Vivisection

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La vivisection est une dissection opérée sur un animal vertébré[1] vivant, à titre d'expérience scientifique, en particulier dans le but d'établir ou de démontrer certains faits en physiologie ou en pathologie. D'une manière générale, elle désigne toute opération chirurgicale invasive à titre expérimental.

Sommaire

[modifier] Vivisection animale

C'est un des aspects de l'expérimentation animale, plusieurs réglementations nationales et internationales obligent à placer sous anesthésie les animaux vivisectionnés [2] [3].

[modifier] Critiques

La critique de la vivisection se place bien souvent dans le cadre plus général de celle de l'expérimentation animale.

Son utilité scientifique, et sa justificabilité éthique sont le sujet de violentes controverses. Beaucoup de mouvements animalistes placent l'abolition de cette expérimentation parmi ses objectifs principaux. Parmi les antivivisectionnistes, les uns soutiennent que l'expérimentation sur les animaux est scientifiquement inefficace et qu'il est possible de la remplacer par d'autres méthodes ; les autres (par exemple ceux qui veulent promouvoir le bien-être animal) jugent que l'expérimentation animale doit être condamnée sur le plan de la morale, sans qu'on ait à savoir si elle est utile ou non pour le progrès médical et scientifique[4].

Au sujet de l'utilité de la vivisection, la position de la communauté scientifique est le plus souvent à l'opposé. Du fait des limites de la modélisation du vivant, de nombreux biologistes et médecins estiment que le recours à l'animal est parfois irremplaçable, par exemple lorsqu'il s'agit d'étudier simultanément les impacts nerveux, hormonaux et humoraux d'une pathologie sur l'organisme. Cependant, les recherches vivisectionites ne se limitent pas aux pathologies susvisées. Elles s'étendent aux cosmétiques, aux recherches spatiale, militaire... De même, certains soulignent que « plus l’intérêt économique est grand plus les moyens vous sont accordés. A savoir que la recherche en cosmétologie est la plus consommatrice d’animaux. » [5]

Des membres de la communauté scientifique mettent en doute l'utilité des expérimentations animales et la fiabilité de leurs résultats[réf. nécessaire]. Le cas de la Thalidomide est souvent cité en exemple. Ce produit était un médicament vendu durant les années 1950 et 1960 comme hypnogène et chez les femmes enceintes comme antiémétique pour combattre les nausées matinales et d'autres symptômes. Elle fut expérimenté sur une seule espèce animale, qui dans ce cas précis avait une réaction éloignée de celle de l'Homme[6]. En 1961, les épidémiologues ont noté que ce produit induisait un effet tératogène sur le développement fœtal.

Dans la plupart des pays occidentaux la vivisection fait l'objet de réglementations législatives qui imposent, par exemple, l'usage de l'anesthésie dans tous ces cas où cela ne nuit pas l'efficacité de l'expérimentation.

[modifier] Vivisection humaine

Icône de détail Article détaillé : Vivisection humaine.

La vivisection a longtemps été pratiquée sur des être humains et elle était indispensable pour le développement du domaine médical et particulièrement de l'anatomie. Cependant, la vivisection humaine a eu une histoire mouvementée. Hérophile, « père de l'anatomie » et fondateur de la première faculté de médecine à Alexandrie, a été accusé par le chef religieux Tertullien d'avoir pratiqué la vivisection sur au moins 600 prisonniers [7].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l'expansionnisme du Japon Showa, le général japonais Shiro Ishii implanta en Extrême-Orient un réseau d'unités de recherche bactériologique dont l'une des activités principales fut la vivisection de plusieurs milliers d'humains, dont des femmes et des enfants.

En 2006, le médecin militaire de 84 ans Akira Makino, a reconnu avoir procédé entre décembre 44 et février 45 à des amputations et des vivisections sur des prisonniers philippins et notamment des enfants alors qu'il était en poste à Mindanao.

« Je n'ai pu refuser d'obéir aux ordres et j'ai fait quelque chose de cruel. » a confessé le vétéran de l'unité 33 de la marine impériale. « J'aurais été exécuté si j'avais refusé d'obéir aux ordres. C'était la règle à l'époque. Nous ne devons pas refaire ces horreurs. J'ai la responsabilité de révéler la vérité sur la guerre. »

Selon Makino, les vivisections pouvaient durer entre 10 minutes et 3 heures. Les membres étaient d'abord coupés, puis les organes étaient retirés un à un. Les opérations étaient menées tous les trois jours et ont cessé lors du débarquement des soldats américains. [8]

En 2007, Ken Yuasa, médecin ayant pratiqué de 1942 à 1945 des vivisections dans un hopital militaire du Shanxi, affirmait qu'au moins mille Japonais, incluant des médecins, ont participé à des vivisections en Chine.[9]

Le docteur Fukujiro Ishiyama a fait de même au sein de l'Unité 731 et à l'Hôpital universitaire impérial Kyūshū [10]

En Allemagne, le docteur Josef Mengele a pratiqué des vivisections humaines sur des prisonniers pris dans des camps de concentration[11] [12].

Suite aux expérimentations nazies, la profession médicale a adopté le Code de Nuremberg comme une déontologie internationale, qui n'interdit pas toutefois la vivisection sur des êtres humains. Ces derniers peuvent ainsi accepter de se prêter à des expériences agressives susceptibles d'exiger, par exemple, un prélèvement d'échantillons de tissu (des biopsies), ou d'autres procédures qui exigent le volontariat. Ces procédures doivent être approuvées d'un point de vue moral et effectuées d'une façon qui réduise au minimum la douleur et les risques à long terme pour la santé du patient. Malgré cela, le terme est généralement senti comme péjoratif : on ne s'en servirait jamais quand il s'agit de sauver la vie d'un patient. L'utilisation de ce terme quand il s'agit d'êtres humains implique toujours une absence de consentement.

[modifier] Référence

  1. selon l'article 2 de la Directive 86/609/CEE de l'Union européenne les animaux soumis à la convention sur l'expérimentation animale sont les vertébrés
  2. « DIRECTIVE DU CONSEIL (86/609/CEE) du 24 novembre 1986 concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou à d'autres fins scientifiques », dans Journal officiel des Communautés européennes, L 358, p. 0001 - 0028 [texte intégral]
  3. « Directive 2003/65/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 juillet 2003 modifiant la directive 86/609/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou à d'autres fins scientifiques (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE) », dans Journal officiel des Communautés européennes, L 230, p. 0032-0033 [texte intégral]
  4. [html] Les Amis de Giuénady, « Traduction d'un message reçu dela British Anti-Vivisection Association », 2005, Bulletin n°46, Stop abus animal. Consulté le 20070722
  5. [html] Calvino B., « Problème de l’expérimentation animale et de la vulgarisation. », 2005, Cours du 17 novembre par le conférencier Moudden Noamane, Institut national de la Santé et de la Recherche médicale. Consulté le 20070722
  6. [pdf] Gircor, « Les animaux dans la recherche médicale - Questions & Réponses », Brochure n°3, Groupe interprofessionnel de réflexion er de Communication sur la Recherche (GIRCOR). Consulté le 20070722
  7. [html] INSA-Lyon, « Hérophile », Les sciences dans la grèce antique, Institut National des Sciences Appliquées de Lyon. Consulté le 20070722
  8. BBC NEWS | Asia-Pacific | Japanese doctor admits POW abuse
  9. http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/nn20071024w1.html, "J'étais apeuré lors de ma première vivisection; mais la seconde fois, c'était beaucoup plus facile. À la troisième reprise, j'étais prêt à la faire de bon cœur."
  10. [html] Rate the Human Medical Experiments - Manhattan Project Connection, Human Medical Experiments, Political Friendster. Consulté le 20070722
  11. Muller-Hill B., « The blood fromAuschwitz and the silence of the scholars », dans Hist. Philos. Life Sci., 21(3) [texte intégral]
  12. [html] ushmm.org, « Les expériences médicales nazies », Encyclopédie de la Shoah, United States Holocaust Memorial Museum (ushmm.org). Consulté le 20070722

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes