Division mécanisée à Szczecin (près de la frontière avec la RDA).

En 1960, il est nommé chef de l’Administration Politique de l’Armée polonaise (Główny Zarząd Polityczny WP) et, en 1962, il est nommé au poste de vice-ministre de la Défense nationale. A partir de 1965, Wojciech Jaruzelski devient le chef d’état-major de l’armée polonaise. Dans les années 1967-1968, en tant que membre de la direction restreinte du ressort de la Défense, il est co-responsable de l’éviction de l’armée et de la dégradation d’environ 1300 officiers polonais d’origine juive ou mariés à des femmes d’origine juive, ce qui constitue un volet des agissements antisémites de l’état communiste polonais (agissements qui vont culminer lors des "événements de mars" 1968). Dans le cadre de l’action antisémite, l’origine juive a été également attribuée – à tort – au ministre de la Défense nationale Marian Spychalski. Ce dernier perd son poste et il est alors remplacé par Wojciech Jaruzelski, qui sera le ministre de la Défense nationale du 11 avril 1968 au 21 novembre 1983.

[modifier] Le dirigeant à poigne des années 1980

Ministre de le défense en 1968, puis membre suppléant et enfin membre de plein droit du bureau politique au début des années 1970, il fait dès lors partie du premier cercle des dirigeants de la Pologne communiste.

Il fut nommé Premier ministre de la Pologne le 10 février 1981 jusqu'en 1985. Face à la popularité grandissante du syndicat Solidarność et de son chef Lech Wałęsa, il impose le 13 décembre 1981 l'état de siège. Il a ensuite présidé la Pologne entre 1989 et 1990.

Critiqué pour son attitude face à Solidarność, il affirma, quinze ans après la chute de l'URSS, que son action fut guidée par un vrai sentiment patriotique : l'état d'urgence, aussi difficile soit-il, était selon lui le meilleur moyen d'éviter l'invasion pure et simple par les troupes soviétiques. Jaruzelski était déjà en froid avec Léonid Brejnev depuis la visite de Jean-Paul II, que le général polonais autorisa malgré l'ordre contraire du dirigeant soviétique.

[modifier] Après la victoire de Solidarność

Le 31 mars 2006, le général Jaruzelski a été inculpé de « crime communiste » et encourt jusqu'à 8 années de prison pour avoir instauré la loi martiale en 1981. Le 17 avril 2007, il a officiellement été mis en accusation[1].

[modifier] Source

  1. « Le général Jaruzelski est officiellement mis en accusation pour la loi martiale de 1981 », Le Monde, 18 avril 2007.
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Précédé de :
Józef Pińkowski
Premier ministre de la Pologne
1981-1985
Suivi de :
Zbigniew Messner
Précédé de :
Stanisław Kania

Premier secrétaire du PZPR

1981-1989
Suivi de :
Mieczysław Rakowski
Chronologie des présidents de la République de Pologne
1989 1990 1995 2005 . . .
Wojciech
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