Vœux présidentiels du 31 décembre en France
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Les vœux présidentiels du 31 décembre en France sont un rendez-vous médiatique en France qui permet au président de la République française de s'exprimer auprès des Français par l'intermédiaire de la télévision à l'occasion du réveillon de la Saint-Sylvestre du 31 décembre et du passage à la nouvelle année.
Habituellement diffusés en différé à 20 heures avant les journaux télévisés, les vœux présidentiels du 31 décembre sont enregistrés préalablement.
Ce rendez-vous présidentiel est devenu, comme celui de l'allocution présidentielle du 14 juillet, un moment incontournable de la politique française. Il permet au président de la République de faire le bilan de l'année écoulée et d'indiquer les perspectives sur sa vision politique et sur les évènements futurs prévisibles. L'allocution est diffusée en différé du Palais de l'Élysée sur les principales chaînes de télévision françaises.
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[modifier] 31 décembre 1994
- Président en exercice : François Mitterrand
Mes chers compatriotes,
Parmi les événements qui marqueront l'année 94, le sauvetage de l'airbus Alger-Paris, il y a seulement quelques jours à l'aéroport de Marseille, résume mieux que tout autre les menaces et les risques qu'un grand pays comme le nôtre doit savoir affronter, la détermination, l'abnégation, et le courage nécessaire pour les surmonter. J'ai déjà remercié en votre nom les acteurs de ce drame.
J'ai souligné la cohésion et la fermeté des pouvoirs publics, et je dois redire l'admiration que m'inspire l'extraordinaire coup d'éclat du Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale, le G.I.G.N. Les membres de ce Groupe et l'Armée Française toute entière,qui a su les former ont honoré la France. J'ajoute que beaucoup d'autres méritent d'être cités.
Je pense, en particulier , à l'équipage d'Air France dont le sang-froid et la résistance à la fatigue physique et morale ont largement contribué au succès commun. En dépit des difficultés actuelles, je trouve dans ces faits un véritable réconfort.
Il est bon de pouvoir se dire , en cette nuit de Nouvel an, que les Français si prompts à se quereller, sont également capables de s'unir et de montrer au monde ce qu'ils valent quand le danger est là. Réservons également une pensée respectueuse et fraternelle, aux familles des passagers en deuil et aux soldats blessés au combat, qui souffrent dans leur cœur et dans leur chair.
Ainsi se mêlent, dans toute communauté humaine la joie et la douleur. Ce qui nous rappelle que nul n'est à l'abri du malheur et que le premier devoir de ceux qui ont la chance d'être épargnés est de se montrer, plus encore, solidaires de ceux que frappe le destin.
Cette leçon vaut pour tout. Sur le plan international où de nombreux peuples sont soumis aux horreurs de la guerre civile et de l'oppression étrangère, j'observe à cet égard que la France s'est toujours placée au premier rang des forces de la paix.
Sur le plan national où s'accroit le nombre des Français sans abris victimes du chômage, de la pauvreté, de l'exclusion. C'est un discours, me direz-vous, que tout le monde tient aujourd'hui.
Je constate seulement que les efforts accomplis par les uns et les autres n'ont pas guéri le mal. Le moment est donc venu de s'interroger sur les moyens que nous fournira la reprise économique si souvent annoncée pour que le retour à l'expansion s'accompagne d'un véritable ajustement des conditions sociales trop évidemment inégales.
Car la croissance n'est pas une fin en soi. Elle doit être l'instrument d'une répartition plus équitable des richesses crées par tous et pour tous.
Dès maintenant et dans les années prochaines les gouvernements, quelque soit leur tendance, auront à répondre d'abord à cette question. La lutte contre les injustices : J'y reviens toujours.
Ceux qui portent le poids principal du travail et de la production, ceux qui peinent le plus, mais qui voient leur salaire augmenter faiblement, quand il augmente, les licenciements massifs se multiplier, et tout près d'eux ou dans leurs rangs, s'étendre l'exclusion, ceux-là ont bien le droit d'espérer un plus juste profit dans leur vie quotidienne. Mais on n'y parviendra que si les employeurs et salariés parlent entre eux, que s'ils engagent le dialogue, que si les gouvernements les y encourage, que si tous se décident à négocier ensemble des choses de leurs vie.
Pourquoi la discussion sur un nouveau contrat social pour l'emploi est-elle ainsi bloquée. Mes chers compatriotes, c'est la dernière fois que je m'adresse à vous pour des vœux de nouvelle année en ma qualité de Président de la République.
Aussi je me permettrait deux recommandations : La première , ne dissociez jamais la liberté et l'égalité. Ce sont des idéaux difficiles à atteindre, mais qui sont à la base de toute démocratie.
La seconde, ne separez jamais la grandeur de la France de la Construction de l'Europe. C'est notre nouvelle dimension, et notre ambition pou le siècle prochain.
Sur l'Europe deux échéances nous attendent, d'abord la mise en œuvre du Traité d'Union Européenne, ensuite l'élargissement progressif de l'union à l'ensemble des démocraties européennes. Que d'energie et enthousiasme seront indispensables si l'on veut qu'aboutisse cette entreprise audacieuse !
Elargir l'Europe, oui, mais sans l'affaiblir. Vous le voyez , nous avons du travail devant nous.
Or, dès demain, 1er janvier, et pour 6 mois, c'est la France qui présidera l'Union. Cette situation ne se représentera plus avant longtemps.
Le gouvernement a préparé avec moi les grandes lignes de cette présidence. J'ai demandé au Premier Ministre d'accorder une importance particulière à la politique sociale trop souvent négligée.
A cet effet, nous recevrons bientôt les grandes organisations professionnelles et syndicales qui ont à faire valoir leur point de vue. Je vous le dit avec la même passion que naguère.N'en doutez pas, l'avenir de la France passe par l'Europe.
En servant l'une, nous servons l'autre.
Mes chers compatriotes, je n'apprendrai rien à personne en rappelant que dans quatre mois aura lieu l'éléction présidentielle.
C'est un rendez-vous important que la France se donne à elle-même. Je souhaite vivement que ce soit l'occasion d'un vrai, d'un grand débat sur tous les sujets, y compris les règles morales de notre vie publique et le rôle et les limites des divers pouvoirs.
Les problèmes que nous connaissons ne disparaîtront pas pour autant, mais la France y trouvera un nouvel élan. L'an prochain ce sera mon successeur qui vous exprimera ses vœux, là où je serais je l'écouterai le cœur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m'aura si longtemps confié son destin et plein d'espoir en vous.
Je crois aux forces de l'esprit, je ne vous quitterai pas.
Je forme ce soir de vœux pour vous tous en m'adressant d'abord à ceux qui souffrent, à ceux qui sont seuls, à ceux qui sont loin de chez eux.
Bonne année, mes chers compatriotes. Bonne année et longue vie.
Vive la République ! Vive la France !
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1994
[modifier] 31 décembre 1995
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes,
Vous m'avez élu, en mai dernier, pour que nous construisions ensemble une nouvelle France, une France juste, unie, respectueuse de notre pacte républicain. Une France telle que vous et moi la voulons.
Je mets toutes mes forces au service de cette ambition qui est aussi celle du Premier ministre, auquel je tiens à rendre hommage pour l'action courageuse qu'il a menée avec détermination dans des circonstances particulièrement difficiles. Cette ambition est celle du gouvernement tout entier.
Depuis sept mois, notre priorité, c'est l'emploi. C'est au nom de l'emploi que nous remettons nos finances publiques en ordre, afin de construire une économie créatrice de travail et de richesses. C'est au nom de l'emploi que nous menons une lutte sans merci contre le chômage de longue durée, grâce au contrat initiative emploi. C'est au nom de l'emploi que nous aidons les artisans et les petites et moyennes entreprises, à se développer.
La lutte contre le chômage est inséparable de la lutte contre l'exclusion.
Je refuse la fracture sociale apparue au fil des ans. Déjà, un programme de plusieurs milliers de logements en faveur des plus démunis est en cours. Une prestation nouvelle garantira bientôt l'autonomie des personnes âgées dépendantes.
Nous avons décidé de réformer notre protection sociale. Non pour la détruire, comme certains ont voulu le faire croire, mais pour garder et léguer à nos enfants une protection sociale efficace, juste et accessible à tous. Nous l'avons fait parce qu'il n'était plus possible d'attendre, sans mettre en péril notre sécurité sociale dont je suis le gardien.
Il n'est pas facile de réformer. Je le sais. La crise que nous venons de traverser l'a rappelé. Au-delà de la défense d'intérêts particuliers, elle a mis en lumière des inquiétudes, des angoisses face au chômage, face à des réformes trop longtemps différées, face à un avenir incertain. Elle a révélé un manque de confiance dans des pouvoirs qui sont ressentis comme éloignés des réalités quotidiennes et qui n'auraient d'autres réponses aux problèmes de l'heure que l'accroissement des contributions de chacun. Reconnaissons-le, cette crise a pu éveiller, chez certains, quelques doutes par rapport aux espoirs que mon élection a fait naître. Eh bien non ! Ces espoirs, je les porte. Ils ne seront pas déçus.
De la crise, il faut tirer les leçons.
La première, c'est qu'il n'est plus possible de gouverner aujourd'hui comme on l'a fait au cours des vingt dernières années : esquiver les vrais problèmes, poser des pansements sur des blessures qu'on ne soigne jamais, remettre à demain ce qu'il faut faire sans délai. Nous étions au bout de ce système.
Il faut bien le comprendre : si nous voulons être un pays en paix avec lui-même, un pays qui compte dans le monde, nous devons bouger, nous devons nous adapter. Adapter notre défense, adapter notre éducation, adapter notre production aux contraintes de la compétition planétaire. Pour ces nouvelles conquêtes, je veux susciter la mobilisation de toutes nos énergies.
La deuxième leçon, c'est qu'on ne changera pas la France sans les Français. Chacun d'entre nous a soif de considération, d'explication. Et c'est vrai, nous avons moins que d'autres l'habitude de la concertation.
C'est tous ensemble que nous devons retrouver les voies du dialogue. Le progrès social en dépend. Il faut des interlocuteurs forts et conscients de leur responsabilité. Des syndicats, des organisations professionnelles et des associations. Il faut surtout que nous apprenions à nous écouter davantage. J'appelle chacun à prendre toute sa part de ce dialogue dont dépend notre capacité à nous réformer. Je souhaite que l'année 1996 soit notamment celle d'un engagement collectif et négocié pour l'aménagement et la réduction du temps de travail, pour l'embauche et l'insertion des jeunes.
La troisième leçon, c'est une leçon d'espérance. Les crises sont souvent des révélateurs. Pendant ces semaines si difficiles pour beaucoup de Français, vous avez montré, jour après jour, un esprit de responsabilité, un esprit de solidarité exemplaires. Des millions d'entre vous se sont levés très tôt le matin, déployant imagination et volonté, simplement pour arriver à l'heure au travail.
Je veux saluer aussi la sérénité et la force d'âme dont vous avez fait preuve au moment des attentats qui ont frappé notre pays donnant ainsi au monde l'image d'un grand peuple dont je suis fier.
Pour 1996, beaucoup dépend de nous. La croissance, qui crée des emplois, sera aussi ce que nous la ferons. La croissance, c'est d'abord la confiance, confiance en nos initiatives, confiance en nos efforts.
Et nous avons en main de vrais atouts. Nous sommes la quatrième puissance économique du monde. Notre économie est saine. Nos entreprises sont compétitives. Nos services publics, même s'ils doivent s'adapter, sont parmi les meilleurs du monde. Nos jeunes sont de plus en plus qualifiés, même si nous devons mieux les orienter, mieux les aider, pour leur mettre le pied à l'étrier. En tirant partie de leur énergie et de leur enthousiasme, il faut encourager leur formidable capacité d'adaptation et d'initiative. A nous de leur faire confiance, à nous de leur donner leur chance.
Le gouvernement est tout entier mobilisé. Il a pris des mesures pour relancer la consommation et l'investissement, afin de soutenir l'activité et de créer des emplois. Je lui ai demandé de ne plus recourir à de nouvelles augmentations d'impôts et de cotisations sociales et de les diminuer, dès que possible. Le Premier ministre s'y est engagé devant vous. Tout cela suppose, vous le comprenez bien, une vigoureuse et courageuse réforme de l'Etat.
Tous ensemble, nous pouvons faire de 1996 une année décisive, une bonne année pour la France.
Notre pays joue un rôle important dans le monde. Nous y sommes respectés. Nous venons de le prouver dans l'ex-Yougoslavie, en prenant des initiatives fortes pour mettre fin à de longues années d'un conflit barbare et rétablir la paix dans cette partie du continent européen.
L'Europe nous est plus nécessaire que jamais. Elle nous garantit la paix. La France veut y prendre toute sa place. Je veillerai à ce que l'Union européenne soit plus attentive à vos préoccupations quotidiennes, à ce qu'elle réponde davantage à vos aspirations sociales, à ce qu'elle fasse de l'emploi une priorité. L'homme doit être au cœur de notre projet commun, comme je l'ai demandé avec insistance à nos partenaires lors du Conseil européen de Madrid.
Pour toutes ces raisons, mes chers compatriotes, je suis sûr de notre avenir.
Je le sais, certains doutent et souffrent. Il y a des femmes et des hommes en profonde détresse. Ce soir, c'est d'abord à eux que va ma pensée. C'est pour eux que le gouvernement va soumettre au Parlement une loi qui s'attaquera aux racines de l'exclusion. C'est pour eux que des initiatives fortes seront prises en faveur des quartiers en difficulté.
Mais entre tous les Français, entre les plus démunis et ceux que la vie a davantage favorisés, je souhaite une communauté renforcée, plus fraternelle pour que chacun puisse aborder cette année nouvelle avec espoir et confiance.
Nous sommes les héritiers d'une longue histoire. Nous vivons dans un pays libre, envié même. Un pays qui a traversé bien des épreuves, qui s'est forgé une identité forte. Ce n'est pas rien que d'être Français. Ce sont des droits qu'il faut préserver. Ce sont des devoirs qu'il faut assumer. Plus ferme sera votre volonté, plus grande sera votre mobilisation, plus loin nous irons. Plus forte sera la France.
Oui, notre pays est porteur d'un message. Un message de fraternité, de tolérance et de justice. C'est ainsi que je vois la France. Une France qui regarde en face son passé, les heures sombres comme les heures glorieuses. Une France fidèle à son histoire, à ses valeurs, et décidée à les défendre. Une nation qui entre dans l'avenir avec confiance, parce qu'elle a choisi le progrès et la solidarité.
Mes chers compatriotes, en cette soirée de vœux, je vous souhaite, simplement et chaleureusement, une bonne année, une année sereine, une année heureuse. Nous sommes au début du chemin, mais nous sommes sur le bon chemin.
Vive la République !
Vive la France !
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1995
[modifier] 31 décembre 1996
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers Compatriotes,
1996 a été une année difficile pour beaucoup d'entre nous. Je le sais.
Pourtant, je reste confiant. Car la France change. La France se modernise. Les Français se mobilisent. Je suis impressionné, lors de mes déplacements, par ces Français que je rencontre et qui s'engagent, toujours plus nombreux, ici pour insérer des exclus, là pour préserver un patrimoine culturel, là encore pour créer une nouvelle activité, gérer autrement une entreprise, former des jeunes, lutter contre l'illettrisme.
Dans cet esprit, je voudrais vous dire ce soir les vœux que je forme pour vous et pour la France. Je voudrais vous dire comment, en 1997, nous progresserons sur le chemin de nos ambitions communes.
Notre nation traverse, c'est vrai, des turbulences. Les interrogations sont nombreuses. Les débats sont passionnés.
Et au risque de surprendre, je vous dirai que c'est la diversité de ces interrogations, la richesse de ces débats qui fondent aussi ma confiance. Notre pays est en train de changer, de bouger, de se remettre en question. Au-delà des blocages et des conservatismes qui existent ici ou là, j'y vois une preuve de dynamisme et de vitalité.
La France est sortie d'une longue période d'immobilisme. Nous vivions à crédit, nous accumulions dettes et déficits, nous refusions de voir le monde se transformer autour de nous. Peu à peu, notre pays perdait ses chances, sa voix et finalement son rang.
Il n'est pas facile, évidemment, d'adapter la France à son temps. Cela exige de penser et d'agir autrement.
Nous le faisons pour notre défense avec la création d'une armée professionnelle et d'un nouveau rapport entre les jeunes et la nation.
Nous le faisons pour notre protection sociale, dont je suis le garant, avec l'objectif de la rendre plus juste et plus efficace.
Nous le faisons pour notre cohésion nationale avec le Pacte pour la Ville, le logement, le projet de loi contre l'exclusion, les décisions prises en faveur des chômeurs de longue durée.
Nous le faisons à l'école et à l'université, dont la réforme est lancée, pour donner aux jeunes de meilleures chances de réussite.
Penser et agir autrement, c'est aussi avoir une conception plus exigeante et plus moderne de l'Etat.
L'Etat n'est pas là pour dépenser, sans limite ni contrôle, l'argent des contribuables.
L'Etat est là pour défendre le droit, pour assurer l'ordre et la sécurité sur l'ensemble du territoire. L'Etat est là pour garantir la liberté, toutes les libertés, l'indépendance de la justice, les valeurs de solidarité, de tolérance et de respect de l'autre, qui sont les valeurs mêmes de la République. L'Etat est là pour favoriser et non étouffer les initiatives, petites ou grandes, de ceux qui créent, qui investissent, qui recrutent, qui exportent.
Mon ambition, l'ambition que je vous propose, c'est de faire en sorte que la France tire profit de cette période de transition et réussisse son entrée dans l'avenir tout en restant fidèle à elle-même.
Nous construisons une France vivante et forte, capable de créer plus d'activité et plus d'emplois. Dans la compétition internationale, nous marquons des points. Nos concurrents le savent. Notre économie est performante et nous exportons comme nous n'avons jamais exporté.
Malgré cela, notre croissance a été trop faible cette année pour faire reculer le chômage, ce qui est mon objectif essentiel. Mais notre croissance repart et elle sera plus forte en 1997. Au Gouvernement de libérer les énergies qui ne demandent qu'à l'être. En simplifiant, bien davantage encore, les réglementations, les formalités, la paperasserie. En allant plus vite et plus loin dans la baisse des impôts qui a été amorcée, comme vous allez le constater dans les prochains mois. En rendant au travail sa valeur et sa dignité. En récompensant le mérite et l'effort, ce que nous ne faisons pas assez.
Nous voulons construire une France accueillante, et surtout plus accueillante pour les jeunes.
Notre pays est le plus jeune d'Europe. C'est une chance. Les jeunes Français sont prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes. Il faut leur faire confiance.
Entrepreneurs, Maires, responsables d'associations prennent des initiatives. Elles doivent se multiplier. Formations en alternance pour les jeunes non qualifiés, expériences en entreprises pour les étudiants, contrats d'insertion pour les moins favorisés : le Gouvernement et les partenaires sociaux ont ouvert la voie.
Il faut aller encore plus loin et ouvrir de nouveaux chantiers. Je pense, par exemple, à la nécessaire réforme de l'enseignement professionnel qui doit s'ouvrir davantage à l'évolution des métiers et des technologies.
1997 sera vraiment l'année de l'emploi des jeunes, comme je l'ai souhaité, si chacun s'y engage avec toute sa volonté, toute son imagination.
Et j'invite les forces vives, chaque entreprise de France, chaque collectivité locale, chaque association à prendre sa part dans ce grand effort national.
Nous voulons aussi construire une France apaisée, capable de faire reculer toutes les violences.
Le terrorisme, qui voudrait intimider et qui suscite chez nos compatriotes courage et solidarité. Je vous demande de rester vigilants.
La délinquance, la violence, notamment dans certains quartiers difficiles, qui ne doivent pas être tolérées, quelles qu'en soient les causes. Il y va de la vie quotidienne de beaucoup de Français.
La violence à l'école, qui est peut être la pire, car elle porte atteinte à la vocation même de l'école de la République : instruire et intégrer. Parents, enseignants, élèves et pouvoirs publics ont commencé à travailler ensemble pour faire reculer cette violence. Il faut poursuivre dans cette voie.
Nous devons construire une société où l'on se parle. Une France apaisée, c'est une France qui dialogue. La SNCF l'an dernier, le conflit des routiers cette année, ont montré combien nous avons du mal à nous écouter et à nous comprendre.
Nous devons devenir un pays capable d'anticiper et de conduire, dans la sérénité, les nécessaires évolutions de la société. Il n'y a pas de dialogue social sans respect de l'autre.
Mais il n'y a pas de vrai dialogue social sans culture de la responsabilité. Ne pas porter atteinte à l'intérêt général au nom d'intérêts particuliers. Ne pas tout attendre de l'Etat. Accepter le principe de la réforme à condition qu'elle soit juste et concertée. En France, chaque jour, des accords entre partenaires sociaux sont conclus qui font avancer les choses. Et j'y suis très attentif car le progrès social et la cohésion nationale en dépendent.
Cette France vivante et forte, cette France accueillante, apaisée, elle sera la nôtre grâce aux choix que nous avons faits : choix de l'Europe, choix de la modernité, respect de l'identité française.
Si nous jouons bien notre rôle dans la construction européenne, si nous adaptons notre nation à son temps, si nous nous appuyons sur ce que nous sommes, c'est-à-dire un peuple inventif, entreprenant, généreux, alors, j'en suis sûr, nous réussirons ensemble.
Mes Chers Compatriotes, de métropole, d'Outre-mer, de l'étranger, en ce 31 décembre, je souhaite de tout cœur à chacune et à chacun d'entre vous, une bonne et une heureuse année.
Vive la République !
Et vive la France !
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1996
[modifier] 31 décembre 1997
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers Compatriotes,
Je suis heureux de vous dire, ce soir, les vœux très sincères que je forme pour vous et pour tous ceux que vous aimez. Beaucoup d’entre vous sont en famille et s’apprêtent à fêter la nouvelle année. D’autres sont seuls, malades, ou dans la peine. Ma première pensée, une pensée chaleureuse, sera pour eux.
En 1997, une nouvelle majorité a été élue. J’ai donc nommé un Premier ministre issu de cette majorité, le Gouvernement applique sa politique. Et je vais vous dire comment les choses se présentent.
Conformément à la lettre et à l’esprit de nos institutions, j’assume dans leur plénitude les pouvoirs et les devoirs de ma charge. Garant de la continuité de l’Etat, je suis aussi le gardien des valeurs de la République, au premier rang desquelles la liberté et la solidarité. Responsable de l’avenir de la Nation, j’interviendrai chaque fois que ses intérêts seront en jeu pour vous dire ce que je crois être bon pour les Français ou, au contraire, dangereux pour la France.
Vingt-quatre mois seulement nous séparent de l’An 2000. Le temps s’accélère, les échanges se multiplient, les mentalités évoluent, les frontières s’estompent. Nous vivons des temps incertains et difficiles, mais qui ne voit que ce sont aussi des temps riches de promesses, riches de possibilités pour autant que l’on sache et que l’on veuille les saisir ? A l’aube de cette année nouvelle, je voudrais, dans cet esprit, formuler deux vœux pour la France.
Je souhaite une France rassemblée, accordée, dont les citoyens vivent en bonne intelligence.
Cela veut dire, d’abord, une France rassurée. Il y a chez nous trop de violence, trop d’insécurité, dans les écoles, dans les transports, dans les rues. Chaque jour les limites sont franchies au-delà desquelles la société se défait. C’est aujourd’hui, je le sais, avec le chômage, votre premier souci. L’Etat doit jouer son rôle. Il doit s’efforcer de mieux comprendre. Il doit prévenir. Il doit aussi punir quand il le faut. J’appelle chacun à prendre ses responsabilités. Que les citoyens respectent leurs devoirs. Que les pouvoirs publics restaurent l’ordre et la sécurité, qui est la première des libertés.
Une France rassemblée, c’est une France fière de ses valeurs. La dignité des hommes et des femmes, bien sûr, la protection des enfants, mais aussi la laïcité et l’intégration.
L’idéal de tolérance, auquel nous sommes tous profondément attachés, ne doit pas nous conduire à accepter ce qui met en péril l’unité de la Nation. Notre pays n’est pas et ne sera jamais l’addition de communautés juxtaposées. Le bien public n’est pas et ne sera jamais l’addition d’intérêts particuliers.
Enfin une France rassemblée, c’est une France qui se parle. Qui sait écouter, qui sait pratiquer l’échange et le dialogue, qui sait anticiper les évolutions nécessaires et les conduire dans la concertation. La modernité n’est pas un champ de bataille, avec des gagnants et des perdants. Chacun peut et doit y trouver des avantages. Pour cela, discutons, dépassons nos contradictions et nos querelles, inventons des solutions nouvelles. Je vous convie tous ardemment à mieux faire vivre notre démocratie.
Mon deuxième vœu, c’est une France qui a davantage foi en elle-même.
Nous avons toutes les raisons d’être fiers de notre patrie et de croire en notre avenir. Cet avenir, notre avenir est chaque jour construit et fortifié par des hommes, des femmes, des jeunes surtout, avides de comprendre et de créer. Il s’appuie sur notre vaste culture, sans cesse rajeunie et enrichie par des connaissances nouvelles. Il s’exprime dans des sciences et des technologies que je veux toujours plus vivaces et qu’une démocratie plus exigeante doit préserver de l’excès.
Et puis il y a l’Europe. Cette Europe qu’après d’autres, et avec d’autres, je contribue à bâtir. Je le fais pour garantir la paix à un continent que l’histoire a trop souvent brutalisé et trop longtemps divisé. Je le fais pour assurer sa puissance et sa prospérité au service de tous. Je le fais parce que je sais que nous pouvons y être les meilleurs. Nous le pouvons si nous changeons dans nos têtes. Il n’y a pas d’exception française qui nous permettrait de nous soustraire aux règles qui valent pour les autres. Mais il doit y avoir une ambition française : libérer les forces, les énergies de notre peuple, créer les conditions de la richesse et de l’activité pour que tous les Français en profitent. Pour que nous puissions créer les emplois qui nous manquent et faire reculer le chômage qui frappe si durement tant d’entre nous. Et l’on voit bien encore aujourd’hui la gravité et l’acuité de ce drame. Lutter plus efficacement contre l’exclusion. Que personne ne reste au bord du chemin. Il est là, notre rêve de dignité et de grandeur, plus vivant que jamais. Nous en ferons une réalité.
Dans la vie d’un pays, il y a des temps de joie et de tristesse, d’espoir et d’inquiétude, des séparations, des retrouvailles. Mais l’important c’est de préserver ce qui fait la force d’une famille, l’entraide, la chaleur, le soutien, le plaisir d’être ensemble et d’avancer ensemble. Une Nation, c’est la chance de vivre et d’appartenir à une communauté unie par son histoire et par sa culture. C’est construire un avenir pour nos enfants.
Mes Chers Compatriotes de métropole, d’outre-mer et de l’étranger, soyons fiers, soyons heureux d’être Français et ayons confiance en nous.
Je souhaite à chacune et à chacun d’entre vous une très bonne année.
Vive la République.
Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1997
[modifier] 31 décembre 1998
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers compatriotes,
Je suis heureux de vous retrouver ce soir, et de vous dire les vœux très chaleureux que je forme pour vous, pour les vôtres et pour notre pays, à l'occasion exceptionnelle de cette dernière année avant un nouveau millénaire.
L'année 1998 s'achève. Elle nous laissera des souvenirs forts. La joie sans frontière de la Coupe du Monde, symbole de fraternité et d'union entre les peuples. Le cinquantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, célébré avec cœur et enthousiasme, comme une promesse pour l'avenir.
En même temps, hélas, de nombreuses victimes tombaient au Kosovo, en Afrique Centrale, en Irak, tandis que des catastrophes dévastaient en quelques heures des régions entières, comme nous l'avons vécu récemment aux côtés de l'Amérique Centrale.
Chez nous le chômage, la misère, qu'elle soit matérielle ou morale n'ont pas diminué comme nous l'aurions souhaité.
Et puis, nous avons vu la mondialisation en marche. Un monde, c'est vrai, où les crises, notamment financières, se propagent très vite. Mais aussi et surtout un monde de plus en plus ouvert, où tout circule, les hommes, les richesses, l'information, la connaissance, un monde plein d'énergies, plein de vitalité, riche de fraternités à inventer.
Ces changements nous inquiètent parfois. Et pourtant ils seront porteurs de progrès si nous savons non seulement les maîtriser, mais surtout si nous savons humaniser, civiliser la mondialisation. Ce combat pour un monde plus humain où doivent prévaloir le droit et la fraternité est celui de la France. C'est le mien. Nous sommes tout à fait capables de réussir parce que nous le ferons ensemble. C'est ensemble que nous allons changer d'époque.
Préparer l'avenir, c'est le premier devoir de tout responsable. C'est vous donner la parole, c'est être à l'écoute de vos aspirations et de vos préoccupations. C'est proposer clairement un chemin pour vous permettre de donner le meilleur de vous-même, d'épanouir vos talents et de réaliser vos projets.
Aux responsables publics, vous demandez, d'abord, du courage, le courage de dire, le courage de faire, le courage de changer et d'assumer. Nous avons tout à gagner à poser franchement les problèmes. Tout le monde sait ce qui marche bien et ce qui marche moins bien en France. En dépit d'immenses progrès, trop de pesanteurs et d'habitudes nous tirent encore en arrière. Trop souvent, les intérêts particuliers l'emportent et nous ne jouons pas assez "collectif".
Choisissons résolument d'avancer. C'est ainsi que nous ouvrirons notre vie politique, que nous ferons mieux vivre notre démocratie. C'est ainsi que nous inventerons une nouvelle solidarité, une solidarité responsable pour ramener vers l'emploi ceux qui en sont exclus, parfois depuis longtemps. C'est ainsi que nous donnerons à nos enfants une bonne formation pour l'emploi. C'est ainsi que nous garantirons l'avenir de nos retraites. C'est ainsi que nous pourrons jouer toutes nos cartes dans un espace européen ouvert.
L'Europe est déjà une longue histoire. Elle est encore un long chemin. De plus en plus, elle sera notre quotidien. La création de l'Euro ouvre une ère nouvelle. L'Euro va changer l'Europe, et d'abord les mentalités.
Je tiens ce soir à vous rendre hommage.
L'Euro, c'est d'abord le fruit de vos efforts et de vos succès. C'est aussi l'expression de votre lucidité et de votre esprit d'ouverture car, si vous ne l'aviez pas voulu, si vous ne l'aviez pas rendu possible, nous serions restés en dehors de cette grande aventure. Pour nous, Français, c'est une chance. L'Euro nous apportera plus de choix dans nos achats, des prix plus bas, de nouvelles parts de marchés, de nouvelles possibilités d'investissement, et donc d'emplois. Il nous apportera plus de stabilité dans un monde incertain. Plus de force face aux grands pôles économiques et politiques qui se développent sur la planète.
Mais pour que nous puissions être parmi les meilleurs, il faut défaire les nœuds qui nous empêchent d'avancer. Libérer nos capacités d'innovation. Baisser nos impôts et nos charges qui sont parmi les plus élevés d'Europe. Valoriser ceux qui créent. Tirer le meilleur parti des nouvelles technologies. Voilà comment nous devons construire notre avenir. C'est une belle ambition, une ambition raisonnable, et c'est la mienne.
Des responsables publics, mes Chers Compatriotes, vous attendez aussi qu'ils fassent respecter la loi. Vous souhaitez de l'autorité, une autorité intelligente et responsable, sûre de sa raison d'être qui est tout simplement le respect de nos valeurs républicaines. Ces valeurs, et notamment l'intégration, l'égalité des chances, sont parfois menacées. La sécurité des biens et des personnes n'est pas garantie partout. L'éducation, la prévention sont indispensables, mais vous savez aussi que la sanction ne l'est pas moins. Je rappelle que la sécurité est la première des libertés.
Enfin, je sais que vous aspirez à plus d'unité. Autant vous appréciez les vrais débats, autant vous êtes lassés des vaines querelles. Je pense, comme vous, qu'il faut éviter ce qui divise inutilement, ce qui blesse les gens dans leurs convictions. Il y a aujourd'hui bien d'autres priorités, bien d'autres enjeux. Partout, je constate une formidable envie d'agir et de créer, une soif de comprendre, le besoin de réussir. Je vois à l'œuvre de nouvelles énergies qui transforment peu à peu notre pays. Si nous savons les encourager, les libérer, alors, oui, la France sera bien partie pour le siècle qui vient !
Partout, je rencontre des femmes et des hommes qui se rassemblent pour faire progresser les choses. Sur beaucoup de sujets, c'est possible. Nous avons bien vu ce que peut la France quand elle est unie, enthousiaste, tournée vers la même ambition, une ambition partagée.
Voilà, mes Chers Compatriotes, de Métropole, d'Outre-Mer et de l'étranger, les vœux que je forme pour la France. Sachons être lucides, inventifs, généreux. Sachons créer ou renouer tous les dialogues. Sachons nous rassembler pour le bien de la Nation.
Je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous, à ceux qui ont la chance d'être en famille, entourés de l'affection et de la solidarité des leurs, comme à ceux qui sont seuls ce soir, une bonne et heureuse année.
Vive la République.
Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1998
[modifier] 31 décembre 1999
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers compatriotes,
Je voudrais d'abord exprimer ma sympathie à toutes celles et à tous ceux qui vivent ces derniers jours de 1999 dans l'épreuve.
Je pense aux nombreuses victimes de la tempête et à toutes les familles endeuillées dont nous partageons la peine. Je pense à nos concitoyens cruellement touchés dans leur vie quotidienne, à ceux dont les biens ont été détruits, à ceux qui craignent pour leur activité et leur emploi, à ceux qui souffrent de voir notre patrimoine, notre littoral, nos forets, nos monuments, défigurés.
Je vous redis mon émotion mais aussi ma fierté devant l'exceptionnel élan de solidarité qui anime tant de bénévoles et d'associations mobilisés aux côtés des services publics civils et militaires et des élus.
En ces heures difficiles, nous ressentons profondément la fragilité des choses, la précarité de ce qui nous semblait acquis. Nous voyons combien tout peut être parfois remis en cause du fait de l'inconscience des hommes ou du déchaînement des éléments naturels.
Nous mesurons aussi l'importance du rôle de l'Etat dans notre société. Un Etat sur lequel pèsent des responsabilités essentielles : le service public, la sécurité, la solidarité. Un Etat auquel il appartient de prévoir, de faire face, d'assurer la coordination des moyens du pays.
Nous mesurons surtout le prix de l'aide fraternelle, du soutien spontané, de la main tendue, qui sont le ciment même de la Nation.
Au moment où nous touchons aux portes de l'an 2000, rien n'est décidément plus moderne, plus nécessaire, plus solide, que le sentiment d'appartenir à une même communauté et d'être responsables les uns des autres. La France blessée veut se retrouver rassemblée et fraternelle. Parce que nos compatriotes ont toujours su, dans l'épreuve, faire parler leur cœur, je voudrais dire merci à tous les Français. Ce soir, nous vivons ensemble un moment fort et singulier. Ce qui paraissait très lointain et qui a longtemps symbolisé le futur, l'an 2000, est devenu contemporain, immédiat. Je suis sûr que beaucoup d'entre vous vont vivre ces instants avec un peu d'émotion, un peu d'étonnement, une certaine appréhension parfois, née du sentiment que s'achève une époque dont on possédait les clés, dont on maîtrisait les règles et les habitudes.
Je comprends ces mouvements de l'âme. Pourtant, j'ai confiance. La France franchira les obstacles comme elle l'a toujours fait au long de son histoire pour peu qu'elle soit fidèle à elle-même. Même si le passé est bien présent dans notre mémoire, je ne m'attarderai pas sur le siècle qui s'achève. Siècle de progrès sans précédent. Pour la santé, l'éducation, les conditions de vie. Pour les libertés, la vie démocratique, la situation des femmes, les solidarités. Mais aussi siècle d'horreurs, de tragédies, de convulsions, qui a vu deux guerres mondiales, le goulag, les dictatures totalitaires. Et la Shoah.
Mais ce soir, ce qui importe, c'est l'avenir, notre avenir, celui de nos enfants. Le progrès va se poursuivre, avec ses hésitations, avec ses limites que nous mesurons bien face aux événements récents qui nous invitent à l'humilité. Progrès de la science. Progrès des communications entre les hommes. Progrès de la médecine : un grand nombre des enfants qui vont naître cette année verront l'an 2100.
Ces progrès ne prendront tout leur sens que s'ils bénéficient à l'homme, à tous les hommes. Le XXIe siècle doit être le siècle de l'éthique. Je sais que bien des tragédies, aujourd'hui, font douter de cette espérance. Pourtant, de plus en plus, les nations s'accordent pour mieux faire respecter les Droits de l'Homme, pour défendre la liberté et la dignité humaines. Un nouvel ordre international s'affirme peu à peu. Demain, il ne devra plus y avoir de repos pour les criminels contre l'humanité. Et au nom de la France, en votre nom, c'est le combat difficile que je mène chaque jour.
A l'intérieur de chaque nation, une exigence se fait entendre, toujours plus forte, pour que les avancées de la science soient orientées vers le bien de l'homme et ne se retournent jamais contre lui : je pense, par exemple, aux manipulations génétiques ou au clonage.
De même, dans le domaine de l'environnement, les peuples ne veulent plus que la course à la productivité épuise la planète. La responsabilité de tous ceux qui, dans le monde, dégradent le patrimoine naturel doit être recherchée et sanctionnée car il s'agit du patrimoine que nous léguerons à nos enfants.
Même si le monde change comme il n'a jamais changé, la modernité ne doit pas nous diviser. Elle doit profiter à chacun.
Nous réussirons. Nous réussirons, parce que nous avons pris des décisions qui engagent et qui garantissent notre avenir.
Nous avons choisi ensemble de faire grandir la France dans l'Europe. Une Europe qui nous garantit la paix. Une Europe qui nous permet de peser davantage dans le monde.
Nous avons choisi aussi de prendre part à la mondialisation, d'en prendre toute notre part. Mais une mondialisation maîtrisée, organisée, respectueuse de l'environnement, capable de prendre en compte les aspirations des hommes et capable de faire reculer la pauvreté. Ce sera tout le sens du combat de la France dans les grandes négociations à venir.
Mes chers compatriotes,
Nous avons en commun certaines valeurs.
La volonté de donner à chacun sa chance pour que notre société soit plus allante, plus mobile, plus optimiste.
L'exigence de solidarité. Une solidarité plus responsable où chacun s'efforcerait de prendre sa part du contrat.
L'attachement à la famille, parce qu'elle est chaleur, entraide, sécurité.
Le désir d'être utile, de trouver sa place dans la société, de donner autour de soi, de se réaliser.
La tolérance, qui ne doit pas être renoncement à ses convictions, mais respect de l'autre.
L'esprit républicain et le sens de l'intérêt général, qui imposent que l'Etat conserve toute sa place pour dire le droit, le faire respecter, avec autorité, avec justice.
Gardons ces exigences. Gardons ces valeurs. En les faisant vivre, nous serons plus forts pour aborder les temps qui viennent.
La France change. Elle doit le faire au rythme du monde. En étant fidèle à son génie propre, elle saura conjuguer le changement et la cohésion sociale, l'esprit d'initiative et la sécurité, la modernité et le bien vivre ensemble.
Mes chers compatriotes, je mesure l'honneur et la responsabilité qui m'échoient de m'adresser à vous ce soir, alors que notre nation franchit le cap du siècle.
La France a plus de mille ans, riches de fièvres, de passions, d'enthousiasmes. Elle continue, comme hier, à ouvrir et à défricher les chemins du monde. Le nouveau siècle est à inventer, plus fraternel, plus volontaire. Il aura les couleurs que nous lui donnerons. La France sera ce que nous voudrons qu'elle soit. Une nation unie, vivante, solidaire, ouverte, qui n'accepte aucune fatalité, car, dans un monde où rien n'est figé, l'avenir dépend de nous. L'avenir dépend de notre capacité à construire, à créer, à rêver ensemble les voies de l'aventure humaine.
A chacune et à chacun d'entre vous, Françaises et Français de métropole, d'Outre-mer, de l'étranger, je souhaite très chaleureusement une bonne et une heureuse année 2000.
Vive la République, Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 1999
[modifier] 31 décembre 2000
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers Compatriotes,
À la veille de cette année 2001 ma pensée va vers vous, qui êtes dans la joie du réveillon. Elle va aussi vers ceux qui n'ont pas la chance d'être ce soir en famille ou avec des proches, et qui ressentent dans leur cœur le poids des épreuves, de la solitude ou de la maladie. Je pense spécialement à ceux de nos aînés qui vont franchir seuls le cap du nouvel an.
À tous et à chacun, j'adresse mes vœux très chaleureux de bonne et d'heureuse année.
Si le passage à l'an 2000 a été célébré dans le monde entier comme le commencement d'une époque nouvelle, l'année 2000 fut, en réalité, un temps de prise de conscience.
Conscience des risques que peuvent engendrer l'activité humaine, l'invention humaine, quand elles ne sont pas assez maîtrisées. Les tempêtes de décembre 1999, peut-être liées au réchauffement de la terre ; la marée noire de l'Erika ; la crise de la vache folle, dont l'Europe, à l'initiative de la France, a maintenant pris toute la mesure. Autant de conséquences, directes ou indirectes, d'une modernité insuffisamment contrôlée, insuffisamment soucieuse des hommes et de leur avenir.
Conscience de la fragilité de la vie humaine, et de l'inégalité face à la santé. Prenez l'exemple du SIDA. Il frappe de plus en plus et partout dans le monde. Nos sociétés doivent, plus que jamais, rester mobilisées, actives, vigilantes. Mais les traitements dont bénéficie l'occident restent aujourd'hui inaccessibles aux malades des pays pauvres. Cette injustice doit être combattue.
Conscience de la fragilité de la paix quand l'incompréhension, la passion et la colère engendrent la violence dans tant de régions du monde.
Mais conscience, aussi, de la puissance et de la splendeur du génie humain quand les progrès de la médecine suscitent tant d'espoir, quand la thérapie génique permet à des enfants promis à de lourds handicaps de naître et de grandir en bonne santé.
Conscience de l'élan, du dynamisme, des perspectives multiples offertes par la croissance mondiale. Conscience d'un avenir plus ouvert pour les jeunes. Conscience de nouveaux domaines à explorer, de nouvelles techniques, de nouvelles pratiques, qui changent peu à peu la vie professionnelle et aussi le rapport au temps.
Conscience, enfin, du devoir de solidarité. Solidarité dans le monde entre le nord et le sud, indispensable si nous voulons que la mondialisation profite à tous. Solidarité au sein de l'Europe, si nous voulons construire une citoyenneté européenne, garante de la paix et de la démocratie sur notre continent. Solidarité entre tous les membres de notre communauté nationale. L'action sociale des organismes publics est naturellement nécessaire, mais au-delà, ce qui permet de faire face, c'est le soutien efficace d'une association, la main tendue par un parent, par un voisin et tout ce qui donne un visage à la solidarité. Le progrès n'est rien sans la fraternité.
Face à toutes ces évolutions qui suscitent beaucoup d'espérance mais aussi des inquiétudes, il y a de nouvelles chances à saisir, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouveaux espaces à conquérir.
Rien ne se fera tout seul bien sûr. L'avenir est entièrement à construire. Et vous avez, je le sais, de plus en plus ce désir de vous l'approprier, cette envie d'agir et d'avancer, cette soif de projets, de réalisations qui sont aujourd'hui les grands atouts de la France.
Mais il faut aussi une volonté nationale, un enthousiasme collectif, et il faut avancer sans attendre demain.
C'est pourquoi, mes Chers Compatriotes, 2001 doit être une année utile. Chaque année compte, aucune ne peut être perdue.
Une année utile pour notre planète. Elle est le patrimoine commun que nous lèguerons à nos enfants. Elle ne nous appartient pas. Désormais, les problèmes sont identifiés. Des solutions existent, pour mieux garantir la sécurité alimentaire, pour rendre plus sûrs et plus propres les mers et les océans, pour ménager les ressources naturelles, pour enrayer certains phénomènes comme le réchauffement de la Terre. Ces solutions exigent une volonté internationale. Elles ne sont pas faciles à mettre en œuvre. Certes, nous avançons dans la bonne direction, mais trop lentement. La France se bat pour que le sens de la responsabilité collective l'emporte sur les intérêts particuliers. Son combat doit être celui de toute l'Europe. Je souhaite que 2001 soit une année de progrès pour l'environnement, pour notre patrimoine naturel, pour les couleurs de notre vie quotidienne, pour la qualité de notre vie.
Une année utile pour l'Europe. La présidence française l'aura fait progresser dans les domaines qui comptent : la sécurité, le travail, l'éducation, la culture, l'environnement. Elle s'est achevée sur un nouveau et bon traité. L'histoire retiendra qu'à Nice une volonté s'est exprimée. L'Europe s'est mise en ordre de marche pour achever son unité, mettant un terme aux fractures nées des guerres mondiales et du totalitarisme. Cette volonté s'inscrit dans une vision, dans une ambition, dont j'ai esquissé les contours récemment à Berlin. L'Europe est notre nouvel horizon. J'aurai l'occasion de vous en reparler.
Une année utile pour la France. Le travail et les efforts des Français, l'action des gouvernements successifs et la croissance internationale, ont provoqué un réel élan de notre économie. Parce que nous avons des entrepreneurs audacieux, imaginatifs, parce que le savoir-faire et la qualité des salariés français sont reconnus, la France invente, la France produit, la France exporte. Nos entreprises créent des emplois. Le chômage recule. Mais il demeure encore, pour beaucoup de familles, une réalité ou une menace.
Pour que chaque Français ait demain une activité, il faut faire dès maintenant les réformes qui préparent l'avenir, celles que beaucoup de nos voisins ont déjà faites. Elles concernent l'éducation, les retraites, la fiscalité, l'État et son rôle, les dépenses publiques, les libertés locales. La situation économique nous donne aujourd'hui les moyens et notamment les moyens financiers d'agir. C'est le moment de le faire. Pour que tombent les barrières et les obstacles, pour que les énergies s'expriment, pour que l'activité s'amplifie là où elle a repris. Pour que les portes s'ouvrent grandes là où elles s'entrouvrent aujourd'hui.
Et puis, il y a les difficultés des Français, vos difficultés, certaines peurs vécues au quotidien. Beaucoup de nos compatriotes sont privés d'une liberté et d'un droit essentiels, ceux de vivre tout simplement en sécurité. La montée de la violence et des incivilités, jusque dans les écoles, les agressions de plus en plus graves, parfois commises par des jeunes qui sont encore des enfants, la répétition de meurtres gratuits, tout cela appelle une mobilisation nationale, une prise en compte des problèmes dans leur exacte dimension, et surtout des solutions réelles. Il n'est pas possible qu'une partie de la population se sente parfois abandonnée de tous, et d'abord de l'État. Je souhaite que, sur ces sujets, si sensibles pour nos concitoyens, l'année 2001 soit une année d'action et de progrès.
Une année utile, enfin, pour notre démocratie. Jour après jour, le débat démocratique doit éclairer les Français sur les choix de l'avenir. Il doit permettre aux convictions de s'exprimer dans la dignité, dans la sérénité et surtout dans le respect de l'autre. Ne laissons jamais abaisser le dialogue républicain. Défendons toujours la plus haute idée de l'intérêt général. Notre vie politique repose désormais sur des bases plus saines que naguère. Sa modernisation doit se poursuivre. Notre société ne peut plus être conduite comme elle l'était il y a seulement vingt ans. La participation de chacun à la vie de la cité est aujourd'hui trop restreinte. Il faut l'ouvrir à tous. Ainsi, notre démocratie sera plus vivante et plus forte.
Mes chers compatriotes,
Nous pouvons aborder cette nouvelle année ensemble avec confiance, fidèles à nous-mêmes, enracinés dans notre terre de France, dans notre histoire, dans nos convictions, dans nos affections. Ouverts sur l'avenir. Prêts à saisir toutes nos chances. Libres, heureux, et fiers de ce que nous sommes et de ce que nous faisons.
À chacune et à chacun d'entre vous, mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger je souhaite une bonne et une heureuse année.
Vive la République.
Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 2000
[modifier] 31 décembre 2001
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes Chers Compatriotes,
Les moments où un peuple se rassemble, respire au même rythme, bat d'un même cœur, sont toujours des moments privilégiés. Les fêtes de Noël et du Nouvel An participent de ces rendez-vous du pays avec lui-même. Pour beaucoup d'entre vous, c'est un temps de joie, de retrouvailles, de chaleur familiale et amicale. Pour certains, parce qu'ils sont seuls, malades ou dans la peine, c'est une période difficile. J'ai pour eux ce soir une pensée particulière. Et je pense aussi à nos compatriotes de Toulouse, mais également de la Somme et de l'est de la France, pour qui le souvenir de 2001 restera d'abord celui des épreuves. À chacune et à chacun d'eux, je veux dire, en ce 31 décembre, la solidarité et l'amitié de la Nation. Et à vous tous, mes chers Compatriotes de Métropole, d'Outre-mer et de l'étranger, j'adresse mes vœux très chaleureux de bonne et heureuse année.
Avec l'arrivée de l'euro, nous allons vivre dans quelques heures un moment historique : 300 millions d'Européens partageront désormais la même monnaie. C'est l'Europe qui avance. C'est l'Europe qui progresse.
Cette Europe, nous la regardons autrement depuis les terribles événements qui ont touché l'Amérique au cœur le 11 septembre dernier. Dans un monde où les foyers de haine et d'incompréhension sont nombreux, où les inégalités se creusent, où le sentiment d'injustice est si présent, nous mesurons davantage combien il importe que l'Europe s'affirme, qu'elle relaie et amplifie l'action des nations, qu'elle participe en tant que telle aux évolutions du monde.
L'euro est une victoire de l'Europe. Après un siècle de déchirements, de guerres et de tâtonnements, voici que, dans la paix, l'unité et la stabilité, notre continent affirme enfin son identité et sa puissance ! Nous pouvons en être fiers, car c'est aussi un succès pour tous les Français, la récompense des efforts qu'ils ont consentis.
Bien sûr, il faudra à chacune et à chacun un temps d'adaptation pour trouver ses repères, apprendre les prix, apprivoiser la nouvelle monnaie. Certains éprouveront peut-être des difficultés. En y mettant toute la patience, l'attention et l'entraide nécessaires, vous verrez que les nouvelles habitudes ne tarderont pas à venir.
Mais vous le savez bien, il ne s'agit pas seulement de remplacer nos francs par des euros. L'euro, c'est une chance d'avenir supplémentaire pour la France et les Français. Et c'est aussi une nouvelle façon d'être en Europe, de vivre l'Europe, une Europe du quotidien qui doit devenir pleinement celle des citoyens.
Dans sa longue histoire, la France a parfois été tentée de se replier sur elle-même. Ensemble, oui ensemble, nous avons voulu au contraire qu'elle aille de l'avant, qu'elle ait confiance en elle, que son horizon s'étende, qu'elle s'ouvre davantage sur le reste du monde.
Il y a six ans, au prix d'un effort considérable des Français pour réduire nos déficits publics, nous nous sommes engagés, nous nous sommes mis en situation d'être qualifiés pour l'euro. Chacun sait que ce n'était pas gagné d'avance. Mais nous l'avons fait. Nous y sommes parvenus et ce choix est maintenant définitif. Nous l'avons voulu pour que chaque Français ait toutes les cartes en main pour le XXIe siècle. Nous avons ainsi rempli notre part du contrat européen.
L'euro n'est pas une fin en soi. Il signifiera, pour nous, plus de croissance, plus d'emplois, plus de pouvoir d'achat, plus d'échanges. Une France plus forte. Mais il doit être avant tout un instrument au service de l'Europe des hommes que nous construisons. À nous maintenant d'en tirer parti ! Car si l'euro est une chance, c'est aussi un défi.
Nous avons de nombreux atouts pour faire de l'euro un formidable amplificateur d'énergie et de prospérité. Notre modèle économique et social qui allie développement économique et protection solidaire contre les risques de l'existence. La vitalité de nos entreprises. La force de notre agriculture. Notre géographie, au carrefour de toutes les routes européennes. Nos infrastructures, nos services publics, la qualité de nos formations et de notre recherche. Notre langue. Notre culture.
Mais pour que l'euro tienne ses promesses, pour qu'il nous permette d'améliorer notre rang et nos positions dans le monde, de grandes réformes de modernisation de la société, de l'économie et de l'État devront encore être engagées pour lever les obstacles qui freinent notre progrès. J'ai confiance qu'elles le seront. La France est dynamique, courageuse, ambitieuse. Elle a besoin d'abord de se retrouver telle qu'en elle-même pour affirmer ses valeurs, celles de la République, qui fondent nos libertés. Elle a besoin d'un État fort, d'une autorité respectée, d'un ordre républicain assumé. Elle a besoin d'unité et de cohésion.
La cohésion nationale, c'est essentiel. On le voit à chaque fois qu'un drame, une catastrophe, surviennent, provoquant chez nous un extraordinaire élan de solidarité. On le voit aussi dans la joie, chaque fois que la France gagne. Ce sentiment de cohésion, d'appartenance à une même communauté, à une même patrie, ne doit pas être un moment d'exception, liée à une émotion particulière, mais le fondement même de notre citoyenneté française. Il est à la source de toute volonté nationale. Il doit se vivre tous les jours. Il est notre force. Il doit être notre exigence.
La société française, au fil des décennies, a acquis souffle, vitalité et diversité. Mais dans le bouillonnement français, il y a aussi des doutes, des peurs, des divisions.
La cohésion de notre Nation exige l'affirmation d'une grande aventure collective, d'un idéal, de rêves, de projets communs. Mais elle exige aussi la juste reconnaissance de la place de chacun, de son travail, de son rôle comme de sa dignité.
Cela suppose une société qui valorise tout à la fois le mérite, l'énergie, les talents, la générosité.
Si nous devons tous être les artisans de la cohésion nationale, il revient à l'État d'en être le garant et de servir cette grande ambition.
Le premier devoir de l'État c'est d'assumer ses responsabilités au service des citoyens. Il doit trouver sa place, remplir ses missions, en respectant les initiatives qui viennent des forces vives de notre société et de nos collectivités territoriales.
Il est en charge de la solidarité, une solidarité vigilante qui ne doit oublier personne. Solidarité pour l'emploi et en faveur des plus vulnérables. Solidarité entre les générations par la sauvegarde de nos retraites. Solidarité aussi avec le futur en respectant l'environnement et en garantissant le développement durable de notre planète.
L'État est aussi en charge de l'égalité républicaine, une égalité menacée quand l'insécurité progresse, quand l'exercice des libertés, la qualité de vie, la qualité des études, dépendent de l'endroit où l'on habite, du collège ou du lycée que l'on fréquente.
L'État est en charge, enfin, de l'intérêt supérieur de la Nation. Les aspirations légitimes doivent être entendues, mais il n'est pas normal que les lois et les règles soient bafouées au nom d'intérêts particuliers.
Mes Chers Compatriotes,
Pour que la France rayonne, pour qu'elle se déploie, pour que chaque Français s'épanouisse dans le monde de demain, nous devons faire le choix de l'Europe, du mouvement et de la fidélité à l'idéal de la République. Le choix d'une ambition française, le choix de l'action.
Quelles que soient les épreuves récentes et les incertitudes de l'avenir, je sais que vous voulez faire vivre les valeurs qui sont celles de notre démocratie, de notre République. Que vous voulez conforter notre cohésion nationale. Que vous voulez avancer, réussir et faire réussir la France.
À toutes les Françaises, à tous les Français, de Métropole, d'Outre-mer et de l'étranger, je souhaite une bonne et heureuse année.
Vive la République, Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 2001
[modifier] 31 décembre 2002
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes,
Je me réjouis d'être parmi vous à l'occasion du nouvel an.
Beaucoup sont heureux d'être en famille ou avec des amis pour accueillir cette année 2003, et je les salue amicalement. D'autres, je le sais, n'apprécient guère cette période de fêtes, parce que leurs soucis, leur détresse parfois, leur sont plus sensibles. A toutes celles et à tous ceux qui sont dans l'isolement, dans la peine, dans les épreuves, je veux dire ma sympathie et ma solidarité.
2002 fut une année de débats et, pour certains, l'occasion d'exprimer leur insatisfaction et leurs inquiétudes. Elle fut également, et elle restera, l'année du sursaut républicain. L'année du rassemblement. L'année du changement aussi, pour la sécurité et la justice, pour l'économie et l'emploi, pour la défense nationale.
Une première étape a été franchie par le Gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN, dont je veux saluer l'esprit de mission et la volonté de faire bouger les choses avec et pour les Français.
Réaffirmer l'autorité de l'Etat était un préalable. Nous pouvons maintenant aborder les étapes suivantes. Avec lucidité, bien sûr, mais aussi avec confiance et détermination.
Lucidité, parce que nous vivons dans un monde incertain, dangereux, où les menaces de guerre s'ajoutent aux risques terroristes. Un monde où une utilisation dévoyée du progrès scientifique peut porter atteinte à la dignité même de la personne humaine. Et la France devra être au premier rang pour défendre la paix, la justice et l'éthique. Sur notre sol, les tentations du communautarisme et du repli sur soi sont réelles. La violence, qui recule grâce à l'action du Gouvernement, est loin d'avoir disparu. Nos équilibres écologiques sont de plus en plus menacés. Notre cohésion nationale, souvent malmenée, a besoin d'être fortifiée. La situation de l'emploi, les difficultés matérielles, l'exclusion restent chez nous une préoccupation majeure. L'effort engagé pour libérer les énergies au service de la croissance, c'est un effort qui doit être poursuivi avec ténacité.
Lucidité mais confiance, parce que la France a tout pour être une nation forte, par son dynamisme, sa capacité de rassemblement et son esprit de solidarité. Notre vitalité démographique nous distingue en Europe. Le travail, la créativité, les savoir-faire des Français sont reconnus. Nos entreprises sont présentes dans le monde entier.
Confiance aussi parce que nous sommes en train de renouer avec des valeurs essentielles comme la responsabilité personnelle, le sens de l'intérêt collectif, l'autorité, les solidarités de proximité. La responsabilité personnelle, c'est d'abord le civisme, le respect de l'autre, le respect de la différence, le respect dû aux plus vulnérables. C'est bien sûr le contraire du mépris, de l'indifférence, de l'inconscience, qui font tant de victimes. Et, la mobilisation contre la violence routière doit en être un exemple.
Détermination enfin. Parce que, pour préparer et réussir l'avenir, il faut agir, changer, se remettre en cause. Nous savons tous que des réformes sont indispensables. Des réformes que nos partenaires européens ont faites, et que nous avons trop longtemps retardées.
La France a beaucoup changé. Elle était naguère composée de blocs antagonistes, souvent inconciliables, et prêts à se déchirer sur tout sujet. Aujourd'hui, j'en suis persuadé, le rassemblement du plus grand nombre, autour de grandes ambitions collectives, et au-delà de clivages dépassés, est devenu possible pour conduire les réformes dont notre pays a besoin.
La réforme des retraites, qui concerne tout le monde et qui seule permettra de garantir à chaque Français une bonne retraite. C'est une chance pour tous, et ce serait un grand péril de ne pas la faire.
La décentralisation, déjà engagée. Le nécessaire renouveau de notre école. La sauvegarde de notre système de santé. La modernisation de l'État, sans laquelle nos services publics dépériraient. La protection de notre environnement.
Le rétablissement du dynamisme et de l'attractivité de notre économie, mis à mal par un excès de réglementations et d'impôts, qui nous a fait perdre beaucoup d'investissements et d'emplois.
Je veillerai à ce que ces réformes soient menées à bien, avec tous et dans l'intérêt de tous.
Le Premier ministre et le Gouvernement conduiront cette action dans l'esprit de transparence, de dialogue et de justice dont ils font preuve depuis leur prise de fonction. Chaque Française, chaque Français, en étant pleinement et clairement informé, pourra assumer sa part des évolutions nécessaires. La France n'avancera que si nous avançons tous ensemble. Alors, rien de ce qui est nécessaire ne nous sera impossible.
L'effort de la Nation sera d'autant plus facile qu'il sera équitablement partagé. Il y a là un impératif de justice entre les Français, un impératif dont je veux être le garant.
Primauté de l'intérêt collectif, responsabilité, équité : voilà comment nous réussirons !
C'est cela, le pacte français. L'exigence de liberté et de solidarité. La recherche permanente du juste équilibre entre la volonté d'une Nation ambitieuse et la place à réserver à chaque citoyen et à ses attentes.
Mes chers compatriotes, c'est une année d'action, d'action résolue et équitable, qui nous attend, pour notre avenir et pour celui de nos enfants.
Plus la France sera dynamique, mieux elle sera écoutée. Dans une Europe unie, bientôt reformée et élargie, elle parlera avec davantage de force. Au cours des derniers mois, elle a su faire entendre son message de paix, d'équilibre, et de solidarité avec les pays pauvres. En 2003 la France poursuivra son action, avec les Nations Unies, malgré les difficultés, pour faire prévaloir les principes qui fondent son engagement et sa vision du monde.
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger, cette année d'action résolue et équitable, il nous faut l'aborder unis et déterminés.
Du fond du cœur, je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous une très bonne et très heureuse année.
Vive la République, Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 2002
[modifier] 31 décembre 2003
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes,
Je suis heureux d'être avec vous ce soir pour vous souhaiter chaleureusement une bonne et heureuse année 2004.
Beaucoup d'entre vous sont réunis pour le réveillon et partagent la joie de se retrouver. D'autres sont seuls, malades ou dans la peine. Mes pensées les plus fraternelles vont vers eux et je veux leur dire, du fond du cœur, mes vœux d'espérance et de solidarité.
Mes pensées vont également vers toutes celles et tous ceux qui, chez nous, cette année, ont été cruellement touchés par les incendies et par les inondations.
Et comment ne pas penser aussi à ces drames au-delà de nos frontières, et en particulier au tragique tremblement de terre en Iran, pour lequel nos équipes médicales et de secours sont à pied d'œuvre.
2003 fut marquée dans le monde par l'instabilité, les tensions et les crises : la guerre en Irak, le terrorisme, les attentats et les violences au Proche-Orient, les troubles en Côte d'Ivoire... Partout, la France a assumé fortement et clairement ses responsabilités pour la paix et pour le respect du droit. Elle continuera à agir en ce sens.
De même, au-delà des difficultés qui ont toujours émaillé la construction européenne mais qui ne l'ont jamais arrêtée, la France continuera à porter une grande ambition pour une Europe au service de tous les citoyens. Aujourd'hui, nous devons relever un défi sans précédent, doter notre Europe élargie d'une règle commune. La France, avec l'Allemagne, et avec nos autres partenaires, entend se situer aux avant-postes de ce grand projet.
Au terme de cette année, comme vous, je n'oublie naturellement pas l'épreuve si douloureuse de la canicule, le formidable dévouement de toutes celles et de tous ceux qui se sont mobilisés, mais aussi les défaillances de nos systèmes de prévention et d'alerte qui ont conduit le Gouvernement à engager les réformes indispensables.
L'année qui s'achève a été une année importante pour la France.
L'insécurité progressait. Elle recule, y compris sur nos routes. Les retraites étaient menacées. Elles ont été sauvegardées. Nos impôts, nos charges, étaient parmi les plus élevés du monde. Ils ont commencé à baisser. Les dépenses de l'Etat galopaient. Elles sont stabilisées. Les 35 heures freinaient l'activité. Elles ont été assouplies.
Et tout cela n'a été possible que grâce à vous, à vous toutes et à vous tous. Vos efforts permettent aujourd'hui le retour de la croissance. Tout l'enjeu de l'année 2004 est de tirer le meilleur parti de cette croissance, avec une priorité : l'emploi.
L'objectif c'est de remettre sur les voies de l'activité les Françaises et les Français, et notamment les jeunes, que le système laissait jusqu'à présent sur le bord de la route. L'objectif, c'est de donner aux salariés de nouveaux atouts pour l'emploi. L'objectif, c'est de donner à la France les moyens de la puissance économique, car c'est la condition même du progrès social.
Ces objectifs peuvent être, doivent être conciliés dans une économie moderne. Beaucoup a déjà été fait par le Gouvernement. Mais pour passer à la vitesse supérieure, nous avons besoin de nouveaux moyens d'action.
J'ai demandé au Gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN d'ouvrir, dès le début de l'année, les concertations avec les partenaires sociaux en vue de faire voter par le Parlement une grande loi de mobilisation pour l'emploi.
Se mobiliser pour l'emploi, c'est permettre aux entreprises de donner leur pleine mesure, car ne l'oublions jamais ce sont d'abord les entreprises qui font l'emploi. C'est pourquoi de nouvelles décisions seront prises pour alléger les procédures inutiles et les charges excessives qui entravent leur dynamisme et qui suscitent, chez trop d'entre elles, une sorte de réticence à embaucher.
Se mobiliser pour l'emploi, c'est relancer nos efforts de recherche, mais aussi d'équipement et d'infrastructure, indispensables à une puissance économique durable. C'est aussi poursuivre notre politique de création d'entreprise et de défense de notre industrie.
Se mobiliser pour l'emploi, c'est donner aux Françaises et aux Français de nouveaux atouts. Pour cela, ouvrons un droit à la formation et à la seconde chance pour les salariés sortis prématurément du système scolaire. Renforçons la prévention des licenciements et des plans sociaux. Instaurons de nouveaux droits au reclassement pour les salariés des petites et moyennes entreprises. Modernisons notre service public de l'emploi.
Se mobiliser pour l'emploi, c'est répondre aux difficultés d'entrée dans la vie active des jeunes de 16 à 24 ans en créant pour eux un véritable droit à l'activité, à la formation ou à l'emploi. Aucun jeune ne doit être laissé sans solution ou sans accompagnement.
Enfin donner la priorité à l'emploi, c'est bousculer les conservatismes pour parvenir à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, car nous en sommes encore, hélas, bien loin aujourd'hui.
L'exigence d'action et de justice devra nous guider aussi dans la conduite de deux autres priorités pour la Nation : la cohésion sociale et l'école.
Dans six mois, en faisant appel à la responsabilité de tous, notre assurance maladie, aujourd'hui en péril, aura été consolidée. Nous poursuivrons la modernisation de notre système de santé et notamment de nos hôpitaux. Le Gouvernement apportera aussi une nouvelle pierre à notre édifice social en créant la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, car nous avons le devoir de mieux aider les personnes handicapées et les personnes âgées dépendantes.
Nous devons également reconnaître à chacun sa place, briser les ghettos, tendre la main à toutes celles et à tous ceux qui se sentent à l'écart en raison de leur situation sociale ou de leurs origines. Nous devons redonner tout son sens à une laïcité ouverte, généreuse et porteuse d'harmonie entre tous les Français.
Nous devons enfin réaffirmer la valeur fondamentale de l'égalité des chances, qui passe d'abord par l'école. Un grand débat national sur l'éducation a été lancé. C'est le moment pour vous de dire quelle école vous souhaitez pour l'avenir de vos enfants. Dans un an, l'école aura sa loi d'orientation.
Si nous savons nous rassembler autour de ces priorités alors rien ne nous sera impossible.
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger,
Grâce à vous, grâce à votre engagement, grâce à votre esprit de responsabilité, l'horizon s'éclaircit, notre pays est désormais sur le bon chemin.
Unis autour des valeurs qui font la France, et dont nous sommes fiers, nous allons ensemble rendre notre nation plus puissante, plus solidaire, plus juste.
Du fond du cœur, je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous une bonne et heureuse année 2004.
Vive la République, Vive la France.
Vidéo de l'Allocution du 31 décembre 2003
[modifier] 31 décembre 2004
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes, de Métropole, d'Outre-mer et de l'étranger,
Nous sommes tous bouleversés par la terrible catastrophe qui a semé la mort, l'horreur et la dévastation dans l'océan indien.
Ce soir, mes pensées vont à toutes les victimes. Elles vont aux familles et aux proches de nos compatriotes dont la vie s'est brisée ce 26 décembre. Elles vont aux blessés, à toutes celles et à tous ceux qui sont sans nouvelle d'une personne aimée. Je veux leur dire, au nom de la Nation tout entière, mon émotion et ma profonde solidarité.
Le Gouvernement s'est immédiatement mobilisé pour apporter aux victimes assistance et soutien.
Et je salue le magnifique élan de générosité des Françaises et des Français qui s'engagent et qui répondent en masse à l'appel des associations humanitaires pour venir en aide aux populations frappées par cette tragédie, une tragédie qui est aussi la nôtre.
Car chacun ressent aujourd'hui à quel point, par-delà les distances, nous formons une seule et même humanité dont le destin ne se distingue pas de celui de notre planète.
L'action doit se poursuivre face à l'urgence : retrouver nos compatriotes et aider leurs familles, renforcer les secours et l'aide humanitaire, lutter contre les risques d'épidémies.
Au-delà, la France et l'Europe mettent en place des moyens exceptionnels, et notamment un moratoire sur la dette, pour permettre la reconstruction des régions dévastées et la reprise de l'activité de populations qui ont tout perdu.
Si nous ne pouvons évidemment pas empêcher de tels séismes, il dépend de nous d'en prévenir les conséquences les plus dramatiques.
La France s'impliquera pour que l'Europe et les Nations Unies mettent rapidement en place des dispositifs d'alerte efficaces et organisent une véritable force humanitaire de réaction rapide, comme nous avons su le faire, pour la paix, avec les casques bleus.
Mes chers compatriotes,
Ce soir, je veux aussi vous parler de notre pays et de son avenir.
Après deux années et demi d'action pour préserver et renforcer nos solidarités, retrouver une croissance soutenue, restaurer l'autorité de l'Etat, restaurer les valeurs de la République, le temps est venu de déployer notre projet pour l'avenir.
Le projet d'une société ouverte sur l'Europe. Une société de justice, de croissance, d'emploi. Une société de l'intelligence, de la créativité, de l'innovation.
L'Europe pour laquelle la France se bat depuis longtemps est une Europe réconciliée et unie. Une Europe engagée de tout son poids pour la paix, pour la liberté, pour le développement. Une Europe en première ligne contre les pollutions et la destruction de la nature. Une Europe offrant à tous ses enfants les meilleures garanties sociales et les meilleures chances d'emploi et de prospérité. Une Europe qui s'appuie sur les nations, qui les rassemble pour leur permettre de compter face aux grands ensembles du monde.
En 2005, vous aurez l'avenir de cette Europe entre vos mains. J'ai en effet décidé que la Constitution européenne vous sera soumise, par référendum, avant l'été. Ainsi, vous, peuple souverain, serez appelé à choisir vous-même votre destin.
En approuvant la Constitution européenne, vous permettrez à l'Europe d'être plus démocratique, plus volontaire, plus puissante. Vous la rendrez capable de progrès économiques et sociaux plus rapides. Et vous permettrez à la France de peser davantage dans l'Union.
Entre le repli et l'ouverture, le choix que nous ferons sera décisif. Ce choix engage l'avenir de la France et de l'Europe. Il ne devra être altéré ou détourné par aucune autre considération. C'est pour nous tous une très grande responsabilité.
Bâtissons aussi une société qui donne ses chances à chacun, une société de croissance, tournée vers l'activité et vers l'emploi.
Depuis 2002, le Gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN a pris les mesures nécessaires pour faire repartir notre économie en privilégiant le travail, le soutien à la consommation et le dynamisme de nos entreprises. 2004 aura été la meilleure année de croissance de ces quatre dernières années. Pour la première fois depuis 2001, le chômage a été stabilisé. Ce n'est pas suffisant, mais à mi-parcours, nous sommes sur la bonne voie et je demande au Gouvernement de continuer et d'amplifier ses efforts.
Tout faire pour la croissance. Poursuivre la hausse du SMIC et soutenir le pouvoir d'achat. Poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu et la baisse des charges. Continuer à maîtriser nos dépenses. Encourager l'investissement en mettant en œuvre la réforme de la taxe professionnelle. Permettre à celles et à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus. Donner plus de droits aux consommateurs. Développer la concurrence. Encourager l'exportation et renforcer notre présence sur les grands marchés émergents.
Tout faire pour que cette croissance profite à l'emploi.
J'ai voulu que l'ensemble des pouvoirs publics se mobilisent au service de notre cohésion sociale. La loi vient d'être votée. Nous avons maintenant de nouveaux moyens d'action pour développer l'emploi des jeunes. Pour ramener vers l'activité les allocataires de minima sociaux. Pour lutter contre les discriminations à l'embauche. Moderniser le service public de l'emploi. Aller à la conquête de tous ces emplois non pourvus, en particulier dans l'artisanat et les services aux personnes où les besoins sont immenses.
Tout faire enfin pour être au rendez-vous des technologies qui créent les emplois de demain.
Les succès industriels se préparent longtemps à l'avance. Les programmes des dernières décennies, comme le TGV, le nucléaire, Airbus ou Ariane, font encore la force de notre industrie. J'ai demandé au Gouvernement de lancer, en soutien de nos entreprises et avec nos partenaires européens, les projets industriels qui tireront la croissance de demain et nous permettront d'accroître notre avance technologique.
Nous irons ainsi résolument vers une société de l'innovation et des hautes qualifications. Elles seront la première source de dynamisme et de richesse du XXIème siècle. C'est dans la compétition avec les pays les plus en pointe que se joue notre place.
C'est pourquoi j'ai voulu également qu'une réforme vienne aider notre école à s'adapter aux exigences et aux défis de notre temps. La loi d'orientation commencera à s'appliquer dès la rentrée de septembre. Elle est capitale pour la réussite de chaque enfant et pour le dynamisme de la nation tout entière.
Donnons en même temps à notre recherche les moyens de se mobiliser au service de notre avenir : c'est l'ambition de la réforme que le Gouvernement prépare avec la communauté scientifique. Et mettons notre enseignement supérieur en capacité de rivaliser, dans tous les domaines, avec les universités les plus performantes du monde.
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger,
Je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous une très heureuse nouvelle année.
Pour celles et ceux qui abordent cette nouvelle année dans la solitude, la détresse ou la maladie, je veux exprimer mes pensées les plus chaleureuses.
Je veux aussi rendre hommage, en votre nom à tous, à nos soldats engagés sur tous les continents au service de la paix. Ils accomplissent leur mission avec un courage et un professionnalisme exemplaires.
Notre nation est solidaire, ambitieuse, volontaire et fière de ses valeurs. C'est sur vous tous que repose son avenir. Et c'est à vous que je veux dire ce soir ma confiance en vous exprimant mes vœux les plus chaleureux pour 2005.
Vive la République, Vive la France !
Vidéo de l'allocution du 31 décembre 2004
[modifier] 31 décembre 2005
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger,
Au seuil de cette nouvelle année, j'adresse à chacune et à chacun d'entre vous mes vœux les plus chaleureux. Et en ces instants de fête, je pense d'abord à toutes celles et à tous ceux qui connaissent la maladie, la solitude, la peine.
Je pense aussi à nos soldats qui sont engagés sur tous les continents au service de la paix.
Et je veux dire à la famille de Bernard PLANCHE, que les pouvoirs publics sont pleinement mobilisés pour obtenir sa libération.
L'année 2005 a vu s'exprimer les tensions et les interrogations qui traversent notre société : le non au référendum et la crise des banlieues en portent le témoignage. Avec en arrière-plan, une question, celle de la mondialisation : comment rester nous-mêmes dans un monde qui change d'une manière accélérée ?
Mais 2005 a aussi été une année de succès pour la France. Avec l'A380 d'Airbus, avec Ariane 5, avec le système de navigation par satellite Galileo, avec Iter pour l'énergie du futur, notre pays s'est porté à la pointe de l'innovation mondiale. La croissance est repartie. Et surtout, nous avons marqué des points face au chômage. C'est un fléau, source de tant de difficultés, de malheurs, de blocages. Depuis huit mois, mois après mois, le chômage baisse : déjà près de 160 000 chômeurs de moins. C'est la preuve que vos efforts, que les réformes en profondeur engagées depuis 2002 et que l'action résolue du Gouvernement commencent à porter leurs fruits. C'est un extraordinaire encouragement à aller encore plus de l'avant pour gagner la bataille de l'emploi.
Mes chers compatriotes, il faut croire en la France. Nous devons retrouver toute la force mobilisatrice et le sens profondément moderne du mot "patriotisme" : Aimer son pays, en être fier, agir pour lui.
Ensemble, nous allons accélérer notre action et nous inscrire dans un projet collectif. Ce projet n'est pas à inventer, il est à faire vivre, dans les principes et dans les actes : ce projet, c'est la République.
Au fondement même de la République il y a le respect de la loi et des règles. Nous allons intensifier encore la lutte contre la violence et la délinquance. Lutter plus vigoureusement contre l'immigration clandestine. Réformer notre justice, pour que plus jamais un drame comme celui d'Outreau ne puisse se reproduire.
Et au cœur de la République, il y a le mérite : pouvoir réussir par son travail, sa volonté, son talent, quel que soit le lieu où l'on vit ou quelle que soit son origine. Pouvoir progresser, réussir dans la société sans être entravé par la barrière des castes ou des privilèges. L'école, c'est la clé de tout. Nous allons mieux aider les établissements qui en ont besoin, faire de l'apprentissage l'autre voie de la réussite, ouvrir plus largement les portes des universités et des grandes écoles aux enfants des milieux modestes.
Et puis, l'honneur de la République c'est d'intensifier notre action au service des habitants des quartiers en difficulté parce qu'il n'y a pas de République sans égalité des chances.
Mes chers compatriotes, soyons intransigeants sur les idéaux de la République. Refus du communautarisme. Respect dû à chacun. Respect de la laïcité. Lutte contre les discriminations. Combat contre le racisme et l'antisémitisme. Parce que nous ne sommes vraiment nous-mêmes que libérés de tout ce qui abaisse, de tout ce qui salit, de tout ce qui sème la discorde. Parce que la diversité fait partie de notre histoire : c'est une richesse. C'est un atout pour notre avenir.
La République, c'est aussi l'esprit de conquête. Nous allons faire de la mondialisation un atout pour notre croissance et pour nos emplois.
Parce que nous voulons renforcer nos atouts pour l'emploi et garantir un haut niveau de protection sociale, nous allons ouvrir le chantier de la réforme de son financement. Aujourd'hui, plus une entreprise licencie, plus elle délocalise et moins elle paye de charges. Il faut que notre système de cotisations patronales favorise les entreprises qui emploient en France.
Ensuite, nous allons, avec les partenaires sociaux, instaurer une véritable sécurisation des parcours professionnels fondée sur le droit à l'accompagnement et à la formation, pour tous, et tout au long de la vie de travail.
La bataille de la mondialisation et de l'emploi, nous la gagnerons aussi par l'innovation, en allant au devant des progrès technologiques. Aujourd'hui, nous sommes confrontés simultanément à deux révolutions industrielles majeures : l'énergie, avec l'après pétrole qui est la grande affaire du siècle. Et le numérique.
J'ai décidé d'en faire les deux priorités de notre politique industrielle. La France sera pionnière. Elle agira pour entraîner ses partenaires européens dans la voie de la construction de l'Europe industrielle.
L'Europe est essentielle pour notre avenir. Avec tous nos partenaires, nous avons trouvé un bon accord sur le budget européen mais il faut à l'Europe des institutions plus démocratiques, plus stables, plus efficaces. On ne peut pas attendre. C'est pourquoi, je prendrai rapidement des initiatives pour relancer la construction de l'Europe politique, de l'Europe sociale, de l'Europe des projets.
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer et de l'étranger,
Soyons nous-mêmes. Faisons de la mondialisation un atout pour notre avenir. La France a toujours surmonté les défis auxquels elle était confrontée. A chaque fois, elle en est sortie plus forte. La réponse, c'est l'ambition, c'est la fraternité, c'est le rassemblement, c'est la République.
Vive la République ! Vive la France !
Vidéo de l'allocution du 31 décembre 2005
[modifier] 31 décembre 2006
- Président en exercice : Jacques Chirac
Mes chers compatriotes de métropole, d'outre-mer, de l'étranger,
A la veille de l'année 2007, qui sera particulièrement importante pour l'avenir de notre pays, j'adresse du fond du cœur, à chacune et à chacun d'entre vous mes vœux les plus chaleureux.
Et je pense d'abord à toutes celles et à tous ceux qui sont victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse. Je veux aussi saluer avec respect et reconnaissance nos soldats qui défendent, partout dans le monde, la paix et les valeurs de la France.
Ensemble, depuis que j'ai l'honneur de vous servir et de vous représenter, nous vivons des changements considérables. Une économie mondiale en pleine expansion. Une concurrence de plus en plus vive mais qui nous ouvre aussi des opportunités nouvelles. La révolution de l'internet, qui transforme notre façon de communiquer, de travailler, de vivre en société. Un monde où la surexploitation des ressources naturelles dérègle le climat et mettra en danger l'humanité, si nous ne réagissons pas dès maintenant. Un monde qui n'a jamais été aussi riche et aussi pauvre à la fois. Un monde marqué par le 11 septembre, le terrorisme, la guerre en Irak, la crise au Proche-Orient, la tentation absurde et irresponsable du choc des civilisations et des cultures.
Parce que j'aime passionnément la France, je me bats pour qu'elle prenne toute sa place dans ce nouveau monde tout en restant fidèle à elle-même. Je me bats pour que chaque Français, pour que chaque jeune en particulier, ait sa chance, où qu'il vive et quelles que soient ses origines.
Bien sûr, je voudrais que les choses avancent plus vite, et qu'elles avancent mieux pour chacun d'entre vous. Mais grâce à votre talent, grâce à votre travail, la France s'affirme. Avec l'action résolue du Premier ministre et de son gouvernement, le chômage baisse fortement: déjà 360.000 chômeurs de moins. La croissance est là et elle est solide. Nos retraites, notre sécurité sociale se réforment. Et c'est la garantie de leur avenir. Le nombre de logements sociaux nouveaux chaque année a doublé depuis 2002. Nos regards et nos comportements évoluent heureusement vis-à-vis des personnes handicapées, des victimes du cancer, des victimes de la violence routière. Grâce à votre mobilisation, près de 9.000 vies ont été sauvées sur les routes de France.
D'ici aux élections, j'aurai une double exigence: que le gouvernement soit au travail, à votre service, pour la sécurité, pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat; et que ces mois soient aussi des moments de débats ouverts, démocratiques et responsables. Je m'y engagerai pleinement. Je voudrais vous dire ce soir quels en sont à mes yeux les enjeux majeurs. Le premier, c'est l'unité et le rassemblement autour des valeurs qui font la France: la liberté, l'humanisme, le respect, et notamment le respect de la diversité et des différences, la laïcité, le combat contre le racisme, l'antisémitisme, le communautarisme. N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extrémisme. La France est forte, la France est belle quand elle sait, tout à la fois, respecter ses règles et tendre la main.
Le deuxième enjeu, c'est évidemment le progrès économique et social. Je sais les souffrances et les difficultés auxquelles certains d'entre vous sont confrontés. Je connais vos attentes pour ce qui concerne les salaires et le pouvoir d'achat, c'est-à-dire la juste récompense de votre travail. Gardez-vous cependant des idéologies, des illusions, du retour aux recettes qui ne marchent pas. C'est le travail, c'est la formation, c'est la recherche qui font la force des économies modernes. En donnant toute sa place au dialogue social, des réformes importantes sont devant nous: pour aller beaucoup plus loin dans la baisse du chômage, pour faire de la participation un véritable projet de société, pour donner plus de puissance à nos entreprises, pour mettre en place un véritable droit au logement opposable, c'est-à-dire faire du droit au logement une réalité. Et je demande au gouvernement d'avancer sur ce point dans les toutes prochaines semaines.
Le troisième enjeu, c'est de bien mesurer que la France a des responsabilités particulières dans le monde. La vocation de la France et son honneur, c'est d'affirmer sa voix avec force et avec indépendance pour la paix et pour la justice. C'est aussi son intérêt. Ainsi, agir comme nous le faisons pour le développement des pays les plus pauvres, c'est, bien sûr, répondre à une exigence morale essentielle. Mais c'est également prévenir l'afflux à nos frontières de tous ceux qui quittent leur pays parce qu'ils n'ont plus d'espoir.
Le quatrième enjeu, c'est l'Europe. Depuis un an et demi, nous avons choisi de faire progresser l'Europe des projets: la recherche, l'énergie, la sécurité, l'immigration. N'oublions jamais que l'Europe, c'est la garantie de la paix et de la démocratie sur notre continent. C'est notre avenir. Le 50e anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars prochain, nous offre l'occasion de donner un nouveau souffle à la construction européenne: pour une Europe politique, pour une Europe de l'ambition économique et du progrès social, pour une Europe qui nous protège. La France y prendra naturellement toute sa part.
Enfin, il y a l'enjeu écologique. C'est un enjeu immédiat. Un enjeu politique. La France est le premier pays au monde à avoir inscrit en 2005 une Charte de l'environnement dans sa Constitution. En février, elle accueillera une conférence internationale pour accélérer la marche vers une Organisation mondiale de l'Environnement. Mais c'est aussi chez nous que ce combat se gagne, par le changement en profondeur de nos comportements et de nos politiques. C'est une exigence et c'est une chance. Avec la nécessité d'inventer une économie respectueuse de l'environnement, c'est une nouvelle révolution industrielle qui est devant nous, celle du développement durable. Elle sera source de croissance et d'emplois. Et la France a tous les atouts pour en être le champion.
Mes chers compatriotes,
Oui, nous pouvons être fiers d'être Français. Poursuivons notre effort de modernisation. Ne cherchons pas à imiter. Soyons nous-mêmes. Au printemps prochain, vous aurez à faire des choix décisifs. Faites vivre intensément vos convictions. Vous êtes le peuple souverain. La France a besoin de chacune et de chacun d'entre vous. Elle compte sur vous.
Vive la République ! Vive la France !
Vidéo de l'allocution du 31 décembre 2006
[modifier] 31 décembre 2007
- Président en exercice : Nicolas Sarkozy
Pour ses premiers vœux en tant que Président de la République, Nicolas Sarkozy s'est essayé à innover le principe de l'émission. Ainsi, pour la première fois, l'allocution est réalisée en direct et non préenregistrée, le cadrage des caméras étant en mouvement et non statique comme ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy a notamment évoqué pour la première fois son souhait d'exercer une « politique de civilisation ».
"Mes chers compatriotes,
En ce 31 décembre, au terme d'une année si pleine pour notre pays, c'est avec reconnaissance pour la confiance que vous m'avez témoignée et conscient des devoirs qu'elle m'impose que je m'adresse à vous. Ce soir, j'ai une pensée pour chacun d'entre vous.
Je pense à vous qui vous préparez à fêter la nouvelle année avec votre famille, avec vos amis, en oubliant les soucis de la vie quotidienne. Je pense à vous qui êtes obligés de travailler cette nuit au service des autres et à vous, soldats français en opérations loin de vos foyers et qui risquez votre vie pour défendre nos valeurs.
Je pense aussi à vous qui êtes seuls et pour qui cette soirée sans personne à qui parler sera une soirée de solitude semblable à toutes les autres. Je pense à vous, que la vie a éprouvés, et que la tristesse ou la douleur tiennent à l'écart de la fête.
A chacun de vous je veux adresser un message d'espérance, un message de foi dans la vie et dans l'avenir. Je voudrais convaincre même celui qui en doute qu'il n'y a pas de fatalité du malheur.
Au milieu des joies et des peines que l'existence réserve à chacun d'entre nous, nous pouvons, par l'effort de tous, bâtir une société où la vie sera plus facile, où l'avenir pourra être regardé avec davantage de confiance. C'est la tâche que vous m'avez confiée en m'élisant Président de la République au mois de mai dernier. Tâche immense tant la France a pris de retard sur la marche du monde.
Je sais combien est grande votre attente d'un changement profond après des années d'efforts et de sacrifices que la plupart d'entre vous a le sentiment d'avoir consentis en vain. Je sais les craintes que beaucoup d'entre vous éprouvent pour l'avenir de leurs enfants.
Je sais l'angoisse qui vous étreint quand vous avez peur de perdre votre emploi ou quand vous craignez que l'augmentation du coût de la vie ne vous permette plus, même en travaillant dur, de faire vivre décemment votre famille. Je sais votre exaspération quand vous voulez entreprendre ou quand vous voulez travailler davantage et que vous avez le sentiment que tout est fait pour vous en empêcher.
Alors, tout ne peut être résolu en un jour ! Mais, croyez-le bien, ma détermination est sans faille. Malgré les obstacles, malgré les difficultés, ce que j'ai dit, je le ferai. Je le ferai tout simplement parce que c'est l'intérêt de la France.
Depuis que vous m'avez choisi pour présider aux destinées de notre pays, j'ai voulu tout mettre en œuvre pour tenir la promesse que je vous avais faite de vous rendre la fierté d'être Français, de vous donner le sentiment que dans notre vieux pays tout pourrait devenir possible.
J'ai, avec François Fillon et tout le gouvernement, engagé depuis 8 mois beaucoup de changements profonds. À ceux qui trouvent que cela n'est pas allé assez vite, je veux dire que j'ai fait tout ce que je pensais possible de faire en tenant compte de l'exigence du dialogue social et de la négociation. Je ne crois pas à la brutalité comme méthode de gouvernement.
Je crois que mon rôle est de convaincre et de rassembler non de heurter et de diviser. C'est ce à quoi je me suis efforcé dans le respect de tous. À ceux qui pensent que le changement a été trop rapide, je veux dire qu'il ne faut pas perdre de vue que notre pays a trop attendu et que le temps presse si nous voulons rester maîtres de notre destin.
J'ai voulu mettre chacun face à ses responsabilités. J'ai pris les miennes. J'ai pu commettre des erreurs. Mais depuis 8 mois, je n'ai agi qu'avec le souci de défendre les intérêts de la France et pas un jour ne s'est passé où je ne me sois répété l'engagement que j'ai pris envers chacun de vous : « Je ne vous tromperai pas, je ne vous trahirai pas. » Je vous dois la vérité. Je vous la dirai toujours. Je ne m'autoriserai aucune hypocrisie.
J'ai mis tout mon cœur, et toute mon énergie à être le Président de tous les Français et pas seulement de ceux qui ont toujours partagé mes convictions. C'est pourquoi j'ai voulu l'ouverture, c'est pourquoi je l'ai faite avec des hommes et des femmes de valeur. Je ne leur ai pas demandé de se renier. Je leur ai simplement proposé de servir leur pays. Ils l'ont accepté. Je leur en suis reconnaissant.
C'est avec le même esprit d'ouverture, avec la même volonté de tenir mes engagements que j'aborde cette nouvelle année où, malgré une conjoncture internationale freinée par la crise financière, les premiers résultats de l'action entreprise devraient se faire sentir.
Beaucoup reste à faire, j'en suis bien conscient, pour que les mesures mises en œuvre se traduisent par des améliorations visibles dans votre vie quotidienne, pour répondre à toutes les attentes que vous avez exprimées ou pour que la France retrouve son rang et son rôle dans le monde.
En cette fin d'année 2007 une première étape s'achève sur la voie du changement. Ce fut celle de l'urgence : urgence à dépasser les vieux clivages partisans. Urgence du choc fiscal et social pour rétablir la confiance et soutenir l'activité et qui a permis à notre économie de mieux résister que d'autres au ralentissement de la conjoncture. Urgence du pouvoir d'achat.
Urgence de l'autonomie des universités. Urgence de réformer les régimes spéciaux, de libérer et de réhabiliter le travail. Urgence du service minimum. Urgence de la modernisation de l'État qui commence enfin, urgence des réformes qui attendent depuis 20 ans ou 30 ans.
Urgence que la France devienne exemplaire en matière d'environnement, de qualité de la vie, de développement durable. Urgence du traité simplifié pour débloquer l'Europe, l'Europe dont je n'ai jamais cessé de penser qu'elle était indispensable.
Urgence que la France se remette à parler avec tout le monde pour qu'elle puisse jouer le rôle qui doit être le sien au service de la paix et de l'équilibre du monde, au service de ceux qui souffrent, des enfants et des femmes martyrisés, des persécutés, de ceux qui attendent au fond de leurs prisons que la France parle et agisse pour eux. Avec 2008, une deuxième étape s'ouvre : celle d'une politique qui touche davantage encore à l'essentiel, à notre façon d'être dans la société et dans le monde, à notre culture, à notre identité, à nos valeurs, à notre rapport aux autres, c'est-à-dire au fond à tout ce qui fait une civilisation.
Depuis trop longtemps la politique se réduit à la gestion restant à l'écart des causes réelles de nos maux qui sont souvent plus profondes. J'ai la conviction que dans l'époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j'appelle une politique de civilisation.
Nous ne résoudrons rien si nous ne bâtissons pas l'école et la ville du XXIe siècle, si nous ne mettons pas au cœur de la politique le souci de l'intégration, de la diversité, de la justice, des droits de l'Homme, de l'environnement, si nous ne retrouvons pas le goût de l'aventure et du risque, le sens de la responsabilité en même temps que celui du respect et de la solidarité, ou si nous n'entreprenons pas de moraliser le capitalisme financier. Il ne s'agit pas de faire des discours - on en a tant fait - il s'agit d'agir pour obtenir des résultats.
Alors, que la France montre la voie ! C'est ce que depuis toujours tous les peuples du monde attendent d'elle. C'est ce que nous ferons quand la France présidera, à partir du 1er juillet, l'Union Européenne. C'est ce que nous voulons faire avec l'Union pour la Méditerranée qui est un grand rêve de civilisation. C'est ce que nous voulons faire partout dans le monde pour redonner de l'espoir à ceux qui n'en n'ont plus. C'est ce que, bien sûr, surmontant nos doutes et nos angoisses, nous devons faire d'abord pour la France elle-même.
Notre vieux monde a besoin d'une nouvelle Renaissance. Eh bien, que la France soit l'âme de cette Renaissance ! Voici mon vœu le plus cher pour cette année qui vient. Je souhaite du fond du cœur qu'elle soit pour la France, pour chacun d'entre vous, pour tous ceux qui vous sont chers une année de bonheur et de réussite.
Mes chers compatriotes,
Vive la République Vive la France !