Utilisateur:Tiemokotraore

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PRESSIONS SOCIALES SUR LES TRAVAILLEURS AFRICAINS Pris dans le cercle vicieux de l'endettement, le salarié sera souvent tenté pour s'en sortir de reporter sur la direction de son entreprise ses nombreux problèmes financiers. Or, l'entreprise rémunère son employé en fonction de sa catégorie et de son rendement et non en fonction de ses charges familiales. Placé donc face à des besoins difficiles à satisfaire par l'employeur, le travailleur aura tendance à soutenir les syndicats qui adoptent une ligne radicale à l'égard de la direction de l'entreprise ; avec le secret espoir que les revendications, même irréalistes, aboutissent pour atténuer ses charges et améliorer sa condition. Au bout du compte, cette pression à laquelle le travailleur africain est constamment confronté l'amène, finalement, à sacrifier son entreprise. Dans les sociétés de service public comme l'eau, l'électricité ou les télécommunications, par exemple, cela se manifeste par des "interventions" intempestives. Le salarié est sollicité pour des "arrangements" de toutes sortes : factures de complaisance, annulation de factures, non prise en compte de consommation; fraude sur le réseau, etc.(...) Le chef d'entreprise africain, du fait de l'importance de son rôle social, est bien celui qui paie un lourd tribut. Les lourdes obligations sociales le distraient de ses activités. En outre, l'esprit communautaire a tendance à compromettre son autorité. De ce fait, il refuse assez souvent de trancher, comprend et tolère beaucoup de choses. Sollicité de toutes parts, il est surtout la cible privilégiée des demandes d' embauche. Parce que le recrutement d'un "parent" est vu comme une exigence par les siens et ne pas y faire face apparaît comme une attitude individualiste. Dans ces conditions, le mérite et la compétence qui doivent servir de critères d'embauche et de jugement par le patron sont généralement perçus par les membres de la communauté comme des signes de méchanceté. Toutes choses pour lesquelles des représailles ne sont pas exclues. La pression communautaire peut être définie comme le poids et les contraintes de tous ordres exercés sur les travailleurs par le fait du système de solidarité dû à la mentalité communautaire. Dès son enfance, le jeune Africain sait qu'il appartient à une famille élargie qui regroupe les descendants d'un même ancêtre. Ce sont les membres de cette famille qui vont le prendre en charge pour son éducation, ses études? (...) Une fois qu'il a un salaire, le travailleur bien que débutant doit à son tour faire fonctionner le système d'entraide. Il se doit de " renvoyer l'ascenseur ". C' est à ce moment-là que commence pour lui le dur et long calvaire de la rançon de la solidarité communautaire. Le salarié subit en permanence des demandes d'argent, des pressions de tous ordres émanant de parents, de cousins éloignés donc nombreux, des ressortissants de sa région, de sa belle famille, de ses amis, etc. Plus le statut professionnel et donc social du travailleur est important, plus il est sollicité. (...) Mais, face à ces charges, le salarié n'a pas toujours le choix facile : s'il décide de ne s'occuper que de sa famille nucléaire, au sens occidental du terme, il est mis au banc des accusés par les siens et court le risque de marginalisation et d'exclusion voire de représailles mystico-magiques bien connues en Côte d'Ivoire sous le générique de "courte maladie " qui, généralement, le rappellent à l'ordre. En revanche, s 'il accepte de se soumettre, malgré lui, à la règle de la solidarité, il sera condamné à payer la dette sociale en permanence. Dans ce cas, il aura tendance à redistribuer son salaire, dès le début de sa carrière, ce qui peut le pousser à devenir de plus en plus pauvre tout au long de sa vie. C'est une pratique courante en Afrique qu'un salarié accepte sous son toit cinq, dix voire quinze personnes. Tout cela transforme la perte d'un emploi en un véritable drame qui prend des allures de faillite d'une institution de sécurité sociale. Pour faire face à ses lourdes charges et ayant le plus souvent un caractère imprévisible, le travailleur aura tendance à s'endetter, puisque son seul salaire, quel qu'il soit, ne peut lui permettre de subvenir à tous ses besoins.(...)

TIEMOKO TRAORE

Mali
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