Théogonie (Hésiode)

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La Théogonie (en grec ancien Θεογονία / Theogonía) est une œuvre du poète grec Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), écrite en hexamètres dactyliques. Elle joue un rôle fondateur dans l’élaboration de la mythologie grecque.

Le terme vient du nom Θεός / theós qui signifie « dieu » et du verbe γεννάω / gennáô qui signifie « engendrer ». Il s'agit donc d'un récit de l'origine des dieux.

Sommaire

[modifier] Sujet

"Grand récit de la succession des générations divines" (Nicole Loraux) Le poème conte la naissance de « la race sacrée des Immortels toujours vivants » (v. 105). Il s’ouvre par une longue invocation aux Muses, souvent copiée par la suite :

« Mουσάων Ἑλικωνιάδων ἀρχώμεθ’ ἀείδειν,

αἵ θ’ Ἑλικῶνος ἔχουσιν ὄρος μέγα τε ζάθεόν τε »

« Pour commencer, chantons les Muses Héliconiennes,

reines de l’Hélicon, la grande et divine montagne. »

(trad. Paul Mazon)

Hésiode narre d’abord les circonstances de sa vocation : les Muses l’ont visité alors qu’il faisait paître ses troupeaux sur les pentes de l’Hélicon. Elles lui ont remis un rameau de laurier, et lui ont ordonné de chanter l’histoire des dieux immortels. La seule condition qu’elles imposent à ce don de voyance poétique est de les célébrer au début et à la fin de chacun de ses chants, ce qu’il fait aussitôt par un hymne quadripartite :

  1. Les Muses ont pour fonction de réjouir le cœur de Zeus ;
  2. Naissance et apparition des Muses sur l’Olympe ;
  3. Les Muses, inspiratrices des rois et des poètes ;
  4. Invocation.

Il évoque ensuite l’émergence du règne de Zeus.

Au commencement est le Chaos, état d’indistinction universel, suivi par Gaïa (la Terre), Érèbe (les Ténèbres) et Éros (le Désir, principe du commencement et de l’origine). De ces divinités premières naissent les éléments naturels (la Nuit, le Jour, etc.) et de nombreuses divinités allégoriques (le Sommeil, la Mort, etc.).

Parallèlement, des théomachies (batailles entre dieux) voient Zeus prendre le pouvoir sur les Immortels, et chasser les forces anciennes créatrices de désordre (les Titans et les Géants). Zeus concilie en lui la force (« il a en main le tonnerre et la foudre flamboyante », v. 706-707) et l’intelligence (il a avalé Métis, déesse de l’intelligence rusée). Son règne s’appuie sur la justice, comme le symbolise ses noces avec Thémis, déesse de la Justice et de la Loi, avec qui il engendre la Légalité (Eunomia), la Justice (Dikè) et la Paix (Eirenè).

[modifier] Homère et Hésiode

Homère et Hésiode sont tous deux considérés comme les pères de la mythologie grecque. Leurs poèmes utilisent le même vers et la même langue. Alors que l’œuvre homérique porte naturellement vers les dieux de la lumière, Hésiode dans la Théogonie se tourne davantage vers ceux de l’ombre. À la fin du poème, Zeus prend ainsi bien garde de ménager les anciennes puissances comme Hécate ou Styx. On a pu y reconnaître l’influence des mythologies du Proche-Orient, en particulier les mythes hittites (légendes de Kumarbi et d'Ullikumi), babyloniens ou akkadien (poème Enuma Elis).

Les théogonies d’Homère et Hésiode comportent de nombreuses différences. Ainsi, chez Homère, Zeus est l’aîné des fils de Cronos, comme Poséidon le souligne à plusieurs reprises. C'est son aînesse qui assure son pouvoir et sa domination sur les autres Immortels. En revanche, chez Hésiode, Zeus est le troisième fils. C'est sa victoire sur son propre père qui assure sa domination.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Paul Mazon, introduction à la Théogonie d’Hésiode, Les Belles Lettres, coll. des Universités de France, 1928 ;
  • Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », Paris, 1997 (ISBN 2-13-053916-5).

[modifier] Liens externes

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