Troilus de Mesgouez

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Troillus des Mesgoüets ou Troilus de Mesgouez (né vers 1540 à La Roche-Coatarmoal, décédé en 1606) était un gentilhomme de Bretagne. Son influence à la cour de Catherine de Médicis lui vaut en 1565 le poste de gouverneur de Morlaix. En 1577 et 1578, le roi Henri III lui accorde deux commissions.[1] Celle de 1578 le nomme vice-roi des Terres-Neuves, c'est-à-dire de la Nouvelle-France, avec pouvoir de gouverner celle-ci.

En 1578, lors de sa première tentative de se rendre en Amérique, son navire est capturé par les Anglais.[2] En 1583, il effectue avec succès un voyage de traite. En 1584, en société avec des armateurs de Saint-Malo et de Saint-Jean-de-Luz, il organise une expédition pour établir une colonie. Il s'embarque avec quelque 300 colons, mais son plus grand navire fait naufrage sur les côtes de France[3] et il doit renoncer à ses plans.[4]

Par la suite, les guerres de religion l'empêchent d'entreprendre d'autre expéditions. En 1589, il échange son poste de gouverneur de Morlaix contre celui de Fougères. Il est fait prisonnier par les ligueurs. Le duc de Mercœur le retient prisonnier pendant sept ans au château de Nantes. Il est libéré contre rançon en 1596.[1]

En 1597, il confie au capitaine Chefdhostel une mission de reconnaissance en Amérique et, à la suite du rapport de celui-ci, décide qu'il installera une colonie sur l'île de Sable, isolée dans l'océan Atlantique, au large de l'actuelle Nouvelle-Écosse.[2]

Le 12 janvier 1598, le roi Henri IV renouvelle la commission du sieur de la Roche selon les termes suivants :

« Henry, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut ...
« Savoir faisons que pour la bonne et entière confiance que nous avons de la personne de notre amé et féal Troillus des Mesgoüets (...) le sieur de la Roche, (...) et de ses louables vertus, qualités et mérites, aussi de l'entière affection qu'il a au bien de notre service et avancement de nos affaires : icelui, pour ces causes et autres à ce nous mouvant, nous avons, conformément à la volonté du feu roi dernier décédé, notre très honoré sieur et frère, qui jà avait fait élection de sa personne pour l'exécution de ladite entreprise, icelui fait, faisons, créons ordonnons et établissons par ces présentes signées de notre main, notre lieutenant-général ès dits pays de Canada, Hochelaga, Terre-Neuve, Labrador, rivière de la Grande Baye de Norembègue et terres adjacentes des dites provinces et rivières, lesquels étant de grande longueur et étendue de pays, sans icelles être habitées par sujet de nul prince chrétien (...) » [5]

Cette commission lui accordait aussi le pouvoir de concéder des terres. Toutefois, il ne semble pas qu'il ait fait usage de ce pouvoir de concession.[4]

En 1598, il embarque une quarantaine de colons, « choisis parmi un groupe de gueux et de mendiants », sur deux navires, la Catherine du capitaine Chefdostel et la Françoise du capitaine Jehan Girot, et il les installe à l'île de Sable, qu'il baptise Isle de Bourbon et où il fait construire des habitations et un magasin. Puis il laisse le poste sous les ordres du commandant Querbonyer et accompagne les navires aux pêcheries de Terre-Neuve. En septembre, sur le chemin du retour, une violente tempête empêche les navires de faire escale à l'île Bourbon et les rabat sur les côtes de France.[1] L'île reçoit des ravitaillements de 1599 à 1601, mais pas en 1602. Les colons se révoltent et tuent les deux dirigeants, Querbonyer et le capitaine Coussez. En 1603, Chefdhostel revient sur l'île et ne trouve que 11 survivants, qu'il rapatrie en France.[2]

La Roche meurt en 1606.

[modifier] Notes et références

  1. abc Gustave Lanctot, Dictionnaire biographique du Canada.
  2. abc Denis Vaugeois et Jacques Lacoursière, Canada-Québec, Synthèse historique, 1969, p.41.
  3. Sur les côtes de Bretagne selon Munro, sur celles de Saintonge selon Lanctot. Vaugeois et Lacoursière mentionnent les « côtes françaises ».
  4. ab William Bennett Munro, Documents Relating to the Seigniorial Tenure in Canada, The Champlain Society, Toronto, 1908, pp. 1-2.
  5. Édits et Ordonnaces, texte reproduit dans W.B. Munro, Documents Relating to the Seigniorial Tenure in Canada, op. cit.