Discuter:Thomas Pynchon

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Je suis en train de traduire et d'apporter des améliorations à l'article en anglais. Cela peut peut-être me prendre une grosse semaine. Deaddisco 29 septembre 2007 à 00:15 (CEST)


Cet article n'est-il pas une compilation de résumés etc copiés de quelque part ?
Rien trouvé sur Google, mais la mise en page etc donnent cette impression Ryo 09:33 fév 26, 2003 (CET)


Salut Ryo. Merci pour la remarque judicieuse sur copyright. Malheureusement, si l'article ne se trouve pas sur google, il est très difficile de vérifier le copyright.

Si l'article provient d'un site qui a disparu, le copyright reste encore pendant quelque chose comme 70 ans. Pour les articles dans les revues et les livres, trois solutions existent :

  • Allez à la bibliothèque : faut vraiment se sacrifier et on est vraiment pas sûr de trouver en quelques heures. Disons que je ne cite cette solution que pour la forme.
  • Inviter ou simplement discuter avec des fans : ils peuvent parfois dire si cet article existe, vous indiquez l'auteur ou livre possible... Bonne solution intermédiaire, mais il faut avoir beaucoup de temps libre.
  • Attendre que l'auteur se manifeste et proteste : on s'excuse gentiment, on dit que heu... c'est un accident. C'est malheuresement, la solution que l'on choisit.

A+

youssef 21:35 fév 26, 2003 (CET)


Déplacement depuis l'article de l'ancien contenu soupçonné de copyright:

«V» (1963) : Ce V est-ce celui de la Victoire, celui de Victoria, jeune fille violée au Caire ou celui de Véronique, rate des égouts de New-York? Roman. Commentaire : C'est une machine délirante, emballée, annonçant l'Apocalypse avec une puissance, une jubilation inégalées. À lire ou à relire en attendant tranquillement la fin du monde. Ce monument de la littérature moderne devint le bréviaire de la génération intérimaire.


«The crying of lot 49» (1966, «Vente à la criée du lot 49») : À notre époque, à San Narciso, en Californie, Œdipa Maas, jeune femme charmante et psychanalysée, apprend qu'elle est l'exécutrice testamentaire d'un de ses anciens amants, le magnat de l'industrie aérospatiale, Pierre Invevarity, et se trouve lancée dans une folle équipée à la recherche de l'élucidation du mystère Tristero, mot surgi bizarrement dans un vers d'une pièce élisabéthaine et dans une seule des nombreuses variantes du texte. En fait, Tristero désigne une dangereuse société secrète de paumés qui ont établi un réseau postal parallèle qui mine souterrainement l'Amérique, sous une sorte de bannière (un petit dessin représentant un cor postal) et caché derrière le sigle WASTE (We Await Silent Tristero's Empire), le tout hérité d'un personnage historique, grand amateur de conspirations au XVIe siècle et qui aurait tenté par quatre fois d'assassiner le maître des postes du prince d'Orange. Tristero se manifeste aussi sur des timbres qui, lors d'une vente à la criée, constituent le lot 49 dont l'acquéreur devrait donner à Œdipa la clé de l'énigme. Roman de 210 pages.

Commentaire : Roman énigmatique et émouvant. La spirale dans laquelle Oedipa Maas est emportée est celle d'une universelle conspiration par des réseaux de comploteurs-mystificateurs, de philatélistes inquiétants, de psychanalystes fous à lier, de professeurs alcooliques, de comédiens schizophrènes et de disc-jockeys qui se défoncent au LSD, où les péripéties sont démultipliées, où le dénouement est refusé. Pourtant, cette fiction délirante est le livre le plus sage de Pynchon. Cette exagération d'une action qui se développe sur une base tout à fait futile, ce flot baroque de mots, coupé par des dialogues de cinéma incisifs et percutants, répondent à une volonté de dérision. Cette Californie clinquante comme un rêve en celluloïd rythmé par les éclats métalliques et affligeants d'une musique rock, pleine d'originaux et de détraqués, est la quintessence des États-Unis et du monde occidental (résumés par le mot WASTE qui signifie déchets). Oedipa Maas est une jeune femme charmante et psychanalysée, mais qui, si elle est obsédée par le mot Tristero, si elle tombe constamment sur d'autres manipulateurs ahuris, à leur tour dépassés par d'autres, c'est qu'elle est en proie à la crainte constante du complot, qu'elle est une paranoïaque qui vit dans un univers halluciné. Et le message est l'affirmation de la nécessité de cette paranoïa, car, pour Pynchon, on n'a d'autre choix que d'être paranoïaque ou rien. On a pu dire de lui, qui vit en reclus, refuse toute apparition en public, qu'il est un nihiliste joyeux.


«Gravity's rainbow» (1973, «L'arc-en-ciel de la gravité») : En l'automne 1944, l'infinitésimal écart entre la chute d'un V2 supersonique sur Londres et le bruit différé de son impact permet que se déploie la trajectoire parabolique de la fusée qui englobe, d'Orient en Occident, d'alpha à oméga, un tournoiement polychrome de mondes. Il tombe sur le lieu même où un soldat américain, le lieutenant Tyrone Slothrop, inlassable séducteur, vient de connaître une bonne fortune. Il va errer dans la zone d'une Europe dévastée, toutes clôtures effondrées, retournant au profond jadis des grandes migrations. Au fil de ses vagabondages, il se repasse à l'envers le film de sa propre généalogie jusqu'à son ancêtre William, premier déraciné transatlantique de sa longue et ombreuse lignée. Roman de 800 pages.

Commentaire : Ce fulgurant romancero, haletant, hanté, superbe, est le Moby Dick de Pynchon et sans doute le plus beau roman américain du demi-siècle, une supernova d'une magnitude sans égale dans les fictions d'Amérique pour notre temps où l'on déchiffrait, en creux dans l'Europe, l'esquisse d'un récit des origines de la nation américaine, remontant à la bifurcation où elle s'est fourvoyée. Il a obtenu le National Book Award.


«L'homme qui apprenait lentement» (1985) : Recueil de nouvelles, agrémenté d'une préface dans laquelle l'auteur révèle son amour du jazz et ses débuts difficiles dans l'art d'écrire.


«Vineland» (1990) : Vineland est une région particulière de la Californie du Nord où se sont installés des hippies idéalistes qui veulent vivre en harmonie avec la terre. Une terre dont les principales récoltes sont le bois de sciage et... la marijuana. Mais, en 1983, dans ce satané pays où l'État veut tout contrôler, tout ce qui risque d'être un peu agréable aux sens, comme les drogues, est interdit. Pendant que le FBI fait la guerre à ces gauchistes fumeurs de pot, aux cheveux longs et en sandales, une adolescente de quatorze ans, Prairie, championne d'arts martiaux qui vit avec Zoyd Wheeler, un débile léger, part à la recherche de sa mère, Frenesi. De temple zen en couvent, de gourous en illuminés, d'amis en espions, elle découvre la côte Ouest où se rencontrent et s'opposent les idéaux du monde entier. Elle finit par découvrir en sa mère une ancienne figure de proue d'un mouvement gauchiste, l'ex-fondatrice, dans les années 1970, d'une République du rock and roll qui, après avoir trahi ses amis, est tombée amoureuse d'un procureur fédéral qui n'est rien de moins que le persécuteur de la racaille de Vineland, un type obsédé par la lutte contre les rouges et les trafiquants de drogue qu'entre deux délires sexuels et autres pertes de raison, il s'est juré d'exterminer.

Roman de 400 pages.

Commentaire : Composé de fragments hallucinés, cette chronique de l'Ouest post-hippie dont il raconte la déception et le repli est un autre roman, dit d'entropie, où Pynchon mesure toujours la dégradation d'un système soumis à des transformations irréversibles. Tout y est complexe à souhait, de l'intrigue aux personnages agités en passant par la narration erratique et la langue qui est une mixture d'argot, de jargon télévisuel, de zestes de pub, de phrases perdues où sonne le babil californien de tous les jours. On entre par la porte des retours en arrière dans l'univers et l'histoire de Vineland, et il n'est pas plus aisé pour nous que pour l'héroïne de se retrouver dans le casse-tête que forment tous ces passés confondus. En ajoutant à cela l'inévitable confusion de ces mémoires teintées de couleurs psychédéliques et trouées comme des ronds de fumée. En fait, retrouver Thomas Pynchon, c'est replonger dans cette période où on avait si peur de l'autre qu'on finissait par se craindre soi-même. Il nous entraîne encore une fois au pays de ses désillusions, sa terre d'errance et ses années 60-70. Là résidait probablement la plus grande réussite des indics : semer le doute et la confusion dans la petite communauté de Vineland.


«Mason & Dixon» (2001) : La Mason & Dixon Line fut tracée, au XVIIIe siècle, de 1763 à 1767, par les deux géomètres anglais à qui elle doit son nom. Entre deux observations du passage de Vénus sur le disque solaire, la Couronne les expédia régler une querelle de bornage entre deux colonies, le Maryland (catholique) et la Pennsylvanie (quaker). Leur Ligne, démarcation entre le Nord et le Sud, cicatrice de la nation divisée, en guerre contre elle-même, mais aussi premier segment du grand bon en avant qui a fait franchir d'Est en Ouest l'espace continental a traversé l'Histoire américaine. Mis à part leurs noms, à jamais accouplés, Mason et Dixon sont d'illustres inconnus qu'on confond souvent alors qu'ils sont Don Quichotte et Sancho Pança ou Laurel et Hardy. Charles Mason, grand bourgeois anglican, hâve, ténébreux, veuf et inconsolé, était plutôt astronome, la tête dans les nuages, tandis que Jeremiah Dixon, homme du peuple quaker, rubicond et porté sur la pinte comme sur la chair, était plutôt arpenteur, à traîner sa chaîne, les pieds dans la gadoue. Chacun a sa manière de cartographier la terre. En ce milieu du XVIIIe siècle, les deux géomètres partent d'un quai de Londres vers l'Amérique. D'étape en étape, on suit sur le terrain le chantier itinérant des géomètres à qui une escouade de bûcherons ouvrent la voie, tandis que, dans leur sillage, coule un flot de déshérités : tisserands réduits au chômage par les filatures, paysans expropriés, partisans défaits du roi Jacques d'Écosse. Chemin faisant, on découvre un paysage fantastique et on vit des événements étonnants. Et, dans sa trajectoire vers le soleil couchant, la Ligne heurte celle qu'a proclamée en 1763 la Couronne, soucieuse de protéger de la rapacité des colons les terres indiennes qu'elle vient d'hériter de feu l'Empire français. Roman de 760 pages.

Commentaire : Ce road-movie du XVIIIe siècle est une saga de la nation alors qu'elle s'achemine vers la Révolution. Le romanesque virevolte et vous emporte. Le récit linéaire se réfracte, se diffracte dans un kaléidoscope de digressions (relation d'une captivité chez les Peaux-Rouges, récit hâbleur du Grand Ours et de ses époustouflantes métamorphoses, conte libertin, avec nonnes, rose rouge et épines, légendes d'Ossian, histoire gothique, picaresque à la Tom Jones). La langue est emperruquée, parsemée de majuscules surannées, à la lisière du pastiche, avec de brusques écarts dans la parlure d'aujourd'hui.

[modifier] rainbow

L'arc-en-ciel de la gravité, publié en version française par la librairie Plon en 1975, sous le titre Rainbow, a été réédité en 1988 au Seuil. Voilà ce qu'il me semble avoir compris. Ce dont je suis absolument sûre, c'est que cet ouvrage est actuellement introuvable, neuf ou d'occasion. Les raisons de cette pesante indisponibilité sont obscures. On se doute qu'il s'agit d'une décision de Thomas Pynchon. Ce que je voudrais savoir, c'est comment, et à quel prix on peut se procurer ce livre mythique.

Ce livre a été publié dans une traduction de Michel Doury en 1988, réimprimée en 2007, aux éditions du Seuil. Cette traduction est parfois lacunaire et elle n'a pu bénéficier des précieux commentaires de Weisenburger (A Gravity's Rainbow's Companion), ni de l'index de www.hyperarts.com/pynchon/gravity/index.html.


Il est grand temps quand même qu'on dispose en français d'une ;eilleure traduction française !