Union tuniso-libyenne

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L'Union tuniso-libyenne ou République arabe islamique (RAI) est un projet politique qui, en 1973-1974, à la suite d'une série d'événements, faillit mener à l'unification de la Tunisie et de la Libye.

Sommaire

[modifier] Contexte régional

Les guerres israélo-arabes (dont la guerre du Kippour entre l'Égypte et Israël) marquent à nouveau la défaite des nations arabes.

De son côté, la Tunisie est secouée et affaiblie par la crise induite par la politique socialiste menée par le ministre de l'économie Ahmed Ben Salah.

En Libye, le 1er septembre 1969, Mouammar Kadhafi renverse le roi Idriss Ier et son important charisme permet à beaucoup de retrouver en lui le nouveau héros arabe, celui qui effacerait les humiliations dues à Israël, qui relèverait le défi de l'Occident et rendrait sa fierté au monde arabe.

Le panarabisme — « une nation arabe qui œuvre pour son unité de l'Atlantique au golfe Persique » — est défendu par Gamal Abdel Nasser et repris par Kadhafi après la mort de celui-ci en 1970. Kadhafi courtise alors l'Égypte, l'Algérie et la Syrie. Ainsi, malgré l'échec de la fusion Égypte-Syrie en une République arabe unie, créée en 1958 et dissoute quatre ans plus tard, cela n'empêche pas l'Égypte et la Libye d'annoncer leur fusion totale qui est censée prendre effet le 1er septembre 1973.

Dans ce contexte, la coopération maghrébine visant à harmoniser les politiques économiques des quatre pays nord-africains, par le biais du Comité permanent de coordination maghrébine créé en novembre 1964 à Tanger, est un échec.

[modifier] Incident du Palmarium

Lors de la visite de Kadhafi en Tunisie le 15 décembre 1973, dans la foulée du projet de fusion égypto-libyen et dans l'espoir d'y enrôler la Tunisie, ce dernier prononce un discours surprise au Palmarium de Tunis devant plus de 2000 personnes où il se lance dans une plaidoirie panarabique. Le président Habib Bourguiba, qui écoute ce discours à la radio depuis le palais présidentiel de Carthage, décide alors d'aller lui porter la réplique. Il arrive en trombe, à la stupéfaction générale et, coupant presque la parole à son hôte, improvise une harangue associant son destin personnel à celui de son pays, tout en insérant l'un et l'autre dans le « mouvement des siècles ». Il apostrophe Kadhafi en lui rappelant sa légitimité et cite ensuite l'éphémère union de l'Égypte et de la Syrie, puis le projet d'union tripartite avec la Libye et déclare que l'unité arabe ne peut être improvisée. Malgré cet incident, la visite donne des résultats positifs avec un accord économique sur le plateau continental (doté de réserves de pétrole) et la liberté des allées et venues entre les deux pays. L'union avec l'Égypte est par la suite enterrée et Bourguiba, rassuré, part consoler Kadhafi et lui faire comprendre que l'avenir de la Libye passe par le Maghreb et non le Machrek.

[modifier] Union mort-née

 Drapeau de l'Union tuniso-libyenne
Drapeau de l'Union tuniso-libyenne

Alors que le premier ministre Hédi Nouira est en visite officielle en Iran depuis le 7 janvier et que l'épouse du président, Wassila Bourguiba, est en tournée au Moyen-Orient, Kadhafi souhaite s'entretenir avec Bourguiba (malade depuis plusieurs années) et se présente à l'improviste au poste frontière de Ras Jedir le 11 janvier pour passer la nuit à l'hôtel Ulysse sur l'île de Djerba. À l'arrivée de Bourguiba à l'hôtel, le lendemain, Kadhafi lui demande un entretien en tête-à-tête. Une heure plus tard, Mohamed Masmoudi, ministre des affaires étrangères tunisien, annonce que les deux dirigeants sont tombés d'accord pour que les deux pays constituent la République arabe islamique. Elle aurait une seule constitution, un seul drapeau, un seul président, une seule armée et les mêmes pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Un référendum sur cette union aurait lieu le 18 janvier. La liste du gouvernement est établie avec Bourguiba comme président, Kadhafi comme vice-président, Abdessalam Jalloud comme premier ministre, Masmoudi comme vice-premier ministre et une série de ministres tunisiens et libyens.

Toutefois, cette union ne dure que quelques heures et n'existe que par les actes signés conjointement par les deux chefs d'État. Nouira, de retour de Téhéran, est stupéfait par les événements et manifeste son désaccord profond. Les réactions étrangères (notamment de l'Algérie, de la France et des États-Unis) sont également hostiles. À son retour de Djerba, Bourguiba déclare alors que le référendum est reporté au mois de mars. Le 5 février, l'union est dénoncée par Habib Achour, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail, ainsi que par les députés de l'Assemblée nationale.

Déjà, dès la fin janvier, les journaux tunisiens sont unanimes à dénoncer cette union car elle est issue d'une simple déclaration et non d'un traité international qui nécessite, pour être juridiquement valide, d'être ratifié par chacun des parlements des deux pays concernés. En outre, l'union est soumise en Tunisie à la procédure référendaire. Or, à l'époque, la constitution tunisienne ne prévoit pas cette procédure et il aurait fallu procéder préalablement à sa révision.

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