Veda

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Le Veda (devanāgarī : वेद - sanskrit : « connaissance », « qui a été vu »), est un ensemble de textes (appelés « Vedas ») de la religion indo-aryenne, issus de la Śruti, à l'origine du védisme, religion mère de l'hindouisme. Les hindous pensent que les Vedas existent depuis la création du monde et les considèrent comme la « connaissance révélée ».

La partie la plus ancienne, le Rig-Veda, daterait de 1800 à 1500 av. J.-C. (mais la transmission orale serait bien plus ancienne). La compilation de ces textes est attribuée au sage Vyāsa. Les parties les plus récentes des Vedas dateraient de 500 av. J.-C..

Les Vedas constituent sans doute le corpus de connaissance le plus ancien que l'on connaisse et sont la base de la littérature indienne. Ils traitent d'astrologie, d'astronomie, de rituel, et comment ceux-ci se relient à la vie spirituelle de l'humanité.

Avertissement : les mots sanskrits seront cités en italique, sous la forme du thème nu suivi d'un tiret (pour indiquer l'absence de désinence) comme ils apparaissent dans les dictionnaires.

Sommaire

[modifier] La littérature et la philosophie védique

[modifier] Les Samhitas

  • Le Rig-Veda (ऋग्वेद en devanāgarī) contient des hymnes pour féliciter et appeler les devas (les demi-dieux). Le Rig-Veda est le recueil de base dont sont dérivés les autres Vedas. Il comporte 1028 hymnes répartis en 10462 stances, le premier étant dédié à Agni, protecteur du Rig-Veda. Ils constituent un trésor poétique dans lequel on puise pour trouver des prières ou des récitations liturgiques aux occasions les plus diverses.
  • Le Sama-Veda consiste principalement en stances tirées du Rig-Veda et adaptées à la récitation chantée. C'est le cantique avec des notations musicales et des indications de mélodies.
  • Le Yajur-Veda regroupe des formules en vers et en prose mêlés, directement affectés au culte et disposés dans l'ordre où elles sont utilisées dans les cérémonies de la liturgie.
  • L’Atharva-Veda contient des charmes magiques de longue vie, contre la maladie, la possession démoniaque, pour gagner l'amour d'autrui ou la richesse.

[modifier] Les textes en prose anciens

Les Vedas, indépendamment des hymnes (mantra ou Samhitā, en devanagari: संहिता), intègrent également trois couches de commentaires.

  • les Brāhmanas (ब्राह्मण, explications rituelles du Brahman) fondamental, contenant des commentaires de prose sur les rituels;
  • les Āranyakas (आरण्यक), contenant les explications ésotériques et mystiques des mantras;
  • et les Upanishads (उपनिषद्), contenant des écritures philosophiques et métaphysiques traitant de la nature et du rapport l'âme (l'atman) à l'esprit suprême Brahman.

[modifier] Les textes en prose ultérieurs

Chaque Veda a également divers livres de loi et manuels rituels qui dépendent de lui :le Dharmashastras, Grihyasutras, etc., mais la plupart des érudits ne les considèrent pas comme partie intégrante de la littérature issue de la Shruti ou de Vedas en prose.

[modifier] Conception indo-aryenne

Malgré la traduction littéraire et poétique qui a été faite du Veda, le présentant parfois comme un ouvrage de poésie lyrique[1], ces textes étaient à l'origine considérés comme l'expression de la connaissance absolue. Ce n'est pas un recueil de principes, de pratiques ni même de louanges poétiques aux dieux (les techniques existent mais dans des textes "non védiques"). Les textes sont donc, dans leur essence, un peu hermétiques pour le commun des mortels car ils exprimeraient en fait le son de l'univers, le murmure produit par sa création et son activité. Avant la diffusion plus large de ces textes, leur utilisation était de fait très codifiée : "La connaissance doit être dite seulement par celui qui sait, à celui qui s'est présenté comme il convient et qui est abilité à entendre" Shankara (Prasna Upanishad 6-1)

  • Le Veda- est une trouvaille et un savoir, résultant d'une écoute attentive (la çruti-).
  • (Le thème nominal indo-aryen veda-, passé tel quel en sanskrit, ajoute une voyelle thématique -a à la racine VID- transformée en VED- par alternance vocalique : VID- > VED- > veda-. Le lexème VID- donne aussi deux thèmes verbaux différenciés mais de sens complémentaires : VID- > VED- > VET- > vetti (il sait) et VID- > VIND- > vindati (il trouve : hij vindt en néerlandais, he finds en anglais). (çRU- > çruti- est au sens propre « l'action d'écouter »).
  • La çruti- est à l'origine du veda- : l'écoute mène à la trouvaille et au savoir. Qui écoute ? Les r.shi-. Et qu'entendent-ils ? Le r.ta-, le rythme du cosmos manifesté dans le cours régulier des étoiles (r.ksha-), la succession régulière des saisons (r.tu-), la simplicité (r.jutâ-) d'une conduite droite et honnête (r.ju-) qui mène à la prospérité (r.ddhi-) à la fécondité du mâle (r.sabh-, signifiant aussi taureau), fécondité et prospérité qui rendent débiteur (r.nî-) d'une obligation (r.na-) nouvelle, celle de régulariser l'expression de leurs vœux en versets (r.câ-) bien cadencés de chants védiques (r.k-, r.g- > r.gveda-) qui constituent une arme (r.shti-) puissante contre les forces du chaos et du désordre (la nirr.ti-, la non-r.ta-).
  • (La racine de tous ces mots est R.-, un des rares lexèmes sanskrits sans consonne initiale ni finale, pure roulante vocalique qui manifeste le dynamisme (le pouvoir) d'une vibration universelle sans commencement ni fin, ouverte, sans limites, impersonnelle, éternelle).
  • Ainsi l'écoute éternelle (çruti-) de l'ordre éternel (r.ta-) permet aux r.shi- de connaître (veda-) cet ordre et de trouver (veda-) les moyens de l'exprimer en strophes (r.câ-) rythmées, bien mesurées, qui se transmettront régulièrement jusqu'à nous de bouche à oreille, et nous dépassent, éternellement transmises aux générations futures.
  • Après les r.shi-, les arya- puis les hindous considéreront le veda- comme unique, méta-temporel, et normatif de l'expression de leurs vœux (vrata-). Cette expression va fleurir en une multitude de « poèmes » (r.g-) oralement transmis, que l'invention de l'écriture permettra de noter, puis de rassembler en un recueil de textes (samhitâ-) servant d'aide-mémoire : mais seule la récitation consciente et correcte et à haute voix prendra la valeur de veda-.
  • Cette collection de versets, la R.gvedasamhitâ-, sera suivie de mélodies pour chanter ces vers, mélodies dont la collection, la Sâmavedasamhitâ-, sera elle-même suivie de formules votives utilisées lors des cérémonies védiques, formules rassemblées dans une troisième collection, la Yajurvedasamhitâ-. Ces trois samhitâ- forment le corpus du triple veda-, qu'un abus de langage nomme « les » veda-, car il n'y a qu'un veda- (« une » trouvaille, « un » savoir) manifesté au travers d'une multitude de traditions et de textes véhiculés successivement par les r.shi-, les arya- (aR-ya né du R.-, de l'ordre), les brahmanes, les hindous médiévaux, puis ceux de l'ère internet.
  • Le premier texte à intégrer le veda- après les trois samhitâ-précédentes est l' Atharvavedasamhitâ-, recueil de textes utiles au purohita- (le protecteur, l'homme-médecin) mais non utilisés au cours de la liturgie des yajñâ- (sacrifices védiques). Ajouté aux trois recueils originaux, il permet de parler (abusivement) des quatre veda-. Au fil de l'histoire de nombreux autres textes s'intégreront au veda- sans que l'on parle de 5 (ou de 6, ou de 100) veda-!

[modifier] Remarques

Ces remarques préliminaires tentent de souligner le risque d'amalgamer deux niveaux de l'évolution religieuse de l'Inde, ce qui mènerait à méconnaître les spécificités originales, et du védisme ancien, et de l'hindouisme plus récent.

  • Le védisme utilisait un ensemble de notions exprimées par des mots que l'hindouisme recevra en héritage, qu'il « remplira » de conceptions nouvelles et inconnues des anciens arya.
  1. Les hindous utiliseront les versets (r.câ) comme mantra permettant de les intérioriser, mais l'arya, qui ne s'est pas encore inventé une vie spirituelle intérieure (bhakti), extériorise en r.câ des appels (évocatifs) aux pouvoirs de la régularité (r.ta).
  2. La racine sanskrite VID a bien évolué vers le latin video qui donna visio et « vision » en français, mais les anciens arya s'ils utilisaient un sens, ce serait plutôt celui de l'audition (çruti).
  3. Les hindous attribuent la rédaction de leurs textes anciens à Vyâsa (l'action diffusante) à qui l'on assigne la rédaction de l'épopée Mahâbhârata, mais l'arya ne connaissait d'autres auteurs aux veda que les sept r.shi traditionnels.
  4. Traduire deva par « dieu » sera une nouveauté hindouiste, car le deva- pour l' arya- était littéralement l'action brillante, lumineuse, d'un des pouvoirs imprévisibles du r.ta (DIV signifie illuminer comme le jour, mais aussi jouer aux dés, et deva est l'action de DIV).
  5. Ces pouvoirs sont grammaticalement nommés au masculin ou au féminin, mais ne sont pas des « déesses » comme Junon ou Vénus chez les Romains.
  6. Le brahman deviendra Brahmâ chez les hindous qui l'intégreront au sein d'une trimoûrti, mais le brahman védique est cette énergie du r.ta dont la fonction est de fonder l'ordre, de le fixer, et non une personne ou une chose.
  7. La mentalité des r.shi n'avait pas encore inventé les notions de Deus, ou d'Esprit, ou de transcendance, car leur pensée moniste ne créait aucune division en ce monde (pas même celle des castes, invention ultérieure elle aussi).

[modifier] La société védique

Les Vedas sont quatre livres « révélés » par les divinités aux sages de l’époque védique, censés contenir toute la sagesse divine. Ils nous permettent de connaître les bases de la culture des Aryens. Ils font référence aux ennemis des Aryens comme étant les Dâsas (esclaves), décrit comme noirs de peau (peut-être les Dravidiens). Les Aryens constituent des monarchies tribales dirigées par le rajah (râja), terme apparenté au latin « rex ». Il partage sa souveraineté avec deux conseils de tribu, la sabhâ et la samiti, qui participe à son élection. Il est assisté par un général (senâni) et un grand prêtre (purohita) qui par des sacrifices, assure la prospérité de la tribu et sa victoire dans la guerre.

C’est pendant l’âge védique que se constituent les quatre grandes divisions de la société aryenne (varna) : les brahmanes (prêtres), les kshatriyas (guerriers), les vaiśhyas (paysans) et les śudras (serfs). La famille constitue la cellule de base de la société, le village est fréquemment décrit comme le regroupement d’une lignée plutôt que comme un regroupement territorial. Elle est de type patriarcal et patrilinéaire. La femme est soumise à son époux et le mariage est monogamique et indissoluble.

[modifier] La religion

La religion védique est une religion sociale et non individuelle. À l’âge de sept ans, le jeune garçon, élevé jusque-là par les femmes dans le gynécée, reçoit l’initiation (upanayana) et doit ensuite commencer à apprendre ses devoirs religieux. Un maître lui enseigne des rites en lui faisant répéter des formules, tout en relatant les mythes qui les expliquent. À dix-sept ans, alors qu’il maîtrise le savoir religieux (Veda), il se marie. Les filles sont exclues de l’initiation.

La religion domestique comporte un certain nombre de rites obligatoires comme l’agnihotra, sacrifice quotidien qui consiste en une libation de lait fraîchement trait avant le lever du soleil, puis le soir. D’autres sacrifices concernent des victimes animales en de grandes occasions, qui sont mises à mort et leur chair, cuite selon des règles strictes, est consommée par les fidèles. On offre parallèlement des substances végétales, mais un autre groupe important de rites, réservé à une élite d’initiés, s’organise autour de la consommation d’un breuvage sacré, le Soma (obtenu à partir d'une plante, encore indéfinie aujourd'hui).

Le panthéon védique est composé de trois divinités prédominantes : Mitra, Varuna et Indra. Il y a 33 divinités en tout. Dans les Vedas, les demi-dieux constituent une véritable société. Agni était le prêtre actuel. Mitra symbolise l’alliance entre les hommes et les demi-dieux, et Varuna, le châtiment que méritent ceux qui la rompent. Ils sont assistés d’Aryaman et de Bhaga. Mitra garde la lumière, Varuna préside à la nuit. Indra détient la fonction guerrière. Les demi-dieux de la production des richesses et de la prospérité, sont très en retrait dans les Veda. Ils sont en général liés à la production de la lumière, comme les Aśvins, cavaliers du ciel jumeaux qui paraissent à l’aurore.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Jean Varenne, Le Veda, Les Deux Océans, réédition 2003, ISBN 2-86681-010-4
  • Lokamanya Bâl Gangâdhar Tilak, Orion ou Recherches sur l'Antiquité des Védas, Milan, Éditions Archè, 1989, 240 p. (distributeur français : Les Belles Lettres)
    Dans ce livre dense, écrit en 1893, Tilak s'efforce, à l'aide d'observations astronomiques tirées des Védas, de démontrer, pour certains des hymnes, une datation reculant au moins à - 4000 voire largement antérieure.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. voir Rig Veda ou livre des hymnes par A. Langlois éditions Jean Maisonneuve