Théodule Ribot

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Théodule Ribot
Théodule Ribot
Théodule Ribot en 1914.
Théodule Ribot en 1914.

Théodule Ribot, né à Guingamp le 18 décembre 1839 et mort à Paris le 9 décembre 1916, est un philosophe, généralement considéré comme le fondateur de la psychologie française. Il a créé et dirigé la Revue philosophique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Théodule Ribot étudie au lycée de Saint-Brieuc, puis entre dans l'administration. Deux ans plus tard, il abandonne ses fonctions et s'installe à Paris. En 1864, il est admis à l'École normale supérieure. Il est reçu agrégé en 1866, puis docteur en 1875.

Il enseigne la philosophie aux lycées de Vesoul et de Laval. Il retourne ensuite à Paris pour se consacrer à ses recherches en psychologie expérimentale. En 1885, il enseigne cette matière à la Sorbonne avant d'obtenir en 1888 la chaire de psychologie expérimentale et comparée au Collège de France.

[modifier] Œuvre

Dans La Psychologie anglaise contemporaine (1870) et La Psychologie allemande contemporaine (1879), Ribot présente au public français les résultats de la psychologie expérimentale de l'époque et milite pour une séparation de la psychologie et de la philosophie et pour l'application des méthodes de la physiologie et des sciences naturelles aux phénomènes de l'esprit et des sentiments.

Sa thèse L'Hérédité des caractères psychologiques permet à la psychologie d’entrer à la faculté : il occupe ainsi dès sa création la chaire de psychologie expérimentale au Collège de France, et peut aider Henri Beaunis à créer le premier laboratoire français de psychologie expérimentale. Il crée la Revue philosophique de la France et de l'étranger, qui permet de faire connaître et de soutenir le développement de cette nouvelle science en France.

Il conçoit ainsi les sentiments comme des effets, ou mieux, selon lui, comme l'objectivation des activités de l'organisation physiologique lorsque celle-ci réagit par exemple à des représentations : le sentiment n'est pas ainsi la cause que nous rougissons, que notre cœur palpite, etc., il est cette activité de l'organisme en tant qu'elle est observable. Ribot s'oppose donc de cette manière entièrement aux conceptions intellectualistes, et pose l'hypothèse que la vie affective (physiologique) est première. Il pose la loi de progression de l’amnésie, qui va toujours « du plus nouveau au plus ancien, du plus complexe au plus simple, du volontaire à l’automatique, du moins organisé au mieux organisé ». Il différencie également la mémoire en différentes aptitudes (qu’il compare à des services d’une administration, tous chargés d’une tâche précise), par exemple la mémoire des savoir-faire et la mémoire des savoirs. Il entrevoit enfin les différences entre mémoire épisodique (instable) et mémoire sémantique, et logique affective et logique rationnelle (idées explorées par la suite par Endel Tulving et Antonio Damasio)[1].

Il consacre de nombreuses recherches à l'observation clinique dans les institutions psychiatriques qui débouchent sur la publication des Maladies de la mémoire (1881), des Maladies de la volonté (1885) et des Maladies de la personnalité (1883).

[modifier] Ouvrages

  • La Psychologle anglaise contemporaine (1870), dernière réédition 2002
  • L'Hérédité. Étude psychologique (1873)
  • La Philosophie de Schopenhauer (1874)
  • La Psychologie allemande contemporaine (1879), dernière réédition 2003
  • Les Maladies de la mémoire (1881), dernière réédition 2005
  • Les Maladies de la volonté (1882), dernière réédition 2002
  • Les Maladies de la personnalité (1885), dernière réédition 2001
  • La Psychologie du raisonnement : recherches expérimentales par l’hypnotisme (1886), dernière réédition 2005
  • Le Fétichisme dans l’amour (1887), dernière réédition 2001
  • La Psychologie de l'attention (1888)
  • Psychologie des grands calculateurs et des joueurs d’échecs (1894), dernière réédition 2005
  • La Psychologie des sentiments (1896)
  • L'Evolution des idées genérales (1897)
  • Essai sur l'imagination créatrice (1900)
  • La Suggestibilité (1900), dernière réédition 2005
  • Les Obsessions et la psychasthénie (1903), dernière réédition 2005
  • L’étude expérimentale de l’intelligence (1903), dernière réédition 2004
  • La Logique des sentiments (1904)
  • Essai sur les passions (1906)
  • Les idées modernes sur les enfants (1911), dernière réédition 2001
  • La vie inconsciente et les mouvements (1914), sur Wikisource.
  • Les Médications psychologiques (1919), dernière réédition 2007
  • De l'Angoisse à l’extase (1926), dernière réédition 1997

[modifier] Voir aussi

  • Serge Nicolas : Théodule Ribot : Philosophe breton, fondateur de la psychologie française, L'Harmattan, (2005)

[modifier] Article de Wikipédia

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Pierre Janet. L'oeuvre psychologique de Théodule Ribot, Journal de Psychologie, XII, mai-juin 1915, p. 165-193.
  • Pierre Janet. Nécrologie de Théodule Ribot. Annuaire de l'Association amicale des anciens élèves de l'École Normale Supérieure, 1919, 19-22.
  • Pierre Janet Pour le centenaire de Théodule Ribot. Discours prononcé à la Sorbonne le 22 juin 1939. Revue de Métaphysique et de Morale, Vol. 46, 1939 (P. 647-657).
  • G. Lamarque.Théodule Ribot. Choix de Textes et Étude de l'OEuvre, Paris, Rasmussen, s.d. (1925), (222 P.). Préface de Pierre Janet.
  • Laurent Mucchielli. Aux origines de la psychologie universitaire en France (1870-1900) : enjeux intellectuels, contexte politique, réseaux et stratégies d'alliance autour de la 'Revue Philosophique' de Théodule Ribot, Annals of Science, 1998, 55, pp 263-289.

[modifier] Notes

  1. Pour le §, Renaud Persiaux, « Théodule Ribot (1839-1916), Alfred Binet (1857-1911) - Naissance des sciences de l’esprit », paru dans le Spécial no 6 de Sciences humaines, octobre-novembre 2007 Cinq siècles de pensée française