Vinland

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Carte du XVe siècle, dessinée à partir d’un original du XIIIe siècle, dont l’extrémité gauche montre le Vinland. Cette carte a par la suite été datée de 1434.
Carte du XVe siècle, dessinée à partir d’un original du XIIIe siècle, dont l’extrémité gauche montre le Vinland. Cette carte a par la suite été datée de 1434.

Vinland est le nom donné par le marin islandais Leif Ericson au territoire qu’il découvrit autour de l’an 1000. Des fouilles ont permis de retrouver des traces de la présence des Vikings à L'Anse aux Meadows à Terre-Neuve, Canada. On continue à débattre s’il s’agit là du Vinland d’Ericson, dont les spécialistes ont situé les divers emplacements possibles sur une aire géographique allant du Labrador à la Floride... Les Vikings n’ont pas perçu, à l’origine, l’exploration et la colonisation du Groenland et du Vinland comme différent de la fondation et de la colonisation de l’Islande. Il ne s’agissait pour eux que de prolonger leur territoire. Il faudra la rencontre des autochtones amérindiens, très différents des moines d’Irlande, pour que s’impose à eux la notion de nouveau monde.

Sommaire

[modifier] Histoire

Le Vinland est mentionné pour la première fois par le géographe et historien allemand Adam de Brême dans son livre Descriptio insularum Aquilonis, rédigé vers 1075. Il a rendu visite, pour l’écrire, au roi Sven II de Danemark, qui avait connaissance des terres nordiques. La source principale d’informations sur les voyages des Vikings au Vinland provient de deux sagas islandaises, la Saga d’Érik le Rouge et la Saga des Groenlandais rédigées approximativement deux siècles et demi après la colonisation du Groenland. La combinaison de ces deux sagas semble montrer qu’il y eut quelques tentatives séparées de colonisation norvégienne du Vinland, y compris par Þorfinnr Karlsefni, dont aucune n’a duré pendant plus de deux ans. Il y a probablement plusieurs causes au départ de la petite colonie viking. Les sources écrites font mention de désaccords parmi les hommes au sujet des quelques femmes faisant partie de l’expédition ainsi que de conflits avec les Skrælings (Amérindiens) vivant déjà dans la région.

L’histoire dit qu’après la colonisation du Groenland par les Vikings, un négociant du nom de Bjarni Herjólfsson, en chemin du Groenland vers l’Islande, découvrit accidentellement la côte est de l’Amérique en 985 ou 986 après avoir été détourné de son chemin par une tempête. Il raconta ensuite son histoire et vendit ses vaisseaux à Leif Ericson qui, selon les histoires, retourna vers ces régions. Comme c’était la fin de l’été, il repartit pour le Groenland qu’il réussit à atteindre avant l’hiver, mais renonça à débarquer au Vinland, ne voulant pas passer l’hiver dans cette nouvelle terre, qu’il décrivit ensuite comme couverte de forêts. L’approvisionnement en bois étant très restreint au Groenland, les colons étaient désireux d’explorer la richesse de cette nouvelle terre. Quelques années plus tard, Leif Ericson explora cette côte et établit une colonie de courte durée sur une partie de la côte qu’il appela Vinland.

La première découverte faite par Leif était, selon les histoires, le Helluland (« terre de la pierre plate »), probablement l’île de Baffin. Ensuite, le Markland (« terre du bois »), probablement le Labrador, fut découvert (il existe des preuves de réduction ou d’amoindrissement de la limite des arbres dans le nord du Labrador aux environs de l’an 1000) et pour finir, le Vinland (généralement traduit par « terre du vin (d’airelles)», mais interprété par d’autres comme « terre de pâturage »), probablement Terre-Neuve, à moins qu’il ne s’agisse du Québec, de l’Acadie ou de la Nouvelle-Angleterre. L’expédition comprenait des familles et du bétail en vue d’entamer une nouvelle colonisation. La colonie du nord reçut le nom de Straumfjörðr et celle du sud de Hóp. Seuls deux chefs de Viking hivernèrent réellement au Vinland, le deuxième étant Thorvald Ericsson, le frère de Leif, qui fut tué au cours du second été. L’idée de colonisation fut néanmoins rapidement abandonnée en raison des conflits avec les Skrælings (peut-être des Béothuks ou des Dorset). Il semble qu’il y ait été question de nouvelles expéditions de déboisement jusque dans les années 1300.

Jusqu’au XIXe siècle, l’idée d’une colonisation viking de l’Amérique du nord fut considérée par les historiens comme relevant du folklore, jusqu’à l’élaboration en 1837 d’une première hypothèse sérieuse par l’historien de la littérature et archéologue danois Carl Christian Rafn dans son ouvrage Antiquitates Americanæ où il concluait, après une étude en profondeur des sagas, ainsi que des lieux potentiels de colonisation de la côte nord-américaine, que le Vinland était un endroit réel en Amérique du nord qui avait été colonisé par des Norvégiens.

[modifier] Carte du Vinland et des îles de l’océan Atlantique

Cette célèbre carte marine montrant les côtes nord-américaines et les îles de l’Atlantique fut l’objet d’études multiples. Elle est déposée actuellement à la Bibliothèque Beinecke de livres rares et manuscrits de l'Université de Yale. D’aucuns y virent une carte authentique datant toutefois du début du XVe siècle d’après un portulan du XIIIe siècle, alors que d’autres y virent une supercherie du XXe siècle.

En 1995, des chercheurs de l’université d’Arizona et de la Smithsonian Institution se rendirent à l'Université de Yale pour analyser ce parchemin avec un spectromètre accélérateur de masse. Le résultat donna une date assez précise de 1434 ± 11 années, soit entre 1423 et 1445. Cette carte doit toujours être considérée comme un faux car si le parchemin est médiéval, l'encre est de composition moderne. On y explique que << L'utilisation de la micro-spectrométrie Raman a permis d'identifier de façon sure les matériaux mis en œuvre pour produire deux documents historiques d'importance, la carte du Vinland et les Récits Tartares. Quoique les encres utilisées dans les Récits Tartares soient en accord avec la période à laquelle ils ont été écrits, une de encres utilisées pour la carte du Vinland ne l'est pas. La présence [NDT: sur cette carte] d'une ligne jaune contenant de l'anatase, étroitement associée à une encre de Chine stable, indique que la carte du Vinland est un faux d'une époque moderne. (Traduction de Y.D. CNRS, France).>> Source Vinlandgate

La carte indique précisément, en latin, le Vinland au nord-ouest de l'océan Atlantique ainsi que l'île de Saint Brandan au milieu de l'océan. Le continent nord-américain présente distinctement l'estuaire et le Golfe du Saint-Laurent (nord-est/sud-ouest), ainsi que la baie d'Hudson[1].

[modifier] Bibliographie

  • Jared M Diamond, Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, « NRF essais », 2006. (ISBN 9782070776726)
  • René Guichard, Les Vikings, créateurs d’États : Islande et Norvège ; découvreurs de nouveaux mondes : Érik le Rouge au Groenland en l’an 982, Leif l’Heureux au Vinland en l’an 1000, Paris, Picard, 1972.
  • Paul Gaffarel, Le Vinland et la Norombega, Dijon, Darantière, 1890.
  • Charles Martijn, Andrée Faton, Le Canada depuis l’origine : villages esquimaux, indiens iroquois, les Vikings et l’énigme du Vinland, les Français en Acadie, fouilles à Québec, les forteresses, Dijon, Archéologia, 1978.
  • William Pettigrew, Le Mystère du Vinland, Montréal, ONF, 1994, 1984.
  • Charles Alphonse Nathanael Gagnon, « La question du Vinland », Bulletin de la Société de géographie Québec, Québec, 1918.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Scientists Determine Age of New World Map