Violence conjugale

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La violence au sein du couple est un processus évolutif au cours duquel un partenaire exerce, dans le cadre d’une relation privilégiée, une domination qui s’exprime par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou spirituelles. Elles se distinguent des conflits de couple en difficulté [définition du professeur Henrion - ministère de la santé - 2001]

Sommaire

[modifier] Statistiques

Depuis les années 2000, plusieurs enquêtes nationales ont tenté de dresser un bilan statistique des violences conjugales en France.

  • En France, en moyenne, une femme meurt tous les trois jours des suites de violences domestiques.
  • En France, en moyenne, 2 enfants meurent chaque jour des suites de violences domestiques.
  • Un homme meurt tous les quatorze jours des suites de violences domestiques. Dans plus de la moitié des cas, la femme auteur de l'acte subissait des violences de sa part.
  • 13% de toutes les morts violentes recensées en France et dans lesquelles l'auteur a été identifié ont eu lieu dans le cadre du couple
  • 41% des crimes conjugaux sont liés à la séparation (commission par des « ex » ou séparation en cours)
  • 23% des auteurs d'homicides se sont suicidés après leur acte ( 97% d'hommes )
  • 10 enfants ont été victimes d"homicide en même temps que l'un de leur parent.

[Etude nationale sur les décès au sein du couple - bilan des neuf premiers mois de 2006 - ministère de l'intérieur ]

Pour l'année 2004, les violences conjugales se chiffrent à plus de 39 000 faits constatés par les services de police et de gendarmerie, 162 femmes et 25 hommes tués par leur compagnon ou compagne et 12% des viols commis sur les femmes majeurs sont le fait de leur compagnon. [ Observatoire national de la délinquance - Eléments de mesure des violences conjugales - 2006 ]

Enfin, selon une étude commandée par le ministère de la parité, le coût des violences conjugales en France se chiffrerait, pour l'année 2004, à 1 milliard d'euros ( coût santé, police-justice, logement-prestations sociales, humains, perte de production domestique) [http//www.femmes-egalite.gouv.fr]

[modifier] Violences conjugales envers les femmes

En France, en moyenne une femme meurt tous les trois jours à la suite de violences conjugales [étude nationale sur les décès au sein du couple sur les neuf premiers mois de 2006 - Source police-gendarmerie].

  • Selon l’Enquête Nationale des Violences faites aux Femmes, étude de référence en France métropolitaine, 1 femme sur dix se déclare avoir été victime de violences conjugales pendant son existence[1]. La méthodologie de cette enquête de victimisation a été très critiquée notamment par Marcella Jacub et Elisabeth Badinter sur deux points majeurs : elle amalgame toutes sortes de comportements disparates tels que coups mais aussi d’autres éléments subjectifs tels que dénigrement, insultes, pour les assimiler à des violences et elle n'interroge que des femmes. En effet et contrairement aux pays anglo-saxons tels le Canada aucune étude similaire n’ayant été menée en France sur les hommes;[2]


Une étude menée par l'Organisation mondiale de la santé, basée sur des interviews de 24 000 personnes dans 10 pays différents, montre une prévalence de violence conjugale variant suivant le site entre 15 et 70% des femmes interrogées [3].

Les femmes subissent en majorité les violences au sein du couple(violences psychologiques, verbales, contraintes économiques, agressions physiques et violences sexuelles.) Elles sont victimes d'hommes immatures, égocentriques ou présentant de graves troubles de la personnalité [rapport du Dr Coutanceau - Ministère de la cohésion sociale - 2006] Pour certains, la violence est la réponse « normale » à ce qu'ils considèrent comme un « refus d'obéissance », ils ont vu leur père frapper leur mère, ont une tolérance minimale à la frustration, ne savent régler autrement les conflits et trouvent donc naturels de frapper leur compagne.

  • Les mariages forcés.


Très souvent les femmes n'osent pas dénoncer cette violence de peur de représailles sur les enfants du couple: elles se sentent coupables et responsables de l'échec du couple et de la situation de violence. Elles ont aussi peur de se retrouver sans ressources, si elles ne sont pas indépendantes financièrement. Tous ces éléments font que cette situation perdure, malgré des prises en charges sociales et des démarches auprès des forces de l'ordre.

[modifier] Violences conjugales envers les hommes

Dès 1977, la sociologue américaine Suzanne Steinmetz créait le concept de « mari battu », ultérieurement remplacé par celui d'« homme battu ». Dans une étude de 1980 (Behind Closed Doors - Violence in The American Family), comprenant une enquête de victimisation, Strauss, Gelles et Steinmetz affirment que les femmes commettent la moitié des violences physiques domestiques. Si le taux d'agression est équivalent, concluent-ils, les hommes causent plus de dommages directs aux femmes, mais les femmes commettent des agressions avec des armes, provoquant des blessures plus graves. Suzanne Steinmetz a écrit : « Le crime le plus sous-estimé n'est pas la femme battue, mais le mari battu. »

En France, 10 à 15% des faits de violences conjugales constatés par les services de police et de gendarmerie concernent des hommes victimes. Ce chiffre est très en-dessous du chiffre réel des violences, car la plupart des hommes concernés n'osent pas porter plainte, de peur de ne pas être crus, d'être ridicules, ou de subir une plainte reconventionnelle de la part de leur conjointe à laquelle sera accordée une bien plus grande crédibilité, le risque de perte de contact avec leurs enfants dans le cadre d'une séparation très conflictuelle ou la garde serait attribuée à la mère[4] [citation nécessaire].

De fait et dans le monde francophone, plusieurs enquêtes vont dans le sens de la symétrie des violences. Il s'agit par exemple de l’Enquête sociale générale du Canada, 1999, puis de la même enquête menée en 2004, toutes deux commentées par Denis Laroche, d'une enquête d'enseignants de l'Institut de la famille de Fribourg, Guy Bodenmann et Barbara Gabriel, en 2002, ou de l'enquête BVA/L'Express de juin 2005. Une série de témoignages sont disponibles dans la thèse d'une travailleuse sociale suisse, Sophie Torrent, intitulée L'Homme battu, et dans La Cause des hommes de Patrick Guillot. Vous trouverez un recensement des études sur la violence féminine envers les hommes dans le livre du psychologue québécois Yvon Dallaire intitulé La violence faite aux hommes (Ed. Option Santé).

Au point de vue homicides conjugaux, il meurt, selon l'enquête conjointe de la police et de la gendarmerie portant sur 2003-2004, un homme tous les seize jours, et selon l'enquête portant sur 2006 et publiée par le ministère de la Parité, un homme tous les treize jours.

Un certain nombre de violences graves perpétrées contre les pères par les mères dans les couples en situation de divorce ne sont pas comptabilisées comme "violences conjugales". Il s'agit notamment des fausses accusations de violences physiques ou sexuelles à l'encontre des enfants, du délit de non-représentation des enfants très peu sanctionnée en France lorsqu'il est le fait d'une mère, de l'aliénation parentale des enfants, des déménagements à longue distance rendant difficiles le droit de visite du père.[5] [réf. nécessaire] [6]

[modifier] Les homicides conjugaux

Les homicides entre conjoints représentent environ 20% des homicides au Canada, les trois quarts des victimes étant des femmes (soit 12% des homicides). Une étude aux États-Unis a montré que dans les homicides conjugaux, il y avait autant de victimes masculines (maricide) que féminines (uxoricide), mais que dans 60 % des morts masculins, la femme se défendait de la violence de son mari.

En France a été publié en 2006, par l'observatoire national de la délinquance, une étude sur "les éléments de mesures des violences conjugales". Il a été dénombré, pour l'année 2004, 25 hommes et 162 femmes tués par un conjoint ou un concubin. [1].

Une étude, menée par la délégation aux victimes du ministère de l'intérieur et rendue public le 25 novembre 2006 par le ministère de la parité, dénombre, pour les neuf premier mois de 2006, que 113 homicides ont été commis au sein du couple, dont 83% des victimes étaient des femmes. Dans près de la moitié des cas, les couples étaient séparés ou en instance de séparation. De plus, les homicides conjugaux provoquent des décès "connexes" puisque 10 enfants ont trouvés la mort en même temps que l'un de leur parent. Pour les 18 cas de femmes auteurs d'homicides sur leur compagnon, il est enfin à souligner que 12 d'entre elles étaient victimes de violences conjugales. [2].

[modifier] Comment prévenir les violences conjugales ?

Il faut distinguer les actions de court terme en période de conflit aigu et la prévention de fond. La prévention de fond va recommander la panoplie de démarches de bons sens ou ajustées par la psychologie qui contribue à la santé relationnelle du couple. Faut-il rappeler que colère, violence ou passivité sont deux modes pour signifier l'impossibilité de fonctionner ? Les précautions en période de tensions entre partenaires suggèrent notamment la médiation, l'éloignement temporaire des partenaires, la résolution des autres aspects aigus dans la vie du couple ou des individus. La thérapie de couple peut permettre d'identifier les causes de l'emballement relationnel qui débouche sur des violences psychologiques ou physiques. Les approches sont multiples : Analyse transactionelle, communication non-violente, approche comportementaliste, etc.

[modifier] Évolutions législatives en France concernant les violences conjugales

  • 1975 : Création du premier foyer Flora-Tristan pour femmes battues à Clichy
  • 1980 : La loi précise que « tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui, par violence, contrainte ou surprise, est un viol »
  • 1990 : La Cour de cassation reconnaît le viol entre époux. Les associations qui luttent contre les violences familiales peuvent se porter partie civile
  • 1991 : La loi définit l'abus d'autorité en matière sexuelle dans les relations de travail. Une écoute téléphonique, Femmes Info Service (01 40 33 80 60), est créé pour assister les victimes de violences conjugales.
  • 1992 : Loi renforçant l'abus d'autorité en matière sexuelle dans les relations de travail (harcèlement sexuel)
  • 1994 : Le Code pénal reconnaît comme circonstances aggravantes les violences commises par un conjoint ou un concubin et renforce la peine de réclusion criminelle pour viol.
  • 2002 : La loi sur la présomption d'innocence renforce les droits des victimes de violences.
  • 2006 : La loi renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs[7] est adoptée par le Parlement français. Elle introduit une aggravation des peines encourues "pour un crime ou un délit lorsque l'infraction est commise par le conjoint, le concubin ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité" mais également "lorsque les faits sont commis par l'ancien conjoint, l'ancien concubin ou l'ancien partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité. Dès lors que l'infraction est commise en raison des relations ayant existé entre l'auteur des faits et la victime". (Art. 132-80 du Code pénal). La loi modifie également d'autres articles du Code Pénal pour faire reconnaitre les violences au sein de toutes les formes de conjugalité (concubinage, PACS et mariage)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. enquête ENVEFF menée sur des femmes de 20 à 59 ans, victimes au cours de l'année 1999
  2. La vérité sur les violences conjugales - L'Express
  3. (en)Prevalence of intimate partner violence: findings from the WHO multi-country study on women's health and domestic violence, C Garcia-Moreno, H Jansen, M Ellsberg, L Heise, C Watts, Lancet 2006; 368:1260-1269
  4. divorce,pères
  5. divorce,pères
  6. référence, citation ou lien
  7. n° 2006-399 du 4 avril 2006 sur le site de Légifrance

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Enquête Bodenmann et Gabriel, Questions familiales, février 2004, p.48
  • Iciar Bollain,"Te doy mis ojos" (Ne dis rien), 2003 - FILM
  • Petra Cador, Le Traitement juridique des violences conjugales : la sanction déjouée, Éditions L'Harmattan, Collection Logiques Sociales, 2005, ISBN 2-7475-8625-1
  • Micheline Christen (et al.) "Vivre sans violence? dans les couples, les institutions, les écoles", Erès, 2004
  • Yvon Dallaire, Homme et fier de l'être. Option Santé, 2001
  • Patrick Guillot, La Cause des hommes, Viamedias, 2005
  • Marie-France Hirigoyen "Femmes sous emprise" Oh! Editions, 2005, Paris
  • Marie-France Hirigoyen "Le harcèlement moral" la violence perverse au quotidien, Syros, 1998, Paris
  • Paul-Edmond Lalancette, La nécessaire compréhension entre les sexes, pages 263 à 285, Québec, 2008
  • Marcela Iacub et Hervé Le Bras, Homo mulieri lupus, Les temps modernes, n° 623, février 2003
  • Emmanuelle Millet, Pour en finir avec les violences conjugales, (Poche)
  • Isabelle Nazare-Aga, "Les manipulateurs et l'amour", Ed. de l'Homme, 2000, Montréal
  • Julia Rios, "Le piège. La violence au quotidien", Cobédia, 2000, Yens-sur-Morges
  • Jacques Salomé, "Si on en parlait. Trouver une issue à la violence conjugale", Ed. Jouvence, 2003
  • Sondage BVA sur les violences conjugales, dans L'Express, 20/6/2005, pp. 94-98
  • Sophie Torrent, L'Homme battu, un tabou au cœur du tabou, Option Santé, Québec, 2003
  • Daniel Weltzer-Lang, "Les hommes violents", Indigo & Côté-femmes éditions, 1996, Paris
  • Nathalie Zebrinska, "La guerre secrète, vaincre la violence conjugale". L'Harmattan, 2003, Paris
  • Nathalie Zebrinska "La guerre secrète, vaincre la violence conjugale". L'Harmattan, 2003, Paris
  • Jean Gabard, "Le féminisme et ses dérives - Du mâle dominant au père contesté" Les Editions de Paris, 2006.
  • Kathy SOUFFRON, "Les violences conjugales", Toulouse : Milan , coll. : « Les essentiels Milan », 2000