Valencien

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Situation du valencien sur une carte dialectale du catalan
Situation du valencien sur une carte dialectale du catalan

Le valencien (valencià en valencien) est le nom traditionnel de la langue vernaculaire du Pays valencien (dénomination traditionnelle) ou Communauté valencienne (dénomination administrative). C'est une variante dialectale du catalan, qui a été introduit par les colons de la principauté de Catalogne après la reconquête des territoires arabes par Jacques Ier d'Aragon au XIIIe siècle. À telle enseigne que les auteurs écrivant en valencien sont souvent aux programmes du concours du C.A.P.E.S. de catalan et de l'épreuve de catalan du concours de l'Agrégation d'espagnol.

Milà i Fontanals, dans ses Obres catalanes (Œuvres catalanes), fut le premier à utiliser cette dénomination[1]. Plus tard Josep Calveras l'utilisera en 1925, dans son ouvrage La reconstrucció del llenguatge literari català (La reconstruction du langage littéraire catalan)[2]. Un exemple connu de l'utilisation d'une triple dénomination se trouve dans le Diccionari Català-Valencià-Balear (1926-1962), appelé ainsi par l'auteur qui débuta l'œuvre, Antoni Maria Alcover, pour obtenir l'acceptation des gens qui vivaient dans les principaux territoires où l'on parlait la langue.

D'autre part, les Valenciens et les Catalans ont eu un rôle historique dans le maintien d'une tradition littéraire dans la langue qu'ils partagent, donnant comme résultat des dénominations doubles ; la première d'entre elles figure dans un document en latin (Actas del proceso de canonización de Saint Vincent Ferrier, (1445-1455): «et loqueretur in vulgari catalanico sive valentino») et plus tard dans des œuvres littéraires comme les Regles d'esquivar vocables o mots grossers o pagesívols (1492-1497) de Bernat Fenollar et Jeroni Pau («...lo vulgar català e valencià es dir reyna...») ou le Diccionari temàtic bilingüe Thesaurus puerilis (1575) de Onofre Pou («Está primer lo vulgar en llengua Cathalana, y Valenciana, y després lo llatí»).

Sommaire

[modifier] Usage

Le valencien est la langue propre de la Communauté valencienne, et elle a un caractère officiel[3] en son sein avec le castillan. Près de 94% de la population le comprend, et environ 78% affirment savoir le parler et le lire ; enfin, 50% des gens disent savoir l'écrire, selon une enquête réalisée en 2005 par le Service de Recherche et d'Études sociologiques de la Communauté autonome de Valence[4],[5]. La politique de valorisation du valencien entreprise depuis la fin du franquisme explique ce relativement fort taux d'alphabétisation en valencien, particulièrement chez les jeunes. La chaîne de télévision de la Communauté Valencienne (canal nou) a également fortement contribué à la familiarisation d'une grande partie des habitants de la communauté avec le valencien, y compris dans les zones castellanophones.

Carte de densité de locuteurs de valencien
Carte de densité de locuteurs de valencien

Les locuteurs des dialectes valenciens se concentrent notamment dans la plaine de la Province de Castellón (Castelló), la côte méditerranéenne de Valence (València) et le nord d'Alicante (Alacant).

Aujourd'hui, dans la plus grande partie du territoire, et particulièrement dans les grandes villes, le valencien est en position d'infériorité par rapport au castillan, et cela est dû en grande partie au manque de soutien politique, qui a contrarié de manière générale le regain d'intérêt qu'il a connu après la période franquiste. Plus précisément, le fait que Valence ne soit plus depuis de nombreuses années un foyer actif de rayonnement du valencien contribue à la fragmentation de celui-ci.

[modifier] Linguistique

D'un point de vue linguistique et scientifique le valencien, qui est l'une des variantes dialectales qui constituent le catalan, appartient au groupe dialectal occidental. Le code ISO 639 est donc commun (cat), mais la dénomination diffère selon le territoire[1]. L'articulation dialectale du catalan en deux blocs verticaux se base sur une différence de traitement des voyelles atones (3 voyelles pour le bloc oriental, 5 pour le bloc occidental). L'isoglosse du valencien à l'intérieur de la langue catalane peut renvoyer au tortosí dans la moitié nord de la province de Castelló (en appliquant la différence de conjugaison cante/canto) ou en incluant comme faisant partie du valencien le parler de la Frange d'Aragon (cantès/cantara).

Langues indo-européennes > Italique > Groupe roman > Roman > Groupe italo-occidental - Sous-groupe occidental > Groupe gallo-ibérique > Groupe ibéro-roman > Groupe ibéro-oriental > Catalan-valencien-baléare

voir dans l'article détaillé catalan

Carte des sous-dialectes valenciens
Carte des sous-dialectes valenciens

[modifier] Sous-dialectes valenciens

  • Valencien de transition ou tortosin avec le catalan nord-occidental (valencià de transició o tortosí).

Cette zone est caractérisée par le croisement de trois isoglosses importantes: conjugaisons de la première personne en -o/-e, prononciation ou non du -r de l'infinitif, et enfin désinences en -ara, -era, -ira /és (às), -is du subjonctif imparfait.

  • Valencien septentrional ou de Castillon (valencià septentrional o castellonenc)

Ce dialecte est caractérisé par une simplification de la phonologie consonantique (/dz/ > /tz/ et )

  • Valencien central ou apitxat, prononcé [apiˈtʃat], (valencià central)

C'est la sous-modalité interne la plus connue du valencien. Elle est souvent dévalorisée socialement et source de honte pour ses locuteurs, qui considèrent qu'ils parlent "mal" valencien. Irradiée par le grand centre que représente Valence, cette modalité s'est étendue en direction du sud, et il n'est pas rare aujourd'hui de l'entendre dans les zones méridionales de la province de Valence, comme Xàtiva ou Gandia. Selon certains linguistes, l'apparition du dialecte apitxat est due à l'apport progressif des populations aragonaises immigrantes, et non pas à un rapprochement avec le système phonologique castillan. Il se caractérise par un assourdissement de plusieurs consonnes fricatives et affriquées sonores, et par la bilabialisation de la labiotentale fricative sonore (v > b)

  • Valencien méridional (valencià meridional)
  • Majorquin à Tàrbena et La Vall de Gallinera (parlars mallorquins a Tàrbena i La Vall de Gallinera)
  • Valencien d'Alicante (valencià alacantí)

[modifier] Le conflit linguistique valencien

On doit à Rafael Lluis Ninyoles, linguiste valencien, l'invention de ce terme, et de nombreux travaux en rapport. Dans ces derniers, Ninyoles analyse le processus qui a mené à la lente substitution du valencien par le castillan de la part des élites valenciennes et la subséquente perte de valorisation sociale de celui-ci.

[modifier] Controverse actuelle

L'emploi ou l'exclusion du terme est l'objet d'une forte controverse politique en Espagne, où la défense et la revendication des identités régionales réveillent traditionnellement l'intérêt de la société civile, car il est souvent utilisé pour diviser et opposer les populations. Cette controverse s'appuie sur l'anticatalanisme relativement répandu dans la Communauté valencienne (les revendications d'autonomie, voire d'indépendance en Catalogne étant pratiquement inexistantes dans la Communauté valencienne, de nombreux Valenciens refusent d'admettre qu'ils parlent une modalité de la langue catalane) et a été entretenue par la politique ambiguë menée par les gouvernements successifs de la Communauté valencienne, du fait que les partis régionaux valenciens ont toujours joué un rôle minime dans la communauté. Les personnes à l'origine de cette controverse défendent, contre l'avis unanime des linguistes, que le catalan et valencien seraient deux langues différentes. Cette controverse est quelquefois désignée sous le nom de "conflit linguistique valencien", un terme qui désignait en réalité à l'origine le conflit existant entre le castillan, langue institutionnelle et dominante, et le valencien, langue populaire et peu prestigieuse socialement.

Pour en finir avec cette controverse, l'institution de l'Académie valencienne de la Langue dans sa déclaration du 9 février 2005 [2] affirme la pertinence de l'emploi du terme valencien, lorsqu'il s'applique à ladite région, tout en demandant de ne pas l'utiliser dans la seule intention de créer de vaines polémiques ou de se livrer à des manipulations de nature culturelle, sociale ou politique qui contribuent à diviser les locuteurs, à rendre difficile sa promotion et à empêcher sa pleine normalisation (cf. 4 page 2).

[modifier] Bibliographie

  • (ca) Carles Salvador, Gramàtica valenciana, 3i4, Valence, 1978 (nombreuses réimpr.), 7e éd. (1re éd. Lletres valencianes, 1952), 210 p. (ISBN 82-85211-71-5)
  • Pompeu Fabra, Grammaire catalane, Les Belles Lettres, Paris, 1946 (réimpr. 1984), 2e éd. (1re éd. 1941), 132 p. (ISBN 2-251-37400-0)
  • CUENCA, María Josep, El valencià es una llengua diferent?, Valencia, Tàndem, 2003
  • CUENCA, María Josep, Valencià i català: breu història d’una instrumentalització, Valencia, L’Espill numéro 15, 2003(2)
  • FERRANDO FRANCÉS, Antoni, Consciència idiomàtica i nacional dels valencians, Valencia, Universitat de València, 1980
  • FUSTER, Joan, Nosaltres els valencians, Barcelona, Edicions 62, [1962], 2001, deuxième édition
  • FUSTER, Joan, Escrits sobre la llengua, Valencia, Tàndem, [1969], 1994
  • NINYOLES, Rafael Lluis, Conflicte lingüístic valencià, Barcelona, Edicions 62, 1969
  • NINYOLES, Rafael Lluis, idioma y poder social, Madrid, Tecnos, 1972
  • PIQUERAS INFANTE, Andrés, La identidad valenciana - la difícil construcción de una identidad colectiva, Madrid, Escuela Libre, 1996
  • POLANCO, Lluis, La normativa al País Valencià. Problemàtica i perspectives, Barcelona, Publicacions de l’abadia de Montserrat, 1984
  • SANCHIS GUARNER, Manuel, La llengua dels valencians, Valencia, Edicions número7, Valencia, [1933], 1985, sixième édition
  • SARAGOSSÀ, Abelard, Passat, present i futur de les Normes ortogràfiques de Castelló (1932), Valencia, Editorial Saò, 1998
  • SARAGOSSÀ, Abelard, El valencià del futur, Benicarló, Alambor, [2000], 2002, deuxième édition
  • VENY, Joan, Els parlars catalans, Palma de Mallorca, Editorial Moll, 1987

[modifier] Références

  1. «Y si no·s vol dir catalana, no·s diga de cap manera Llemosina, sino catalano-valentino-baleàrica»
  2. «"Català-valencià-balear" seria el [nom] propi i a tothom acontentaria, si no fos que es massa llarg, i que de fet els filòlegs [...] han pres el costum de dir-ne breument: llengua catalana.»
  3. LEY ORGÁNICA 5/1982, DE 1 DE JULIO, DE ESTATUTO DE AUTONOMÍA DE LA COMUNIDAD VALENCIANA [DOGV núm. 74, de 15 de julio]
  4. http://www.cult.gva.es/sies/desplegable/desp_interactiu/llibre.html
  5. http://www.cult.gva.es/sies/indexdatac.htm

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes