Vie en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale

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La Seconde Guerre mondiale fut l’un des évènements importants, si pas le plus important du XXe siècle : le plus important par son ampleur, par le nombre de pays impliqués mais également par son influence sur l’évolution du monde et de la société.

La Belgique fut à cette occasion envahie pour la deuxième fois en trente ans, après avoir eu l'immense majorité de son territoire occupé par l'empire allemand lors de la Première Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] Le rationnement

[modifier] Le début des restrictions

Les vraies restrictions entrèrent en vigueur le 25 mai 1940. Les Belges pouvaient alors recevoir 220 grammes de pain, 175 pommes de terre et 50 grammes de viande. Cela représente 1350 calories par jour, au lieu des 2700 d’avant-guerre et des 2000 jugées nécessaires. Les Belges, privés de pain se rabattirent sur les pommes de terre. Cependant, celles-ci vinrent à manquer à cause, entre autres, des prélèvements organisés par l’occupant.

À cette époque, les gros problèmes alimentaires ne se faisaient pas trop sentir. En effet, les fruits et le sucre étaient encore abondants.

Pour pallier le besoin des plus démunis, le « Secours d’hiver » fut créé le 29 octobre 1940.

[modifier] Le marché noir et le troc

Après un certain temps, le rationnement devint un souci majeur… La pénurie se faisait sentir. Cette situation donna bien évidemment naissance à un marché parallèle où le Belge qui en avait les moyens pouvait trouver de quoi compléter des rations insuffisantes. Au marché noir, on pouvait trouver :

- de la viande à 100 ou 150 BEF le kg (35 BEF au cours officiel),
- du sucre à 50 BEF (7,90 BEF au cours officiel),
- du beurre à 120 BEF (41 BEF au cours officiel),
- un pain à 50 BEF (2,88 BEF au cours officiel),
- 1 kg de pommes de terre à 11 BEF (2,45 BEF au cours officiel).

Le salaire moyen de l’époque était de 2500 à 3000 BEF par mois.

Il y eut plusieurs sources à ce trafic : ceux qui avaient droit à des rations supplémentaires et qui les revendaient, les trafiquants qui copiaient ou dérobaient des tickets de rationnement, les entreprises qui offraient des primes en nature, etc. Les agriculteurs et les éleveurs furent également une cause importante du marché noir. Ceux-ci revendaient (à prix d’or) leur surplus de marchandises. Les promenades à la campagne devinrent donc régulières pour les citadins.

Les tickets étaient obtenus à la maison communale sur présentation de la carte d'identité ou d'autres documents d'identité. À chacun était alloué un code d'utilisateur qui le plaçait dans une des catégories prioritaires. Tout en haut de l'échelle on trouvait les femmes enceintes, tout au bas les invalides et les autres éléments jugés inutiles à la société. C'est ainsi que les juifs ne recevaient que la moitié des tickets d'alimentation et devaient survivre avec moins de 600 calories par jour. Cette politique discriminatoire avait pour but de forcer les catégories visées à recourir au marché noir et à se placer dans l'illégalité. Les bons citoyens étaient encouragés à dénoncer les fraudeurs.

[modifier] La résistance

[modifier] La presse clandestine

La presse clandestine fut un moyen de résistance très important durant la guerre. On estime que 10 à 12 millions de journaux clandestins furent diffusés durant cette période. Sur ces 10 millions, 5 millions exprimaient les vues communistes, 3 millions les vues socialistes et un million les vues royalistes. Bien sûr, ces chiffres sont une estimation.

Les communistes furent les plus actifs, ils avaient comme points forts une expérience de la lutte clandestine et une volonté soutenue par l’espoir de mener une révolution communiste. Parmi ceux-ci comme parmi les autres groupes de résistants, beaucoup furent arrêtés, la presse clandestine étant une activité difficile à cacher longtemps. Ainsi, sur 5000 membres de cette presse, 3000 perdirent la vie.

[modifier] Les groupes de résistance armée

De nombreux groupes de résistants se formèrent à cette époque. Il est dit que chaque commune possédait un noyau de résistance. Certains n’y entrèrent pas par choix : lorsque les Russes entrèrent en guerre contre les Allemands, tout communiste devint un résistant pour l’occupant.

Les groupes de résistants s’occupaient le plus souvent de saboter des points stratégiques, comme des ponts, des pylônes électriques, etc. Ces actions, comme les meurtres de soldats allemands étaient sévèrement condamnés par l’occupant. Ainsi, des civils innocents ont parfois malheureusement fait les frais de cette guérilla.

Les résistants mettaient également en place des centres de communication clandestins, à partir desquels ils pouvaient contacter d’autres groupes et Londres.

[modifier] La collaboration

Voir l'article détaillé Collaboration en Belgique.

En 1940, la guerre semble se terminer au profit de l’Allemagne. La plupart des notables belges appliquent une politique « du moindre mal ». Cependant, d’autres, qu’ils soient belgicistes ou nationalistes flamands, vont se rallier à l’occupant afin de mettre en place un régime fasciste et, évidemment, essayer d’en avoir les commandes. Les collaborateurs possédaient certains avantages, comme le droit de recevoir des rations supplémentaires de nourriture.

L’occupant possède deux alliés politiques en Belgique, Rex (dirigée par Léon Degrelle) en Wallonie et le VNV en Flandre. Ces partis ont également fourni des recrues aux Allemands. Ceux-ci proposaient aussi aux habitants de s’engager dans des forces armées sous contrôle allemand, comme, du côté francophone, la « Légion Wallonie » ou les « Gardes Wallonnes ».

Lors des premiers durcissements du régime, la population s’oppose de plus en plus à la collaboration. Plus tard, lors des bombardements alliés, celle-ci essayera de regagner la confiance des Belges.

[modifier] La libération et l'épuration

Le 4 septembre 1944, les premiers chars alliés arrivent à Bruxelles, la foule est immédiatement en délire. La joie fut pareille dans toutes les villes et tous les villages traversés par les Alliés. Mais ces scènes de joie ne masquent pas les règlements de comptes entre Belges. Les maisons de collaborateurs sont dévastées par des résistants (dont un certain nombre n’avait en fait jamais fait partie de la résistance auparavant) et les collaborateurs sont arrêtés ou tués.

Paul Struye, journaliste à La Libre Belgique, écrit : « Tout cela, qui survient sans transition, dans un tourbillon inespéré qui donne le vertige, est si émouvant, si prenant, si pathétique que nous nous demandons parfois en nous frottant les yeux si nous ne sommes pas dans l'irréel… ». Il transmettra vers Londres d’autres rapports sur l’évènement : « De nombreux collaborateurs de l'occupant ont été abattus chez eux, en rue ou en pleine campagne. Des femmes figurent en assez grand nombre parmi eux. Il s'agit toujours, dit-on, de dénonciatrices qui auraient livré des réfractaires à l'occupant. Un « traître » a été trouvé dans un bois près d'Houffalize, pendu à l'aide de crochets de boucher plantés dans la gorge. ».

Malgré ces violences d’après-guerre, la joie de voir passer les libérateurs est bien réelle. Pour preuve, la déclaration de Winston Churchill à la Chambre des communes : « We have in Belgium a tumultuous welcome. ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Jacques de Launay et Jacques Offergeld, La vie quotidienne des Belges sous l’occupation (1940-1945), éditions Paul Legrain, Bruxelles, 1982.
  • Georges-Henri Dumont, Histoire de Bruxelles biographie d’une capitale, Le Cri édition, Bruxelles, 1997.
  • Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sous la direction de Paul Aron et José Gotovitch, Bruxelles, André Versaille éditeur, 2008.

[modifier] Articles liés

[modifier] Liens externes