Théorie des contextes

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Sommaire

[modifier] Introduction

La Théorie des contextes s'intègre dans le constructivisme radical.

Elle a été formulée par Anthony Wilden à la suite de sa collaboration avec Gregory Bateson dans l’élaboration de la cybernétique (étude des systèmes et de l'information) de la deuxième génération, celle de l’information avec signification du "signe" psychique, en contraste au "signal" physique de commande. Cette cybernétique de la deuxième génération a donné une approche écosystémique dans la découverte des problèmes et la conception de leurs solutions. Gregory Bateson, avec ses collègues et disciples, ont lancé cette deuxième révolution scientifique de l’information en introduisant la typologie logique de Bertrand Russell et Alfred North Whitehead.

La Théorie des contextes est une révolte contre le simplisme réducteur (réductionnisme) : elle dénonce l'aplatissement des niveaux complexes au niveau le plus simple.

  • "[…] Réductionnisme : Pour rendre compte des données connues, tout savant doit fournir l’explication la plus simple possible, la plus économique et (généralement) la plus élégante possible. Mais le réductionnisme devient un défaut si l’on accorde une importance excessive au principe que l’explication la plus simple est la seule possible. Il arrive qu’on doive envisager les données dans une Gestalt plus grande". (Gregory Bateson, p. 235, La Nature et la Pensée, Seuil, Paris, 1984).

Cette Théorie des contextes est à la fois une métaphore du déplacement et un métonyme de la condensation de l'approche écosystémique qui est seulement une méthodologie d'un modèle écosystémique. En conséquence, elle se trouve à un niveau d'abstraction et de généralité encore plus élevé que celui de l'approche écosystémique. Comme métaphore du déplacement, cette théorie des contextes est une représentation plus simple de l'approche écosystémique et comme métonyme de la condensation, elle est plus abstraite et plus générale. Cette théorie se trouve sous la couverture du paradigme de l'information, comme la méthodologie de l'approche écosystémique se trouve sous la couverture du modèle de la communication, dans la relation en niveaux hiérarchiques de type logique, de paradigme en théorie et modèle. En anglophonie, cette Théorie des contextes est une célébrée, largement connue et employée. (en)http://www.net4dem.org/cyrev/archive/issue3/articles/Paradigm/Paradigm1.htm.

La Théorie des contextes d’Anthony Wilden est une Théorie de la complexité que l'on ne peut simplifier sans la mutiler. Elle s'étend sur un large éventail des sciences sociales (en)http://www.yorku.ca/jspot/1/dayletts.htm. La France risque d'être en retard d'une science, par rapport aux autres pays qui ont eu de nombreuses traductions et colloques sur ce sujet. C'est comme le retard d'une guerre en 1940 et aussi le retard d'une colonisation lointaine, outre-mer, au XVIe siècle. C'est cela aussi la Théorie des contextes où c'est le contexte historique et culturel pour rendre compte de l'enfermement sur soi en 1940 et d'une puissance continentale au XVIe siècle, tournée sur elle-même dans le labourage et le pâturage, sans intérêts pour des aventures lointaines, comme l'Angleterre, l'Espagne, la Hollande et le Portugal qui étaient des puissances maritimes.

La Théorie des contextes, en écopolitique, rend signifiantes et significatives les politiques et rend compte des différentes orientations. Elle rend compte aussi des exploitations et des oppressions des uns par les autres. Elle est aussi une critique du marxisme qui est l'inversion du Capital par rapport au Travail. Suivant la" règle d'extinction" de la Théorie des contextes, il n'y aurait pas de Capital sans Travail, comme s'il n'y aurait pas de vie de la biosphère sans le substrat minéral de la lithosphère. Comme le Capital est du Travail accumulé, alors il en résulte qu'en absence de Travail il n'y a pas de Capital. Karl Marx a inversé la hiérarchie des niveaux de type logique, de contrainte ou de dépendance. C'est aussi cela un usage de la théorie des contextes en économie politique asiatique où c'est de la façon dont les uns se lient aux autres, dans la sociosphère, qu'ils se lient avec les objets et les idées et qu'ils pensent la production et produisent la pensée de la noosphère.

La théorie des contextes est une critique épistémologique des sociétés occidentales où la communication et l’échange sont contrôlés par le pouvoir que détient une partie de l’écosystème biosocial de définir certaines autres parties comme un "environnement" à exploiter : la biosphère, d’autres classes sociales, les autres races, le Tiers Monde, le "second" sexe – en d’autres termes, l’exploitation de (ce que nous appelons) le "corps" par (ce que nous appelons) l ’esprit". Dans la relation paradigme, théorie et modèle, la théorie des contextes se déploie en modèles écopolitiques dont l'antipsychiatrie est un exemple en psychologie, ainsi que les mouvements féministes et antiracistes. La relativité du normal et du pathologique révèle ce pouvoir de désigner l'un et l'autre. C’est une perspective critique et un produit transdisciplinaire, une véritable somme de l'écosystémique que l’on peut considérer comme un outil épistémologique fondamental, avec une axiomatique (ou corps d’axiomes, dans le pari de "survivre au XXe siècle", selon l’expression d’Edgar Morin.

[modifier] Préambule

La "Théorie des types logiques" de Bertrand Russell et Alfred North Whitehead (Principia mathematica), (en)http://plato.stanford.edu/entries/principia-mathematica/, en métamathématique ou mathématique des mathématiques, est faite d'une hiérarchie de niveaux de type logique de membres à classe et classe de classes, de méta en méta-méta. Elle postule qu’une classe (un ensemble) ne peut pas être membre d’elle même. Cette historiette inventée illustre l'hyperabstraction de la "Théorie des types logiques" ou "typologie logique". Elle se trouve à un très haut niveau d'abstraction de la logique en philosophie et demande un grand effort intellectuel.

  • Un bibliothécaire dresse le catalogue des livres dont il a la charge et, lorsqu'il a terminé, se demande où situer son catalogue. En effet, son catalogue a bien l'apparence d'un livre, mais il n'est pas du même ordre ou niveau que les livres qu'il classifie et répertorie. Le catalogue des livres n'est pas un livre. C'est le livre des livres ou "méta-livre". Il ne peut pas se répertorier lui-mème et être à la fois un des membres et la classe. Il est d'un niveau de type logique supérieur à celui des livres qu'il classifie. C'est la représentation des livres, elle cartographie les livres, comme la carte pour le territoire, le menu pour le repas. C'est une représentation des livres qui y sont représentés. De la même façon, la "méthodologie" est une métaméthode ou méthode des méthodes tout en étant un répertoire des méthodes valables et disponibles. Comme méthode des méthodes, elle est la méthode pour concevoir et mettre en œuvre des méthodes. En cuisine, elle serait la recette des recettes culinaires, à partir de la chimie alimentaire et de l'Anthropologie alimentaire qui sont à un autre niveau d'abstraction et de généralité que les recettes de cuisson et de composition des ingrédients.

Comme le catalogue n'est pas du même ordre ou niveau que les livres qu'il classifie et répertorie, cette historiette de bibliothécaire n'est pas du même ordre que le texte qu'elle commente. C'est pour souligner cette distinction, en rupture radicale, entre le message (le texte) et le méta-message (le commentaire) ou message sur (ou au sujet du) le message qu'a été introduite une rupture typographique marquée. De la même façon, les règles du jeu ne sont pas du jeu et ne sont pas en jeu, comme le méta-message qui "cadre" le message et le situe en indiquant la manière de comprendre le message.

Un désaccord dans un débat n'est pas du même ordre ou même niveau qu'un désaccord sur la tenue même d'un débat.

Le premier désaccord est de l'ordre de la démocratie, de la liberté d'opinions et de leurs expressions, tandis que le deuxième désaccord sur la tenue même d'un débat est, lui, de l'ordre de la dictature et de la censure.

Agir, penser ou parler de l'un dans les termes de l'autre conduit au paradoxe épiménidien (Épiménide le Crétois) et russellien dans la confusion du membre avec la classe dont les propriétés et caractéristiques sont radicalement distinctes, comme Korzybski l'a souligné à propos de la carte et le territoire, de la représentation et ce qui est représenté, plus généralement.

Dans la typologie logique, Dieu n'a pas créé les désaccords égaux. Les premiers appartiennent à la démocratie et les deuxièmes à la dictature.

À partir de ce postulat de la théorie des types logiques, il s’ensuit que la classe et les membres ne puissent avoir les mêmes propriétés et caractéristiques. Les expressions suivantes illustrent ce postulat :

Après la période de collaboration avec Jacques Lacan à Baltimore, MD, et à sa période californienne, Anthony Wilden a travaillé avec Gregory Bateson à l’élaboration de la cybernétique de deuxième génération, collaboration qui a donné "System and Structure. Essays on Communication and Exchange" dont la première édition de 1972 a été suivie d’autres et de nombreuses rééditions et traductions dont la traduction française de 1983.

De là, il a bâti la Théorie des contextes à partir de l'approche écosystémique: c'est une méthodologie, une "métaméthode", méthode des méthodes, ou classe de méthodes, une sorte de boite à outils dont chaque outil est une méthode singulière appropriée à résoudre un problème particulier.

Cette Théorie des contextes présente trois règles, dont la "règle d’extinction" qui permet de bâtir une hiérarchie de niveaux de type logique, de contrainte ou de dépendance et de vérifier son orientation.

[modifier] Systèmes et métasystèmes

  • Le "système minéral" de la lithosphère oriente et délimite les possibilités de vie du "système organique" de la biosphère. Ce système organique, lui même, oriente et délimite les possibilités d’association des congénères animaux et végétaux du "système social" dela sociosphère. Le "système organique" est alors le contexte du "système social" ou "métasystème social" c'est-à-dire le système du système social et le système minéral comme "métasystème organique" ou encore "métaméta-système social".
    Ainsi, l’écosystémique du foresterie et de la pêcherie, à la base, s’occupe du système social de l’association des arbres et des poissons avec son environnement ; cet environnement est le système organique, qui est lui-même dans un environnement qui est le système minéral de la lithosphère qui oriente et délimite les possibilités de vie sur la planète.
    Ainsi, nous pouvons aller de système en métasystème et métaméta système, dans un recul à l’infini pour mieux percevoir, en reliant les niveaux pour mieux comprendre et en situant l’énigme à déchiffrer à son niveau pour mieux agir.
  • La systémique simple des ingénieurs s’occupe des processus physiques ou des flux financiers dont l’environnement considéré est juste l’entourage de même nature que celle du contenu des flux et processus. C’est l’aplatissement des niveaux de contrainte, de dépendance ou de complexité au niveau où a lieu le phénomène étudié.
  • L’écosystémique hypercomplexe de l’humain tient compte du niveau culturel de la noosphère des idées, qui dépend lui-même du niveau social et tient compte en plus du niveau symbolique. En effet, le niveau symbolique est celui des croyances et règles de conduite qui orientent et délimitent les significations et les valeurs possibles du niveau culturel.
  • Georges Clemenceau disait : "La guerre est une affaire trop importante pour être confiée à des militaires" qui ne peuvent pas percevoir la forêt avec le nez collé sur l’arbre. Clemenceau faisait de l’écosystémique sans le savoir, comme le bourgeois gentilhomme de Molière fait de la prose sans le savoir.
    En effet, dans la Théorie des contextes, Anthony Wilden met au niveau politique le choix de la paix et la guerre et l’attribution des ressources appropriées. Le niveau politique oriente et délimite les stratégies militaires et diplomatiques possibles au niveau de la stratégie du choix des batailles à engager avec des ressources qui leur sont attribuées. Ces batailles du niveau de la stratégie orientent et délimitent les combats au niveau tactique. Les militaires des guerres perdues sont ceux qui n’abordent pas le niveau politique des buts de guerre et de paix.
  • L'écosystémique en psychologie étudie et intervient sur l’Homme fait de boue minérale, selon beaucoup de mythologies, mais aussi de sang, d’os et et de peau biologiques des cellules associées en tissus et les tissus en organes et appareils biologiques. Tous ces organes n'existent que pour "former un tout", en dehors duquel ils ne servent à rien.
  • Au niveau social, l'écosystémique permet d'étudier l'association des "collègues" : ceux qui partagent la même loi (lex, legis) et le même héritage (legs). Loi et héritage sont au niveau culturel de l’ordre des idées. C’est le niveau de l’homo sapiens, ludens et demens, celui de la folie, le jeu et la sagesse orienté par les croyances et règles de conduite du niveau symbolique.
  • "[...] En tant qu’ordres d’idées et de représentations engendré par les activités des êtres sociaux, la culture ne peut se maintenir et se reproduire que grâce aux trois autres ordres" (Anthony Wilden." p. 521, 1983)

[modifier] Communication et métacommunication

Les niveaux de type logique ou de contrainte sont distincts en saut quantique du type ou, bien l’un ou bien l’autre, en variation discontinue "digitale", comme les cinq "doigts" de la main, en contraste à la variation continue sur la paume de la main, à la racine des doigts avant qu’ils bifurquent et se disjoignent.

  • La "distinction" est "digitale" de la variation discontinue en saut quantique du type ou bien à un niveau, ou bien à l’autre, comme la progression sur les marches d’un escalier. La langue des mots de la parole est digitale, médiatisée par un code linguistique d’une convention mutuellement acceptée par des locuteurs de cette langue. De cette façon, les mots sont des représentations médiatisées, sans rapport continue ace ce qui est représenté. "Il n’y a rien de tabuliforme dans le mot ‘table’", disait Gregory Bateson, pour exprimer cette distinction
  • La "différence" est "analogique" de la variation continue, comme la progression sur un plan incliné. Le langage des icônes (images, sons, flagrances), gestes, mimiques, postures etc est analogique dans une progression continue entre la représentation et ce qui est représenté, comme une photographie, un dessin, une peinture et une sculpture.
  • […] le sens est le produit de l’information à prédominance iconique comme dans la communication corporelle et dans notre expérience des icônes de l’émotion ("états émotifs"). La signification est le produit de l’information à prédominance digitale, comme les définitions du dictionnaire. (Les traductions entre ces ordre de perception engendrent souvent des paradoxes, et les mauvaises traductions peuvent entraîner une pathologie)… ". (Anthony Wilden, p. 546, 1983). Il s’ensuit alors les paradoxes et double contrainte.
  • - Au niveau biologique sont les processus perceptifs nécessaires et insuffisants de la réception des signaux physiques de son et lumière, au premier niveau physique de la communication.
  • - Au niveau social du sens sont les valeurs esthétiques et éthiques du deuxième niveau de la communication qui est la mise en commun des sens et des valeurs.
  • - Au niveau culturel des idées sont les croyances et les règles de conduite du troisième niveau de la communication qui est la communion autour de ces croyances et règles, formant une communauté sociale, de la nation au groupe familial.

Pour Ray Birdwhistell, la relation entre "communication" et "culture" est de l'ordre de celle entre "fonction" et "structure".

  • "[…] La communication pourrait être considérée, au sens le plus large, comme l'aspect actif de la structure culturelle... Ce que j'essaie de dire est que la culture et la communication sont des termes qui représentent deux points de vue ou deux méthodes de présentation de l'interrelation humaine structurée et régulière. Dans "culture", l'accent est mis sur la structure, dans "communication", sur le processus." (Ray Birdwhistell, 1970, p. 251, "Kinesics and Context. Essays on Body Motion Communication", University of Pennsylvania Press, Philadelphia.).

[modifier] Paradigme, théorie et modèle

Un paradigme est une classe d'idées fondamentales dont des théories sont des membres, comme une théorie est une classe qui oriente et délimite un certain nombre de modèles possibles qui sont membres de cette théorie.

D’origine linguistique, le terme “paradigme”, signifie une classe de règles qui organisent les significations possibles. Il a été lancé dans la philosophie des sciences par Thomas Samuel Kuhn dans La structure des révolutions scientifiques. Chez Edgar Morin, le paradigme est simplement un “air du temps”, une mode intellectuelle en philosophie des sciences. Pour d’autres, le paradigme est une idéologie scientifique autoritaire et totalitaire.

  • Le paradigme de la mécanique newtonienne et de la logique cartésienne de la “Physique sociale” d’Auguste Comte rebaptisée en sociologie qui traine encore avec des métaphores inappropriés du type “mécanisme” pour “dispositif”, “masse” pour “population”, “inertie culturelle” pour “hystérésis des idées” qui est un retard de changement. Ce paradigme de la mécanique newtonienne traine encore avec l'idée omni présente de FORCE et de "impact" qui n'est que des effets et répercussions psychiques ou sociales d'un fait. En exemple illustratif, la métaphore Motivation" de la mécanique newtonienne est inappropriée pour représenter une configuration de besoins, d'intérêts et de désirs qui conduit quelqu'un à agir pour atteindre des buts. C'est une confusion entre le niveau psychique avec le niveau physique. Agir sur l'un dans les termes de l'autre serait catastrophique et penser l'un dans les termes de l'autre serait une aliénation. Ce serait comme la confusion entre une "adhérence" physique d'une colle et une "adhésion" psychique d'une participation intense.
  • Le paradigme thermodynamique avec les théories freudiennes et marxiennes des conflits empruntées aux sources chaudes et froides avec leurs pressions, pulsions, surpressions et dépressions. Il traine toujours dans l'obsession de l'ÉNERGIE où la volonté et la détermination humaines dans l'action ne sont pas de l'énergie "mentale" quantifiable et mesurable en "joules" qui est l'unité d'énergie auparavant exprimée en "calorie".
  • Le paradigme de l’information des années 1940 avec la cybernétique de Norbert Wiener et la Théorie de l’information qui a donné la systémique des ingénieurs.

Le "paradigme newtonien" ainsi que le "paradigme thermodynamique" sont incomplets pour rendre compte des systèmes plus complexes de la biologie simple et encore moins de la sociologie. L'animal le plus simple, comme l'amibe est bien plus qu'une horloge mécanique doublée d'une machine thermique. Les animaux sociaux, mêmes les plus simples des ruches et des fourmilières, demandent l'introduction de l'idée d'information.

Dans sa série "La Méthode” Edgar Morin a nommé ce paradigme de la communication par "Paradigme de la complexité", par contraste avec la simplicité de la mécanique newtonienne et de la logique cartésienne du “tiers exclu qui transforme les paradoxes en contradictions et oppositions irréductibles.

Cette complexité est représentée, en psychologie du comportement humain, par les paradoxes de double contrainte, issus des niveaux de la communication, qui ne peuvent exister en mécanique, en thermodynamique et dans la Théorie de l’information de Claude Shannon et Warren Weaver.

  • "[…] La différence entre le monde newtonien et celui de la communication tient, simplement, au fait que le premier attribue une réalité aux objets et parvient à une certaine simplicité théorique en excluant le contexte du contexte, donc en fait, toute métarelation et, a fortiori, tout recul à l'infini dans la chaîne de telles relations." (Gregory Bateson, 1980, p. 72, "Vers une écologie de l'esprit". 2, Seuil, Paris).
  • Le paradigme de la communication de l’écosystémique a donné des métaphores en biologie du “code génétique” de l’ADN “transcrit” dans l’ARN messager pour être ”lu”. La différence est ainsi explicitée. La théorie des contextes est délibérément dans ce monde de la communication.

La question du comportement humain a été posée et étudiée dans un grand nombre de disciplines éparses, éparpillées et disjointes qu'il serait peu utile et fastidieux d'énumérer. Il suffit de faire l'inventaire des "sciences humaines" ou peut-être plus exactement des "sciences sociales" qui est le terme français pour désigner ce que les Anglo-saxons nomment sous le vocable de "behavioral sciences" qui est quelque fois rendu littéralement comme "sciences du comportement".

  • "[…] Pour faire progresser la question, nous proposons donc d'utiliser un seul système pour comprendre les multiples aspects du comportement humain. Aujourd'hui, nous croyons que la communication est le seul modèle scientifique qui nous permette d'expliquer les aspects physiques, intrapersonnels, interpersonnels et culturels des événements en un même système. En employant un système unique, nous éliminons la multiplicité des univers séparés, les vocabulaires diversifiés et les polémiques qui surviennent parce que nous, spécialistes des sciences humaines et cliniciens, ne pouvons pas nous comprendre.” (Gregory Bateson & Jürgen Ruesch, 1988, p. 17, Communication et société, Seuil, Paris. Trad. fr. de "Communication. The Social Matrix of Psychiatry", 1951, 1968, 1987.).

Le sous-titre éclairant de "matrice sociale de la psychiatrie" a été escamoté dans la traduction française. "Le terme de " matrice sociale " renvoie donc à un système scientifique plus important dont à la fois le psychiatre et le patient sont partie intégrante" (1988, p. 16). D'autre part et dans les éditions anglaises (1951, 1968, p. 13), il a été écrit ceci : « L'essence de notre message au lecteur est que la communication est la matrice dans laquelle sont enchâssées toutes les activités humaines ».

En tant qu'aspect de la communication, un comportement ne devient significatif et signifiant que dans un contexte, de telle manière que Ray Birdwhistell a proposé de déplacer l'"analyse de contenu" à une "analyse de contexte", c'est-à-dire que l'analyse porte non plus sur le contenu de l'échange, de la relation ou de l'interaction, mais sur le "système" qui a rendu l'échange possible. La communication et le comportement s'expriment alors en termes systémiques et cybernétiques à travers les principes de leur épistémologie et l'utilisation de la linguistique descriptive.

Dès lors, un geste, un mot et tout comportement sont envisagés non en eux-mêmes, mais dans leur relation avec d'autres gestes, d'autres mots et d'autres comportements. Il n'est plus possible, comme dans les behaviorismes et les psychanalyses, d'envisager l'individu et ses actes sans les insérer dans un contexte polyadique. Il semble que les sciences du comportement soient restées, dans une large mesure, fondées sur une conception monadique de l'individu (la "chose en soi" ou "Ding an sich") et sur la vénérable méthode qui consiste à isoler des variables. Le langage et l'esprit de la psychologie sont demeurés monadiques.

En exemples illustratifs, les concepts comme "leadership", "dépendance", "maternage", etc. ont fait l'objet d'études ponctuelles et approfondies et finissent par acquérir une pseudo-réalité et, de constructions intellectuelles, ils deviennent finalement des quantités mesurables de l'esprit humain, lui-même conçu comme un phénomène isolé. Une fois réifiés de la sorte, ces concepts deviennent des "choses en soi" quantifiables et sécables à loisir en perdant leur caractère de forme particulière d'une relation en cours. Le "leadership", la "dépendance", le "maternage" sont les expressions d'une forme de relation ou d'interaction entre des individus dans une situation avec des règles qui la gouvernent, c'est-à-dire des contraintes orientant et délimitant les activités et les configurations possibles, et qui constituent le contexte de ces interactions.

À toute fin pratique, tout comportement a valeur de "signe". L'exemple suivant illustre la différence fondamentale entre l'information et l'énergie, entre le monde berkeleyen de la communication et le monde newtonien de matière, d'énergie et de force : un coup de pied à une pierre la déplace par transfert d'énergie ; il est tout autre du coup de pied à un chien qui se déplace avec l'énergie de son propre métabolisme pour s'enfuir, jouer ou mordre selon la signification et la valeur qu'il confère à ce signal dans le contexte de la relation en cours. En d'autres termes, le coup de pied est un segment de comportement qui communique une information au chien qui y répond par un autre segment de comportement qui a valeur de communication dans une séquence d'actions réciproques ou interactions entre le chien et la personne

[modifier] Genèse

La théorie des contextes participe de cette deuxième révolution scientifique de l'information, celle de l'information avec signification, dont la première est le signal cybernétique fonctionnel de production et de régulation. Ces révolutions scientifiques de l'information sont des révoltes contre une tendance habituelle à simplifier abusivement, en réduisant le comportement humain à celui des boules de billard. Un exemple : le coup de pied à une pierre la fait se déplacer par transfert d'énergie à l'impact ou au choc, tandis qu’un coup de pied à un chien fait se déplacer le chien avec l’énergie de son métabolisme pour jouer ou attaquer, selon la signification et la valeur conférées par le chien au coup de pied, dans le contexte de la relation en cours. Cette deuxième révolution scientifique de l'information est aussi connue comme la cybernétique de la deuxième génération.

Cette simplication abusive procède d'une similitude inappropriée entre les phénomènes de la réalité physique des objets et ceux de la réalité imaginaire des sujets qui confèrent significations et valeurs aux objets de la réalité physique. La simplication abusive (ou simplisme) réduit le monde des sujets à celui des objets, le monde du pensant à celui de la matière-énergie.

Depuis l'immunologie, nous savons que, déjà, les cellules "computent" et cogitent", c'est-à-dire reconnaissent les signes, les traitent et répondent aux signes. La "pomme" de Newton est devenue

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi