Vladimir Maïakovski

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vladimir Maïakovski
Vladimir Maïakovski

Vladimir Vladimirovitch Maïakovski (également sous la forme Maïakovsky, ou en anglais : Mayakovsky ; en russe : Владимир Владимирович Маяковский; né le 7 juillet/19 juillet 1893 à Bagdadi, aujourd'hui Maïakovski, Géorgie - 14 avril 1930 à Moscou) est un écrivain russe d'origine cosaque.

Il a été un des fondateurs du futurisme russe, plus particulièrement du cubofuturisme (l'autre branche étant l'ego-futurisme).

Sommaire

[modifier] Biographie

Famille Maïakovski
Famille Maïakovski

Poète, dramaturge, acteur, théoricien, peintre, affichiste et scénariste, Maïakovski est né à Bagdadi (Géorgie) en 1893. Issu d’une famille modeste, il s’installe à Moscou en 1906, après la mort de son père.

Il adhère au Parti social démocrate (bolchévique) à 15 ans, participe aux manifestations révolutionnaires de 1905, il est arrêté deux fois et fait de la prison. Maïakovski commence sa carrière littéraire à l'âge de 18 ans ; une tragédie intitulée Vladimir Maïakovski est montée à Saint-Pétersbourg en 1913 ; elle sera copieusement sifflée.

Il devient rapidement un des meneurs du mouvement futuriste après sa rencontre avec le poète et peintre David Bourliouk qu'il a connu en 1911 et qui lui a mis « le pied à l'étrier ». Tout en exploitant cette nouvelle poésie, il atteint des sommets de lyrisme dans La Flûte en colonne vertébrale (aussi connue sous le nom de La Flûte des vertèbres, 1915) ou dans son Nuage en pantalon (1914), véritable manifeste du futurisme, qui est le fruit de sa relation troublée avec Lili Brik (sœur d'Elsa Triolet) qu'il a rencontrée en 1910 et à qui il écrira, dédiera ses plus belles poésies.

De retour à Moscou et après la révolution d’Octobre de 1917, qu’il accueille d’abord favorablement, il utilise, sincèrement, son talent au service du pouvoir politique, notamment dans le poème « Lénine ». Il écrit également deux pièces satiriques : La Punaise (1920) et Les Bains publics (1929), ainsi que Mystère-Bouffe pièce traitant de la Révolution d'une façon épique.

Déçu dans sa vie sentimentale, trompé par la révolution à laquelle il avait activement participé et sévèrement hué par la presse littéraire, il se suicide à l'âge de 37 ans en avril 1930, d'une balle de revolver en plein cœur.

Diverses rumeurs circulent quant à ses dernières paroles. Pour certains, elles auraient été : « Camarades ! ne tirez pas ! » Pour d'autres, elles auraient été un peu plus sincères : « Soyez heureux ! » Une certitude, il rédigea sa propre épitaphe : « La barque de l'amour s'est brisée contre la vie courante. Comme on dit, l'incident est clos. »

Sa tombe à Moscou.
Sa tombe à Moscou.

[modifier] Futurisme

Le premier à avoir utilisé le terme de « futuriste » fut, le 24 février 1913, le poète Vladimir Maïakovski, à l’occasion d’un débat sur l’art contemporain, même si le néologisme slave de boudetlianine (homme de l’avenir), qu’introduit le poète Vélimir Khlebnikov, eut un succès bien plus grand. « Le futurisme n’est pas une école, c’est une nouvelle attitude », écrivit David Bourliouk, l’artiste ukrainien qui, en 1911, figure parmi les fondateurs du Groupe de Gileja, dont s’est inspiré officiellement le futurisme russe ; une expérience qui se poursuivit, avec des résultats alternes, jusqu’en 1930, l’année de la mort de Maïakovski et de la fin de l’élan novateur.

« Les Futuristes russes se qualifiaient eux-mêmes de boudetlianines, gens de l’avenir, et plaidaient pour la destruction du vieil art « mangé par les mites ». Les Futuristes russes considéraient l’homme comme une partie de la terre et de la nature ».

[modifier] Quelques traductions françaises

  • Le Nuage en pantalon, Mille et une nuits.
  • Poèmes, Claude Frioux, Textuel, 1997.
  • Théàtre, Grasset, Les Cahiers rouges;Grasset, 1989.
  • Lettres à Lili Brik (1917-1930), Andrée Robel, Claude Frioux, Gallimard Poche, 1999.
  • Poèmes, éd. trad. et prés. Claude Frioux, Paris, L'Harmattan, " Poètes des cinq continents ", 2000.

De 1923 à 1925 Vladimir Maïakovski dirigea la revue LEF.

[modifier] Un poème

« Vers sur le passeport Soviétique »
Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,
je n’ai pas le respect des mandats,
et j’envoie à tous les diables paître
tous les « papiers ».
Mais celui-là...
Longeant le front des compartiments et cabines,
un fonctionnaire bien poli s’avance.
Chacun tend son passeport, et moi je donne
mon petit carnet écarlate.
Pour certains passeports on a le sourire,
d’autres on cracherait dessus.
Au respect ont droit, par exemple,
les passeports avec lion anglais à deux places.
Mangeant des yeux le brave monsieur,
faisant saluts et courbettes,
on prend comme on prend un pourboire,
le passeport d’un Américain.
Pour le Polonais on a le regard
de la chèvre devant l’affiche.
Pour le Polonais le front est plissé
dans une policière éléphanterie
d’où cela sort-il et quelles sont ces
innovations en géographie ?
Mais c’est sans tourner le chou de la tête,
c’est sans éprouver d’émotions fortes
qu’on reçoit les papiers danois
et les suédois de diverses sortes.
Soudain, comme léchée par le feu,
la bouche du monsieur se tord.
Monsieur le fonctionnaire
a touché la pourpre de mon passeport
Il le touche comme une bombe,
il le touche comme un hérisson,
comme un rasoir à deux tranchants,
il le touche comme un serpent à sonnettes,
à vingt dards, à deux mètres de longueur et plus.
Complice a cligné le regard du porteur,
qui est prêt à porter vos bagages pour rien.
Le gendarme contemple le flic,
le flic le gendarme.
Avec quelle volupté la caste policière
m’aurait fouetté, crucifié,
parce que j’ai dans mes mains,
porteur de faucille,
porteur de marteau,
le passeport soviétique.
Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,
je n’ai pas le respect des mandats,
et j’envoie à tous les diables paître
tous les « papiers », mais celui-là...
Je tirerai de mes poches profondes
l’attestation d’un vaste viatique.
Lisez bien, enviez
je suis
un citoyen
de l’Union Soviétique.
(1929)

[modifier] Liens externes