Tanneguy Duchâtel

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Le comte Charles Marie Tanneguy Duchâtel est un homme politique français né à Paris le 19 février 1803 et mort à Paris le 5 novembre 1867.

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[modifier] Biographie

Fils du comte Charles Jacques Nicolas Duchâtel (1751-1844), il étudia le droit, se fit recevoir avocat et collabora, à la fin de la Restauration, à la rédaction du journal Le Globe dont il fut l'un des fondateurs et où il traita les questions économiques. Il se fit connaître par son Traité de la charité dans ses rapports avec l'économie sociale (1829), dans lequel il préconise le malthusianisme.

En raison de ses opinions libérales et de la grande faveur dont jouissait son père auprès de Louis-Philippe, la monarchie de Juillet le nomma conseiller d’État (1830) et lui décerna la Légion d'honneur. Le 21 février 1833, il fut élu député par le 4e collège électoral de la Charente-Inférieure (Jonzac)[1] en remplacement de son père qui venait d'être élevé à la pairie. Ami de François Guizot, il prit place au centre droit et fut l'une des figures des « doctrinaires ». Il parla sur le budget et sur la question de l'indemnité de 25 millions accordée aux États-Unis d'Amérique qui provoqua le départ du duc de Broglie du ministère Soult.

Le 4 avril 1834, il entra dans le ministère à la faveur du remaniement provoqué par cet incident, comme ministre du Commerce et des Travaux publics. Soumis de ce fait à réélection, il obtint la confirmation de son mandat de député le 21 juin 1834[2]. Le même jour, il fut également élu par le 5e collège du département de la Charente-Inférieure (Marennes)[3]. À la Chambre, il proposa et défendit les projets de loi sur les douanes et sur les caisses d'épargne.

Il resta en place dans le ministère suivant, dirigé par le maréchal Gérard, mais ne figura pas dans le ministère Maret, duc de Bassano le 10 novembre 1834. Il reprit le même portefeuille dès le 18 novembre dans le ministère du duc de Trévise et le conserva dans le ministère du duc de Broglie jusqu'au 21 février 1836.

Le 6 septembre 1836, il devint ministre des Finances dans le premier ministère du comte Molé[4], portefeuille qu'il occupa jusqu'au 15 avril 1837. Dans ces fonctions, il discuta la question financière de l'intervention en Espagne, créa une caisse spéciale pour les travaux extraordinaires, transporta les fonds de la caisse d'épargne à la caisse d'amortissement, et déposa un projet de dégrèvement du sucre fabriqué dans les colonies. Du 6 au 19 septembre 1836, il remplit en outre l'intérim du ministère des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce. Il se retira du cabinet avec les doctrinaires le 15 avril 1837. Il avait soutenu à la tribune les projets de modification du Code forestier et pris une part importante à l'établissement des chemins de fer.

Sa seconde nomination au ministère de l'Agriculture et du Commerce avait entraîné sa réélection, le 18 décembre 1834[5]. Il avait également été réélu le 13 octobre 1836 après son accession au ministère des Finances. Après la dissolution de la Chambre des députés provoquée par le comte Molé le 30 octobre 1839, il fut réélu le 24 novembre[6], fut nommé vice-président de la Chambre, et fut l'un des chefs les plus actifs de la coalition formée pour renverser le ministère.

Dans le ministère constitué le 12 mai 1839 sous la présidence du maréchal Soult, Tanneguy Duchâtel accepta de devenir ministre de l’Intérieur avec pour mission de rallier le centre droit. Mais il quitta le gouvernement le 1er mars 1840, après que le cabinet eut été mis en minorité à la Chambre sur la question de la dotation du duc de Nemours. Duchâtel ne fit pas partie du second ministère Thiers qui lui succéda et se trouva momentanément rejeté dans l'opposition. Mais la chute du cabinet le ramena au pouvoir dès le 29 octobre 1840, dans le ministère Soult où il occupa les fonctions de ministre de l'Intérieur jusqu'au 24 février 1848. Ces deux nominations l'amenèrent à se représenter devant ses électeurs qui lui renouvelèrent leur confiance le 8 juin 1839[7] et le 5 décembre 1840[8].

À la Chambre, Duchâtel déposa et défendit un projet de monument à Molière, des projets sur l'organisation des archives publiques, sur l'entrée des livres étrangers, sur l'acquisition de l'hôtel de Cluny, sur les expériences de télégraphie de nuit, sur la translation des cendres de Napoléon Ier, sur la construction des grandes lignes de chemin de fer, etc. L'un des piliers de la politique de Guizot, Duchâtel s'opposa à toutes les propositions de réforme électorale en déclarant que « le pays [était] satisfait »[9] et usa largement du procédé de la candidature officielle.

Il fut réélu député le 9 juillet 1842[10] et le 1er août 1846[11].

Après la Révolution de 1848, Duchâtel, associé à l'impopularité de Guizot, passa quelque temps en Angleterre. Rentré en France, il se retira de la vie politique. Il réunit de magnifiques collections de livres, de tableaux, de sculptures et d'objets d'art. À sa mort, sa veuve et ses enfants donnèrent au Louvre cinq tableaux de premier plan dont deux Ingres : Œdipe et le sphinx et La Source (une salle du musée porte son nom).

Il fut élu à l'Académie des sciences morales et politiques le 24 décembre 1842 dans la section d’économie politique, statistique et finances, au fauteuil d'Alexandre de Laborde. Il fut également élu membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1846, et nommé grand-croix de la Légion d'honneur le 29 octobre 1846.

Il avait épousé Églé Rosalie Paulée, fille de J-B. Paulée, gros acquéreur de biens nationaux. Ils eurent pour enfants :

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. 234 voix sur 247 votants et 362 inscrits
  2. 211 voix sur 256 votants et 344 inscrits contre 35 à M. de Saint-Légier
  3. 108 voix sur 215 votants et 273 inscrits contre 108 à M. Senné
  4. À cette occasion, il écrivit à l'un de ses amis, le 17 septembre 1836 : « Nous voici attelés de nouveau à la charrue ; j'ai bon espoir et ferme confiance. Thiers a fait des fautes inouïes, ses amis les plus chauds en conviennent maintenant ; le plus grand nombre de ses anciens partisans l'a abandonné. Je n'étais pas désireux de rentrer si tôt dans les affaires, mais l'honneur ne me permettait pas d'abandonner le roi dans une question où nous partagions complètement son avis. Cet avis du reste est celui de l'immense majorité du public. Le roi, à l'insu duquel on a mené toute cette affaire espagnole, n'avait entendu à aucune soumission. » (cité par le Dictionnaire des parlementaires français)
  5. 132 voix sur 229 votants et 286 inscrits contre 88 à M. Senné
  6. 264 voix sur 289 votants et 423 inscrits
  7. 197 voix sur 208 votants
  8. 242 voix sur 258 votants
  9. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  10. 295 voix sur 331 votants et 456 inscrits contre 78 à M. Delajus
  11. 399 voix sur 463 votants et 570 inscrits contre 32 à M. de Saint-Légier

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Adrien de Gasparin Ministre français de l'Intérieur Charles, comte de Rémusat
Alexandre Ledru-Rollin
Antoine, comte d'Argout Ministre français des Finances Jean Lacave-Laplagne
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